Quels moyens pour affronter la douleur chronique


La théorie de l’investissement et engagement



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14.3La théorie de l’investissement et engagement

Les médecins psychiatres ou neurologues ont accompli plus de 10 ans d’études médicales après le baccalauréat. Ils ont souvent travaillé durs pour obtenir leur diplôme. Plus un apprentissage a été difficile, malaisé ou même humiliant, moins le médecin est prêt à remettre en cause la valeur de ce qui lui a été enseigné. Cela signifierait en effet qu'il a investi pour rien. Là encore, les exemples sont légion, surtout en médecine : attachement presque affectif à un système de soin ou à un certain traitement médical, par exemple, en dépit de leurs défauts ou leur absence de réussite manifestes.

Ils sont souvent surchargés de travail et n’ont pas le temps de remettre en cause leur connaissance, par exemple, en se rendant à de nouvelles formations.

14.4 L’absence de certitudes scientifiques sur le sujet

Ici nous ne cherchons pas à entamer une vaine polémique avec les médecins tenant de la thèse purement psychosomatique (c'est-à-dire celle rejetant tout possible dysfonctionnement ou dérèglement du circuit de la douleur du système nerveux central). Nous voulons juste, par l’analyse qui suit, signaler l’absence de certitudes scientifiques sur le sujet et donc à quel point il serait prématuré d’avancer des certitudes sur l’unique composante psychosomatique ou non des CTC des patients.


En effet, même s’il existe effectivement (indéniablement) une part de composantes psychologiques dans la genèse et l’entretient des CTC. Mais celle-ci explique-t-elle tout ? Comment peut-on avancer des affirmations, sans la sanction de vérification scientifique (ce qui n’est pas du tout le cas actuellement) ?

Comme nous l’avons déjà dit et n’avons jamais cessé de le réaffirmer dans ce document, les mécanismes de la maladie sont mal connus (cf. ce qu’il en est dit dans l’ouvrage du Dr Lantéri-Minet) et donc les diagnostics médicaux peuvent être sujets à évolution ou à caution, surtout s’ils font intervenir des diagnostics psychologiques. Car de plus, la « science psychologique » (qu’elle soit analytique, behavioriste, comportementaliste, psychanalytique etc. …) _ à laquelle ont toujours recourt les psychiatres et les neurologues _ est aussi, malheureusement, loin de satisfaire aux critères de validité et de réfutabilité scientifique, recherchés par les scientifiques230 231.

Voyons par exemple, un certain nombre d’affirmations et de diagnostics souvent avancés sur les CTC (voir ci-après) :


  1. « La dépression (cachée ou non) est cause la souffrance (morale, puis physique) du malade (par le mécanisme de somatisation) »232 233,

  2. « L’hyperactivité du patient cause sa céphalée »234,

  3. « Le caractère agressif du patient, envers le médecin, du, par exemple, à sa « névrose » ou sa « psychose » »235.

  4. « L’apparente pharmaco-résistance aux psychotropes de la douleur du patient est du au caractère psychosomatique de la pathologie du patient »236.

  5. « L’image dévalorisée du patient _ du fait d’avoir fait des études très brillantes puis d’accomplir maintenant des tâches non à la hauteur de ses diplômes _ seraient la cause de ces céphalées actuelles »237.



  6. « Le patient refuse de travailler, depuis des semaines, des mois, voire des années, en raison d’une dépression grave, d’une peur phobique quelconque, d’une phobie sociale ou professionnelle, d’une conversion hystérique, d’un syndrome de Münchhausen etc. »238.

  7. « Les CTC sont milles fois moins douloureuses que les algies vasculaires de la face »239.

  8. « Si le patient investit autant de temps et d’argent dans le traitement de ses céphalées, c’est qu’il y trouve un intérêt quelconque »240 241.

  9. « Le patient « rationnalise d’une façon incessante » »242 243.

On voit que la validité scientifique de toutes ces affirmations reste, somme toute, discutable _ que ces affirmations sont toutes réfutables par d’autres argument, si on pousse tous ces raisonnements jusqu’au bout _, du fait, justement, du manque d’investigations scientifiques sur l’origine et l’entretien des CTC et sur leurs mécanismes.


Les médecins affermeront, par exemple, que s’ils avancent tout ces argument, c’est parce qu’ils ont une longue expérience médicale. Mais une longue expérience empirique ne remplace pas les certitudes scientifiques244.
Or devant le faible nombre de cas graves _ et du fait d’un manque de prise au sérieux de ces cas (manque renforcé par une absence d’investigation scientifique poussée sur le sujet) _, on peut alors passer à côté d’un phénomène pourtant intéressant245.
De plus, le paradigme actuel de beaucoup de médecins s’auto-entretient du fait que ces derniers n’écoutent, le plus souvent, pas les patients246.
De plus les diagnostics émis sur la céphalée d’un patient, souffrant de CTC, peuvent varier d’un praticien à un autre247 (en fin de ce document et en annexe, sont d’ailleurs présentés « la listes des causes des céphalées de tension avancées aux patients, par les médecins », montrant que cette liste des causes explicatives avancées par les médecins est loin d’être arrêtée).

Cette possibilité de variation dans le diagnostic fait alors apparenter la pratique des médecins plutôt à un art qu’à une pratique scientifique rigoureuse.
Les médecins rencontrés par les malades sont, avant tout, des prescripteurs (ayant peu de degré de liberté dans leur pratique) _ ils ne font que restituer une connaissance acquise durant leurs études _ et non des chercheurs scientifiques (qu’ils le soient à part entière ou non).
La plupart du temps, ils sont surchargés et n’ont pas le temps de suivre des formations et donc de faire évoluer leurs connaissances.
Enfin, durant les longues études médicales des médecins _ ces cours étant déjà très denses et chargés _, il y a peu de place à la formation à l’esprit critique _ c’est à dire à la critique de ce que l’on leur apprend. L’apprentissage par le médecin, des connaissances médicales qu’il doit acquérir, se fait le plus souvent par la méthode de l’apprentissage par le « par cœur ».
La démarche scientifique poussée n’est dispensée qu’à partir du 3ème cycle et seulement aux étudiants chercheurs à l’Université.
Or face à tout domaine mal connu, un être humain a besoin de certitude (le médecin n’échappant sûrement pas à cette règle, lui aussi). Certains médecins se diront alors peut-être : « De quoi aurais-je l’air, si j’avoue mon ignorance au patient, sur un sujet, que je suis censé soigner. De plus, avouer son ignorance peut ne pas être rassurant pour le patient ».


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