Rencontre mcx 99 “ Pragmatique et Complexité ”


PRAGMATIQUE ET "BRIQUES" DU LANGAGE



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PRAGMATIQUE ET "BRIQUES" DU LANGAGE

Evelyne ANDREEWSKY


"Quand l'idée, dont le germe a été produit par les résonances des sons arrive à la maturité avec le dernier son, la parole est déterminée. C'est l'incapacité de l'interlocuteur qui lui fait croire comme réellement existants les éléments verbaux intermédiaires – qui n'existent pas".
Le "Sphota" (Panini et commentateurs, Ve siècle av. J.C.)
Des "briques" de la physique (les particules élémentaires) à celles du langage (les significations lexicales)
On sait que la façon dont les physiciens se représentent la matière et le monde s'est métamorphosée avec les développements de la physique contemporaine. Les particules élémentaires, ces éléments premiers de matière, sont passées du statut de portions individualisées d'un matériau donné, en celui de pures configurations (cf. Schrödinger, 1990). La particule élémentaire cesse d'être une entité existant indépendamment, pour devenir un ensemble de relations qui rejoignent à l'extérieur les autres choses.

Ces considérations sur les éléments de la Physique peuvent-elles être transposées aux éléments du Langage, à savoir les significations des mots (ces "éléments verbaux intermédiaires qui n'existent pas réellement", si on en croit la citation en exergue – issue d'une réflexion datant de 25 siècles) usuellement considérées comme des briques des constructions du sens des énoncés ?


Toujours en physique, selon Niels Bohr (cf. Bitbol, 1997) les résultats expérimentaux n'ont pas un degré suffisant d'invariance par changement des séquences expérimentales, pour qu'on puisse les détacher du contexte expérimental de leur survenue et les traiter comme s'ils étaient autant de reflets d'une détermination que possèderait en propre l'objet de type corpusculaire.

On retrouve une situation tout à fait semblable dans le cadre des expériences psycholinguistiques, où les résultats expérimentaux des recherches sur le lexique mental (censé abriter les éléments de base des significations) sont loin d'être invariants par changement des séquences expérimentales1. L'objet de type "mot" ne possède pas, en propre, de "signification" prédéterminée ; et les traits sémantiques (eux-mêmes constituants premiers des significations lexicales, selon diverses approches théoriques en vigueur) pas davantage. Des exemples simples montrent en effet que les relations entre les significations de deux occurrences différentes d'un même mot sont beaucoup plus complexes que ce que des approches en terme de "traits sémantiques" sont susceptibles d'expliquer. Wittgenstein (1953), sur l'exemple devenu classique du mot "jeu", montre que ce qu'il y a peut-être en commun entre toutes les occurrences de ce mot (jeu de mots, jeu d'échec, d'acteur, de jambes, de clefs, d'enfant, etc.) n'est rien d'autre qu'un réseau complexe de différents types de similarités, parfois de détail, parfois globales, qui se chevauchent et s'entrecroisent.

Comment alors, à chaque occurrence des mots dans les énoncés ou les textes, se constituent, se "cassent", et se reconstituent ces "briques", ces éléments premiers du langage : les significations lexicales ?
…/

La pragmatique comme saupoudrage des "constructions sémantiques" ou comme matière première des significations lexicales ?
Dans le cadre de la métaphore traditionnelle de la compréhension (comprendre, c'est construire), un problème de poule et d'œuf se pose dès lors que, d'une part, on considère que la signification des phrases est fonction de celle des mots qu'elles contiennent, et que, de l'autre, celle de ces mots dépend des phrases où ils figurent… Pour tenter de gommer ce problème, on a usuellement recours à la pragmatique qui saupoudre les constructions de la métaphore (et leurs briques prédéfinies : les significations littérales des mots), pour "ravaler" ces constructions, et les rendre plus présentables. La pragmatique joue ainsi un rôle secondaire : à consommer avec modération, juste ce qu'il faut pour camoufler les défauts éventuels des constructions théoriques.

Mais ne convient-il pas plutôt de renverser les rôles (et les métaphores), pour que la pragmatique, ainsi considérée comme une petite retouche finale de la signification des phrases ou énoncés, en vienne tout au contraire à jouer un rôle essentiel, celui du point de départ, de matière première de la détermination de la signification des mots, à chacune des occurrences de ces mots dans ces énoncés ?

Un certain nombre de phénomènes, notamment en lecture (présentation subliminaire, lecture rapide, alexies, etc. – qui seront évoqués brièvement), sont très en faveur de cette option. Il s'agit en effet de phénomènes négligés, que la métaphore traditionnelle ne peut que pourvoir d'explications "ad hoc". Ces phénomènes – et bien d'autres (cf. Winograd & Flores, 1986) – invitent à penser la compréhension du langage, et notamment celle des mots, à l'aide de métaphores qui suggèrent à la fois des phénomènes d'émergence (comme par exemple comprendre, c'est sculpter, cf. Andreewsky, 1986), et un terreau fertile, la pragmatique p.
Références
ANDREWSKY E., 1986, "Quelques questions inhérentes à la compréhension du langage", in Intelligence des mécanismes, mécanismes de l'intelligence, J.-L. Le Moigne (ed.), Fayard, Paris.

BITBOL M., 1997, "En quoi consiste la "révolution quantique" ?", Revue Internationale de Systémique, vol. 11, n° 2, 215-239.

SCHRODINGER E., 1990, L'esprit et la matière, Paris, Seuil.

SHANON B., 1993, The Representational and the Presentational, An Essay on Cognition and the Study of Mind, Harvester Wheatsheaf, Herdfordshire.

WITTGENSTEIN L., 1953, Philosophical Investigations, Oxford, Blackwell.

WINOGRAD T. & FLORES F., 1986, Understanding Computers and Cognition, Nordwood, Ablex.




Prospective et Pragmatique II

Jacques ARCADE


Session 18 AM6






Conjuguer rigueur et pragmatisme

en prospective stratégique4
Arcade Jacques

Directeur, Proactivité Conseil

1, rue de Turbigo, 75001, Paris

tel : (33) 01 42 21 38 88

fax : (33) 01 42 33 56 45

mail : arcadpc@club-internet.fr

Notre propos résulte d’un essai de confrontation entre les leçons d’une expertise méthodologique diversifiée et les préoccupations issues d’expériences concrètes en matière de prospective stratégique, aussi bien en entreprise, qu’au niveau de pays sous l’égide des Nations Unies.
Il tente de contribuer, par le biais de propositions et de recommandations à caractère plutôt conceptuel et instrumental, à conférer vigueur et vitalité aux démarches de prospective stratégique.
Les sous-jacents d’une telle invitation à revigorer ces processus sont triples :


  • réussir le passage délicat de l’exploration prospective à l’action stratégique ;




  • garantir une articulation qui soit à la fois opérationnelle, pérenne et évolutive entre prospective et stratégie ;




  • favoriser l’enrichissement organisationnel, en stimulant l’appropriation de la réflexion, ainsi qu’une compréhension intime et partagée du contexte de l’action et de la décision.

Le principe adopté pour ce faire consiste à proposer quelques apports visant à compléter le corpus de méthodes et outils rigoureux dont on dispose à ce jour, tout en s’efforçant de le conjuguer, de manière synergique, avec des approches plus heuristiques, incorporant pragmatisme et apprentissage collectif.


Si ces propositions et recommandations suggèrent parfois une valorisation différente de talents et de compétences impliquant accès à la complexité et tolérance à l’ambiguïté, celles-ci nous semblent toutefois participer d’un souci légitime de faire en sorte que la décision et l’action stratégiques bénéficient davantage des indéniables apports de la prospective exploratoire.
Ces propositions et recommandations (bien évidemment perfectibles et non-exhaustives) s’articulent autour de cinq axes.


  • Relativiser et diversifier les informations servant de base à la réflexion

Il convient notamment de se poser d’emblée des questions sur les ruptures possibles ; de veiller à ce que les aspirations des acteurs-cibles ne surdéterminent les résultats de la démarche ; d’articuler la base d’information autour du concept fédérateur d’exigences.

…/


  • Classifier et exploiter les informations utiles, selon leur usage spécifique

Il s’agit de s’imposer une procédure de tri en cascade fondée sur les critères d’importance, de maîtrise et d’incertitude, qui garantisse la pertinence de la démarche et des résultats, aussi bien en termes. d’exploration prospective, que de vision à long terme et d’orientations stratégiques.

Il apparaît déterminant de réserver un traitement particulier aux enjeux et aux défis majeurs, notamment à travers :


  • la mise à plat et l’interprétation, sélective du jeu des acteurs, et d’autre part ;




  • l’approfondissement et la concrétisation des défis pour l’organisme et l’entreprise.

Le recours à l’analyse morphologique mérite, enfin, d’être systématisé pour élaborer aussi bien les scénarios que les profils d’options stratégiques.




  • Différencier et assouplir les démarches normatives

Il s’agit de mieux distinguer Vision et Stratégie à travers le degré de proactivité qu’elles incorporent.

Il importe également de s’efforcer de favoriser d’autres points d’entrées pragmatiques car, il existe toujours, au moment même où se construisent les scénarios :

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