Un concept double et sa représentation par le schéma pour une action novatrice
Michel ADAM
Un jour que j'animais une formation de tuteurs en entreprise d'insertion dans une salle aux immenses baies vitrées, un homme s'est approché à l'extérieur, a assemblé les morceaux d'un grand balai-éponge et a commencé à nettoyer les vitres de la poussière qui les recouvrait.
J'ai proposé aux stagiaires de nommer le travail de cet homme, ce qui ne posait problème à personne : il nettoyait les vitres.
Puis j'ai demandé quel était son emploi, une demi-douzaine de réponses me furent proposées : depuis le silence perplexe jusqu'aux hypothèses les plus audacieuses, en passant par "salarié d'une entreprise de nettoyage", "artisan à son compte", "CES de l'association gestionnaire des lieux", "retraité obsessionnel du nettoyage", etc. On pouvait facilement dire le travail de cet homme, on ne pouvait pas dire son emploi. Ce fut une découverte pour la plupart des participants… Non seulement les deux mots étaient devenus différents, mais l'un ne nous renseignait pas sur l'autre !
Travail, emploi, deux termes douloureux au cœur de l'actualité depuis plus de vingt ans, deux mots souvent tenus pour équivalents, et sources de nombreuses confusions, mais qui cachent dans leur imbrication des différences redoutables et des complémentarités vitales.
Cette confusion fait des ravages :
- elle occulte la recherche de solutions à nos problèmes actuels,
- elle stigmatise des personnes qui sont déjà dans des situations difficiles.
N'est-il pas aujourd'hui nécessaire d'y regarder de plus près et de questionner ces deux notions, dans leurs significations et dans leurs rapports si nous souhaitons mieux affronter les enjeux du présent, et pouvoir agir avec un minimum de pertinence ?
Une approche sémantique s'impose à qui veut y voir plus clair et surtout à qui veut agir par le travail pour ramener vers l'emploi dit ordinaire, des personnes qui ont été exclues depuis longtemps. Ces deux cas me concernent, d'abord en tant qu'être humain doté d'un goût immodéré pour l'action et d'une assez forte pulsion épistémophile, mais aussi en tant que fondateur et président actuel d'IRIS.
IRIS est un acronyme qui signifie Initiatives Régionales pour l'Insertion et la Solidarité. C'est le nom que nous avons choisi de donner en 1992 au regroupement régional de toutes les Structures d'insertion par l'activité économique (S.I.A.E.) en Poitou-Charentes. IRIS est donc l'Union Régionale des entreprises d'insertion (E.I.), des associations intermédiaires (A.I.), des régies de quartier (R.Q), des entreprises de travail temporaire d'insertion (E.T.T.I.), des groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification (GEIQ) et des chantiers d'insertion.
Soit une centaine de structures à statut principalement associatif, qui ont créé en 12 ans près de 500 emplois permanents et qui accueillent chaque année environ 12 000 personnes (ou 3 000 etp (= équivalent temps plein), sous des formes diverses mais dans un but unique : leur (ré-)insertion professionnelle et leur remobilisation par le travail… dans un emploi formateur.
Ce sont des entreprises de ré-apprentissage d'un métier, d'une vie structurée, d'un espoir possible, pour ceux et celles qui ont raté les deux premières filières de la formation initiale et de l'apprentissage.
…/
Notre questionnement inlassable sur l'emploi (perdu, de passage, à retrouver, rêvé, fantasmé, rejeté, …) et sur le travail (déformant, formateur, transformant, informant, …) nous a conduit à tenter de refonder des approches plus larges, moins idéologiques et plus opérationnelles de ces deux termes et de leurs rapports. Mieux penser pour mieux agir, et mieux penser à partir de notre action si difficile… et si passionnante.
Sur cette route quelques schémas fondateurs nous ont aidé, car s'ils ne nous donnent pas de solutions miracles (macro) à nos problèmes (micro, voire méso), ils nous aident à ne plus ressasser les vieux dogmes et leur désespérante simplification. Et donc à continuer de chercher, de réfléchir et d'agir. Comme vous le dites à MCX, le chemin se fait en marchant.
La métaphore fondatrice du contenant et du contenu, ses schémas dérivés, nombreux (et retrouvés chez d'autres auteurs qui ne la connaissent pas !) sera présentée dans sa force éclairante à nos yeux, à savoir l'idée et la nécessité d'un concept double, d'un concept(couple qui convient bien à la spécificité de l'insertion par l'économique : nous sommes des entrepreneurs (et) solidaires, qui conjuguons l'économique et le social, nous avons des clients économiques et des "clients" sociaux, soit un métier technique et pédagogique à la fois, nous sommes des passerelles entre "l'exclusion" et "l'inclusion", nos bénévoles sont des patrons et des syndicalistes salariés !
C'est pourquoi nous en sommes venus à penser que le type d'emploi d'une personne et son statut peu valorisé voire dévalorisant (ex : un CES) ne doit plus cacher le travail de qualité que fait cette personne : certains fonctionnaires au statut plus enviable ou plus sécurisant, n'atteignent pas cette qualité. L'enjeu est ici de retrouver l'estime de soi, et sa force vitale. Nous présenterons 3 types de rapports entre le travail et l'emploi.
Bien sûr notre approche a aussi ses limites, mais cela sera autant de "prises" possibles pour les participants pour qu'elle puisse être questionnée, enrichie, transformée. Rebondir est le titre d'un journal très utile créé par un cadre au chômage et pour tous les chercheurs (demandeurs) d'emploi. Ce sera mon attente à cet atelier, avec une question sous-jacente : comment trouver de nouvelles articulations complexes entre travail et emploi, sans jouer au faux-semblant de l'activité ?
P.S. : Cette contribution sera la synthèse d'un texte d'une vingtaine de pages publié par le Conseil Régional de Poitou-Charentes dans les Cahiers du Carif, sous le titre "Cahier d'IRIS n° 1 : le travail et l'emploi" p.
Systémique et Pragmatique,
Convergences et Divergences
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Per Sigurd AGRELL
Stig HOLMBERG
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Session 17 M4
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LA COMPLEXITÉ DE LA PRAGMATIQUE
Dr P S Agrell, FOA 1, SE-17290 STOCKHOLM, Suède, e-mail psagr@sto.foa.se
Dr S Holmberg, Inst f Informatik, Mitthögskolan, SE-83125 ÖSTERSUND, Suède, e-mail shbg@ieee.org
INTRODUCTION
Nous regardons la pragmatique comme une action avec un but. Elle est une action savante et efficace et, à la fois, simplificateur. Elle travail en temps réels dans un contexte actif. C'est une systémique appliquée. Notre pragmatique suit des règles mais surtout du réalisme. L'idée principale c'est que ca marche. Elle est rapide et bon marché. La pragmatique est célèbre, plus belle que la solution parfaite. Plus belle par ce qu'on n'essaie pas l'impossible, ni la perfection du savoir ni la perfection de l'action.
Pour mieux comprendre le problème de la recherche pragmatique, nous proposons le modèle des dimensions de la recherche par John Warfield (1990). Dans l’esprit de sa structure nous recueillons les dimensions suivantes.
# La complexité s'attribue aux phénomènes naturels, qu'on veut découvrir et expliquer sans trop de simplification, pendant que le compliqué s’attribue aux artefacts humains, qu’on peut vouloir simplifier. (Le Moigne 1995) Expliquer et comprendre appartiennent aux deux.
# Les finalités de toute action comptent, c’est reconnu. Il y a les finalités et des critères multiples et des différents niveaux de concrète1.
# Le contexte c’est à la fois un substrat et un obstacle. Comme dimensions d’intérêt reconnu on se rappelle sa rigidité politico-culturel2 et ses préoccupations chaotiques sur le temps et l’espace3.
Ceci sont des facteurs qui font différer la pragmatique par rapport à la recherche. La pragmatique est en plus relativement complexe, par ce que c’est interdisciplinaire. Il faut souvent mélanger le social, la technique et l’économie. C’est compliqué par ce qu’il s’agit des procédées humaines, qui ne sont pas assez simples. Les finalités sont autre que la vérité et le général de la recherche. Et le contexte est diffèrent, un autre jeu de pouvoir.
LE PROBLÈME
Le défi actuel est le suivant.
# Pragmatique ou pas, en information et savoir, c'est difficile de défendre ce qu'on a fait.
# D'aller de l'étude a l’exécutif c'est également difficile, comme le montre la triste expérience de la recherche opérationnelle des années 60.
# La gestion des incertitudes est aussi difficile. On oublie facilement des facteurs d'importance, comme toute l'histoire de nos accidents nous le raconte. La dite "sensitivity analysis" n'est pas suffisante.
# Le travail pluridisciplinaire n'est pas seulement la superposition, non plus seulement la fécondation mutuelle entre disciplines, pour nous c'est aussi de la synergie des actes pragmatiques.
Mais cette synergie demande la mise ensemble des incompatibles. Les idées et l'analyse, la pensée et la concertation, comment peut-on les mettre ensemble ?
Maintenant, allons vers une model un peu paradoxal pour la pragmatique, un effort pour trouver des expressions scientifiques pour une activité non scientifique. Nous voulons repérer un petit nombre de concepts, les plus importants, ceux qui comptent le plus pour former une action pragmatique.
LA COMPLEXITÉ
D'abord il y a une complexité sans métaphysique du tout. Il y a une relation technique entre les actions. C'est le "comment". Comment a-t-on fait pour arriver à un certain savoir ? Comment les données primaires ? Comment les premières synthèses, comment les calculs, les simulations ou les optimisations ont-elles se réalisées.
…/
Au dessus encore il y a les reconceptualisations, les ententes, l'art de faire bouger les décideurs etc. Ce sont les blocs d’information et de savoir; des blocs imbriqués comme des poupées Russes. On voit une échelle de complexité, ou hiérarchie, qui commence avec les simples données factuelles (les observations) et finit par des aspects culturelles. Il faudra aussi voir comment on colle ensemble ces éléments d'action, et qu'est-ce que il y a comme qualités à veiller.
Pour les observations et pour les différentes étapes de synthèse la pensée est radicalement différente, ou au moins devrait l’être. Sans en faire une grande théorie, Moisdon et al (1997) montrent cet variété. Un rare et très intéressante exemple! Ils montrent comment une logique de conformation (ou positiviste) des outils d'analyse s'imbriquent dans d'autres logiques, notamment: d'investigation des fonctionnements organisationnels, de changement d'organisation ou d'exploration du nouveau. C'est claire, que la même personne, dans un et même projet, peut bien changer son mode de pensée, sa propre épistémologie.
Cependant, partant de Moidon et al (1997) nous voulons faire de la théorie. Nous voulons en plus général voir une inclusion récurrente des épistémologies qui correspondent a l'utilisation successive (et réaliste) de l'information. Sans figer les niveaux de complexité en absolu, nous imaginons comme exemple la hiérarchie suivante:
Il faut ajouter ici, que "l'utilisation" n'est pas une relation rigide, et surtout il se ne programme pas beaucoup par ordinateur. L'utilisation c'est la sensation, l’appréciation et l'acceptation, une relation souple et variable. Savoir ressentir, savoir jouer les sensations, c'est cela qui colle le tout. C'est ca la pragmatique. Après toute étape on aperçoit ce qu'on a fait, on ressentit, et on agit en conséquence.
CONCLUSION
Avec cette structure hiérarchique simple on arrive a quelque chose. L'expérience concordante de l’École des Mines (Moisdon 1997) et FOA (Agrell 1992, Agrell & Holmberg 1998) indiquent qu'on peut parler de "Grounded Theory".
# Grâce au jeux des sensations on peut combiner des différentes méthodes.
# On ouvre des bonnes voies d'implémentation: choix réels, multiples et variés.
# On contre le lobbyism et les compromis superficiels, par les épistémologies claires, et on se prépare pour une débat critique, non seulement sur les modèles et les visions, mais aussi sur les démarches.
# On fait possible une gestion des incertitudes et des risques qui dépasse la simple "sensitivity analysis" par une synthèse de travail exploratif avec des modèles et des calculs.
# On transgresse l'interdisciplinarité de l'intrascientifique aux services plus directement utiles.
# On évite les megamodeles non maniables.
# On dépasse la méthodologie compliquée. Les quatre concepts action, volonté, épistémologie et sensation suffirent bien.
La pragmatique déplace la focalisation de nos efforts de réalisme. La focalisation n'est plus sur l'image réaliste. Elle est sur l'utilisation réaliste de l'information. Et c'est ca pour toutes les étapes du processus pragmatique. L'exemple le plus simple de ce principe c'est la gestion de l'incertitude. C'est comme toujours d'apprendre certains éléments, "résoudre les incertitudes", mais en plus et surtout c'est de ressentir ce qu'on sait et de cerner ce qu'on ne sait pas. Sur un fond de ces éléments on fabrique une décision robuste. Cela n’est peut être pas la pragmatique, mais c’est
un pragmatique utile p.
Systémique et Pragmatique,
convergences et divergences
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Evelyne ANDREEWSKY
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Session 17 M4
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