Secolele XI-XIV

IV. LA FORMATION DE L'ETAT ROUMAiN INDEPENDANT A L'EST DES CARPATES ORIENTALES

1. LES RAPPORTS POLITIQUES AU NORD DU BAS-DANUBE AU MILIEU DU XlVe SIECLE

Parmi les evenements politiques qui ont directement et fortement repercute sur le cadre general d'evolution de la societe roumaine au moment anterieur â la realisation des formes superieures d'organisation d'Etat â l'est de l'arc carpatique,

de la plus grande importance ont ete ceux qui ont eu lieu dans le volsinage nordique de la Moldavie, dans le knesat Halitch-Wolhynia. Dans ces evenements ont ete activement impliquees la Horde d'Or, la Pologne, la Hongrie et la Li­tuanie, c'est-â-dire quelques-uns des Etats Ies plus puissants de l'est et du centre du continent. La tension extreme de la situation de la Russie de Sud-Ouest s'est declenchee en 1340, par son invasion des armees de Castanir III, qut re-vendiquait l'heritage du trâne halitchien, reste libre â la suite de l'assassinat du knes Boleslav de Mazovie (Iurij). L'action de la Pologne a provoque la reac-tion de la noblesse locale, soutenue par Ies Mongols et Ies Lituaniens, de sorte que le. roi Casimir III a ete oblige de retirer ses armees.

A la meme epoque la Hongrie disputait la domination de l'espace est-car-patique avec la Horde d'Or. En 1345, en reponse â une invasion mongole en Transylvanie, Louis I d'Anjou organise une expedition â l'est des Carpates Orien-tales, mise sous la commande d'Andre Lâckfi. Simultanement aux essais des rois de la dynastie d'Anjou de s'infiltrer dans Ies regions du sud et de l'est des Carpates, ont eu lieu Ies actions de proselytisme dirigees d'Avignon par le Saint Siege. Depuis l'annee 1332 on avait repris Ies demarches pour la recon-stitution de l'Eveche des Coumans, cette fois-ci sous le nom de l'Eveche de Milcov. Comme titulaires de l'Eveche ont ete nommes des moines de plusieurs ordres, mais ii n'est pas certain qu'ils aient reellement exerce leurs attributions.

Les echecs enregistres par Ies Mongols entre 1344—1346 pendant Ies luttes de Transylvanie et de Moldavie, de meme qu'au siege de Caffa, laissaient entre-voir le debut de l'irreversible periode de decadence de la Horde d'Or, aceentuee en pârtie grâce aux pertes humaines souffertes â la suite de la proliferation de la grande epidemie de peste. Profitant d'une conjoncture internaţionale favo-rable, la Pologne a reussi â annexer en 1349 Halitch-Wolhynia, ce qui a eu comme consequence le declenchement d'un long conflit avec la Lituanie â la suite duquel certains territoires du nord de Wolhynia ont du etre cedes aux princes lituaniens. Le succes de l'action de Casimir III de 1349 a conduit â la creation de frontieres communes entre la Moldavie et la Pologne. Louis Ier s'est montre particulierement interesse â la domination sur la Russie du Sud-Ouest et sur la Moldavie; ii a entrepris en ce sens plusieurs actions militaires. A la suite de l'accord conclu avec Casimir III, Louis I^er a temporairement renonce â la domination sur la Russie du Sud-Ouest, concentrant son attention sur la Mol­davie.

Pendant que le pouvoir des Turcs etait en pleine ascension en Anatolie et dans les Balkans, l'autre force islamique de l'Europe — la Horde d'Or — etait entree dans une periode de crise de longue duree. Apres l'elimination du khan Berdi-Bâg en 1359, les guerres civiles et l'anarchie ont envahi la Horde tout entiere, ce qui a gravement endommage l'unite de l'Etat. Tirant parti de cette occasion, les peu-ples tributaires des Mongols, parmi lesquels les Roumains, ont essaye de s'af-franchir de leur lourde domination. L'un des principaux beneficiaires de l'anarchie de la Horde a ete l'Etat lituanien, qui, au temps du knes Olgerd, a declenche une offensive soutenue contre les kncsats russes se trouvant dans la sphere d'in-fluence des Mongols. Les forces mongoles des regions occidentales de la Horde qui ont essaye d'arreter l'offensive lituanienne ont ete vaincues en 1362/1363 aux Eaux Bleues (Sinie Vody). Par l'inclusion de la Podolie dans la sphere d'influ-ence de la domination lituanienne, la Moldavie gagnait des frontieres communes avec ce pays aussi. Mais apres 1366, â la suite du succes de Casimir III dans la guerre avec la Lituanie, les kneses lituaniens Koriatovitchi, qui gouvernaient la Podolie, ont reconnu la suzerainete du roi de la Pologne.

L'offensive lituanienne de 1362/1363 n'a pas eu comme consequence, comme l'ont cru certains historiens, l'expulsion des Mongols du sud-ouest de la Moldavie. La mention du „pays" du prince mongol Dimitrie en 1368 dans une region des environs de Tembouchure du Danube, ainsi que la persistance sans trouble de l'habitation des centres citadins controles par les Mongols de Cetatea Albă, de Costeşti et d'Orheiul Vechi, ainsi que la continuation de la circulation des mon-naies de la Horde jusque vers la fin de la 7e decennie du XIVe siecle, tout cela montre que la domination mongole s'est prolongee au sud-est de la Moldavie au moins six annees apres l'affrontement de Sinie Vody. Entre temps, dans le reste de l'espace est-carpatique, on avait forme le deuxieme Etat feodal roumain inde-pendant.

2. L'CTAPE DECISIVE DU PROCESSUS DE CONSTITUTION DE L'£TAT ROUMAIN IND6PENDANT DE MOLDAVIE

Pour le stade d'organisation politique de la societe locale au milieu du XIV^e siecle, comme pour la nature des relations etablies avec Ies Etats voisins, ii y a un episode significatif, decrit par Jan Dlugosz et Filippo Buonacorsi dit Callimachus qui relatent Ies disputes pour le trone de Moldavie pendant l'ete de 1359- L'un des pretendants, Pierre, ayant l'appui de la majorite de la, popu-lation et des „provinciaux hongrois", a reussi â arriver au pouvoir en bannissant du pays son frere aîne, Etienne, qui s'est refugie â la cour du roi de Pologne. Les armees polonaises envoyees par Casimir III pour aider Etienne a acceder de nouveau au trone ont ete eerasees dans une zone couverte de forets du nord de ia Moldavie, dans le ,,Pays du Shopenitz". L'episode mentionne atteste donc des for-mes supe'rieures d'organisation politique qui sont anterieures â l'etablissement de Dragoş et de Bogdan en Moldavie.

Les vieilles chroniques moldaves placent en 1359 le moment ou Dragoş de Maramureş a franchi les montagnes. Dragoş, originaire de Bedeu, etait sans doute arrive en Moldavie comme representant de la Couronne angevine. Les chroniques locales lui aceordent deux annees de regne, apres lesquelles le trone serait revenu pour quatre annees â son fils Sas. Salon l'opinion imposee dans l'historiographie roumaine, mais que nous ne partageons pas, l'annee 1359 ne represente pas la date de l'arrivee de Dragoş, mais de Bogdan. S'il en etait ainsi, le roi de Hongrie n'aurait pas eu de motifs de satisfaction et n'aurait pas aceorde de pri-vileges pour quelques sujets de Maramureş en 1360 comme recompense pour _>rla restauration du Pays de Moldavie". Plusieurs arguments plaident pour l'exactite de la date transmise dans les chroniques slavo-roumaines.

L'acceptaition par le roi Lou& I^er d'exercer la suzerainete oar l'intermediai're d'un voivode dependant, et non par anneXion directe, indique l'existence â Vest des Carpates d'un organisme politique plus ancien, que la Hongrie a du recon-naître. Le monarque angevin s'est montre donc par deux fois concessif vis-a-vis des forces politiques locales de Moldavie: par l'admission de l'idee d'une formation d'Etat separee et non pas integree directement â son royaume, ainsi que par la nomination d'un chef roumain â la tete de cette formation, recompense proba-blement pour son apport dans les luttes avec les Roumains de Moldavie ou avec les Mongols.

Les positions gagnees par la Hongrie en Moldavie septentrionale n'ont pas pu etre maintenues longtemps. Profitant sans doute de l'opposition de la popu-lation indigene vis-â-vis des pretentions annexionistes etrangeres, Bogdan, un ancien et constant adversaire de la politique du royaume hongrois de centrali-sation et de limitation de l'autonomie roumaine, est passe en Moldavie se mettant â la tete des forces locales desireuses de gagner leur independance. Anterieure-ment, Bogdan avait ete uour un temps voivode du Maramureş, dignite qu'U va perdre apres l'avenement de Louis I^er, avec lequel ii s'est trouve dans un conflit acharne. Les pressions exercees par l'administration royale contre les essais de maintenir l'autonomie du Maramureş ont determine finalement Bogdan â quitter ses lieux d'origine pour trouver d'autres points de resistance contre l'Etat hon­grois. Le succes de Tancien voivode de Maramureş dans les confrontations avec Ies partisans du roi de Moldavie et avec les armees hongroises envoyees pour

1 eloigner ne pourrait s'expliquer sans le fort appui de la population locale,

impatiente de mettre fin a la suzerainete etrangere. Dans le diplome royal du

2 fovrier 1365, ou l'on evoque succintement les evenements de Moldavie, on
reconnaît de fado la victoire de Bogdan et implicitement l'existence de l'fitat
md pendant des Uoumains de Moldavie. Du fait que l'action de Bogdan a devance
ae peu seulement la redaction du diplome, on peut admettre que le bannissement
ues armees qui se trouvaient au service de la monarchie hongroise et par conse-
quent la constitution de l'Etat autonome de Moldavie s'est produite en 1364.

,,£'^es donnees relevees ci-dessus on peut tirer la conciusion que la genese ae 1 Etaţ independant a ete un processus complexe et de longue duree, deroule progressivement, auquel plusieurs facteurs ont apporte leur contribution. L'evo-sunnn ^{la soci}^? locale vers des formes superieures d'organisation politique a

ppose une considerable concentration demographique, la predominanee des conectivites ethniques roumaines, la solidite des realisations sur le plan econo-

que et social, la preexistence de certaines entites politiques, un certain niveau

culturel. L'engrenage des relations politiques internationales, sur le fond duquel s'est acheve le processus de la formation de l'organisme d'Etat â l'est des Carpates, a ete extremement complique. La reussite de l'oeuvre de constitution de l'Etat ne s'expliquerait pas completement si l'on n'avait pas en vue Ies facteurs de con-joncture aussi. L'implication des chefs feodaux de Maramureş aux evenements de Moldavie, survenue â coup sur dans un moment de profond mecontentement des masses envers l'appression hongroise, a ete de la plus grande importance. L'acte de constitution de l'Etat moldave indc-pendant, qui a eu lieu au mo­ment de 1'ecartement de la suzerainete magyare sur l'ouest et le nord-ouest de la Moldavie, ne s'est pas realise en meme temps que le parachevement de son unite politique, parce que le sud-est de la region a continue â rester sous l'auto-rite de la Horde d'Or jusqu'â la fin de la 7e decennie du XlVe siecle. La pre­miere mention sans equivoque concernant la supremaţie du voivode de Moldavie jusqu'â la Mer Noire est faite dans l'acte de Roman I^er du 30 marş 1392. Mais ii y a plusieurs temoignages indiquant que, des la 9^e decennie, dans Ies limites de l'Etat moldave etait incorpore l'espace carpato-dniestrien tout entier. Mais l'incor-poration de la zone du sud-est de la Moldavie au reste du voivodat est situee â un moment anterieur chronologiquement.

CONCLUSION

La societe roumaine â l'est des Carpates Orientales n'a pas ete une societe-close, une entite separee, ou Ies processus historiques se sont deroules d'une ma­niere equilibree selon un developpement normal, prive de contradictions majeures. Bien au contraire, dans le territoire est-carpatique, expose aux vagues migratoires, se sont interposees diver.,es influences allogenes, qui ont affecte le cours normal du developpement de la societe roumaine, de sorte que son evolution dans Ies premiers siecles du II^e millenaire n'a pas eu la forme d'un processus harmonieux. Bien que l'ambiance politique oii Ies communautes roumaines de l'espace carpato-dniestrien ont evolue n'eut pas ete commune pour toutes Ies contrees nord-danu-biennes, Ies interferences continuelles avec Ies autres regions habitees par des Roumains a maintenu intacte au caurs des sieoles l'unite linguistique et de cuiture materielle et spirituelle du peuple roumain. Grâce â cette unite l'histoire de la population roumaine â l'est de l'arc carpatique s'encadre organiquement dans l'histoire generale du peuple roumain.

Traduit par MICHAELA SPINEÎ

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Redactor: POPA D. MARCEL Tehnoredactor: ANGELA ILOVAN

Coli de tipar: 24

Pagini planşe: 56 alb-negru; 4 color Bun de tipar: 8. 02. 1982

Întreprinderea Poligrafică Cluj

B-dul Lenin nr. 146

Republica Socialistă România

Comanda nr. 236

Blafcumen-n.

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Fig. 1. Pierre â inscription runique Blakumen.

_de l'île Sjonhem, ou sont mcntionnes