M. le Président - Merci, Madame BENMANSOUR.
Madame RAYNAUD, vous avez la parole.
Mme RAYNAUD - Merci, Monsieur le Président.
Chers collègues, ce projet a pour objet d’ouvrir grand les portes des lycées pour favoriser les échanges avec l’environnement, construire des projets avec les habitants, associations ou entreprises du territoire.
Exprimé de cette manière, qui pourrait être contre ? Personne !
En même temps, on donne à penser que le lycée serait une sorte de forteresse fermée au monde extérieur et repliée sur elle-même, ce qui n’est pas du tout le cas. Cette utile et nécessaire ouverture des lycées sur l’extérieur est déjà largement mise en œuvre dans la plupart des établissements, au travers des dispositifs existants et mis en place, offerts par la Région, que vous connaissez tous, mais pas uniquement. Des centaines de conventions sont déjà signées avec des conseils municipaux, des clubs sportifs, etc.
Je vous donne le cas du lycée Claude de France de ROMORANTIN qui signe une convention avec la municipalité de ROMORANTIN pour permettre à des élèves d’écoles primaires de venir visiter, prendre connaissance et, en quelque sorte, apprivoiser les équipements scientifiques du lycée, sous la houlette des professeurs responsables et en dehors du temps scolaire. C’est une initiative qui me paraît tout à fait intéressante.
Je fais partie des gens qui ont quelques réticences, voire inquiétudes par rapport à ce dispositif. Territorialiser l’école me semble être une voie vers une contradiction avec le cadre national, auquel je tiens par-dessus tous.
Je vais relever une citation du dispositif lui-même : « Dans des contextes économiques tendus… ». Pourquoi rappelle-t-on cela ? Les mots ont leur importance. « Dans des contextes économiques tendus, leurs équipements sportifs – il s’agit des lycées –, moyens informatiques, plateaux techniques et leurs personnels doivent être valorisés et organisés pour bénéficier à un public plus large pour ancrer le lycée dans la vie de son territoire : exemple, l’accueil dans les internats de saisonniers, voire de touristes, équipements partagés avec des entreprises locales. »
Commentaire : que la Région souhaite rentabiliser ses investissements, parce qu’il s’agit de cela aussi, n’est pas choquant en soi, mais ce qui ne manquerait pas de l’être, c’est qu’en lieu et place de coopération, on place les lycées sous l’influence de pressions extérieures et d’ordre économique. Qu’entend-on par « bénéficier à un public plus large » ? Lorsqu’on regroupe dans une même classe des apprentis, des adultes en formation continue et des lycéens, on fait certes des économies, mais cela donne lieu aussi à des aberrations pédagogiques dont les personnels enseignants des lycées professionnels pourraient témoigner.
Selon nous, cette ouverture doit rester strictement délimitée par le cadre des programmes et des objectifs des enseignements définis au cadre national. Nous devons garder comme priorité absolue la mission première des lycées, à savoir la formation initiale des jeunes sous statut scolaire.
Les propos de Charles FOURNIER ont devancé et exprimé l’aspect des inquiétudes ; ils ont aussi répondu au désir de rassurer. Néanmoins, nous ne sommes pas dans une vision dubitative de ce rapport mais une vision vigilante, oui, très certainement.
Merci.