M. le Président - Merci, Madame QUATREHOMME.
Madame la Vice-présidente, vous avez la parole.
Mme REBOUT - Merci, Monsieur le Président, et merci à tous.
Agnès QUATREHOMME, je vais essayer de vous rassurer et de rassurer tout le monde, sans vraiment jouer les psychologues, surtout à cette heure.
Je me dis que toutes ces questions et ces inquiétudes rejoignent les préoccupations qui ont prévalu à la rédaction, à l’élaboration et à la mise en place de CiT’Lycées. Toutes ces questions posent celles centrales de la place du lycée dans son territoire et toutes ces inquiétudes montrent la valeur, l’attachement que nous avons tous à l’enseignement public. Je trouve cela plutôt réconfortant.
Il est normal que les gens se posent des questions ; il est normal que l’on se pose des questions quand on innove, quand on met en place une démarche un peu particulière dans la manière dont elle est construite, comme l’a dit Carole CANETTE. Cela ressemble à la démarche PACT et, comme Carole CANETTE, je dois répondre à des inquiétudes, à des questions, à des préoccupations. C’est normal. J’y vois plutôt un intérêt pour la démarche qu’un rejet total.
C’est peut-être ma manière de faire ; je suis très optimiste à 19 heures 58 un jeudi soir, mais je pense que nous devons tous avancer en ce sens et encourager les établissements à faire ce qu’ils demandent. Je voudrais tout de même rappeler qu’ils sont absolument volontaires et non entraînés de force dans ce cataclysme CiT’Lycées !
De plus, pour la deuxième vague de CiT’Lycées, beaucoup d’établissements se portent de nouveau volontaires. Je serai même obligée de faire un choix dans les territoires.
Je n’ai donc pas d’inquiétudes sur la manière dont est perçue la démarche au sein même des établissements et encore moins au sein des territoires déjà ou potentiellement concernés.
J’ai un peu l’impression parfois d’être comme le personnage Rica, dans les Lettres Persanes de Montesquieu, à qui on disait : « Comment peut-on être persan ? » A moi, on m’a dit : « Comment peut-on être CiT’Lycées ? Comment peut-on faire CiT’Lycées ? Comment peut-on prétendre ouvrir ce qui n’a pas vocation à l’être ou ce qui l’est déjà ? Comment peut-on prétendre encourager, développer l’idée, les idées de coéducation, de partage des projets, d’apprentissage de la conduite de ceux-ci ? » J’ai envie de répondre à ce « comment » par ceci : à BLOIS, une équipe d’incubateurs de projet – ils ont voulu s’appeler ainsi – a décidé d’interroger la perception par et pour les jeunes de l’espace public : comment l’occuper ? Comment le faire vivre ? Quel est le territoire d’un jeune ? Comment transcender les limites des lieux, qu’ils soient éducatifs, culturels ou artistiques ? Comment fabriquer à plusieurs têtes et compétences du projet ? Qui sont ces incubateurs ? Les lycées ? La Ville ? L’Agglomération ? Le BIJ ? Le CAU ? Les associations de protection de l’enfance ? Les structures d’éducation populaire ? Les lieux de culture ?
À BLOIS toujours, autour de ce dont Charles FOURNIER a parlé, à savoir une mutualisation des instances citoyennes jeunes de ce territoire (le CVL, le Conseil des jeunes de la ville), s’initie un travail de facilitation de l’expression citoyenne en permettant aux jeunes engagés d’aider les autres à comprendre les institutions et à mettre en place des projets.
Aujourd’hui, à ORLÉANS-LA SOURCE, ce sont six rencontres pour construire ensemble qui devraient jalonner les deux années à venir, du forum de l’ESS à une résidence d’architectes – je suis particulièrement fière, en tant que professionnelle par ailleurs, d’avoir réussi à susciter une résidence d’architectes –, en passant par « Dévoile tes sources », un partenariat avec Radio Campus.
Madame SOULLIE, l’oralité n’est pas un but en soi, n’est pas une finalité en soi, bien évidemment. Je défends autant l’écrit que l’oral. En l’occurrence, les coopérations autour de radios font tomber bien des inhibitions de la part de jeunes qui ne s’expriment pas aussi facilement a priori. On l’a vu dans l’opération « Radio Lycées », par exemple, action éducative que nous soutenons depuis de nombreuses années. C’est pourquoi il nous a semblé que ce projet correspondait à un projet CiT’Lycées.
À LA CHÂTRE, trois premiers projets s’articulent autour de la mobilité, de la ruralité, de la pratique artistique et culturelle : la mobilité comme levier pour donner accès aux services à des publics en difficulté, comme ressource pour faire ensemble et non comme frein à l’ouverture culturelle et sociale.
Voilà de quoi il a pu être question au cours des « journées de fabrique du projet » dans le territoire de LA CHÂTRE.
D’ailleurs, je me permets de le noter parce que je trouve cette précision plus qu’intéressante : dans ce territoire, il se produit une complémentarité opérationnelle avec le dispositif « ID en Campagne ».
Depuis mars 2012, CiT’Lycées interroge la place du lycée dans son territoire, les regards des uns sur les autres, le regard des uns et des autres. Il ne s’agit pas d’ouvrir le lycée aux quatre vents, comme l’a dit Carole CANETTE, il ne s’agit pas de dire : « Venez, servez-vous ! ». C’est d’ailleurs le sens du nouveau titre de la mesure : « Collaborations et initiatives entre les territoires et les lycées » et non « Venez au lycée ». C’est la différence philosophique qu’il me semble important de souligner et de porter.
Toute la démarche CiT’Lycées repose sur le volontariat des établissements.
Surtout, il faut noter l’intérêt accru du Rectorat pour cette démarche. Il a nommé une déléguée pour, entre autres, s’intéresser aux démarches de ce type. Comme l’a dit Charles FOURNIER, cela correspond aussi à la loi de refondation sur l’école. Le Rectorat participera aux deux niveaux de gouvernance dans la démarche CiT’Lycées à venir, c’est-à-dire au niveau régional aussi bien qu’infrarégional.
Cette collaboration accrue avec le Rectorat nous permettra d’aborder précisément les questions que vous avez soulevées, celles de l’absence pour l’instant des acteurs économiques, celles soulevées au CESER sur l’absence d’orientation, par exemple, ou la faiblesse des participations des familles. Nous réinterrogerons tout cela. Nous avons tout à fait conscience que tout n’est pas encore abouti ni parfait. C’est presque l’avantage, le côté très intéressant de ce genre de démarche.
Il s’agit d’une expérimentation et nous livrons dans le rapport son bilan. Nous sommes entrés, dans les trois territoires expérimentaux, dans une phase de construction de projets. Je vous donne rendez-vous dans un an pour faire le bilan de ce qu’il s’est passé dans les territoires déjà CiT’Lycées et dans ceux à venir CiT’Lycées.
Je crois avoir dit l’essentiel, même si je n’ai pas répondu à toutes les questions. En même temps, j’espère y avoir répondu de cette façon en disant que, pour nous tous, ce qui est important, c’est que nous nous associions tous au devenir des établissements qui n’ont pas pour unique vocation de former des jeunes pour un emploi, mais qui ont pour vocation, avant tout, de former des jeunes bien dans leur tête, bien dans leur corps, bien dans leur esprit. Nous sommes tous, en tant que politiques, bien placés pour savoir que nous avons besoin des citoyens de demain et que des citoyens actifs, présents, conscients sont plus que jamais nécessaires dans cette société. Les derniers résultats électoraux nous le prouvent chaque instant.
Merci.
(Applaudissements)