M. le Président - Merci, Monsieur LECOQ.
Monsieur Charles FOURNIER a la parole.
M. Charles FOURNIER - Merci, Monsieur le Président.
Madame SOULLIE, il aurait été intéressant que vous lisiez entièrement le rapport au lieu de vous limiter à extraire deux phrases.
Les acteurs qui ont produit ces phrases, parce que c’est le résultat du travail des acteurs dans les territoires, apprécieront sans doute la teneur de votre vision sur leur production.
Par ailleurs, vos propos sur le lycée et, à travers lui, sur l’éducation sont très conservateurs, mais vous l’avez dit vous-même et je ne fais que le redire.
Derrière votre vision qui revient à celle du siècle dernier, je crois que, depuis, les choses ont évolué : l’éducation doit se penser autrement. En aucun cas, ce dispositif ne vient remettre en question les missions du lycée. Au contraire, il vient se mettre en appui de ses missions. Tous les projets qui ont émergé de cette première phase vont en ce sens.
J’entends les craintes de Gisèle QUÉRITÉ. En même temps, sur ce sujet comme sur d’autres, à ce stade, je n’ai rien vu qui ressemble à cela. Il faut cette vigilance mais il ne faut pas non plus se faire peur. Dans les trois territoires, les acteurs étaient nombreux, volontaires. Le CESER a même reproché l’absence des acteurs économiques, donc pour l’instant, il n’y a vraiment pas d’inquiétudes de ce côté.
Les interactions entre les lycées et leur territoire existent déjà. Ce n’est pas une réinvention, c’est une volonté d’aller plus loin, de les amplifier, de les faciliter. Je vais prendre quelques exemples :
- « Aux Arts, Lycéens » est déjà une interaction entre des acteurs de la culture et les lycées ;
- autour du sport, avec l’utilisation des équipements sportifs dans les territoires, il y a des coopérations avec les villes et avec les agglomérations ; cela existe déjà ;
- dans la recherche des stages, il se produit nécessairement des coopérations avec le milieu économique, qui sont bénéfiques pour l’éducation et pour les lycéens.
Ces coopérations sont bilatérales. Elles ont parfois du mal à s’inscrire dans la durée. Ce dispositif propose justement d’avoir une dynamique partenariale plurielle et inscrite dans le temps. C’est ce qui est original ; sinon, il n’y a pas de révolution et je trouve que l’on joue à se faire peur. Certaines critiques énoncées à l’égard de ce dispositif me paraissent un peu décalées par rapport à ce qu’il propose.
J’ai été associé depuis le début à ce dispositif et particulièrement à BLOIS. Je voudrais partager avec vous ce qu’il s’est passé dans ce territoire.
La démarche visait à initier une dynamique partenariale à BLOIS. Réussie ! Plus d’une cinquantaine de participants à tous les temps d’élaboration de la démarche. La volonté était vraiment de permettre la rencontre entre des acteurs, des personnes très différentes puisque nous avions des acteurs de la jeunesse, de la culture, des jeunes des lycées mais aussi des mouvements de jeunesse, des acteurs de l’urbanisme avec des problématiques urbaines, des acteurs des collectivités, bref, une diversité très importante de laquelle sont nés deux axes de coopération qui me paraissent aller tout à fait dans le sens du renforcement des missions du lycée et qui sont aussi gagnants-gagnants pour le territoire.
Le premier axe est une meilleure articulation entre le projet éducatif qui se construit dans le territoire et le projet d’établissement. Rien de très original, c’est tout simplement une inscription dans le cadre de la loi de refondation de l’école, avec la volonté d’avoir une approche éducative territorialisée qui ne remet en rien en cause des principes nationaux, des règles nationales, des moyens confortés et égalitaires dans tous les territoires.
À travers cela, c’est une volonté de se renforcer mutuellement. Les lycéens ne sont pas uniquement lycéens. Ils le sont pendant leur temps de vie au lycée, mais ils sont aussi des pratiquants de la ville. Ils sont aussi en dehors de la ville, ils vivent en dehors du lycée. Il s’agit simplement de travailler à une continuité éducative avec ces acteurs, cela me paraît tout à fait aller dans le bon sens.
Il est ressorti de cela l’idée de faire un incubateur de projets en direction des jeunes dans le territoire de BLOIS. Je souscris totalement et de nombreux acteurs s’y investissent. Je crois que cela va dans le bon sens, aidera plutôt l’acte éducatif et ne viendra pas l’atteindre.
Le deuxième axe est la citoyenneté des jeunes. Nous pouvons globalement être tous d’accord sur l’idée qu’il convient de la renforcer. Un des sujets évoqués à BLOIS qui trouvera peut-être sa concrétisation demain portait sur les lycéens le mercredi. Les internes sont souvent dans la ville et leur présence est parfois positive, mais elle est parfois aussi problématique. Elle pose des questions aux villes. Une coopération autour de ce sujet me paraît aller dans le bon sens et soutenir l’action du lycée.
À travers cela, une des propositions faite à BLOIS et que les représentants des CVL des six établissements puissent participer au Conseil de la Jeunesse présent dans le territoire. Le fait qu’ils participent à une instance plus large renforcera sans doute leur engagement à l’intérieur du lycée. Cette interaction est positive au service de l’éducation.
Il aurait pu y avoir sur le terrain blésois d’autres hypothèses. Elles ont été émises, tout n’est pas terminé. Il y a deux axes aujourd’hui mais d’autres projets vont sortir. Je vais vous donner un autre exemple qui touche directement la Région et la collectivité blésoise : quatre établissements blésois sont engagés dans des coopérations avec le Maroc parce que la Région et la Ville de BLOIS ont une coopération avec le Maroc. Cela crée un réseau d’acteurs qui ont envie de s’investir autour des coopérations internationales. Tout cela, à mon avis, c’est du CiT’Lycées. Cela facilite des implications et des interactions entre l’établissement et son territoire.
J’avais relevé, en lisant les rapports du CESER et de la CRJ, un écart qui m’interroge : une vision extrêmement positive, même si les jeunes ont pointé, et je crois qu’ils ont raison de le faire, la difficulté de leur participation. Quel est le temps consacré à cette participation ? C’est un vrai sujet et il faut pouvoir le prendre en considération.
Une vision très positive, d’un côté, et, de l’autre, une vision d’interrogation et dubitative : il sera vraiment utile d’engager un échange entre ces deux instances et de les associer au mieux dans la suite du dispositif pour confronter les points de vue parce que cela m’a semblé un peu décalé.
Nous avons entendu ici ou là trois craintes sur la « sanctuarisation ». C’est un mot auquel on voudrait un peu tout faire dire. Nous, les Écologistes, on nous dit souvent : « Vous êtes des décroissants, ce n’est pas bien, vous êtes inscrits dans le passé. » Je suis contre la croissance des autoroutes mais pour celle du transport ferroviaire. S’agissant de la sanctuarisation, c’est un peu identique. Le lycée doit être perméable à des interactions qui lui sont positives, qui vont servir la mission éducative, mais il doit être totalement imperméable à ce qui va faire prendre des risques aux lycéens, ce qui va atteindre sa mission, au marché qui viendrait bousculer la façon de concevoir l’enseignement.
Il faut éviter de faire des raccourcis avec des mots et des concepts que l’on manipule comme s’ils étaient simples et uniques.
Au sujet des moyens, on interpelle sur le budget. J’étais présent à toutes les phases et les acteurs n’ont jamais abordé cette question. Finalement, ce n’était pas là que cela se jouait, ce n’était pas sur les budgets qui vont être alloués mais sur l’implication des partenaires. L’idée était très claire pour tout le monde : une mutualisation des moyens. Ce n’était pas l’argent de la Région qui allait couler à flot. De nombreux dispositifs sont déjà proposés par la Région. Le soutien à l’action éducative du côté de la Région est extrêmement important. Ce que les acteurs y ont vu, c’est une possibilité de travailler ensemble, d’avoir des moyens articulés et pas forcément des moyens nouveaux.
Une étape de la démarche mérite l’appui de la Région : il s’agit de la phase d’ingénierie. Un des enseignements de l’expérimentation est que, pour que ces acteurs travaillent ensemble, pour qu’émergent des projets, un appui est nécessaire. C’est d’ailleurs prévu dans le budget pour la phase d’ingénierie des démarches CiT’Lycées. Il me semble que c’est ce qui est nécessaire pour que cela fonctionne.
Troisième crainte : l’absence de certains acteurs. Oui, nous sommes dans une démarche volontaire, mais tout le monde n’est pas encore autour de la table. Ce n’est pas terminé. Dans les trois territoires, nous avons des acteurs différents, donc on peut supposer que, dans l’élargissement futur, des nouveaux aient envie de rejoindre la démarche. Je ne suis pas tellement inquiet à ce sujet, je trouvais déjà que la diversité était au rendez-vous dès le démarrage.
Concernant la mission première des lycées, je crois avoir largement commenté cet aspect : ce dispositif vient plutôt l’appuyer, c’est au service de la mission des enseignants. Évidemment, il subsiste une inquiétude sur le temps mobilisé, mais je crois que, justement parce que nous sommes dans une dynamique partenariale, ce temps est moins conséquent. Nos dispositifs existants mobilisent déjà du temps. Quand on construit un projet de mobilité européenne, quand on construit un projet « Aux Arts, Lycéens », c’est une implication extrêmement importante. Il ne s’agit pas de générer des implications nouvelles tout aussi conséquentes, mais peut-être de les rendre plus faciles. Quand on monte un projet de coopération, si l’on s’appuie, par exemple, sur les échanges de la ville dans laquelle est implanté le lycée avec une ville à l’étranger, c’est plus facile. Cela facilite les entrées et, au contraire, cela allège la charge des personnels qui vont s’engager autour de ces projets.
Vous l’aurez compris, notre groupe soutient pleinement le projet porté par Chantal REBOUT. Nous l’avons accompagné.
Je voudrais simplement faire une petite citation pour finir, qui vaut pour l’art mais je crois que l’on peut l’élargir à l’éducation : « Plus vous emprisonnez l’art dans les cloisons du quotidien et plus le quotidien cesse d’être de l’art. » C’est pareil pour l’éducation : plus on la cloisonne, moins elle est éducation. La coéducation et le travail en partenariat sont une réponse aux difficultés éducatives auxquelles nous sommes confrontés.
Je vous remercie.
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