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Une ouverture de la Clin devenue incontournable

Profitant de l’énergie et de la dynamique de l’école, avant même que les textes officiels d’avril 2002 n’instituent la structure ouverte comme seul modèle de référence, j’ai lancé un chantier de travail visant à donner aux nouveaux-arrivants toutes les chances de réussir leur intégration dans l’école et à permettre un passage plus en douceur de la Clin vers la classe ordinaire.

L’idée consiste donc à envisager une structure plus ouverte qui évite de retarder le moment de l’intégration dans la classe ordinaire. Dès son arrivée à l’école, l’enfant est intégré dans sa classe d’âge, qui devient son groupe de référence et avec lequel il participe aux activités qui lui sont accessibles. Il ne quitte son groupe que pour l’initiation au français, ce qui prend la plus grande partie de son temps en début d’année puis de moins en moins. En amont, il faut bien penser et organiser le temps de l’accueil et de l’évaluation. En aval, il faut aussi travailler sur l’orientation et le suivi à la sortie de Clin, en particulier pour les élèves qui retournent dans leur école de secteur, ce qui rend indispensable une coopération à l’intérieur de l’école mais aussi entre écoles.

Elaboration du projet par étapes

Le projet s’est construit au fil de l’année 2000-2001 grâce aux constats réalisés et aux réflexions mûries en collaboration avec la directrice et les enseignants de l’école. Puis, le chantier s’est déroulé par étapes tout au long de l’année 2001-2002.

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  Rencontre avec l’I.E.N. pour présenter le projet (octobre 2001).
  
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  Travail avec les partenaires (mairie, médicine scolaire, réseau d’aide spécialisée, coordination R.E.P., I.E.N.) afin de dégager les rôles de chacun et les moyens de mieux accueillir et accompagner les familles.
  
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  Réunion d’information et d’échange entre enseignants et conseillers pédagogiques autour de l’I.E.N. L’inspecteur souhaitait que chacun mesure bien les tenants et les aboutissants du projet, notamment que l’ouverture de la Clin nécessite un engagement de tous puisque l’accueil des primo-arrivants serait alors du ressort de toutes les classes de l’école.
  
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  Officialisation de la réalisation du projet lors d’une concertation de l’équipe enseignante en mai 2002 en présence de l’I.E.N.
  

Remédiation pour les élèves en difficulté à l’oral

En contre-partie de l’ouverture des autres classes sur le public nouveaux-arrivants, je me devais aussi d’ouvrir mes portes aux élèves de l’école en difficulté à l’oral. L’I.E.N. avait précisé que mon rôle se rapprochait désormais de celui d’un « moyen sup ». J’étais donc chargé de remédiation pour les élèves de l’école en difficulté à l’oral et chargé d’initiation au français oral et écrit pour les nouveaux-arrivants.


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ACCUEIL DES NOUVEAUX ARRIVANTS ET DE LEURS FAMILLES

Des valises lourdes….pas faciles à poser

Venus d’un pays étranger, les nouveaux-arrivants débarquent avec leurs valises, parfois sans, mais toujours accompagnés d’une histoire chargée. Les raisons de la venue en France sont complexes et bien souvent douloureuses : rapprochement familial, décès d’un parent, guerre, asile politique. Les cas d’expatriation choisie dans le cadre d’un projet familial et professionnel défini sont très rares parmi la population accueillie à l’école Casalis.

Alors, en arrivant, ils vivent des moments incertains, dans des conditions précaires : hébergés par de la famille ou des amis, pris en charge par des associations, sans emplois, à la recherche d’un moyen de subsistance. Ce n’est pas facile pour un enfant de commencer à prendre de nouveaux repères dans un tel contexte.

Des cartables très hétérogènes

Les parcours scolaires des nouveaux-arrivants sont tout aussi multiples que leurs histoires personnelles. A leur arrivée en France, certains enfants manipulent pour la première fois un livre et un stylo car ils ne sont jamais allés à l’école dans leur pays d’origine et n’ont jamais eu accès à des livres. On les appelle les élèves non scolarisés antérieurement (Ensa). Par ailleurs, le plurilinguisme est fréquent en Afrique. Il arrive que des enfants parlent deux langues vernaculaires, le dialecte maternel et le dialecte paternel. Puis à l’école, ils apprennent à lire et écrire dans une autre langue, la langue de scolarisation du pays (souvent l’arabe, parfois l’anglais ou le français). Deux exemples pour illustrer cette hétérogénéité : Léontine, sénégalaise, parle le wolof et le français, mais ne lit et n’écrit aucune des deux langues alors que Salim, tunisien, lit et écrit l’arabe et le français mais ne comprend pas et ne parle pas le français. Au final on peut s’appuyer sur des compétences variées mais il faut souvent corriger et surtout s’adapter aux besoins divergents des nouveaux-arrivants. L’hétérogénéité est une réalité de la population accueillie en Clin.

Prendre le temps de l’accueil

Il incombe à l’école d’aider chacun à se construire au présent, à prendre du plaisir à venir apprendre et à structurer son projet d’écolier ; en tenant compte de l’histoire personnelle et du parcours scolaire de chacun. Les objectifs diffèrent d’un élève à l’autre tant sur le plan des contenus que dans la forme et dans la durée. Ils sont aussi fonction de l’âge et le temps est un vrai problème lorsqu’il s’agit d’enfants d’âge limite collège et non scolarisés antérieurement.

Aussi il faut prendre le temps d’accueillir l’enfant et sa famille, pour choisir la classe qui convient le mieux, pour évaluer l’élève et définir des objectifs personnalisés.

Les deux premiers entretiens

Les familles des nouveaux-arrivants sont généralement orientées vers l’école Casalis par la mairie ou par l’école de secteur après accord de l’I.E.N. Un rendez-vous est fixé car il n’est pas question d’accueillir l’enfant lors d’un inter-cours sans aucune préparation, notamment sans interprète si les parents ne parlent pas français.

La directrice et moi-même, nous prenons donc le temps de rencontrer chaque enfant avec sa famille ou l’adulte qui l’accompagne. Nous accordons beaucoup d’importance à ces entretiens car le désir d’école, de la famille ET de l’enfant, est fortement conditionné par le premier contact.

En début d’entretien, après les salutations et les présentations, nous recueillons les renseignements administratifs et nous donnons les premières informations indispensables aux parents pour que l’élève puisse bien commencer sa scolarité (double inscription Clin/classe ordinaire, horaires, cantine, documents à remplir, règlement).

Dans un second temps, nous demandons aux familles de nous exposer le parcours scolaire de l’enfant et le cas échéant nous consultons les certificats présentés. C’est sur cette base de confiance mutuelle que nous affectons l’enfant dans une classe du cycle qui correspond la plupart du temps à sa classe d’âge et non à son niveau. L’enfant est ensuite conduit dans sa classe pour qu’il fasse connaissance avec ses camarades et son enseignant. Il ne rejoindra la Clin qu’après le passage obligé par cette classe qui deviendra son groupe de référence.

Avant de nous séparer, nous fixons une date pour un entretien plus approfondi, après une quinzaine de jours nécessaire pour faire connaissance et évaluer les compétences de l’élève. A cette occasion, les parents sont invités, s’ils le souhaitent, à exposer le contexte de la venue en France et les projets de la famille, ce qui permet de bien définir les objectifs d’apprentissage, d’encadrer au mieux l’enfant et de bien comprendre ses besoins. Nous établissons une fiche précise : contacts en langue française, pays d’origine et scolarité, langues, adresse, secteur, projet familial, durée de séjour, difficultés particulières (santé, scolaire, familial, social). Enfin, c’est le moment où je présente le projet d’apprentissage personnalisé de l’enfant.