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Environnement : Quel avenir pour les joyaux de la biodiversité ? (par Laure Cailloce)



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Environnement : Quel avenir pour les joyaux de la biodiversité ? (par Laure Cailloce)


Une équipe internationale a étudié l’impact du réchauffement climatique sur les régions du monde les plus exceptionnelles en matière de biodiversité. Les trésors vivants de notre planète sont en danger : un quart des zones les plus riches en terme de biodiversité seront sérieusement mises à mal par le changement climatique dès 2030. Parmi elles, les régions tropicales d’Afrique et d’Amérique du Sud sont particulièrement menacées. Telle est l’inquiétante conclusion d’une étude menée par une équipe internationale de six chercheurs. Ceux- ci ont croisé les derniers scénarios de réchauffement climatique du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) avec la cartographie des régions les plus exceptionnelles du point de vue de la biodiversité. Un travail d’une ampleur considérable, démarré en 2009 et dont les résultats viennent d’être publiés en février dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. « La hausse de la température n’est pas uniforme sur toute la planète, rappelle Wilfried Thuiller, chercheur au Laboratoire d’écologie alpine, à Grenoble (Unité CNRS/Université Joseph- Fourier/ Université de Savoie), qui a dirigé l’équipe de recherche. Pour connaître le véritable impact du réchauffement climatique sur la biodiversité, nous avons donc voulu savoir quelles sont les régions de fort intérêt écologique où des conditions climatiques critiques seront observées. » Pour ce faire, le groupe de chercheurs s’est appuyé sur la cartographie des “Global 200” établie en 2002 par l’organisation environnementale WWF, qui liste 238 écorégions à préserver en priorité. C’est le cas des zones tropicales humides comme les forêts congolaise ou amazonienne, où se concentre près de 50 % de la biodiversité de la planète, ou de certaines régions remarquables par la rareté ou par la diversité des espèces qu’on y rencontre : taïgas, garrigues de type méditerranéen, forêts boréales... « En définitive, nous avons retenu 164 écorégions, les autres sites étant trop petits pour réaliser des projections fiables », indique Wilfried Thuiller. Plus de 600 scénarios de réchauffement ont été appliqués à ces écorégions. Ils sont le résultat des dizaines de modèles climatiques mis au point par les climatologues du Giec, combinés aux hypothèses de comportement de l’homme : développement des énergies renouvelables ou, au contraire, maintien des combustibles fossiles. Mais le travail d’analyse ne s’est pas arrêté là. De fait, fournir le chiffre d’augmentation des températures dans une région donnée, à l’horizon 2030 ou 2070, ne suffit pas à déterminer si cette zone sera en danger ou pas. « Une hausse moyenne de 1 °C sous les tropiques, où les températures varient peu, produira des dégâts considérables sur les espèces locales, alors qu’une hausse de 3 ou 4 °C aura beaucoup moins d’impact sur la végétation des plus hautes latitudes, habituée aux gros écarts de température », explique Wilfried Thuiller. L’équipe de chercheurs a donc calculé, pour chaque site, le seuil d’alerte à partir duquel la situation est jugée critique. Parmi les régions qui pourraient se retrouver en danger d’ici à 2030, on trouve la forêt humide de Choco-Darien, à la frontière du Panama et de l’Équateur, les forêts de Sumatra et de la péninsule Malaisienne, ou le fynbos sud-africain, une zone de garrigue de type méditerranéen. D’autres zones semblent moins touchées : c’est le cas de la taïga et de la toundra de l’Oural, des forêts boréales de Muskawa et de Slave Lake, au nord-ouest du Canada, ou encore du delta de la Volga. En 2070, les températures devraient dépasser le seuil critique dans toutes les régions étudiées en Afrique, mais dans aucune d’Europe... « Établir une liste des écorégions les plus vulnérables au changement climatique devrait permettre de renforcer les projets de conservation dans ces zones », espère Wilfried Thuiller. Et ce, d’autant plus que d’autres facteurs propres à ces régions, situées pour la plupart en Afrique et en Amérique du Sud, s’ajoutent à la hausse des températures. Urbanisation galopante, déforestation et fragmentation des espaces naturels menacent en effet leur biodiversité et empêchent la migration des espèces végétales ou animales, les condamnant encore plus sûrement à la disparition.

Contact : Wilfried Thuiller, wilfried.thuiller@ujf-grenoble.fr



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