Entretien avec Maria J.Esteban présidente de la SMAI
Avec ses 1300 adhérents, la Société de mathématiques appliquées et industrielles (SMAI) cherche à encourager le développement des maths appliquées. Sa présidente, Maria J. Esteban, directrice de recherche au CNRS (Centre de recherches en mathématiques de la décision Unité CNRS / Université Paris-Dauphine), nous en dit plus sur les enjeux et les actions menées avec les entreprises.
Le Journal du CNRS : Quelle est l’importance des mathématiques dans les entreprises françaises?
Maria J. Esteban: Les mathématiques jouent un rôle fondamental dans de très nombreux processus industriels, même si leur présence est souvent invisible. Dans le passé, les grandes entreprises avaient des groupes importants de mathématiciens identifiés comme tels dans leurs équipes R&D. Ce n’est plus le cas ces dernières années: il y a toujours des mathématiciens, mais en plus petit nombre, et ils jouent trop souvent un rôle d’ingénieurs ou de managers. On a aperçu récemment un changement, car certaines grandes entreprises ont compris que, si elles veulent créer de l’innovation, elles ont besoin de modélisation, d’algorithmes robustes et efficaces et de calculs rapides, c’est-à-dire de mathématiques et de mathématiciens.
Le Journal du CNRS : Pouvez-vous donner des exemples du travail d’un mathématicien dans l’industrie?
Maria J. Esteban: D’une manière générale, un mathématicien peut aider à modéliser un problème industriel que l’on veut résoudre. Il peut également adapter des algorithmes existants à des situations nouvelles pour l’entreprise et garantir que les résultats obtenus seront de vraies solutions, et non des résultats qui n’auront que peu à voir avec le problème étudié. En outre, un mathématicien s’assurera que les simulations numériques sont performantes.
Le Journal du CNRS : Quelles actions mène la SMAI pour développer les mathématiques dans l’industrie?
Maria J. Esteban: La SMAI organise régulièrement des journées maths-industrie autour d’un thème précis, par exemple sur l’agroalimentaire, l’acoustique, l’industrie pharmaceutique, la sécurité informatique, le risque, les géosciences... Des industriels y présentent leurs problèmes et leurs besoins. Nous avons ainsi accueilli des représentants d’Areva, d’EADS, d’EDF, de Sagem, de France Télécom, etc. La SMAI organise aussi chaque été le Cemracs, une sorte d’école d’été originale qui fait interagir pendant six semaines des chercheurs et des industriels. Nous sommes par ailleurs en train de finir la préparation d’un livre blanc sur la valorisation du doctorat de mathématiques appliquées dans l’industrie française. Il y a en effet un grand besoin de docteurs dans les entreprises, mais celles-ci paient mal ces derniers, qui ont pourtant un bac + 8, et pensent prioritairement à engager des ingénieurs.
Propos recueillis par Xavier Müller
Contact : Maria J. Esteban smai-president@emath.fr
http://smai.emath.fr/
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