Statut des fonctionnaires : les premières pistes du projet de loi sur leurs droits et devoirs


Piloter le projet "Silicon Valley Européenne"



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Piloter le projet "Silicon Valley Européenne"

Pour remplir ce cahier des charges, l'urgence est selon elle, de réaliser un audit précis des besoins, "identifier les projets essaimés", analyser les forces et les faiblesses du territoire suite à l'union des régions, "afin de mettre en place une politique cohérente au sein de (s)on portefeuille".

Elle sera chargée de piloter la grande ambition de Laurent Wauquiez : faire d'Auvergne Rhône-Alpes la "Silicon Valley européenne". Elle supervisera ainsi la création du pôle campus numérique, qui prendra place sur le site de Charbonnières-les-Bains.

"Cette structure devra impulser une énergie politique très forte, afin de répondre, notamment, à la question de l'emploi", affirme celle qui était tête de liste pour la Métropole de Lyon lors des élections.

Parmi les autres challenges, Juliette Jarry se sait attendue sur l'équilibre du territoire, notamment en Auvergne. "J'ai déjà été interpellée à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux", confie-t-elle. Les questions des infrastructures, et particulièrement du déploiement de haut débit et de son accès à tous, alors que subsistent des zones blanches dans la région, seront des priorités.



Composer avec la Métropole de Lyon

Mais les difficultés pourraient également venir des autres institutions. Alors que la Région est normalement le fer de lance de l'innovation, la vice-présidente en charge du numérique devra composer avec les ambitions de la Métropole de Lyon dans ce domaine. Une vitalité métropolitaine incarnée, là aussi, par une femme proche des entrepreneurs : Karine Dognin-Sauze.



"Nous devons être complémentaires et réussir à travailler tous ensemble. Nous allons nous rencontrer très bientôt", explique Juliette Jarry.

Lire aussi : Étienne Blanc, premier vice-président d'Auvergne-Rhône-Alpes

Celle qui juge sa "délégation passionnante" aura également en charge les professions libérales et l'artisanat. Une répartition des délégations que le point commun digital rend, selon elle, "cohérente".

"La révolution numérique affecte tous les secteurs, même les plus traditionnels. Pour les artisans, c'est notamment un facteur de compétitivité", affirme-t-elle.

Un nouvel engagement

Restera, enfin, à mener de front responsabilités politiques et engagements professionnels.



"J'ai instauré une approche très participative des projets. La pérennité de mon entreprise ne repose pas uniquement sur moi."

Et sur un plan personnel ?



"Je n'envisage pas cette aventure comme une prise de risque, mais comme une véritable opportunité de faire évoluer les choses", avance Juliette Jarry, mère de deux enfants.

"Si on ne s'engage pas, si on n'agit pas, alors on ne peut pas se plaindre", argue-t-elle, rappelant qu'elle n'imaginait pas une seconde entrée en politique, jusqu'à ce coup de téléphone de Laurent Wauquiez, en septembre 2015.

Plus jeune, Juliette Jarry était une lectrice assidue, parfois rêveuse, passionnée par les langues étrangères. À elle désormais, de trouver le bon ton pour se faire entendre et s'imposer par les actes, au-delà du cercle des primo-convaincus du numérique lyonnais.

 

Innovation et formation : un duo à réinventer ?

 Par Gilles Sabart  |  21/01/2016, 15:51  |  506  mots

DR)Terreau de compétitivité, l'innovation trouve notamment ses racines dans la formation. Si les cursus en sciences "dures" sont souvent plébiscités, quid, dans nos processus d'innovation, dans nos formations aux autres matières, des sciences dites "molles" ? Par Gilles Sabart, docteur en droit public, directeur régional Sud-Est Alixio.

Dans ses buts, la question de la formation divise. Certains considèrent qu'elle doit être orientée de manière directe et entière vers un emploi identifié. D'autres soutiennent que former permet de donner des cartes pour s'adapter aux enjeux des emplois présents ou futurs. La vérité est certainement entre les deux.

Fertilisation croisée

Il faut toutefois envisager la question de la formation et de son apport à l'innovation sous deux aspects. Dans nos pays occidentaux, d'abord, l'innovation est l'outil qui nous permet de faire la différence dans un contexte de mondialisation. Elle est surtout fondée sur les sciences de l'ingénieur et nos écoles sont parmi les meilleures mondiales.

En effet, quand on parle d'innovation, on pense très souvent à l'innovation par l'apport des sciences dites "dures" : chimie, physique, mathématiques, génie civil, mécanique, informatique, etc. Le second aspect de l'innovation serait le modèle Silicon Valley, cette alchimie entre écoles, startups et territoires organisés en filières comme le sont les pôles de compétitivité français. En effet, l'innovation a besoin, pour fonctionner, de fertilisation croisée avec toutes les ressources du territoire.

Apple démontre l'importance des sciences "molles"

De ces deux aspects, la question de fond qui se pose est la suivante : quid, dans nos processus d'innovation, dans nos formations aux autres matières, des sciences dites "molle" (droit, psychologie, anthropologie, sociologie, sciences politiques). Les enjeux sont pourtant énormes.

En amont, elles sont le moteur qui permet d'agréger les initiatives, de les mobiliser, de faire travailler ensemble des profils différents. En aval, elles procurent de l'efficacité : peut-on aujourd'hui affirmer que l'on ne tient pas compte des impacts d'une usine chimique et de ses effets sur l'acceptabilité de la population ? Peut-on dire aujourd'hui que le sentiment d'insécurité a disparu dans nombre de domaines ? Cette perception doit-elle demeurer dans un champ de l'irrationnel ? N'existe-t-il pas des outils pour la combattre ? Peut-on dire aujourd'hui que la surinformation liée à Internet ne change pas nos modes de consommation ?

Former participe à la culture d'innovation

Le modèle Apple n'est pas technologique - il n'a pas de supériorité sur ses concurrents -, il est psychologique : procurer un bien dont le service est d'interfacer la technologie avec la psychologie du consommateur, de lui rendre la technologie plus facile et utile. Il est même anthropologique : procurer un bien qui permette au consommateur d'atteindre ses différents univers, de les nourrir dans sa vie mobile. Il est en outre sociologique : permettre de constituer des modes de fonctionnement de groupe. Il est enfin juridique : le droit à l'image, à sa vie privée, se pose fortement.

En bref, former participe à la création d'une culture de l'innovation, constitue une capacité à donner aux entreprises, aux institutions, des outils de progrès économiques ou sociaux, mais à condition qu'innovation et formation soient en mode ouvert sur leur environnement extérieur et qu'elles organisent la relation entre sciences dures et dites "molles". N'est-ce pas le meilleur moyen de se procurer un avantage concurrentiel ?

 

Mettre l'homme inutile au cœur de la politique économique



par Pierre Maréchal - 11 Janvier 2016

Tel est l'exploit ou la gageure du livre de Pierre-Noël Giraud "L'homme inutile". Même si, dit-il, l'homme inutile est une réalité très largement invisible pour l'économie et pour la politique. Tout le livre tend à démontrer pourquoi aujourd'hui, c'est un impératif. Une phrase lapidaire d'une grande simplicité peut résumer son propos :« Les damnés de la terre étaient, au XIXe et au XXème siècle, les colonisés et les surexploités ; au XXIe siècle, ce sont des hommes inutiles ».

Mais pour pouvoir l'affirmer, il faut :

prendre en compte la dimension historique des grandes évolutions économiques et politiques pour expliquer pourquoi les damnés qui étaient autrefois les colonisés et les surexploités dans le conflit capital travail sont aujourd'hui et seront demain rangés dans la catégorie des hommes inutiles. Comment expliquer et analyser cette mutation à l'échelle mondiale ?
pouvoir démontrer que cette catégorie d'hommes inutiles va se développer si de nouvelles politiques économiques ne sont pas mises en œuvre. Pour cela, Pierre-Noël Giraud s'appuie sur des raisonnements économiques, c'est-à-dire qu'il conçoit et met en œuvre des modèles économiques pour expliquer et dessiner des prospectives.

Ce livre comporte quatre parties qui sont autant de contributions passionnantes :



La première traite de la science économique. Il constate que les idées économiques sont susceptibles d'avoir un impact fort sur la réalité économique ; elles constituent un enjeu important. Mais d'autre part, il dénonce l'impérialisme d'une pensée qui prétend énoncer des lois économiques générales a-temporelles alors que chaque société est régie par des lois qui lui sont spécifiques. Encore faut-il savoir les identifier et construire les conditions de leurs évolutions: tel serait le bon usage de l'économie. Pour que le lecteur puisse s'y retrouver, Pierre-Noël Giraud propose de bien distinguer quatre temps dans la démarche qui articule des étapes qui relèvent du politique et d'autres où les économistes sont seuls à la manœuvre. Aux économistes de construire le cadre analytique pour traiter une question, de construire des modèles et de valider des théories, puis, une fois que le choix de l'objectif collectif aura été défini, de préconiser des politiques. Il restera au politique, « in fine », de décider si la mise en œuvre des préconisations est politiquement possible.

Dans la deuxième partie, Pierre-Noël Giraud illustre cette démarche en l'appliquant dans trois directions :

dans un chapitre intitulé « L'adieu à Malthus », il reprend l'idée de Malthus qui prévoyait qu'il y aurait une surpopulation. Il reformule cette théorie et montre que si globalement les ressources ne feront pas défaut, le problème croissant sera un problème de « poubelle » conduisant à des atteintes locales au capital naturel renouvelable ; ces dernières seront susceptibles d'engendrer des cercles vicieux et de rejeter des hommes dans des trappes de pauvreté (première catégorie d'hommes inutiles) ;

dans un chapitre traitant de la globalisation et des inégalités, il propose un modèle pour comprendre pourquoi les inégalités entre certaines régions du monde ont diminué alors que l'on assiste à une croissance des inégalités des revenus et des patrimoines partout. Ceci est aujourd'hui bien connu (cf les compte-rendus de Metis : Mondialisation et inégalités : fausses idées et vraies menaces, le capital au XXIème siècle de Piketty) mais Pierre-Noël Giraud en apporte une modélisation particulièrement éclairante. Il explique bien pourquoi le nombre d'hommes inutiles est en croissance.

Enfin, il aborde la question de l'instabilité de la finance. Dans ce chapitre très fouillé, on retiendra l'idée que des décalages entre la somme des droits auxquels chacun croit avoir droit et ce que sont réellement les revenus à partager sont apparaissent de plus en plus . Ces décalages, Pierre-Noël Giraud les appelle , d'une manière imagée, des mistigris : le problème est de les faire disparaître ou de les refiler à d'autres (qui payent « in fine » !). Cela induit une errance accrue de la conflictualité économique. Cette instabilité a évidemment un impact important sur le développement économique, sur le chômage et donc sur le nombre des hommes inutiles.



La troisième grande partie est consacrée à la définition de l'Homme inutile. La phrase de René Descartes citée au début du livre en donne quelque idée : « C'est proprement ne valoir rien que de n'être utile à personne ». Il montre que l'inutilité est un concept qui désigne une relation et non une caractéristique intrinsèque d'un individu. Il en donne un double critère : c'est être inutile aux autres et être inutile à soi. « L'inutilité aux autres prend elle-même deux formes, l'une immédiatement perceptible car elle se manifeste par un « coût » pour les autres, l'autre moins, car elle est dynamique et se manifeste dans la durée. L'inutilité à soi, c'est l'impossibilité de progresser, d'exercer des libertés fondamentales qui permettraient, en redevenant utile à soi, de se rendre aussi plus utile aux autres ». Ce deuxième critère est largement inspiré par les travaux d'Amartya Sen. Pierre-Noël Giraud montre deux choses :

l'inutilité aux autres et à soi est une absurdité économique (personne n'y gagne) et elle est source d'humiliation et de conflits politiques, s'attaquer à l'inutilité est plus pertinent que de s'attaquer à la pauvreté comme on a voulu le faire, notamment par la seule croissance. Il faut le faire en trouvant les moyens d'éradiquer les trappes à pauvreté qui sont des nasses où ceux qui y sont enfermés n'ont aucun moyen d'en sortir.

Signalons que Pierre-Noël Giraud décline chacune de ses analyses pour trois types de pays : les pays rattrapés, les pays émergents et les pays stagnants. Les formes d'inutilités n'y sont pas les mêmes.

 La dernière partie comporte deux chapitres : les préconisations qu'il décline selon les trois domaines examinés (nature, globalisation et finance) et à trois niveaux (national, Europe et global). Nous y reviendrons. Ce chapitre est complété par un questionnement du politique pour tenter de répondre à la question : alors que l'on sait ce qu'il faut faire et comment le faire, pourquoi ne fait-on pas ? C'est la question du politique. 

Pour cela Pierre-Noël Giraud se livre à une analyse historique stimulante partant de l'idée qu'il existe de grands cycles politico-étatiques « dans lesquelles les rapports entre politique et Etat prennent une forme spécifique, propre au cycle et fortement influencée par les événements politiques qui l'inaugurent ou en scandent le déroulement ». Ainsi il identifie un cycle qui s'est achevé : il s'est déroulé de la Commune de Paris à celle de Shanghai en 1968. Dans ce cycle, le rapport entre le politique et les Etats a pris la forme particulière d'une opposition entre « réformes » et « révolution » . En ce qui nous concerne, ce rapport a pris, après-guerre, la forme d'une croissance sociale-démocrate autocentrée avec les Trente Glorieuses. Un nouveau cycle doit prendre forme. Il faut pour cela une politique inventive qui ne peut venir que de politiques hétérogènes, les partis-Etats actuels étant impuissants à générer ces politiques inventives.

A ce stade de notre lecture, l'envie vient d'avoir quelques éléments plus concrets concernant la France, située dans la catégorie des pays rattrapés. Nous le ferons essentiellement à partir du chapitre sur les globalisations.

L'analyse qui va suivre permet de montrer en quoi nos cadres analytiques qui façonnent encore largement nos modes de pensée ne sont plus pertinents : c'est la macroéconomie keynésienne en économie ouverte et la version moderne du théorème de Ricardo sur le commerce international et les bienfaits du libre-échange. Une des raisons est que ces cadres ignorent un facteur de production aujourd'hui fondamental : la connaissance et le rôle joué par des imperfections de marché comme les effets d'agglomération .

Pierre-Noël Giraud construit un modèle qui tire les leçons des globalisations ( numérique, financière, concernant les firmes). Le monde, dit-il, est une mosaïque de territoires économiques sous souveraineté étatique.

L'élément important est le rôle joué par les firmes globales qu'il qualifie d'« acteurs nomades » : « Elles mettent en compétition tous les territoires pour la localisation des différentes activités constituant les segments de chaînes de valeur éclatée ». Ce faisant, elles induisent deux catégories d'emplois et de biens et services, les nomades et les sédentaires. Les emplois nomades sont mis en compétition par les firmes globales d'un territoire à l'autre : les revenus des emplois nomades proviennent de la production et de la vente de biens et de services internationalement échangeables . Les emplois sédentaires, quant à eux, sont en compétition directe avec des emplois situés sur le même territoire : ils tirent leurs revenus de la production de biens et de services sédentaires.

À partir de là, il pose l'équation suivante qui renouvelle complètement la dynamique économique des territoires
PIB= (n x N) x (Rw x PT) x 1/(1-s)

Où N représente la population totale d'un territoire, n la part des nomades dans ce territoire,

Rw x PT est le revenu moyen par tête des nomades du territoire, Rw étant le revenu par tête moyen de l'ensemble des nomades dans le monde et PT un coefficient qui mesure le revenu par tête relatif des nomades d'un territoire particulier par rapport à la moyenne mondiale Rw, s est un paramètre qui mesure la préférence des consommateurs pour les biens et services sédentaires : plus il est grand, plus les consommateurs du pays (nomades et sédentaires) consomment de biens et services produits localement.

A partir de là, il élabore une théorie sur la base de ce modèle en précisant les dynamiques de n et de s dans les différents territoires sous l'effet de la diffusion des connaissances par les firmes globales. On voit bien que si n et/ou s diminuent, le PIB c'est à dire l'ensemble des revenus sera réduit. Pierre-Noël Giraud indique ainsi que, d'une manière générale, n, proportion d'emplois nomades, a diminué dans les pays développées mais à des rythmes différents : en France, elle est passée de 25% en 1990 à 15% en 2010, en Allemagne, ces chiffres sont respectivement de 30% et de 24%.

Il s'ensuit une rupture des solidarités économiques et territoriales. Par exemple, la compétition pour la localisation des emplois nomades (dont on a vu l'importance) peut se jouer sur les salaires : à ce titre, plus les sédentaires d'un territoire sont pauvres, plus les nomades de ce territoire sont compétitifs sur l'arène mondiale.

C'est ainsi la fin des solidarités économiques objectives à l'œuvre dans les économies fermées. C'est aussi la fin des contraintes de réalisation territoriales qui, pendant la phase de croissance sociale-démocrate auto-centrée, voulait que le pouvoir d'achat distribué notamment aux salariés soit suffisant pour acheter la production des firmes nationales.

Il en résulte que « la double mise en compétition généralisée - des salariés nomades et indirectement des sédentaires par les firmes globales, des firmes globales par l'industrie financière - conduit sur le plan mondial à une sous-consommation et en conséquence à une sur-accumulation de capital qui promet de gigantesques purges ».

Enfin cette mise en compétition des emplois nomades par des firmes globales a pour conséquence l'errance des conflits économiques. L'enjeu du partage primaire de la valeur ajoutée a perdu de sa substance : les salariés nomades revendicatifs peuvent facilement être remplacés par d'autres salariés dans d'autres territoires. Les seuls conflits salariaux ont encore du sens dans des secteurs sédentaires (sous réserve que le chômage ne soit pas élevé). Quant aux hommes inutiles, ils n'ont personne contre qui lutter. En ce sens, la dynamique de la lutte de classe, version sociale-démocrate, s'est évanouie.

Dans ce contexte, notamment dans les pays rattrapés où la part des nomades (n) ou leur revenu par tête (PT) tendent à diminuer, il se produit un déversement de nomades vers les sédentaires ce qui se traduit , selon les caractéristiques des marchés du travail, par du chômage de longue durée, de l'exclusion ou par des emplois précaires, faiblement rémunérés etc.. bref par un développement du nombre d'hommes/femmes inutiles.

Les solutions ne sont à chercher ni du coté de la sortie de l'Euro, ni du protectionnisme, ni par une flexibilisation accrue du marché du travail, ni même par le tout-formation mais par une politique active pour renforcer la part des nomades du territoire (n) et la part de préférence des consommateurs pour les services et produits locaux (s).



Pourquoi alors mettre l'homme inutile au cœur de la réflexion ? Certes pour construire des sociétés plus justes ( au sens de Rawl et de Sens) mais , d'une manière urgente, parce que cette errance des conflits économiques et sociaux ne permet pas de trouver des acteurs, des interlocuteurs à mettre autour d'une table pour négocier. Mais nos sociétés ont besoin de responsables voire de coupables pour expliquer les maux de nos sociétés (dont bien sûr l'accroissement du nombre d'hommes/femmes inutiles) : ces conflits impossibles ne sont-ils pas en train de réapparaître sous la forme mutante d'une « guerre civile contre l'allogène ». Pierre-Noël Giraud se demande si « plus généralement, la forme contemporaine de la politique dans le monde n'est-elle pas en voie de devenir la guerre civile, sous l'effet de la fin de la lutte des classes, de l'aggravation des inégalités et de la multiplication des trappes d'inutilité du fait des globalisations » ? Il faut mentionner que le thème de l'immigration parcourt ce livre, le migrant n'est-il pas souvent dans son territoire un inutile qui espère devenir utile ailleurs ?

On regrette de n'avoir rendu compte que d'une partie de ce livre foisonnant, puissant et d'une grande cohérence. Pour finir, et laisser le lecteur sur sa faim, il convient de citer la conclusion générale que nous livre Pierre-Noël Giraud sous forme d'un triangle d'incompatibilité de l'homme inutile. Il nous dit que les trois propositions suivantes sont incompatibles :

il n'existe nulle part d'hommes inutiles ;

les politiques économiques des états sont indépendantes ;

les firmes nomades font circuler tout, sauf les hommes.

Quant deux propositions sont vraies, la troisième est fausse... À méditer.



Pour en savoir plus

L'Homme inutile - Du bon usage de l'économie- par Pierre-Noël Giraud - Edition Odile Jacob- 2015


Hollande plus loin que Gattaz ?

À dix jours d’intervalle, Le Figaro (8 janvier 2016) a publié le montant des dividendes versés par les sociétés du CAC 40, et François Hollande a annoncé (18 janvier 2016) les nouveaux cadeaux octroyés aux entreprises. C’est sans doute une coïncidence.

Le journal de Monsieur Dassault n’a plus d’état d’âme : « les sociétés du CAC 40 trop généreuses pour leurs actionnaires ? » se demande-t-il faussement naïf. En 2015, elles leur ont distribué 53 milliards et projettent d’en distribuer avantage encore en 2016. Depuis 2003, apprend-on, ce montant a été multiplié par près de 2,5. Sur ces 53 milliards, 10,2 l’ont été au titre des rachats d’actions, et 45,8 sous forme de dividendes.

Pendant ce temps, le chômage poursuit sa marche en avant et oblige le gouvernement à lancer un énième programme néolibéral. Qu’on en juge.

-       2000 euros de prime annuelle pendant deux ans par embauche d’au moins 6 mois d’un salarié dans les PME de moins de 250 salariés, en CDI ou CDD, payé entre 1 et 1,3 Smic. La prime « première embauche » pour les TPE depuis juin 2015 est élargie aux CDD de plus de 6 mois (au lieu de 12).

-       Indemnités prud’hommales plafonnées en fonction de l’ancienneté du salarié.

-       Flexibilité accrue du temps de travail par une sorte de bi-annualisation (une modulation d’une année sur l’autre), ce qui équivaut à réduire encore l’impact des 35 heures ou à abaisser le tarif des heures supplémentaires (exit la majoration de 25 % ?). Les accords d’entreprises pourront fixer les modalités d’organisation du temps de travail.

-       Le crédit impôt recherche (CIR) sera pérennisé et le crédit d’impôt compétitivité emploi deviendra une baisse définitive des « charges sociales ».

-       Un plan de formation pour 500 000 chômeurs… alors qu’il y a zéro emploi nouveau en face ! Depuis quand former des chômeurs (nécessaire) crée-t-il des emplois ?[1]

Pierre Gattaz a indiqué que tout cela « allait dans le bon sens ». August Bebel disait : « Quand la bourgeoisie me félicite, je me demande quelle bêtise j’ai pu commettre ».

Et dire que certains bien-pensants croient nécessaire une primaire à gauche en incluant Hollande. Que n’ont-ils pensé à organiser son « empêchement » !

[1] Voir S. Charles, Thomas Dallery, Jonathan Marie, « Chômage : le mirage de la formation pour tous », La Tribune, 11 janvier 2016. Voir aussi M. Husson, « L’État doit être employeur en dernier ressort », Politis, n° 1386, 14 janvier 2016.


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