IV – VI : Quelques profits tirées de ce verset
Profit n°1 : { { يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا
Les vérités dogmatiques en Islam sont des vérités comportementales. La réalité de la foi, ce qui se trouve dans le cœur se retranscrit pas des réalités de comportement. « Ô vous qui avez » voici la réalité de votre foi et ce qui est désigné suite à l'interpellation implique nécessairement un comportement. Ainsi, la foi ne correspond pas à des idéaux sans application dans le réel. De ce fait, toute idéologie ou mouvement intellectuel ou sociétal s'attaquant à ces comportements manifestations de la foi remet directement en cause la 'aqida. C'est, par exemple, le cas de la promotion de l'impudeur qui vise à ôter la pudeur des mœurs ou encore l'attaque constante de la fraternité etc. Enlever la pudeur ou la fraternité au musulman, c'est remettre directement en cause sa 'aqida. Il y a donc une relation fonctionnelle entre 'aqida et comportement : moins il y a de comportement chez un individu, plus cela démontre l'absence de foi dans son cœur et inversement.
La 'aqida n'est donc pas le domaine d'une intellectualisation faite de catégorisation minutieuse et de classements sans fin déconnectés de toute vérités pratiques.
Profit n°2 : { { يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا
Dans la continuité du profit n°1, en Islam, on ne peut concevoir un bon comportement sans 'aqida. En effet, la 'aqida saine est l'essence du bon comportement car le comportement qui se réalise sans intérêt (bon comportement) est nécessairement le fruit de l'ikhlas. C'est ce principe que véhicule le verset de sourate al Insan relatif au fait de nourrir les pauvres. Certains objecteront que l'on peut retrouver un bon comportement chez les non-croyants. Cela est faux dans la mesure où ce comportement est le plus souvent question d'intérêt escompté et que non sous-entendu par une 'aqida, un tel comportement ne peut être constant. Il s'inscrit dans un instant et ne peut perdurer sur le long terme.
Profit n°3 : { { يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا
Des deux profits précédents, on peut déduire l'extrême importance de la 'aqida et de la foi. Le comportement et plus généralement l'extérieur se construit directement sur ces deux éléments. Ainsi, avant d'enseigner aux gens, il est impératif de construire la foi. Le Prophète, Paix et bénédiction d'Allah sur lui, en est le meilleur exemple : à Mekka, il s'est focalisé sur la construction de la foi et l'enseignement du bon comportement. Ce n'est que par la suite que sont venus les ordres et les adorations. En effet, des adorations sans foi ne sont autres que de l'hypocrisie.
Profit n°4 : { { يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا
A la lecture ou l'écoute de cet appel, le croyant doit ressentir la grâce infinie de cette interpellation du Seigneur de l'univers envers Son serviteur faible. Il doit en ressentir le poids dans son cœur. Cette joie implique nécessairement son écoute attentive du message qui lui est adressé et la soumission et l'obéissance absolue à son contenu.
Profit n°5 : { { يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا
Allah a interpellé par la foi et non par l'islam. En effet, l'Islam est une apparence extérieure qui peut donc être démentie par l'intérieur et qui peut être prétendue par les hypocrites alors que l'Iman est une réalité intérieure qui donne la vie au cœur et qui se traduit nécessairement extérieurement. Ainsi, interpeller des "morts du cœur" n'a pas la moindre utilité car ça n'a aucun impact. Ces interpellations coraniques ne servent qu'aux vivants, ceux qui ont la foi. Dès lors, face à l'injonction qui suit cette interpellation seuls ces derniers vont se soumettre absolument, intérieurement et extérieurement.
En ce sens, il est rapporté qu'Ibn Mas 'oud, qu'Allah l'agrée, a dit :
« Lorsque vous entendez Allah interpellez les croyants, soyez attentifs car il s'ensuit soit un ordre, soit une interdiction (et seuls les croyants vont s'y soumettre). ». L'injonction qui suit ce type d'interpellation est donc un test révélateur de la réalité de la foi du musulman.
Profit n°6: { لا تُقَدِّمُوا بَيْنَ يَدَيِ اللَّهِ وَرَسُولِهِ }
Ce passage du verset illustre l'importance primordiale de la science dans la vie du croyant et dans sa relation avec Allah. En effet, il n'est possible de vénérer Allah qu'avec science. Adorer Allah sans science, conduit nécessairement à «devancer Allah » car l'individu ignorant se retrouve nécessairement confronté à des situations où il agit ou parle sans pour autant savoir ce qu'Allah a légiféré à ce sujet. Dès lors, c'est ignorance que l'on pourrait qualifier d'audace n'est autre qu'un «devancement». Il est interdit au musulman de dire ou faire quelque chose avant de connaitre le jugement d'Allah sur cette chose.
Profit n°7 : { لا تُقَدِّمُوا بَيْنَ يَدَيِ اللَّهِ وَرَسُولِهِ }
Le fait de devancer à différents degrés de gravité :
- Lorsque le serviteur ne reconnait pas la soumission totale à Allah. Il n'a que faire du rappel et de l'ordre d'Allah et, par principe, ne recherche pas ce qu'Il a statué dans ce qu'il entreprend.
- Lorsque le serviteur autorise l'interdit et interdit l'autorisé.
- Lorsque le serviteur adopte un autre cadre normatif que celui d'Allah. Il prend pour législateur autre qu'Allah (par exemple, il admet le principe du sécularisme et de la laïcité).
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Parmi les grands péchés : Parler sur Allah sans science.
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Parmi les grands péchés : Dire ou faire une chose sans connaitre le jugement d'Allah sur cette chose. (D'où l'importance du fiqh des obligations individuelles notamment).
Profit n°8 : { لا تُقَدِّمُوا بَيْنَ يَدَيِ اللَّهِ وَرَسُولِهِ }
C'est par le souci de ne pas «devancer Allah et Son Messager, Paix et bénédiction d'Allah sur lui », que les 4 écoles de jurisprudence sunnites ont parmi leurs fondements respectifs le «hadith da'if (faible) » et que dans les domaines sujets à efforts d'interprétation (ijtihad) ce dernier prime le qiyyas ou l'ijtihad.
Profit n°9 : { لا تُقَدِّمُوا بَيْنَ يَدَيِ اللَّهِ وَرَسُولِهِ }
Comme nous l'avons vu précédemment, dans cette sourate Allah expose la structure des fondamentaux islamiques. Ce premier verset est la clef de voute de toute cette structure et nous indique la nécessité de suivre au plus près l'ordre de ces 18 versets. En effet, c'est par ce que l'essence de la foi en Allah est posée dans ce premier verset que peut ensuite être posée et assimilée la foi au Messager d'Allah, Paix et bénédiction d'Allah sur lui, dans le verset suivant puis les bannières comportementales islamiques en termes de fraternité, apparente (sobriquets…) puis cachée (médisance…) etc.
Profit n°10 : { وَاتَّقُوا اللَّهَ إِنَّ اللَّهَ سَمِيعٌ عَلِيمٌ }
La présence dans ce premier verset de deux noms parmi les sublimes noms d'Allah nous amène directement à une considération plus générale sur l'ensemble de la sourate. En effet, en 18 versets seulement, 9 noms d'Allah sont cités : Allah est cité 25 fois, al 'Alim est cité4 fois, ar Rahim est cité 2 fois, al Ghafour est cité 3 fois et as Sami', al Basir, al Khabir, al Hakim et at Tawwab sont cités une fois. Cela nous renvoie à une vérité qu'il est impératif de bien saisir : la réalité et la profondeur de la relation de servitude qu'entretien le croyant avec Allah repose avant tout sur sa science de Ses sublimes noms et de Ses éminentes qualités. Plus largement, il en va de meme pour la communauté. Plus elle en sera proche, plus elle réussira. Il nous est alors aisé de comprendre pourquoi le Coran regorge des noms et qualités d'Allah.
Par ailleurs, il convient de noter que tous ces noms sont venus sous une forme indéterminée («nakiratoun») ce qui constitue une figure de style dans l'éloquence qui indique le paroxysme et l'absolu.
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