Theocentrisme



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Philppe Neri: Vanité des vanités
Toute chose n’est que vanité
Le monde entier et ses biens
Toute chose n’est que vanité.

Quand bien même tu règnerais mille ans


Plein de santé et de bonheur
À ta mort qu’en sera-t-il?
Toute chose n’est que vanité.

Quand tu vivrais entouré d’aises


Dans les châteaux et les palais
À ta mort qu’en sera-t-il?
Toute chose n’est que vanité.

Aussi, tourne ton cœur vers Dieu


En lui vouant tout ton amour
Il ne te fera jamais faute
Tout le reste n’est que vanité;

S’il t’est possible sans peine ni douleur


De satisfaire tous tes caprices
À ta mort qu’en sera-t-il?
Toute chose n’est que vanité.

S’il est donné à ton cœur ici-bas


De jouir perpétuellement,
À ta mort qu’en sera-t-il?
Toute chose n’est que vanité.

Mets donc un terme à tes désirs.


Cherche Dieu qui toujours t’attend,
Et jamais ne te fera faute
Tout le reste n’est que vanité.
St Jn Eudes Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 34 : “Si je me croyais, je ne voudrais jamais tenir d’autre langage que celui de JÉSUS, et je ne dirais ni écrirais jamais que cette seule parole : JÉSUS. JÉSUS est un nom admirable qui, par sa grandeur immense, remplit le ciel et la terre, le temps et l’éternité, tous les esprits et tous les cœurs des anges et des saints, et qui remplit et occupe même durant toute l’éternité la capacité infinie du Cœur de Dieu... Ce serait un saint et délicieux langage si, en la terre, on pouvait parler et se faire entendre sans proférer autre chose que cette aimable parole : JÉSUS, JÉSUS. Tant que le cœur me battra dans la poitrine... je ne prêcherai ni écrirai jamais autre chose que JÉSUS et je ne veux point avoir de vie ni d’esprit, ni de langue, ni de plume, que pour annoncer de bouche et par écrit les merveilles et les miséricordes de ce glorieux Nom... Mais j’aimerais beaucoup mieux un cœur pour l’aimer qu’une plume et qu’une langue pour en écrire et en parler. Seigneur, vous pouvez me donner l’un et l’autre, c’est ce que j’espère de votre infinie bonté.”
KARL RAHNER, sj, (+ 1984), joua un rôle important dans la préparation des constitutions dogmatiques sur l'Église et sur la Révélation divine. Expérience d'un théologien catholique, éd Cariscript, Paris 1985:

L'annonce du Règne

Nous nous demandons beaucoup trop peu ce qu'est en vérité le coeur du message chrétien. On peut naturellement dire, et à juste titre, que ce cœur est Jésus de Nazareth, le crucifié et le ressuscité, de qui nous tenons après tout notre nom de chrétiens. Si c'est vrai, et si cela doit être de quelque secours, encore faut-il dire pourquoi et comment ce Jésus est quelqu'un à qui seul on peut s'en remettre dans la vie et dans la mort.

Ce qui nous est assuré, offert et garanti par Jésus, et lui seul, c'est la communication que fait de lui-même le Dieu infini, par-delà toute réalité créée, par ­delà tout don fini de Dieu. Le coeur véritable et unique du christianisme et de son message, c'est la communication que Dieu fait réellement de lui­-même à des êtres créés, en ce qui fait sa réalité et sa gloire la plus authentique ; c'est de confesser la plus invraisemblable des vérités : que Dieu lui-même, avec sa réalité et sa gloire infinie, sa sainteté, sa liberté et son amour, peut réellement et sans réduction venir à nous, en plein dans notre existence de créatures. Face à cela, tout ce que le christianisme nous offre ou nous demande d'autre est de l'ordre du provisoire ou de la conséquence secondaire.


saint Grégoire le Grand Morales 10,8, CCL 143,545

Les traces (vestigia) de Dieu sont ses dons qui nous stimulent vers les réalités célestes. Qu'est-ce qui est appelé ici, dans le livre de Job, traces de Dieu, sinon la bienveillance que Dieu nous manifeste par sa visite ? Par cette bienveillance, nous sommes stimulés dans notre marche vers les réalités célestes, lorsque nous sommes touchés par le souffle de l'Esprit de Dieu ; soulevés par lui, nous sortons des étroites limites de la chair et, par l'amour, nous connaissons le visage de notre Seigneur qu'il nous faut contempler pour le suivre. Car, lorsqu'en notre âme brûle l'amour de la patrie spirituelle, il nous faut connaître le chemin, comme si nous marchions à sa suite ; en notre cœur qui lui est livré, sont en quelque sorte imprimées les traces des pas de Dieu : celui-ci fait progresser nos pensées tout droit dans le chemin de la vie.

En effet, ce Dieu que nous ne voyons pas encore, il reste qu'il nous faut le chercher en suivant les traces de son amour, afin qu'un jour, parvenu à la vision de la contemplation, notre esprit trouve celui que maintenant il suit, pour ainsi dire, par derrière, en le recherchant par de saints désirs. Certes, trouver le Dieu tout-puissant et en avoir une connaissance claire, cela suppose qu'ayant totalement foulé aux pieds la corruption de notre condition mortelle, nous soyons élevés pour la voir dans sa lumière divine. Mais dès maintenant, la grâce de l'Esprit qui a été répandu en nous soulève notre âme au-dessus des pensées de la chair et l'élève jusqu'au mépris des réalités passagères ; notre esprit méprise tout ce qu'il désirait en ce bas monde et s'enflamme de désir pour les réalités d'en haut ; par la force de sa contemplation, il est tiré de son corps, lui qui est encore retenu dans ce corps par le poids de sa condition corruptible.

Il s'efforce de regarder le rayonnement de sa lumière incompréhensible, et il ne le peut pas ; car, pour notre esprit que sa faiblesse accable, cette lumière est absolument impénétrable ; cependant, bien qu'elle le repousse, il l'aime. Certes, le Créateur nous montre déjà de lui-même de quoi l'aimer. Mais à ceux qui l'aiment, il ne donne pas de voir sa beauté. Nous marchons en voyant seulement ses traces, nous qui suivons, au moyen des signes constitués par ses dons, celui que nous ne voyons pas encore.

saint Bonaventure Opuscule Itinéraire de l'âme à Dieu, 4, Opera omnia Lugduni 1668, XII, p.131 + +


Il semble étonnant, alors que Dieu est si proche de nos âmes qu'il y ait si peu de personnes à contempler en elles-mêmes le Premier Principe. La raison en est facile à trouver : c'est que l'âme humaine, distraite par les sollicitudes de la vie, ne rentre pas en elle-même par sa mémoire ; obnubilée par des fictions, ne revient pas en elle-même par son intelligence ; séduite par les plaisirs faciles, ne se recueille d'aucune manière en elle-même par l'attrait de la douceur intérieure et de la joie spirituelle. Ainsi, totalement accaparée par les réalités sensibles, elle devient impuissante à revenir vers cette image de Dieu qu'elle est elle-même.

Et parce qu'il est inévitable, pour celui qui est tombé, de demeurer à terre là où il est tombé, si quelqu'un ne l'assiste en lui offrant son aide pour le relever, notre âme, tombée au milieu des choses sensibles, n'a pu se relever parfaitement, pour contempler ce qu'elle est et admirer l'éternelle Vérité demeurant en elle, qu'au jour où cette Vérité, ayant revêtu dans le Christ notre nature humaine, est devenue par elle-même une échelle, rénovant cette échelle ancienne qui avait été brisée en Adam.

Voilà pourquoi personne, si éclairé qu'il soit des lumières de la nature et de la science acquise, ne peut rentrer en soi-même pour s'y réjouir dans le Seigneur, sans la médiation du Christ, lui qui a dit : Moi, je suis la porte. Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage. Mais nous ne pouvons nous approcher de cette porte, qui est le Christ, à moins de croire en lui, de l'espérer et de l'aimer. Et donc, si nous voulons revenir à la fruition de la Vérité, pour ainsi dire au jardin du paradis, il nous faut y entrer par la foi, l'espérance et la charité du médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, qui est comme l'arbre de vie planté au milieu du paradis.

sainte Claire Lettre 3 à la bhse Agnès de Prague, SC 325,102:


Vraiment je puis me réjouir et personne ne pourrait me rendre étrangère à tant de joie, lorsque, tenant déjà ce que sous le ciel j'ai convoité, je te vois, soutenue par une merveilleuse prérogative de sagesse provenant de la bouche même de Dieu, supplanter d'une manière terrible et inopinée les astuces de l'ennemi rusé, l'orgueil qui perd la nature humaine, la vanité qui rend sots les cœurs humains ; et que je te vois embrasser, avec l'humilité, la force de la foi et les bras de la pauvreté, le trésor incomparable caché dans le champ du monde et des cœurs humains, par lequel on achète celui par qui tout a été fait de rien ; et pour utiliser les propres paroles de l'Apôtre même, je te considère comme une auxiliaire de Dieu même et celle qui soulève les membres succombants de son corps ineffable.

Qui donc dirait que je ne me réjouis pas de tant d'admirables joies ? Toi aussi, donc, réjouis-toi toujours dans le Seigneur, très chère, et que ne t'enveloppent ni l'amertume ni le brouillard, dame très aimée dans le Christ, joie des anges et couronne des sœurs ; pose ton esprit sur le miroir de l'éternité, pose ton âme dans la splendeur de la gloire, pose ton cœur sur l'effigie de la divine substance et transforme-toi tout entière par la contemplation dans l'image de sa divinité, afin de ressentir, toi aussi, ce que ressentent les amis en goûtant la douceur cachée que Dieu lui-même, dès le commencement, a réservée à ses amants.

Et laissant absolument de côté tous ceux qui, dans le monde trompeur et instable, séduisent leurs amants aveugles, aime totalement celui qui pour ton amour s'est donné tout entier, dont le soleil et la lune admirent la beauté, dont les récompenses et leur prix et leur grandeur sont sans fin ; je veux dire le Fils du Très-Haut, que la Vierge a enfanté sans cesser d'être vierge. Attache-toi à sa très douce mère qui a enfanté un tel Fils que les cieux ne pouvaient contenir.
porche tbeau Tamerlan (avec cénotaphe en retrait de son maître spi musulman) : « Heureux qui a refusé le monde avant que le monde le refuse ».
Bienheureuse Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Soeurs Missionnaires de la Charité
Prayer : Seeking the Heart of God, avec Frère Roger (trad. La prière, fraîcheur d'une source)
« Son coeur est loin de moi »
Laisser l'amour de Dieu prendre entière et absolue possession d'un coeur ; que cela devienne pour ce coeur comme une seconde nature ;

que ce coeur ne laisse rien entrer en lui qui lui soit contraire ;

qu'il s'applique continuellement à accroître cet amour de Dieu en cherchant à lui plaire en tout et en ne lui refusant rien de ce qu'il demande ;

qu'il accepte comme venant de la main de Dieu tout ce qui lui arrive.


Imitation de Jésus-Christ 1,1, ed Vaticana 1982,3s:Celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, dit le Seigneur. Ce sont les paroles du Christ. Par elles il nous avertit que nous devons imiter sa vie et ses vertus, si nous voulons être remplis de la vraie lumière et délivrés de tout aveuglement du cœur. Que notre occupation principale soit donc de méditer la vie de Jésus-Christ. La doctrine du Christ surpasse toutes les doctrines des saints, et qui en aurait l'esprit trouverait la manne qui s'y cache. Mais qu'arrive-t-il ? Beaucoup entendent fréquemment l'Évangile et sont peu remués parce qu'ils n'ont pas l'esprit du Christ.

Celui qui veut avoir une pleine et savoureuse intelligence des paroles du Christ, il faut qu'il s'applique à lui conformer toute sa vie. Que te sert de discuter profondément sur la Trinité, si tu manques d'humilité, par quoi tu déplais à la Trinité ? En vérité, les paroles profondes ne font pas le saint et le juste, mais une vie vertueuse rend cher à Dieu. J'aime mieux sentir la componction que d'en savoir la définition. Quand même tu saurais toute la Bible à la lettre et les dits de tous les philosophes, à quoi cela te servirait-il sans l'amour de Dieu et la grâce ?




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