Theocentrisme



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L'amitié? Ils aimeront Dieu plus qu'eux-mêmes, ils s'aimeront les uns les autres autant qu'eux-mêmes, et Dieu les aimera plus qu'ils ne pourront jamais aimer, car eux n'aiment que par lui, tandis que Dieu aime par lui-même.

Aimes-tu la concorde? Ils auront tous une seule volonté car ils n'auront d'autre volonté que celle de Dieu.

Les honneurs et les richesses? Mt 25,21 Dieu établira sur beaucoup de biens ses serviteurs bons et fidèles ; bien plus, Mt 5,9 ils seront appelés fils de Dieu et le seront réellement, car là où est le Fils, là seront aussi Rm 8,17 les héritiers de Dieu et les cohéritiers du Christ.

[+ sécurité-Roc, richesse -milliardaire-, véhicule Esprit -jsuqu'à D!-, force, connaissance, liberté, vie, affection,]…


Quel grand bonheur que de posséder un tel bien ! Quelle joie pour toi, cœur humain, pauvre cœur habitué à la souffrance et écrasé par les malheurs, si tu regorgeais de tout cela ! Rentre à l'intérieur de toi-même et vois si tu pourrais contenir la joie d'un tel bonheur. Et pourtant, si quelqu'un d'autre, que tu aimerais comme toi-même, avait part à un bonheur identique, ta joie redoublerait, car tu ne te réjouirais pas moins pour lui que pour toi-même. Et si deux ou trois ou beaucoup plus encore possédaient ce même bonheur, tu ressentirais autant de joie pour chacun d'eux que pour toi-même, puisque tu aimerais chacun autant que toi-même. Ainsi donc, dans cette plénitude d'amour qui unira les innombrables bienheureux et où personne n'aimera l'autre moins que soi-même, chacun jouira du bonheur de l'autre autant que du sien propre. Et le cœur de l'homme, à peine capable de contenir sa propre joie, sera immergé dans l'océan de si grandes et si nombreuses béatitudes. Or, vous le savez, on se réjouit du bonheur de quelqu'un dans la mesure où on l'aime ; ainsi, en cette parfaite béatitude où chacun aimera Dieu incomparablement plus que soi-même et que tous les autres, le bonheur infini de Dieu sera pour chacun une source de joie incomparable.
Basile: Tandis que le temps de notre vie s'écoule, en un rythme régulier et incessant, le cours de notre vie nous échappe et nous pousse vers le terme qui est le nôtre. Ainsi, tu dors, et le temps te dépasse en courant. Tu veilles, et tu roules toujours quelque chose dans ta pensée, mais la vie se consume à notre insu. Nous courons une course, et chacun se hâte vers sa fin.

Tu es voyageur en cette vie: tout passe, tu laisses tout derrière toi. Tu as vu, au passage, arbres, prairies, fleuves. Un moment, ils t'ont charmé, puis tu es passé. Des obstacles se sont dressés devant toi: roches, précipices, forêts infranchissables, bêtes féroces, serpents. Un moment, ils t'ont gêné, puis tu les as laissés derrière toi. Telle est la vie: ses attraits ne durent pas, ses peines s'effacent. Cette route n'est pas la tienne, ce qu'on y trouve ne t'est pas destiné.

Aujourd'hui, tu cultives une terre, demain c'est un autre qui la cultivera, puis encore un autre. Regarde ces domaines et ces palais: combien de fois ont ils changé de nom? On dit qu'ils appartiennent à un tel, puis on leur donne le nom d'un autre.

Notre vie n'est-elle pas un chemin qui reçoit tantôt l'un, tantôt l'autre. Ils s'y succèdent, ils passent.


Jean Chrysos / Ps 116 (114-115): Il n'y aura plus ni chute, ni colère, ni tristesse. Désirons cette vie-là, dirigeons vers elle toutes nos actions. L'homme qui est tenu par cet amour, nourri par l'espérance des biens du ciel, ne peut plus faire un faux pas. Chaque jour, il pense à cette patrie et se l'imagine : il réchauffe et avive son désir. Ce qui paraît grave sur la terre, il ne le compte pas pour grave; ce qui passe pour agréable et glorieux, il ne le tient pas pour agréable ni glorieux. Que dis-je: il ne le voit même pas. Il a des yeux «qui voient autre chose», comme le dit saint Paul: , « Ne regardez pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas» [2Co 4,18].

Relativise = rapporte tt à D
Trouver Dieu en toutes choses – et réalisme

Maître ECKHART : On m'a posé cette question : Bien des gens aimeraient à se retirer complètement du monde et à vivre dans la solitude pour y trouver la paix; ou encore à être à l'église; serait-ce ce qu'il y aurait de mieux à faire? Je réponds : non! Et prends note du pourquoi.

Celui dont l'attitude est droite se trouve bien en tous lieux et avec tout le monde. Mais celui qui manque de rectitude se trouve mal en tous lieux et avec tout le monde. Mais qui possède Dieu seul, il n'a en vue que Dieu seul, et toutes choses deviennent pour lui Dieu seul. Un tel homme porte Dieu dans toutes ses oeuvres et en tous lieux, et toute l'activité de cet homme revêt uniquement le caractère divin.

Cet homme-là est d'autant plus agréable à Dieu qu'il assume toutes choses sous leur aspect divin et les estime plus qu'elles ne valent elles-mêmes. Certes, il faut, pour cela, du zèle et de l'amour, une surveillance attentive de la conscience humaine, une intelligence vigilante, vraie et effective, qui oriente toute l'attitude spirituelle à l'égard des choses et des hommes. Cette intelligence, l'homme ne peut l'acquérir par une attitude évasive en prenant la fuite devant les choses pour se réfugier dans la solitude, loin du monde extérieur; il faut, au contraire, qu'il fasse l'apprentissage d'une solitude intérieure où qu'il se trouve et en quelque compagnie que ce soit. Il faut qu'il apprenne à pénétrer au fond des choses, à y saisir son Dieu et à pouvoir, par un effort vigoureux de sa conscience, lui donner forme selon un mode substantiel.

C'est ainsi que l'homme doit être imprégné de la présence de Dieu, remodelé suivant la forme de son Dieu d'amour et ne faire qu'un avec lui pour que la présence de Dieu l'illumine sans le moindre effort.



Rupert von D L'œuvre du Saint Esprit. L.1,chap.6,7:

Tout ce que l'Écriture, sainte et véridique, nous dit de l'amour de Dieu, du Dieu qui nous aime, s'avère parfaitement réel et immuable. Ce sont plutôt nos réalités charnelles, celles-là mêmes qui nous fournissent des termes de comparaison, qui ne sont que des ombres et des images transitoires de l'éternelle Vérité. Pour nous qui sommes de la terre, ces réalités charnelles sont venues les premières à notre connaissance ; aussi les estimons-nous réelles, tandis que nous pensons que les réalités spirituelles n'en sont que les images. En fait c'est tout le contraire : celles-là sont la réalité, celles-ci les images ; celles-ci passent, tandis que celles-là demeurent à jamais.


GRÉGOIRE LE GRAND Homélie 14 sur l'Évangile : PL 76, 1129-1130. LES BREBIS DU BON PASTEUR:

De ses brebis, le Seigneur dit aussi : "Mes brebis entendent ma voix ; je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle". Un peu plus haut il avait encore dit d'elles : "Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; et il entrera, et il sortira, et il trouvera pâture". Il entrera, en effet, en s'ouvrant à la foi, tandis qu'il sortira en passant de la foi à la vision, de la croyance à la contemplation, et il trouvera sa pâture dans l'éternel festin. Ses brebis trouveront leur pâture, car quiconque le suit d'un cœur simple est nourri de pâturages toujours verts. Et quels sont ces pâturages des brebis, sinon les joies intimes d'un paradis toujours verdoyant? Oui, les pâturages des élus, c'est la face de Dieu qui leur est présente. Sans fin on la contemple, sans fin l'esprit se rassasie de la nourriture de vie.

Cherchons donc, frères très chers, ces pâturages pour nous y réjouir avec tous les citoyens du ciel. L'allégresse de ceux qui s'y réjouissent nous y invite. Haut les cœurs, mes frères, que notre foi se réchauffe en ce qu'elle a cru, que s'enflamment nos désirs d'en haut ! Aimer ainsi c'est déjà se mettre en route. Qu'aucune adversité ne nous détourne de la joie de cette fête intérieure, car, si quelqu'un désire vraiment arriver au but qu'il se propose, les aspérités de la route n'arrêteront pas son ardeur. Qu'aucune prospérité flatteuse ne nous séduise ! Stupide serait le voyageur qui, au spectacle d'agréables prairies, oublierait en chemin le but de son voyage!

Que notre âme ne respire donc plus que du désir de la patrie céleste. Qu'elle ne convoite plus rien en ce monde qu'il faudra quitter bien vite. Vraies brebis du Pasteur qui ne s'attardent pas aux plaisirs de la route, nous pourrons, à notre arrivée, nous rassasier dans les pâturages éternels.


THOMAS d’AQUIN : Commentaire de l’évangile de Jean, 14, 2:

~ Si tu cherches où aller, sois uni au Christ, parce qu’il est en personne la demeure à laquelle nous désirons parvenir : “C’est la vérité que ma bouche proclame”. Si tu cherches où demeurer, sois uni au Christ, parce qu’il est en personne la vie : “Celui qui me trouvera, trouvera la vie, et il obtiendra du Seigneur le salut”.

Si tu cherches le sens de tout ce que tu vis, remets toute ton intelligence au Christ et reçois la entièrement du Christ.

Sois donc uni au Christ, si tu veux être en sûreté et recevoir la plénitude de la vraie vie : tu ne pourras pas t’égarer sur celui-là même qui est le chemin, te tromper en celui qui est la vérité, mourir vraiment en celui qui est la vie.

St Thomas d'Aquin: Prière quotidienne

Que toute joie me fatigue qui est sans toi, et que je ne désire rien en dehors de toi. Que tout travail, Seigneur, me soit agréable qui est pour toi, et tout repos insupportable qui est sans toi. Donne-moi sou­vent de porter mon cœur vers toi et, quand je fai­blis, de peser ma faute avec douleur, avec un ferme propos de me corriger. Donne-moi, Seigneur Dieu, un cœur vigilant, que nulle curieuse pensée n'en­traîne loin de toi ; un cœur noble, que nulle indigne affection n'abaisse ; un cœur droit, que nulle inten­tion équivoque ne dévie ; un cœur ferme, que nulle adversité ne brise ; un cœur libre, que nulle violente passion ne subjugue. Accorde-moi, Seigneur mon Dieu, une intelligence qui te connaisse, un empres­sement qui te cherche, une sagesse qui te trouve, une vie qui te plaise, une persévérance qui t'attende avec confiance et une confiance qui te possède à la fin. Accorde-moi d'être affligé de tes peines par la pénitence, d'user en chemin de tes bienfaits par la grâce, de jouir de tes joies surtout dans la patrie par la gloire. Ô toi qui, étant Dieu, vis et règnes dans tous les siècles. Amen.


RAPHAEL ARNAIZ (I)BARON Le dernier cahier, 8 mars 1938. AUPRÈS DE TON CŒUR:

Dieu et sa volonté sont la seule chose qui occupe ma vie. Par sa miséricorde infinie, ce qui auparavant était désir véhément se tempère peu à peu. Comme la grâce de Dieu est immense, quand peu à peu, Il emplit une âme. Comme peu à peu se précise de plus en plus la vanité de tout ce qui est humain, et comme on parvient au contraire à se convaincre qu’en Dieu seul se trouve la sagesse véritable, la paix véritable, la vie véritable, l’unique nécessaire et l’unique amour et désir de l’âme.

L’autre jour, j’étais avec le Révérend Père Abbé. J’ai été lui demander de me concéder une pénitence pour ce saint temps du Carême, chose qu’il me refusa, et à la place, il me dit que le jour de Pâques, il me donnerait la coule monacale et le scapulaire noir. Quelle joie j’éprouvai, bon Jésus ! J’aurais embrassé le Révérend Père Abbé. Il est trop bon avec moi !

Quel désir j’avais depuis déjà un certain temps de pouvoir revêtir la coule ! Quel grand bonheur me donna la pensée de ce que, à brève échéance, je ne me distinguerais en rien d’un vrai religieux. Mais après avoir été rendre grâce au Seigneur pour cette grâce, je vis clairement qu’en moi, c’est vanité. J’ai vu que c’est un honneur que me fait la communauté, et cela me désole plus qu’autre chose. Ah ! s’il m’avait donné l’habit de convers, comme je le lui ai suggéré, ç’aurait été autre chose. Mais ça m’est égal : en marron ou en blanc, avec ou sans coule, je suis le même devant Dieu. Tout ce qui est extérieur m’est indifférent. Je veux seulement aimer Dieu, et je le fais à l’intérieur et sans que les hommes s’en aperçoivent. Cela m’est égal, Seigneur, de connaître l’honneur ou le mépris. La joie vaine et un peu infantile de revêtir la coule s’est déjà calmée. J’aimerais, Seigneur, que rien au monde ne me trouble, et qu’aucune des créatures ne m’enlève la paix et la tranquillité de n’aimer que ta volonté. Et je vois ainsi, Seigneur, que tout est vanité. Tu n’es ni dans l’habit, ni dans la couronne. Alors? Tu n’es, Seigneur, que dans le cœur détaché de tout.

Bon Jésus, mon divin Bien-aimé, Tu as tes délices. Ah ! Seigneur, que vais-je dire? Tu as tes délices dans le cœur de l’homme. Je T’offre le mien. Laisse-moi faire ma cellule dans le tien. Laisse-moi faire ma couche auprès de lui. Laisse-moi vivre seul et nu de tout, auprès de ton Cœur Divin, et me moquer des habits, des couronnes, et... des barbes de tous les convers du monde. Je serai toujours le même pour Toi, n’est-ce pas, Jésus?

Comme le monde est ignorant et puéril ! Quelle joie nous procure un chiffon et quelle tristesse un nuage ! Avec quelle facilité nous considérons-nous heureux d’une puérilité, et sommes-nous abattus et désespérés avec une autre ! Comme nous sommes peu de chose..., comme nous vivons sur le plan extérieur, sans penser que tout n’est rien, excepté de T’aimer et de Te servir, Toi, mon Jésus ! Guenon de soie vêtue .... guenon demeure !

J’aimerais, Seigneur, passer ce Carême, à mourir peu à peu, de tout ce qui me manque encore, pour ne vivre que pour Toi. Pour qu’un jour, Tu me laisses, Seigneur, pénétrer par la plaie de ton côté, et m’y faire une cellule auprès de ton Divin Cœur. Tu me le permettras? Je le demande avec ferveur à la Très Sainte Vierge Marie.

Un jour où la petite croix que Jésus m’envoyait me semblait bien grande, un jour où, en pensant à ce qui me reste de vie, en pensant à cette vie de trappiste, enfermé ici pour toujours, cela me paraissait bien long, bref, un jour où je souffrais parce que mon chemin me paraissait long et pénible, j’ai lu des mots qui me disaient : "Rien de ce qui a une fin n’est grand !"


Benoît XVI.

L'Église primitive a traduit le mot de « Pâque » par passage », et elle a ainsi exprimé le chemin de Jésus Christ conduisant, à travers la mort, vers la vie nouvelle de la résurrection. C'est pourquoi la Pâque est devenue et reste pour nous une fête de pèlerinage. Nous sommes de nomades et des pèlerins. C'est à partir de là que nous devons comprendre la terre, notre vie, notre ouverture aux autres. Nous sommes seulement des hôtes sur la terre. Cela nous oblige à nous souvenir de notre pèlerinage le plus secret, cela nous rappelle que la terre n'est pas notre but final ; nous sommes en chemin vers le monde nouveau, et les choses de ce monde ne sont pas ultimes et définitives. Celui qui se jette tête baissée dans le monde, celui pour lequel la terre est le ciel unique, celui-là fait de cette terre un enfer, parce qu'il en fait ce qu'elle ne peut être, parce qu'il veut y trouver ce qui est définitif et que, de cette manière, il exige quelque chose qui se retourne contre lui-même, contre les autres, et contre la vérité. Au contraire, quand nous savons que nous sommes nomades, c'est alors justement que nous devenons libres, libres de l'avidité de l'avoir, libres les uns envers les autres et que nous nous découvrons responsables de la transformation de la terre, de telle manière qu'un jour nous puissions la remettre entre les mains de Dieu. C'est une invitation constante à ~nous souvenir de notre dernier voyage et à ne pas oublier qu'un jour il nous faudra quitter tout ce que nous possédons.


Marthe Robin Journal intime, 23 mai 1932 Comme Marie, la Vierge martyre, connue de Lui seul.

Ô grand Dieu ! Beauté vivante ! Perfection admirable ! O ma vie et mon cantique de tous les jours ! ô ma joie et ma béatitude ! Mais comment exprimer avec la plume, peindre avec les couleurs terrestres et des mots humains cette connaissance de Dieu ? Comment dire ce qui s’est passé dans l’éblouissement de cette Pâque sans ombre ? (…)


Comment bien parler de Dieu ? Il est, disons-nous, (…) mais qu’est-il ? Il n’est pas l’inconnaissable, mais il demeure l’incompréhensible, et donc l’ineffable. Quand nous essayons de le définir, nos termes sont si loin de la réalité qu’ils ressemblent plutôt à des blasphèmes.  

  Je ne sais que Jésus, je ne veux savoir que Jésus ! Tout mon idéal de perfection, tous mes rêves d’avenir, c’est d’être identifiée au sacrifice de Jésus-Rédempteur et stigmatisée de son Amour, mais d’une façon toute intérieure, comme Marie, la Vierge martyre, connue de Lui seul.


J’aime tant cette voie toute faite de souffrance et d’amour, et cette vie "toute cachée en Dieu avec le Christ", trouvant en ma Mère bien-aimée, comme en Jésus, l’exemple le plus parfait en même temps que le plus imitable.  

A cet instant je fus invitée par le Seigneur à m’approcher du trône de son infinie majesté sur lequel il avait pris place, resplendissant d’une beauté insoutenable. (…)


Forte aussi des pieux encouragements de mon père spirituel qui me commande de m’abandonner complètement et en toute simplicité à tous les vouloirs de Dieu sur mon âme même lorsqu’il s’agit de phénomènes surnaturels extraordinaires, je me jetais éperdument dans les bras que me tendait avec un visible amour notre divin Sauveur, avec un cri de joyeuse allégresse : "Oh ! Je ne m’en irai plus, j’ai trouvé l’Amour… J’ai trouvé mon Centre !..."
Moment solennel et si ineffablement divin où Jésus, mon céleste Epoux, assisté de la Bienheureuse Vierge Marie, belle elle aussi d’une beauté qui ferme les lèvres, environnée d’une merveilleuse couronne d’anges et de saints, m’appelle à une nouvelle et mystique alliance ; ou plutôt au renouvellement de nos noces spirituelles.
Tauler: Spéculum luddissimum (élagué) — Non seulement tout religieux, mais tout chrétien doit désirer son Dieu par-dessus toutes choses et rechercher la béatitude éternelle de tous les hommes comme la sienne propre.

Fuyant les multiplicités qui occupent son âme, qu'il se repose avec Dieu dans l'unité. Qu'il se taise. Et silencieux, qu'il écoute ce que Dieu dit à l'inté­rieur, au fond de son âme…

Qu'il n'admette sciemment, dans cette vie, rien qu'il puisse regretter après cette vie.

Il ne laissera entrer en lui-même rien d'autre que Dieu; ainsi, rien ne prendra naissance dans son âme, rien d'autre que Dieu seul, continuellement.


BASILE LE Gd Hom sur la charité PG 31,266: La bonne gestion des biens périssables

Pourquoi donc te tourmenter à ce point et faire tant - d’efforts pour mettre ta richesse à 1'abri derrière le mortier et les briques? Le bon renom l’e, porte sur de grandes richesses (Pr 22, 1). Tu aimes l’argent à cause de la considération qu’il te procure. Songe combien plus grande sera ta renommée l’on peut (appeler le père, le protecteur de milliers d’enfants, plutôt que de garder dans tes sacs d milliers de pièces d’or. Que tu le veuilles ou non, devras bien un jour laisser là ton argent; contraire, la gloire de tout le bien que tu auras f tu l’emporteras avec toi jusque devant le souver2 Maître. C’est Dieu qui t’approuvera, ce sont les anges qui t’acclameront, ce sont tous les hommes depuis la création du monde qui célébreront ton bonheur: une gloire impérissable, une couronne de justice, Royaume des cieux, tels seront les prix que tu recevras pour avoir bien assumé la gestion de biens périssables...


Saint Anselme Proslogion, 25-26, dans S. Anselmi Opera omnia, t. 1, Nelson 1946, p. 118-121. Trad. Orval.

Pourquoi, faible créature, t’égarer si loin à la recherche des biens de ton âme et de ton corps? Aime donc l’unique Bien dans lequel sont tous les biens : cela suffit... Qu’aimes-tu, mon corps? Que désires-tu, mon âme? C’est là-haut que se trouve tout ce que l’on peut aimer et désirer.

Est-ce la beauté que tu aimes? Les justes resplendiront comme le soleil (Mt 13,43). Est-ce l’agilité ou la force d’un corps libre et dégagé de tout obstacle? Ils seront comme les anges de Dieu (Mt 22,30)... Est-ce une longue et saine vie? Là-haut t’attend l’éternelle santé, car les justes vivront éternellement (Sg 5,16)... Désires-tu être rassasié? Tu le seras quand Dieu t’apparaîtra dans sa gloire (cf. Ps 16,15). Être enivré? Ils s’enivreront de l’abondance de la maison de Dieu (Ps 35,9). Est-ce un chant mélodieux que tu aimes? Là-haut, les choeurs angéliques chantent sans fin la louange de Dieu. Cherches-tu de très pures délices? Dieu t’abreuvera au torrent de ses délices (cf. Ps 35,9). Aimes-tu la sagesse? La sagesse de Dieu se manifestera en personne. L’amitié? Ils aimeront Dieu plus qu’eux-mêmes, ils s’aimeront les uns les autres autant qu’eux-mêmes, et Dieu les aimera plus qu’ils pourront jamais aimer, car eux n’aiment que par lui, tandis que Dieu aime par lui-même. Aimes-tu la concorde?

Ils auront tous une seule volonté, car ils n’auront d volonté que celle de Dieu... Les honneurs et les richesses? Dieu établira sur beaucoup de biens ses serviteurs bons et fidèles (cf. Mt 25,21) ; bien plus, ils seront appelés fils de Dieu (Mt 5,9) et le seront réellement, car là où est le Fils, là seront aussi les héritiers de Dieu et les cohéritiers du Christ (Rm 8,17)...

Quel grand bonheur que de posséder un tel bien Quelle joie pour toi, coeur humain, pauvre coeur habitué à la souffrance et écrasé par les malheurs, si tu regorgeais de tout cela Rentre à l’intérieur de toi-même et vois si tu pourrais contenir la joie d’un tel bonheur. Et pourtant, si quelqu’un d’autre, que tu aimerais comme toi-même, avait part à un bonheur identique, ta joie redoublerait, car tu ne te réjouirais pas moins pour lui que pour toi-même. Et si deux ou trois ou beaucoup plus encore possédaient ce même bonheur, tu ressentirais autant de joie pour chacun d’eux que pour toi-même, puisque tu aimerais chacun autant que toi-même. Ainsi donc, dans cette plénitude d’amour qui unira les innombrables bienheureux et où personne n’aimera l’autre moins que soi-même, chacun jouira du bonheur de l’autre autant que du sien propre. Et le coeur de l’homme, à peine capable de contenir sa propre joie, sera immergé dans l’océan de si grandes et si nombreuses béatitudes. Or, vous le savez, on se réjouit du bonheur de quelqu’un dans la mesure où on l’aime ; ainsi, en cette parfaite béatitude où chacun aimera Dieu incomparablement plus que soi-même et que tous les autres, le bonheur infini de Dieu sera pour chacun une source de joie incomparable.
Saint AUGUSTIN3ème Ennaratio sur le psaume 32, 15-16. ÊTRE HEUREUX

"Heureux le peuple qui a le Seigneur pour Dieu !" Qui ne dresserait l'oreille en entendant : "Heureux le peuple"? Tous, en effet, aiment être heureux. Qu'ils vivent mal ou qu'ils vivent bien, les hommes veulent être heureux, et tous ne sont pas ce que tous veulent être. Car tous veulent être heureux, mais ne le seront que ceux qui veulent être justes.

Ils veulent être heureux en acquérant quelque chose. Cherche ce qu’il te faut pour être heureux. Car lorsque tu seras heureux, tu seras assurément meilleur que quand tu es malheureux. Mais une chose qui t'est inférieure ne peut te rendre heureux. Tu es homme et dans ton désir d'être heureux, tu convoites ce qui t’est inférieur : or, argent, ces biens corporels après lesquels tu soupires ardemment pour les acquérir, les posséder, en jouir, sont au-dessous de toi. Tu es meilleur, tu vaux mieux qu'eux. Assurément, quand tu veux être heureux, tu veux être meilleur que tu ne l’es, car tu es malheureux. Mieux vaut être heureux que malheureux. Tu veux donc être meilleur. Or pour le devenir, tu cherches, tu poursuis avec acharnement des biens inférieurs à toi. Tout ce que tu cherches sur la terre est inférieur à ce que tu es.

En vérité, ce que tu cherches est dans ton âme. Puisque tu veux être heureux, cherche en ton âme elle-même ce qu'il y a de meilleur. Dans ton âme est l'image de Dieu. L'intelligence de l'homme la reçoit. L’homme l'a reçue, mais se tournant vers le péché, il lui a fait perdre sa beauté. Celui qui avant l'avait faite vint alors à elle pour la refaire ; car par le Verbe tout a été fait, et par le Verbe fut imprimée cette image.

Il te reste donc maintenant à chercher ce qui est meilleur que ton âme. Que sera-ce, dis-moi, sinon ton Dieu? Tu ne trouveras pas autre chose meilleure que ton âme, car lorsque ta nature sera parfaite, elle sera l'égale des anges. Au-dessus d'eux, il n'y a rien, sinon le Créateur.


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