Conclusion de chapitre
La territorialisation de la politique économique du Grand Lyon participe directement de la « troisième révolution territoriale » française (Girault, Antheaume, Maharaj, 2002), qui peut être interprétée comme une adaptation de l’organisation des territoires d’intervention de la puissance publique au contexte économique postmoderne et flexible. Elle se traduit notamment par l’objectivation et l’instrumentalisation du territoire au niveau local, qui passe d’un statut de simple support de l’action publique à un double statut de finalité et de moyen pour l’intervention publique décentralisée de l’organisme communautaire, sur le même modèle que le processus observé au niveau national depuis la décentralisation (Estèbe, 2003). Elle concrétise enfin la mise en application du principe de subsidiarité dans l’action publique territoriale par les pouvoirs publics en charge de la régulation économique et spatiale.
Ce processus d’ancrage territorial de l’action en faveur de l’économie du Grand dénote également sa volonté de s’affirmer comme l’acteur central et dominant au sein du système d’acteurs lyonnais de la régulation économique territoriale (voir infra, Section 3). L’organisme communautaire se trouve en effet renforcé dans son rôle de conducteur de la politique de développement économique locale par le transfert de la TPU au niveau intercommunal et le travail de définition de l’intérêt communautaire dans le champ de l’intervention économique.
Cependant, la nature même des modes d’intervention en faveur de l’économie du Grand Lyon évolue fortement entre la fin des années 1980 et le début des années 2000 : elle passe d’une simple action sur l’espace (production de surfaces d’activités et gestion de l’offre et de la demande, équipements et infrastructures dédiées), à une démarche de plus en plus qualitative et stratégique, qui dépasse parfois les limites de compétence des services techniques (assistance et conseil aux entreprises, approche stratégie et politique de filières, animation territoriale, événementiel).
En favorisant le rapprochement de ses services avec le terrain, il augmente non seulement leur crédibilité vis-à-vis des entreprises cibles et des partenaires de l’action, mais aussi sa capacité plus globale d’intégration fonctionnelle des politiques urbaines au service du développement économique, même si celle-ci pose encore des problèmes de cohérence d’ensemble préjudiciables pour la stratégie politique du Grand Lyon en matière de gouvernance économique territoriale (voir infra, Section 2).
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