Thèse Lyon 2


Section 1 : LA POLITIQUE ECONOMIQUE NATIONALE ET SES DECLINAISONS A LYON



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Section 1 : LA POLITIQUE ECONOMIQUE NATIONALE ET SES DECLINAISONS A LYON


Cette première section est destinée à présenter quels sont les principes, les références et la nature de la politique de régulation économique développés par les autorités étatiques françaises durant les Trente Glorieuses. Elle s’attache ainsi à analyser les principes centraux de la politique de régulation structurelle de l’économie au niveau national, les liens très forts unissant les pouvoirs publics centraux et les représentants du patronat français, les outils réglementaires et procéduraux mobilisés pour assurer la mise en application des objectifs de la politique économique de l’Etat, ainsi que la manière dont cette politique économique est mise en application à l’échelle de l’ensemble lyonnais, essentiellement par le biais de la planification territoriale, de l’aménagement de l’espace et de l’urbanisme.

Elle vise à montrer le caractère fortement centralisé et dirigiste de la politique économique française durant les Trente Glorieuses, ainsi que le rôle croissant conféré à la dimension spatiale et indirecte de la régulation dans la mise en œuvre de la régulation sur le territoire. Seul l’Etat central est légitime et compétent pour intervenir de manière directe et normative dans le fonctionnement de l’économie. Il s’appuie sur le système de l’économie planifiée et sur l’association avec les forces économiques du pays pour déployer son intervention à l’échelle du pays et des territoires locaux.

L’Etat central monopolise la conduite de la régulation, au gré d’un système politique et économique hybride : l’économie mixte ou économie dirigée. Sur le plan politique, il s’agit donc également d’identifier qui porte l’intérêt des entreprises et la manière dont l’Etat combine la défense de l’intérêt général et la promotion des intérêts économiques des firmes françaises au travers de sa politique de développement économique nationale et d’aménagement du territoire.

D’un point de vue méthodologique, la démonstration s’intéresse aux moyens et leviers qui sont utilisés pour assurer la mise en œuvre de la politique économique à l’échelle nationale et au niveau des territoires locaux. L’attention se porte notamment sur la place très importante qu’occupe la dimension spatiale et territoriale dans la régulation économique structurelle opérée par la puissance publique. Nous souhaitons ainsi mettre en évidence les liens très forts unissant la politique économique nationale et la politique d’aménagement du territoire, mise en place par la technostructure étatique à partir des années 1950 parallèlement à la création de nombreux outils institutionnels et opérationnels.

Enfin, cette section aborde la manière dont la politique de régulation économique territoriale de l’Etat est mise en œuvre dans l’agglomération lyonnaise : quels sont les moyens et les concepts utilisés par les services de l’Etat pour assurer cette déclinaison de la politique nationale à l’échelle de la région lyonnaise ? Comment la planification spatiale locale est-elle instrumentalisée pour servir les ambitions et les principes du développement économique, tel qu’il conçu en référence à l’échelle nationale ? Les grandes opérations d’aménagement de l’espace réalisées dans la métropole lyonnaise durant cette période reflètent également la main mise technocratique de l’Etat central sur la destinée économique du territoire local.

I - Cadre référentiel, principes et moyens de la politique économique française


Après la seconde guerre mondiale, l’Etat Providence français ancre sa légitimité à intervenir dans le champ économique par le recours à l’économie dirigée, c’est-à-dire en pénétrant tous les champs de l’économie, au service de l’intérêt général et du bien-être collectif national (Joye, 2002). Ce dirigisme peut être assimilé à de l’interventionnisme systématique, fondé sur le commandement autoritaire et la planification. Les nouvelles exigences européennes en matière de politique économique, relatives à l’ouverture des frontières économiques et à l’internationalisation de la concurrence, atténuent cependant le caractère autoritaire de l’intervention publique, qui s’oriente vers l’instauration d’un système d’encadrement des comportements des entreprises et d’incitation en faveur du développement économique.

Ce principe d’intervention n’est pas considéré comme un obstacle au libre développement des intérêts économiques et de l’initiative privée. Le passage d’une conception du rôle de l’Etat comme « interférant à titre exceptionnel » (Massacesi, 1966) à une conception de l’Etat qui intervient de façon systématique dans le domaine économique traduit au contraire la maturité de l’économie de marché en France, notamment du point de vue de la technocratie étatique. La planification est présentée par les autorités publiques comme une nécessité pour le développement économique et comme l’alternative la plus libérale au « laisser-faire » classique des politiques économiques, adaptée au contexte historique de croissance de l’après-guerre. L’opérateur public étatique utilise ainsi des moyens techniques et conceptuels nouveaux pour assurer la réalisation des objectifs qu’il fixe, la création des conditions les plus propices à la croissance et la régulation d’ensemble du système économique national.

La répartition et la localisation des activités économiques dans l’espace sont des aspects centraux de la politique économique française durant les années 1960, en appui de l’implication directe de l’Etat dans le développement économique, sous la forme de subventions, d’aides financières et de prise de contrôle du capital des grandes firmes (voir infra). Il s’agit à la fois d’un objectif de rééquilibrage de l’appareil productif dans l’espace géographique national fortement centralisé, et d’un moyen d’intervention en faveur de l’expansion économique, permettant d’enclencher ou de renforcer les processus de développement selon le principe des pôles de croissance.

La politique économique française confère ainsi un rôle de plus en plus important au volet spatial de la régulation, afin de maîtriser les dynamiques de développement sur l’ensemble du territoire national, mais aussi de contribuer à créer un environnement spatial propice à la réalisation des objectifs par les entreprises, en facilitant la production d’avantages et d’économies externes territorialisés.

L’Etat se place résolument au service de l’intérêt des entreprises, au nom de l’intérêt général et de l’impératif d’expansion économique et industrielle du pays. Le principe de la concertation et de l’élaboration conjointe de la planification indicative avec les représentants du patronat et des travailleurs permet d’associer les forces vives du pays à la définition des orientations et des objectifs de la régulation économique, menée de façon très centralisée par les services de l’Etat. Il permet en outre dans une certaine mesure d’isoler la question économique du débat politique, consacrant ainsi le système de l’économie dirigée, à mi-chemin des conceptions libérales et keynésiennes de la régulation.


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