LE MONNYER n’aurait pas du oublier de respecter lui-même ces obligations
A l'analyse, le tribunal estime que le souci de cohérence qui doit animer celui qui cherche la vérité conduit à homologuer les travaux présentés par M. Lacoume et à imputer le premier événement sonore au passage du train d'onde sismique.
C’est évidemment le plus vérolé des experts judiciaires sismo-acousticiens qu’il convenait de mettre en lumière
Jean-Louis LACOUME est celui qui a manqué le plus d’humilité puisque son collège a simplifié à l’extrême, n’a rien détaillé en terme de fréquence et d’amplitude, a omis d’inclure les effets sonores du bâti et a évacué le plus d’enregistrements et surtout ceux qui ne lui convenaient pas pour sa théorie. La partialité du juge est criante encore une fois.
Comment peut-on dire cela alors que 2 lignes plus haut, on parle de l’obligation de prudence s’imposant à tout scientifique ? La moindre des choses aurait été de mentionner les doutes de la communauté scientifique concernant l’absence de cohérence entre les caractéristiques du premier bang tel qu’il a été entendu et enregistré et les caractéristiques habituellement admises d’un bruit sismique (fréquence, durée, etc…)..
En conclusion générale, il se dégage de l'ensemble des expertises judiciaires sous réserves des critiques retenues des sachants ci-avant développées se rapportant aux constatations et analyses des témoignages et des enregistrements, que le 21 septembre 2001 :
- une explosion unique, (travaux concordants du CEA, du collège sismique, de M Couderc, de M. BERGUES, des policiers et des experts du collège principal), survenant à 10h17mn 55s 4 centièmes.
- résultant de la mise en détonation du tas de NA déclassé stocké au bâtiment 221 (travaux concordants de la CEI, des policiers et du collège principal),
- et dont l'initiation n'a pu résulter que d'une onde de choc de nature détonique, comme finalement l'admet l'ensemble des experts en détonique (experts judiciaires et de la défense),
- s'est propagée pour l'essentiel d'est en ouest, cette orientation principale n'excluant pas une composante ouest/est, (travaux du collège sismique et de M. BERGUES le démontrent),
- le point d'initiation étant localisé en partie est de l'ensemble constitué du tas principal et de celui se trouvant dans le box, sans que l'on puisse le déterminer plus précisément, à quelques mètres près à l'Est ou à l'Ouest de ce muret, (travaux du collège sismique, de M BERGUES et du collège principal).
- la nature de l'explosif à l'origine de cette détonation (mise en œuvre intentionnellement ou fruit d'une réaction chimique) n'ayant pu être déterminée par l'analyse des échantillons prélevés (travaux du collège principal).
Fermez le ban ! Le Grand Esprit a parlé
II-4 : L'EXCLUSION DE CERTAINES PISTES :
Cette conclusion générale et des travaux complémentaires concordants permettent d'écarter de nombreuses hypothèses évoquées.
A l'examen de cette conclusion générale et d'expertises complémentaires, de nombreuses hypothèses envisagées initialement par les experts judiciaires, la défense ou des contributeurs spontanés peuvent être écartées de manière certaine :
II-4-1 : L'incendie préalable :
Aucun élément pertinent ne milite en faveur d'une décomposition du nitrate stocké dans le bâtiment 221, laquelle peut, dans certaines conditions qui n'étaient pas en l'espèce réunie (confinement - au sens détonique du terme - ou croisement du nitrate fondu avec des hydrocarbures), conduire après un temps relativement long (de dizaines de minutes – catastrophe du camion espagnol de 2003, ou celle de St Romain en Jarrez, à plusieurs heures ainsi que l'accidentologie le souligne) à une mise en détonation du nitrate. Ce point est acquis aux débats et ne souffre d'aucune contestation ou réserve :
Les conditions de stockage du nitrate ne pouvaient favoriser la décomposition du produit :
- le nitrate stocké dans le bâtiment 221 n'était pas confiné,
- aucun dépôt d'hydrocarbure ne se trouvait à proximité du 221,
- aucune entrée ou pollution d'hydrocarbure n'est signalée,
- les vestiges de la croûte de nitrate d'ammonium que l'exploitant maintenait au sol compte tenu de la dégradation de la dalle en béton n'étaient pas polluées significativement par des éléments carbonés.
Par ailleurs, les témoignages des personnes ayant circulé à proximité du lieu de la catastrophe dans les instants précédents l'explosion ne permettent pas de retenir l'hypothèse d'une décomposition :
- C'est ainsi que dans les minutes précédents la catastrophe de nombreux témoins passeront à l'intérieur du bâtiment (M. FAURE entre 15 et 30 minutes avant l'explosion, M. BLUME, 3 minutes avant la catastrophe) ou à proximité de l'entrée de celui-ci (M. MARQUE, quelques dizaines de minutes avant la catastrophe, M. MIGNARD une dizaine de minutes avant la catastrophe...) sans qu'aucun n'ait remarqué la moindre émanation de fumée rousse ou de nox NOx caractéristique de la décomposition du NA. NOx désigne les oxydes d’azote en général. Les vapeurs rousses sont formées d’un oxyde d’azote particulier, le NO2. Il est clair que les détonations de nitrate sont accompagnées de nuages de vapeurs rousses. En revanche, la formule de Berthelot conduit à une décomposition du nitrate ne donnant que des gaz incolores : vapeur d’eau, azote et oxygène. VAN SCHENDEL s’est pris les pieds dans le tapis à ce sujet dans son rapport final. Je ne suis pas personnellement chimiste théoricien, mais j’ai l’impression très nette que la formule de Berthelot ne concerne que les décompositions non explosives d’origine thermique. Les processus détonants, quant à eux, ne sont pas décrits par la formule de Berthelot ou ne le sont que partiellement.
- Le témoignage de certains observateurs se trouvant à distance (Mme DESSACS) évoquant comme première manifestation de l'explosion l'élévation d'un fumerolle ou panache de fumée ne peut être associé à une décomposition mais comme décrivant la manifestation la plus visible de l'explosion du nitrate qui présente la particularité (à l'inverse d'autres phénomènes explosifs associant du carbone, d'être peu lumineuse, ainsi que le film du tir 24 en atteste) ; les images d'explosion ?? visualisées au cours des débats (notamment celui du tir 24) attestent de la rapidité avec laquelle les fumées d'une explosion s'élèvent dans le ciel ; la rapidité de ce phénomène permet d'expliquer que certains observateurs ont pu visualiser ces fumées avant même de percevoir la manifestation sonore associée à l'onde de choc. On peut noter encore une fois le travail inutile du juge Perriquet lors de l’instruction. Il a tenu à vérifier la position de ce panache avec le témoin elle-même ainsi qu’avec les experts. Cette vérification a exclus le secteur du cratère comme zone du panache. Le juge Le Monnyer s’en tape complètement !
- Seules (restriction bien rapide et infondée !) Mme PALLARES et Mme DOMENECH évoquent des flammes préalables à la détonation alors qu'elles se trouvent relativement éloignées de l'épicentre, sans décrire les fumées rousses associées à la combustion du NA. Ces témoignages recélant par ailleurs de nombreuses incohérences, il convient de les juger non pertinent. Par ailleurs, les constatations policières et des experts menées alentours du cratère et sur les vestiges du bâtiment (blocs de mur et poteaux métalliques) n'ont révélé aucune trace de combustion ; ce point a été rappelé à l'audience. Les incohérences sont une pure invention de ce juge et une insulte vis-à-vis de ces témoins. (explications donnée au-dessus). Le juge omet bien sûr d’évoquer la possibilité d’avoir des flammes avec des phénomènes hors-incendie ne reposant sur aucun feu préalable à la base.
Il peut donc être affirmé qu' aucun incendie ne s'est manifesté dans les instant précédents la catastrophe.
La question du non respect par l'exploitant de l'obligation réglementaire qui lui était imposée par l'arrêté préfectoral de mettre en place un système de détection incendie ou autre système assimilé tels que le détecteur NOX (l'obligation résultant sur ce point de l'arrêté préfectoral ne pouvant être satisfaite par la seule proximité du dit bâtiment du local des pompiers et par des visites aléatoires de membres du personnel, qui selon l'hypothèse de travail sont considérées comme suffisantes pour pallier à un incendie mais insuffisantes pour détecter la présence d'une personne mal intentionnée préparant un attentat), a été soulevée au cours de l'information judiciaire et lors des débats.
Le non respect de cette prescription préfectorale sans lien de causalité avec les conséquences de la catastrophe, mérite simplement d'être soulignée comme étant l'une des libertés que s'autorisaient GP à l'égard de certaines obligations préfectorales et l'inertie dont pouvait faire preuve l'exploitant, un rapport déjà évoqué de juin 2001 venait en contradiction d'une note dite de recollement transmise à la DRIRE en mai 2001, souligner l'intérêt de mettre en place un tel système de sécurité pour réduire au maximum le délai d'intervention des pompiers. Air connu. Je n’ai jamais installé de détecteurs d’incendie dans les stocks de nitrate en vrac, qui est incombustible. Il n’en est pas de même dans les stocks de nitrate en sacs. L’installation de détecteur de NOx est une imbécillité encore plus magnifique : un début de décomposition non explosive de NA ne produit pas de NOx ; si une détonation s’amorce, elle est tellement rapide que les détecteurs sont détruits avant d’avoir eu le temps de fonctionner.
En conclusions ?? , les éléments du dossier permettent d'exclure l'hypothèse d'une décomposition à l'origine de la catastrophe.
II-4-2 : L’accident industriel préalable ?? :
Ce qui est alors sous tendue ?? par cette hypothèse, c'est que la mise en détonation du nitrate du 221 ne serait qu'une conséquence d'un premier incident technique se produisant sur une installation technique et qui par "effet domino", selon la terminologie du risque industriel, se serait transmis au nitrate dans des conditions d'énergie telles qu'elles auraient entraîner l'explosion du bâtiment 221.
L'hypothèse de la décomposition étant radicalement écartée, cette hypothèse qui pourrait être associée au "double bang" dans l'esprit de ses tenants, impose de considérer que cet incident préalable soit à l'origine de la transmission non pas simplement d'une source de chaleur pouvant entraîner la décomposition du nitrate, mais d'une onde de choc qui serait parvenue avec suffisamment de puissance au contact du nitrate stocké à l'intérieur du bâtiment 221 pour entraîner sa mise en détonation, soit la projection d'un élément permettant cette explosion.
L'ensemble des travaux des experts en détonique qu'ils soient judiciaires ou missionnés par la défense et l'accidentologie concordent pour considérer que le phénomène explosif perd très vite de sa puissance ; M. BERGUES a précisé lors de son exposé qu'une explosion qui aurait eu suffisamment de puissance pour entraîner la détonation du nitrate aurait nécessairement laissée ?? des traces (cratère, dégradations majeures) telles qu'elles n'aurait ?? pu être camouflées par les effets de l'explosion du 221.
Sur ce point, il convient de conserver à l'esprit quelques éléments figurant à ce propos dans le dossier:
- l'accidentologie nous enseigne qu'à Rouen lors de la seconde guerre mondiale, une bombe a pu exploser à l'intérieur d'un stock de NA sans entraîner sa mise en détonation... pendant la dernière guerre mondiale, on n’a signalé aucune détonation de stock de nitrate, consécutive à un bombardement ou à un tir d’artillerie.
- la puissance inouïe c’est du langage technique de BERGUES repris à son compte par LE MONNYER de l'explosion du 21 septembre 2001 n'a pas entraîné l'explosion du nitrate stocké dans le bâtiment IO situé à une cinquantaine de mètres de l'épicentre.
- bien mieux, et nous allons y revenir, la défense qui invoque l'accidentologie dénie la capacité du tas de nitrates se trouvant dans le box au moment de la catastrophe, à savoir une dizaine de tonnes de NAA et près d'une tonne de NAI, et dont l'évaluation de l'équivalent TNT la plus faible admissible (en se référant aux résultats obtenus lors du tir 24 de 10%) fixe sa puissance théorique à un minimum d'UNE TONNE d'équivalent TNT, d'avoir eu la capacité d'entraîner l'explosion du tas principal situé, selon le positionnement adopté par les uns et les autres derrière un muret voir à 3 à 4 mètres, 6 ou une dizaine de mètres... aucun expert indépendant ni la défense n’ont jamais prétendu que c’était une première explosion qui avait directement entraîné par « sympathie » ou « effet domino » la détonation du 221. C’est encore une petite ruse de guerre minable que de prêter à des contradicteurs des propos stupides qu’ils n’ont pas tenus, pour les démolir ensuite triomphalement
Ce simple débat initié par la défense éclaire la puissance phénoménale nécessaire pour entraîner à distance, que l'on se place au niveau de la tour N 1C ou encore plus au niveau de la SNPE, une onde de choc suffisamment forte pour faire détonner le tas principal.
Les experts se sont légitimement interrogés sur la question de savoir si, nonobstant l'avis de M. Médard selon lequel "tout au moins au températures ordinaires, le nitrate d'ammonium pur est absolument insensible aux chocs mécaniques les plus violents auxquels on a cherché à le soumettre", on ne pouvait envisager que par suite d'une explosion un objet ait été projeté à grande vitesse sur le tas de nitrate et puisse entraîner sa mise en détonation.
La défense va commander au laboratoire QINETIC, présenté comme étant l'équivalent de la DGA française, divers travaux en ce sens sur les conditions d'initiation du nitrate.
Les travaux menés de manière approfondie par ce laboratoire, avec du nitrate AZF, ont confirmé de précédentes études évoquées dans le "Médard" et ont exclu l'idée d'initier du NA par un projectile inerte :ce laboratoire conclut son rapport sur ce point en ces termes (cote D 4335) :
"5. Conclusions
5.1. Les deux qualités de nitrate d'ammonium sont particulièrement insensibles à l'amorçage par impact et par choc. En particulier, il a été impossible de provoquer une détonation dans le nitrate d'ammonium agricole, le moins sensible, lors de toutes les expériences rapportées dans le présent document.
5.2. Il n'a pas été possible d'amorcer le nitrate d'ammonium industriel plus sensible avec des projectiles de 20 mm de diamètre se déplaçant à environ 2000 m/s. Cela écarte tout amorçage crédible par de petites armes à feu (généralement moins de 1000 m/s) ou par fragments provenant de la détonation d'un dispositif explosif proche.
5.3. L'impossibilité d'amorcer le matériau avec un projectile de 20 mm de diamètre provient probablement du large diamètre critique du nitrate d'ammonium. Par conséquent, un essai a été réalisé pour simuler l'impact d'un projectile plus grand pouvant provenir d'une violente explosion (mais pas d'une détonation, qui crée de petits fragments) dans une partie de l'usine proche (par ex. la tour de prilling). Cet essai n'a pas non plus réussi à amorcer le nitrate d'ammonium industriel.
5.4. Des simulations (utilisant un modèle calibré à partir des résultats du gap test) ont montré que, même pour un projectile en acier de 100 mm de diamètre, la vitesse limite d'amorçage du nitrate d'ammonium industriel est d'environ 1800 m/s. Il n'est pas possible d'envisager un risque réaliste pouvant générer un fragment de cette taille et de cette vitesse.
5.5. En conclusion, il n'existe aucun scénario crédible pouvant avoir provoqué l'amorçage par projectile direct du tas de nitrate d'ammonium.
5.6. Les résultats des gap tests réalisés montrent que le nitrate d'ammonium industriel plus sensible aux chocs pourrait être mis en détonation par un choc fort d'un émetteur explosif. Il a été trouvé que la charge de l'émetteur devrait dépasser 100 mm de diamètre pour rendre possible l'amorçage.
5.7. Il n'a pas été possible de provoquer la détonation du nitrate d'ammonium agricole le moins sensible dans la configuration du gap test réalisée. Cela provient probablement du fait que ce matériau dispose d'un diamètre critique particulièrement grand. Il est probable que des expériences à plus grande échelle pourraient établir un seuil d'amorçage,
5.8. Il faut noter que l'allumage du nitrate d'ammonium (quelle qu'en soit la qualité) peut se produire, et se produit, à des niveaux d'excitation largement inférieurs à ceux nécessaires pour la détonation. Cependant, il est très peu probable qu'un tas non confiné pourrait être mis en détonation en brûlant, en particulier dans le laps de temps réduit entre la dernière observation des tas et l'explosion (environ 3 minutes). Dans l'accident de Texas City, on pense que le nitrate d'ammonium a été mis en détonation dans la cale d'un navire suite à une combustion.Cependant, même dans ces conditions confinées, cela a pris plusieurs heures avant que la détonation ne se produise." Le QINETIC est effectivement à la hauteur de la DGA version BERGUES. On ne peut «allumer » un produit incombustible comme le NA pur. Quant à l’accident de Texas City, il est avant tout du à la pollution préalable d’un chargement de nitrate en vrac par des fuites de combustible et/ou par des matières organiques également transportées. L’incendie de plusieurs heures est une légende contredite par le fait qu’une partie de l’équipage a été tuée à terre, ce qui exclut qu’elle ait participé à la lutte contre un tel sinistre (qui aurait du mobiliser tout le personnel de bord disponible et bien plus de moyens de secours locaux que l’on en a identifié sur les quais après le sinistre)
II-4-2-1 : Un hypothétique accident sur le site de la SNPE :
En dehors de l’hypothèse formulée par Georges Guiochon, un certain nombre de photos du site SNPE montrent qu’il a été le théâtre de plusieurs explosions. J’ai déjà cité l’explosion interne qui a fissuré le fût en béton armé de la cheminée de la chaufferie et qui est associée à une explosion dans la chaufferie elle-même. Je mentionne également :
- le bâtiment 400 dont la façade orientée vers le 221 AZF est pratiquement intacte alors que sa façade opposée est ravagée dans des conditions telles qu’elles ne peuvent résulter que d’une explosion au sol, survenue à l’Est de ce bâtiment et tout près,
le long bâtiment Nord- Sud de stockage de gaz divers en bouteilles (bât 370), situé le long du petit bras de la Garonne vers la passerelle du phosgène, dont les bardages et la toiture se sont envolés avant le décollage des éléments supérieurs de le tour de prilling AZF, et dont les poteaux métalliques verticaux sont légèrement déformés vers l’Est,
- le roussissement du feuillage d’un arbre vers le Sud-Sud Est, qui semble initié par la même explosion que celle qui a déshabillé le bâtiment précédent,
- la destruction d’un laboratoire de recherche dans le Nord du site.
Il faut également rappeler les témoignages visuels d’observateurs extérieurs au site. Ils ont décrit deux panaches verticaux dont celui déjà cité qui a atteint une altitude de 700m. A l’invitation de J.M. Arnaudiés, ce dernier à fait l’objet d’un transport de PERRIQUET à l’endroit où se trouvait le témoin, qui a ainsi pu préciser dans le détail les conditions de son observation. Ce transport est décrit dans le dossier de l’instruction mais omis dans l’ordonnance de renvoi. Pour LE MONNYER, il est donc nul et non avenu. Tous ceux qui y croient et croient en ce que je viens de rappeler sont ainsi des mythomanes et les allusions (hélas très maladroites et insuffisantes de la défense comme à l’accoutumée) ne peuvent relever que du désir coupable de cacher la vérité à la Cour.
Bien que suggéré par le professeur Guiochon, l'hypothèse d'un accident préalable sur le site de SNPE ne résiste pas à l'examen. A défaut de pouvoir développer le moindre élément technique susceptible d'accréditer ce fantasme !!!, la défense va suggérer l'idée que la SNPE aurait fait preuve de réticence à l'égard des enquêteurs... il faut être extrêmement pervers pour oser insinuer qu’un ingénieur général de la DGA en service détaché a pu faire un faux témoignage ce qui était de nature à accréditer la thèse que la société nationale avait peut être ?? quelque chose à cacher.
A titre liminaire, il convient de relever que cet établissement, s'il dépendait de la société nationale des poudres et explosifs, ne fabrique plus depuis de très nombreuses années des explosifs très joli mensonge proféré en jouant sur le sens des mots. L’usine ne fabriquait plus d’explosifs destructeurs, ni civils (exploitation de carrières) ni militaires (charges de bombes et d’obus). Mais elle fabriquait des propergols pour missiles militaires et fusées civiles. C’est ainsi qu’elle avait produit de la diméthyle hydrazine dissymétrique (UDMH) pour Ariane 4 (donc il lui restait des stocks inutilisés) et qu’elle produisait et stockait du propergol solide pour les boosters de décollage d’Ariane 5. L’inflammation de tels stocks, généralement contenus dans des caves, conduit à des explosions déflagrantes qui ne sont pas hémisphériques mais focalisées vers le haut: aussi, l'idée qu'une explosion majeure ait pu propulser à environ 600 mètres de distance un projectile capable de détonner au contact du sol, en référence à la catastrophe de Miramas en 1940, citée dans l'accidentologie, où un sinistre, qui avait pris initialement dans un train transportant des munitions s'étaient propagé à un stock de nitrate situé à proximité, ne résiste pas à l'examen raisonnable des faits comme déjà dit, aucun expert indépendant n’a jamais soutenu que les explosions SNPE avaient induit directement la détonation du 221 AZF : conservons à l'esprit que si la détonation du tas de nitrate situé dans le 221 est parvenue à projeter des "missiles" à des distances de plusieurs centaines de mètres, elle a laissé une trace majeure de sa survenance : un cratère de 60 mètres de long et 50 de large : or, aucun signe d'un quelconque phénomène explosif ne sera relevé par les enquêteurs, M. DOMENECH, les équipes de la TECNIP ou les experts judiciaires sur le site de la SNPE. En dehors des experts des assurances qui ont initialement bénéficié d’une grande liberté, les experts suivants mandatés par la SNPE avaient des missions précises et ont été conduits directement vers le bâtiment ou l’appareil qu’ils avaient à expertiser. Les experts mandatés par Total et les experts judiciaires ont toujours suivi des parcours balisés et bénéficié de commentaires leur donnant l’interprétation de ce qu’on les laissait voir. J’ai eu des contacts personnels avec un ingénieur de Total, qui a notamment examiné la cheminée de la chaufferie. La fissure du fût en béton armé avait été rebouchée et la cheminée repeinte pour dissimuler les traces de fuites de gaz à travers la fissure. On lui a montré les graves dégradations survenues au garnissage intérieur en briques réfractaires et on lui a expliqué qu’elles avaient été produites par les vibrations !!! du fût en béton, secoué par la détonation AZF mais resté intact. Le mensonge scientifique ou technique est, toutefois, un art difficile que la SNPE ne maîtrisait pas. C’est l’un de ses avocats qui a vendu la mèche lorsqu’elle s’est opposée aux essais sismiques demandés par Me Soulez-Larivière. Lors de la procédure de référé introduite par Total, SNPE a invoqué les risques de destruction d’ouvrages déjà ébranlés par la détonation AZF et, dans un grand effet de manches, cet avocat a voulu enfoncer le clou en déclarant : vous ne voudriez certainement pas faire des essais sismiques au pied d’une cheminée fissurée sur plusieurs dizaines de mètres.
Cette allégation qui ne repose concrètement que sur la déclaration d'un responsable de l'usine faite dans les instants suivants la catastrophe selon laquelle l'explosion avait pu survenir sur son site, perception erronée à rapprocher d'autres témoignages, tels les opérateurs à l'atelier d'ammoniac qui ont eu le sentiment que c'était les installations dont ils avaient la charge qui étaient à l'origine de l'explosion, est battue en brèche par les éléments du dossier :
Le gendarme CHAPELIER qui survole l'usine SNPE dans les minutes qui suivent la catastrophe ne décèle aucun indice rendant plausible un événement de nature explosive sur ce site. Pur spéculation… vu le délai de quelques minutes qu’il s’est donné juste après l’explosion, ce vol en hélicoptère ne lui permettait absolument pas de voir tous les types de dégâts importants sans lien avec l’onde de choc d’AZF. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas un second cratère ou un bâtiment entièrement éventré qu’une première explosion n’a pas eu lieu. La façade Est du bâtiment 400 présente par exemple des impacts d’une explosion importante incohérents avec sa façade Ouest pourtant exposée et très peu touchée.
Les pompiers qui se dirigent initialement vers le site de la SNPE d'où sortent de nombreux personnels hagards ou blessés, indiquent avoir entrepris une visite de reconnaissance sur le site SNPE sans pouvoir identifier le lieu de l'explosion (Commandant GERBERT – cote D 3581), et avoir mis en action la grande échelle d'un de leur camion pour visualiser la zone et observer les fumées se dégageant du site AZF pour localiser le siège de la catastrophe (déposition du commandant HURTEAU). Même remarque que pour le vol en hélicoptère de la gendarmerie. La grande échelle n’était pas du côté Est de la SNPE et ne permettait pas de voir plusieurs heures après l’explosion l’ensemble des dégâts sur le site de la SNPE.
Contrairement à l'antienne développée au cours de l'information par la défense de GP et reprise par l'un de ses conseils lors de l'audience, la SNPE n'a pas fermé ses portes aux investigations judiciaires et a fait procéder dans le cadre de la préparation de son indemnisation, dans de très court ?? délais à de multiples études, audits et travaux : nous citerons l'étude technique commandée à un bureau d'étude, la société technisphère, réalisée dès le 23 septembre 2001 (cote D 3284), à noter que TECHNISPHERE a été surtout entourée de la société GIESPER, prestataire « ami » de longue date de la SNPE pour l’installation du réseau d’eau du Grand Toulouse qui passe par le site même de la SNPE le procès-verbal d'huissier dressé dès le 25 septembre 2001, auxquels sont annexées de multiples photographies des bâtiments les plus sévèrement touchés jusques et y compris le bâtiment n° 371 qui a suscité l'intérêt et les plus folles rumeurs s'agissant d'un bâtiment où était produit le phosgène (cote D 3289) ; Ces photographies ne sont pas accessibles dans les CD Rom du dossier et nécessite hélas pour les parties civiles des demandes ponctuelles avec huissier.
Aucun des très nombreux salariés travaillant le jour de la catastrophe sur le site SNPE, qu'ils soient salariés statutaires SNPE ou bien employés de très nombreuses entreprises extérieures, entendus n'évoquera le moindre élément rendant vraisemblable l'hypothèse d'un accident préalable sur le site de la SNPE... Il existe cependant une dizaine de témoignages sur le site de la SNPE qui confirment l’audition d’un premier bang plusieurs secondes avant l’arrivée de l’onde d’AZF et deux témoins de la SNPE qui affirment avoir subi un premier souffle les renversant avant celui d’AZF. Le Monnyer s’en tape également. Or, c'est une cinquantaine de salariés présents le jour de la catastrophe à l'usine SNPE, qui seront entendus par les enquêteurs et ce dès le 2 octobre 2001 : parmi ces salariés on retrouve de très nombreux salariés d'entreprises extérieures dont certains travaillaient au demeurant alternativement pour le compte de GP et de la SNPE (tels les salariés de CTRA) ; sur cette cinquantaine de témoins, notons qu'ils se trouvaient le jour de l'explosion dans une multitude de bâtiments administratifs, ateliers de production ou locaux provisoires des entreprises extérieures : il s'agit des bâtiments B 366, B 402, atelier phosgène, ouvert face à GP, bâtiment procédés, Bât. UDMH, etc...
Mieux, le 3 octobre 2001, c'est M. DOMENECH en sa qualité d'enquêteur de la CEI, laquelle comprend encore à cette date un responsable de la SNPE en son sein, qui visite l'usine de la SNPE et procède même à des auditions de salariés. M. LANGUY confirmera lors de sa déposition qu'il fut en sa qualité de responsable de la société TECNIP, missionné par la direction de l'usine SNPE, dès l'après-midi du 21 septembre 2001, pour établir une étude visant à déterminer quelles pouvaient être les conséquences matérielles non perceptibles de l'onde de choc sur les infrastructures de l'usine et, à cette fin, déterminer la puissance de l'explosion survenue sur le site voisin de GP. Ce spécialiste des détonations a déclaré à l'audience que ses équipes sont intervenues sur le site 3 ou 4 jours après la catastrophe. S'il n'est pas entrée ?? aussitôt dans le local "Chaufferie" qui n'était pas sécurisé, c'est qu'il n'est pas "kamikase" quelle pusillanimité ! La vérité est qu’on lui a suggéré qu’une visite de la chaufferie pouvait être dangereuse en raison d’une fragilisation de ses structures, alors qu’on voulait l’empêcher de voir les dégâts survenus à la chaudière, dégâts impossibles à expliquer par la détonation 221, puisque les bardages de la façade orientée vers le cratère étaient pratiquement intacts. Il a déclaré avoir pu œuvrer en toute liberté sur le site, choisir les bâtiments qui feraient l'objet de son étude il n’a évidemment pas choisi le bâtiment 400 et n'avoir rien relevé de nature à faire accroire à une explosion intervenue sur le site de la SNPE.
Est-il nécessaire de relever que la direction de la SNPE soumettra les travaux de TECNIP à un tiers expert reconnu mondialement ainsi qu'il a déjà été indiqué, à savoir la société TNO.
Quand on garde à l'esprit que M. LANGUY indiquera qu'à son souvenir pas ou peu de "projectile" provenant de l'usine furent retrouvés sur le site de la SNPE, ce que confirme la lecture de son rapport, on peut imaginer la puissance et, corrélativement, les dégradations ou traces (cratère), qu'une explosion aurait dû avoir sur le site SNPE pour parvenir à atteindre le bâtiment 221... avec une énergie suffisante pour entraîner la mise en détonation d'un produit particulièrement stable . ?? toujours ce même procédé infantile consistant à démolir triomphalement des arguments qui n’ont jamais été présentés Le juge LE MONNYER feint de croire que la seule communication d’un incident grave de la SNPE à AZF ne passe que par l’effet d’un souffle d’explosion et ignore complètement le problème des liens étroits des réseaux entre la SNPE et AZF (lignes électriques, voies ferrées, conduites de produits chimiques etc…)
Les constatations auxquelles les experts judiciaires procéderont sur les structures de plusieurs bâtiments, il est vrai tardivement en novembre 2002, établissent toutes que le site de la SNPE a été soufflé par une onde de choc provenant de l'ouest, à savoir en direction de l'usine Grande Paroisse. Quel style ! Ainsi rédigée, la phrase peut être interprétée dans deux sens différents.
Les experts judiciaires du collège électrique démentiront la thèse selon laquelle la direction de l'usine SNPE aurait fait des difficultés aux experts ou aurait tenté de cacher quelque chose à leurs regards avisés, dont il paraît nécessaire ici de préciser qu'ils écartent toute implication électrique dans la catastrophe (que la source électrique soit issue du site SNPE ou de tout autre...). Bien sur ! La SNPE a montré sans difficulté des postes électriques ravagés, en affirmant qu’ils l’avaient été par l’effet mécanique de la détonation AZF. Ces experts étaient bien sur conditionnés pour ne pas voir que ces dégâts étaient d’origine électrique ni faire le moindre effort pour en rechercher la date.
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