- II-3-3-2-2 : l'analyse globale des témoignages :
M. COUDRIEAU, acousticien qui a travaillé pour le compte de la SNPE sur l'analyse des témoignages, déclare avoir été confronté aux incertitudes liées aux témoignages et s'être interrogé sur le crédit qui pouvait être accordé à ces témoignages et notamment à s’interroger à ??? la détermination du temps qui s'écoule entre ces deux signaux sonores, les personnes n'ayant pas été préparées à l'idée du double événement bien sur ! leur description du double événement est sans valeur puisqu’ils n’étaient pas préparés à cette idée, et avoir entrepris des démarches bibliographiques qui l'ont amené, à communiquer au tribunal, à l'appui de sa déposition une note de Mme POUTHAS, directrice de recherches au CNRS sur la perception de la durée, et de M.MALATERRE, psychologue, directeur de recherches à l'institut national de recherche sur les transports et leur sécurité sur la fiabilité du témoignage ; les termes de ces études soulignent, d'une part la difficulté de l'évaluation du temps qui s'écoule et, d'autre part, "le manque de fiabilité des témoignages ou leur variation, sans que la sincérité des personnes soit à mettre en cause, résultant de différents biais tels :
- les biais de perception et de mémorisation à court terme : on perçoit mieux ce que l'on s 'attend à percevoir, et on filtre fortement ce qui n'est pas en cohérence avec ses propres attentes. Le stress a tendance à focaliser l'attention sur l'élément le plus prégnant, au détriment des éléments connexes,
- les biais de mémorisation, conséquence des reconstructions rationnelles qui caractérisent le passage de la mémoire à court terme vers la mémoire à long terme. C'est à ce stade que des oublis ou bien des ajouts provenant d'influences extérieures peuvent se manifester, ou encore des confusions de chronologie ou de causalité...
- les biais liés au recueil des témoignages, soit qu'ils fassent barrage à l'évocation d'éléments importants, soit qu'ils introduisent des informations parasites".
Ces éléments confortent ce que le bon sens dictait aux experts COUDERC et HODIN, confrontés également à l'incohérence des témoignages, à savoir que la soudaineté et la violence des effets de l'onde de choc avait pu troubler la perception des témoins et affecter leur capacité à restituer ces perceptions fugitives et imprévues. COUDERC a fait mieux. Constatant que des témoignages contredisaient l’hypothèse de l’explosion unique d’où seraient issus tous les dégâts constatés au fur et à mesure de la progression de l’onde de choc puis de l’onde de pression, il déclare les rejeter en ne retenant que la vérité (c’est à dire sa propre théorie, conforme à la thèse accusatoire). De quelle incohérence parle-t-on ? Personne ne prétend avoir entendu un bang ou vu un éclair ou senti des vibrations après la perception de l’effet de souffle. C’est cela qui serait incohérent ! Il n’est par ailleurs absolument pas anormal ni incohérent que les gens évaluent différemment le temps qui passe entre 2 événements séparés seulement de quelques secondes.
Il convient d'ajouter qu'à supposer que les témoins auraient avaient été prévenus de la survenance de cet événement hors du commun, ce qui n'était pas le cas, à n'en pas douter la discordance des temps d'arrivée des différents signaux liés aux vitesses de propagation distinctes de la lumière, de l'onde acoustique aérienne et de l'onde acoustique se propageant par le sol, dont nul ne conteste plus l'existence au terme des débats, auraient entraîné en toute hypothèse des difficultés. LE MONNYER ne comprend rien à rien. Il n’y a pas eu d’ondes acoustiques dans le sol mais des ondes sismiques. La contestation porte d’abord sur l’impossibilité, pour une telle onde sismique, de se réfracter dans l’air pour produire une onde acoustique et, ensuite, sur l’existence (niée par l’expertise et la Cour) de deux trains d’ondes sismiques différents, le premier constituant l’événement sismique principal et le second constituant, 8 secondes après environ, la signature beaucoup plus discrète de la détonation finale AZF
En outre, et comme suite à la déposition de M. COUDRIEAU, on comprend que même en faisant abstraction de la fiabilité du témoignage, il est très difficile de pouvoir répondre aux interrogations des témoins ou parties civiles sur la cause de la perception d'un double signal sonore tant les situations sont diverses. Il ne peut être répondu de manière identique à tous les témoins, quelque soit leur éloignement de l'épicentre encore !, que "leur" double bang est le fruit des ondes sismique et aérienne : à proximité de l'épicentre, certains ont pu percevoir la chute de la tour de prilling, d'autres des effets destructeurs occasionnés par les missiles (blocs de béton ou piliers métalliques) projetés parla détonation du nitrate, d'autres l'effet d'écho sur la colline de Pech David, ou la réflexion sur les couches basses de l'atmosphère. Une affabulation de plus ! Pas une mais plusieurs d’un coup, là.
Vue la liste des exemples très peu pertinents d’incohérences que le juge Le Monnyer a décrites au-dessus, on peut constater le niveau intellectuel très faible du juge pour des raisonnements de logique, sa faible capacité à assimiler des faits légèrement complexes, son étonnante capacité à tout mélanger et sa rapide tendance à profiter des moindres déclarations généralistes d’experts du CNRS pour évacuer une étude exhaustive et complète des témoignages. Il insulte par là aussi tout le travail du juge Perriquet qui a, lui, au contraire, estimé que certains témoignages étaient suffisamment pertinents pour déclencher des reconstitutions sur le terrain avec les témoins et les experts. Mais les experts judiciaires, ne souhaitant surtout pas revenir sur la piste chimique, ont cumulé, tout comme ce juge Le Monnyer, dénigrements, refus d’étude de témoignage et défaut de conclusions. Le front du refus de la prise en compte des témoignages gênants de la part des experts judiciaires a été étonnamment uni et a retrouvé un écho dans l’attitude du juge Thomas Le Monnyer au procès de 2009.
En conclusions, l'examen comparé des témoignages enregistrés par les enquêteurs de l'événement de personnes qu’est ce qu’un événement de personnes ? se trouvant à proximité les unes des autres démontrent par les nombreuses incohérences relevées la difficulté que ces témoins ont eue de conserver une chronologie des événements et de parvenir à décrire les manifestations de la catastrophe dont ils ont été témoins et dont ils ont subis pour certains les effets : le blast encore de l’anglais inutile, le niveau sonore, l'aveuglement.
Il ne saurait être reproché bien évidemment à ces témoins leurs dépositions mais en raison des incertitudes que recèlent ces témoignages sur la chronologie et la durée des temps séparant les événements, toute tentative d'en dégager une analyse qui se voudrait scientifique est vouée à l'échec : il en va ainsi des travaux de M. DOMENECH comme ceux de M. ARNAUDIES : sans faire injure à leur compétence et à leurs connaissances, sans nul doute encyclopédiques, les reconstitutions de temps de parcours, de vitesse de déplacement de tel ou tel phénomène décrits, ne présentent strictement aucune valeur probante. LE MONNYER, malgré ses défaillances, n’a pas perdu cette occasion de critiquer ses deux têtes de turc préférées. Il le fait à sa façon, qui fut aussi celles des experts, consistant à affirmer qu’un raisonnement rigoureux, qu’il est incapable de critiquer sur le fonds, ne présente strictement aucune valeur probante parce qu’il en a souverainement décidé ainsi Que la défense s'ingénie à vouloir faire croire qu'il peut être accordé de la valeur à tel ou tel témoignage qui serai(en)t en contradiction avec l'explication judiciaire retenue par le juge d'instruction est une chose, mais l'objectivité et le bon sens requièrent du tribunal qu'il s'abstienne d'opposer un témoignage à des travaux d'expertises quel incroyable aveu ! fondés sur des analyses techniques débitrices de l'hétérogénéité du milieu la fin de cette phrase est un pur charabia totalement incompréhensible.
Le juge Le Monnyer fait encore plus fort avec ces derniers termes dignes d’un charlatan proche de la folie : si un témoignage ne cadre pas, c’est qu’il est tout simplement inutile. Comme raisonnement purement stalinien ou digne d’une justice de dictature africaine, on ne peut faire mieux. A se demander si le juge se rend compte réellement de ce qu’il écrit ?!
Au cours des débats, la défense s'est évertuée à donner du sens au témoignage de Mme DESSACS qui se trouvait au golf de Vieille Toulouse à une distance d'environ 3 kilomètres de l'épicentre, dont la déclaration lors du transport sur les lieux désignant le site de la SNPE comme lieu de la première manifestation visuelle de l'événement, aurait troublé l'ensemble des personnes présentes jusque et y compris le magistrat instructeur ; certes, mais on doit relever d'une part de l'ensemble de ses dépositions divers points divergents qui rendent délicat l'analyse de son témoignage, et d'autre part de souligner qu'à l'endroit où elle semble décrire un flash lumineux se trouvaient divers salariés de la société SNPE ou des salariés d'entreprises extérieures, tels M. GOUTAL (cote D 1990) : ce témoin qui, aux yeux du tribunal, à tout le moins, présente des qualités équivalentes à celle de Mme DESSACS voilà une nouvelle notion de droit inventée par LE MONNYER : l’analyse comparative de la qualité des témoins décrit, pour sa part, avoir assister ?? à l'explosion en direct alors qu'il fumait une cigarette en regardant en direction d'AZF sans signaler le moindre événement censé survenir au préalable à l'endroit où il se trouve à quel endroit précis du site SNPE se trouvait-il donc pour avoir eu le droit de fumer une cigarette dans une usine d’explosifs ?. Est-il sérieusement raisonnable comme le fait la défense d'exiger des experts judiciaires qu'ils expliquent deux descriptions incompatibles l'une avec l'autre ? Bien sur que oui ! C’est l’ABC du métier et, si les experts ne le font pas, le juge d’instruction a le devoir d’organiser une confrontation entre témoins qui se contredisent. Que des phénomènes lumineux soient vus de différentes manières à des endroits différents n’a rien d’extraordinaire… à ce rythme de raisonnement, M. Le Monnyer peut affirmer que tous les témoins qui ont vu un arc-en-ciel à 200 m de ceux qui ne l’ont pas vu ont tout simplement rêvé et donc que les arcs-en-ciel sont des phénomènes issus de la pure imagination. Il n'est pas plus raisonnable de tenter de distinguer qui des trois personnes se trouvant dans leur bureau de la société GRAVELEAU a donné la véritable perception des événements, ou des quatre salariés de GP dans le laboratoire, etc... La notion d’angle de vue et d’imprécision sur la localisation d’un phénomène à distance par l’œil humain semble échapper au tribunal.
Il ne s'agit pas de conclure qu'il ne faut tirer aucun enseignement des dépositions des témoins mais il ne faut en retenir que les grandes lignes le devoir du tribunal serait ainsi de solliciter le texte des dépositions pour n’en retenir que ce qui convient à la thèse préjugée qu’il soutient dès lors que celles-ci sont pratiquement constantes:
- à distance de l'épicentre je confirme à nouveau que LE MONNYER ne connaît pas le sens des termes techniques dont il se gargarise. Une détonation de surface n’a, par définition, pas d’épicentre, deux manifestations sonores ont été perçues, exceptionnellement trois,
- la première de moindre ampleur que la seconde, mais suffisamment forte pour conduire de nombreux témoins qui firent le lien avec les événements du 11 septembre, (d’où le juge Le Monnyer tire-t-il cette généralité absolument pas fondée ?) à se protéger en se jetant sous des tables ou bureaux, avant que la seconde manifestation sonore associée au passage de l'onde de choc aucun témoin survivant n’a été soumis au passage de l’onde de choc qui, après ralentissement, s’était transformée en onde de pression ne traverse les lieux où ils se trouvaient.
- des vibrations au sol ont été perçues; elles sont en général associées par les témoins à la première manifestation sonore, mais pas systématiquement voilà un nouvel aveu. Les vibrations importantes du sol précèdent donc la détonation finale.
- la puissance de l'onde de choc, il s’agit, en fait, de l’énergie dégagée par la détonation finale
Le juge LE MONNYER finit par reconnaître des constantes que n’ont pas su expliquer clairement les experts… et cela ne l’a cependant pas empêché d’applaudir tous ceux des experts qui ont préféré évacuer l’étude des témoignages… !
II-3-3-3 : la détonation du nitrate d'ammonium :
- II-3-3-3-1 : généralités sur le phénomène explosif :
Pour une plus ample connaissance du phénomène explosif, il convient de se reporter aux présentations claires faites par les experts judiciaires dans leur rapport final toujours la méthode Coué. Le rapport final et le rapport BERGUES qui l’a inspiré sont intensément cafouilleux comme je l’ai souligné ci-avant. LE MONNYER le sait parfaitement bien mais veut se persuader du contraire , M. GROLLIER BARON, ancien conseil technique de la défense cité par Mme MAUZAC, partie civile (cote D 2607) ou de M. LEFEBVRE.
Le tribunal estime devoir retenir uniquement qu'une explosion peut se présenter sous différentes formes (pneumatiques, déflagrante, détonnante ??, électrique...) Mais comprend schématiquement deux grands régimes:
- la déflagration qui est caractérisée par une vitesse de propagation initiale subsonique engendrant une onde de pression sonique de l'ordre de ??,
- la détonation qui est caractérisée par une vitesse de propagation initiale supersonique, engendrant une onde de choc beaucoup plus grande, supérieure à 1000 m/s;
- un même composé peut selon sa configuration, les circonstances de conditionnement, développer une déflagration ou une détonation, voire pour certains produits une déflagration qui va transiter sur un (nouvelle découverte stylistique. Il faut dire qui va évoluer vers un) régime détonnant.
L'ensemble des techniciens et experts s'accordent, après avoir pu considérer, tel M. LEFEBVRE, que le NA pouvait connaître ce mode de transition déflagration/détonation, sur le fait que le NA connaît le mode de la combustion (ou décomposition) LE MONNYER continue à se moquer du monde. Le NA est incombustible et aucun de ses divers modes de décomposition ne fait appel à l’oxygène de l’air et le mode de la détonation et qu'il ne peut être soumis au phénomène de la transition déflagration/détonation dans les conditions dans lesquelles il était stocké dans le bâtiment 221 à savoir en l'absence de confinement au sens pyrotechnique du terme. Cette dernière affirmation est hautement fantaisiste et ne repose que sur des élucubrations infondées à la Didier BERGUES. L’analyse objective du comportement de la tour de prilling de NA montre l’enchaînement suivant : Percement par un arc électrique, en haut de la tour, d’une tuyauterie de nitrate fondu, juste en amont d’une rampe de pulvérisation; amorçage d’une décomposition non explosive; déversement dans la tour de nitrate en cours de décomposition, au rythme de la production, pendant environ 8 s; évolution de la décomposition non explosive en déflagration avec décollage concomitant de certains éléments supérieurs de la tour ; une à deux secondes après, dans les tuyauteries et dans le filtre ayant décollé, évolution de la déflagration en détonation avec dislocation et dispersion en vol de ces éléments restés jusque là groupés et émission d’un nuage de vapeurs rousses. Cette détonation aérienne coïncide chronologiquement avec la détonation du stock.
L’arc lumineux vu par les témoins, arc descendant dans le secteur de la tour de prilling, a été vu plutôt 5 sec avant l’explosion que 8 sec qui est le délai absolu entre les deux principaux bruits.
Les caractéristiques de la sensibilité d'un explosif, c'est à dire l'énergie d'amorce nécessaire pour initier l'explosion sont très variables d'un produit à un autre : un très faible frottement pour certaines substances très sensibles, un choc mécanique, une étincelle, une élévation de température, un amorçage par un autre explosif...
Dans l'utilisation des explosifs, on établit une chaîne pyrotechnique en employant une amorce contenant un explosif sensible en très faible quantité pour initier la détonation (inclus dans le détonateur), puis un ou deux explosifs relais (ou booster) entre cette amorce et l'explosif principal.
Le nitrate d'ammonium étant dans la catastrophe de Toulouse, l'explosif principal, reste à déterminer par quel mécanisme cet explosif dit "occasionnel" a pu partir en détonation.
Pour cela il convient de s'intéresser aux questions de sa sensibilité et des modalités de son amorçage.
- II-3-3-3-2 : la sensibilité du nitrate d'ammonium :
Cette question est particulièrement ardue. Le principe est que s'il est pur, le nitrate d'ammonium est considéré par tous les experts comme un produit explosible stable. Il est si stable que beaucoup ne le considèrent pas comme un explosif. De même, le charbon et la farine de blé ne sont pas considérés comme des explosifs, bien que dans certaines conditions tout à fait exceptionnelles ils puissent le devenir, non par décomposition mais par combustion
Il convient de souligner que les spécialistes ont unanimement indiqué que s'agissant du NAI, même si celui-ci est transformé en Anfo, c'est à dire en explosif, par adjonction de carburant, il ne peut (en principe) exploser à l'aide d'un simple détonateur : afin de garantir la stabilité de la détonation, il conviendra de garantir le confinement de la charge et un relai (bâton de dynamite) est toujours employé par les utilisateurs pour mettre en détonation ce mélange. Inepte. C’est du BERGUES ou du Van Schendel. Le NAI est un peu moins stable que le NA mais ne peut, en aucun cas, être amorcé par un détonateur (je crois que là, M. ROLET, le juge LE MONNYER ne dis pas cela… et confirme le contraire). Après imprégnation par un hydrocarbure sur les lieux de son utilisation, son énergie d’activation s’effondre et il peut alors être amorcé directement par un tel détonateur sans utilisation d’un bâton de dynamite servant de relais.
L'étude canadienne menée par l'université de KINGSTON illustre les difficultés pyrotechniques posées par la détonation d'une masse de nitrate agricole : de nombreux échecs liés à la granulométrie, la densité des nitrates à l'insuffisante amorce ou masse de nitrate (cote D 2943).
Selon M. Grollier Baron, c'est la moins sensible des substances explosives (cote D 2607).
L'inspection générale de l'environnement, le souligne dans son rapport, le nitrate d'ammonium présente des risques d'explosion qui sont complexes et qui varie beaucoup selon qu'il est mélangé avec une petite proportion de produit inerte ou au contraire avec des produits combustibles ou catalyseurs influant sur sa décomposition. L’IGE n’a aucune compétence en matière de nitrate et le prouve en affirmant qu’une petite proportion de produit inerte sensibilise le NA. Or personne n’a jamais critiqué le fait qu’AZF ajustait le titre commercial en azote de son NA par adjonction d’un peu de calcaire.
- les différents facteurs influant la sensibilité du NA :
Les caractéristiques du nitrate et notamment sa détonabilité, vont dépendre d'une multitude de facteurs qui rendent l'analyse délicate et la tache ?? des experts et enquêteurs ardue.
En premier lieu, l'aptitude à la détonation n'est pas la même entre le NAA et le NAI : leur densité et leur granulométrie notamment, l'absence de charge inerte placée dans le NAI rendent ce dernier bien plus apte à l'amorce d'une charge explosive. Balivernes et contradictions. Le rôle du petit apport de calcaire dans le NA est ici l’inverse de ce qui vient d’être écrit plus haut. J’ai déjà tout dit sur le NAI comparé au NA
Le tas de nitrate déclassé comprenant à la fois du NAA et du NAI, M. LEFEBVRE, scientifique missionné par la défense, a mené une étude quelle étude ? qu'il a présentée au tribunal afin d'étudier l'influence de la présence simultanée de ces deux nitrates sur la sensibilité de l'ensemble : ses conclusions ont confirmé la déduction faite par M. BERGUES : le technicien de la défense a démontré que le fait de placer dans un tas des NAA et NAI conduisait à une "sensibilisation" accrue du NAA, l'aptitude à la détonation de l'ensemble se rapprochant des valeurs de celle du NAI, confirmant ainsi l'appréciation qu'en avait donné les experts judiciaires. C’est peut-être le cas d’un mélange intime de NA et de NAI pulvérulents. Ce n’est certainement par le cas de couches superposées ou juxtaposées. De toutes façon, cela ne présente pas la moindre importance sur le fonds puisque la stabilité du NAI, bien qu’inférieure à celle du NA, reste très élevée. Aucune quantification précise et déterminante de cette sensibilité/stabilité n’est proposée par les experts et par le juge… les termes relatifs du juge ne sont donc d’aucune valeur appréciable.
Il est regrettable que pour des raisons de sécurité, la société SOFERTI ait inerté l'intégralité des nitrates que la société Grande Paroisse leur avait livrés à la fin du mois d'août 2001, ce qui n'a pas permis d'affiner ces données. Je me demande bien ce qu’auraient fait les experts judiciaires de ces produits s’ils n’avaient pas, comme le dit pittoresquement LE MONNYER, été « inertés »
S'agissant de la sensibilité du NAA et du NAI produits sur l'usine de Toulouse, le tribunal renvoie aux développements ci-avant présentés.
Les travaux menés par Mme KORDEK (cote D 4441) pour le compte de l'INERIS, suite à la catastrophe de Toulouse et à celle de St Romain en Jarrez, précisent les paramètres qui influencent l'aptitude à la détonation d'un engrais simple à base de nitrate d'ammonium Mme KORDEK, dont le niveau de compétence est nul en la matière, récite un catalogue dont elle ne connaît guère le sens :
- la teneur en nitrate d'ammonium,
- la teneur en eau (humidité)
- la teneur en matières combustibles comptées en carbone,
- le Ph d'une solution aqueuse,
- la porosité ouverte et fermée,
- la structure cristalline du terrain et son état de surface,
- la granulométrie,
- la densité apparente du produit,
- la dégradation liée au passage du point de transition cristalline à 32° centigrades. 32°Celsius. La graduation Celsius est certes centigrade mais il y a d’autres graduations centigrades qui ne sont pas Celsius. Le franchissement alternatif de ce point de transformation allotropique (changement de forme cristalline ou moléculaire) entre les températures ambiantes habituelles et les pointes de températures estivales n’a pas d’autres inconvénients que d’engendrer une soudure des grains de nitrate pur adjacents à leurs points de contact. C’est l’une des raisons pour lesquelles on pratique, depuis très longtemps, l’enrobage du NA. C’est également pourquoi l’on pratique plus récemment la concentration finale à 99,8% en haut de la tour, car le prilling d’un tel produit induit une vitrification superficielle des granules et les désensibilise aux effets d’une transition cristalline.
Selon Mme KORDEK, les propriétés qui semblent être les paramètres les plus importants sont les trois derniers points ci-dessus mentionnés.
Sans même évoquer la question de pollution ponctuelle du nitrate stocké dans le bâtiment 221, nous devons relever que l'un des motifs majeurs au déclassement des nitrates produits par l'usine reposant sur la notion de granulométrie, et le déclassement des "fines" qui portent bien leur nom effectivement, on ne voit pas pourquoi on appellerait autrement un produit fin, qu’il s’agisse de NA ou d’autre chose, outre la présence importante de NAI : les experts s'accordent à considérer que les caractéristiques des entrées matières au 221 rendaient ce stock plus apte à la détonation qu'un simple tas de NAA. C’est toujours le même Leitmotiv ! Personne ne le conteste, mais Mme KORDEK se garde bien de préciser que ce mélange reste extrêmement difficile à amorcer.
Il convient de conserver ce point à l'esprit dans la perspective de l'appréciation des avis scientifiques sur la question de l'énergie nécessaire de la charge dite "donneuse" (tas dans le box) à la charge "receveuse" (le tas principal) ; autrement dit, si l'on retient les travaux, unanimement salués, menés par les scientifiques de l'université de KINGSTON (Canada) dans les années 80, il convient sans nul doute de considérer que la puissance du relais renforçateur pour entraîner la détonation d'un tas de NA déclassé dont l'essentiel est non conforme à la granulométrie, facteur fondamental pour participer de la détonabilité du NAA et comprenant une bonne part de NAI, présentant un fort effet de masse (plus de 10 tonnes de nitrate dans le box, plus de 300 tonnes dans le bâtiment principal) doit sans aucun doute être ramenée des 24 kgs à une quantité moindre, surtout si l'hypothétique terroriste cible le lieu de dépôt au niveau d'un amas de NAI. Ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement ! Je doute que LE MONNYER comprenne réellement ce qu’il tente d’énoncer dans le charabia dont il ne peut se départir chaque fois qu’il profère un énormité. « La puissance du relais renforçateur… doit sans aucun doute être ramenée des 24 kgs à une quantité moindre… » incompréhensible effectivement !
Compte tenu du nombre de facteurs entrant en ligne de compte dans la détermination de l'aptitude à la détonation des nitrates, des possibilités d'influences croisées, de la très grande variabilité des résultats obtenus ne seraient ce que pour les nitrates produits par l'usine de Toulouse, le fait que les experts n'aient pu disposer, hormis des croûtes, ni d'échantillon du nitrate présent dans le bâtiment 221 (lequel avait soit participé à la détonation soit été soufflé) ni analyser utilement les derniers nitrates déclassés sortis du bâtiment 221 lesquels avaient été transférés à l'usine SOFERTI de Fenouillet à la fin du mois d'août, ceux-ci ayant été inertés dès le samedi 22 septembre sur instructions de la préfecture, ni même connaître précisément la part de NAA et de NAI et leur disposition spatiale dans le tas allaient placer d'emblée les experts devant une part d'incertitude non négligeable. La triste vérité est que ni la police ni les experts judiciaires ne se sont intéressés au tapis de nitrate environnant le cratère jusqu’à une distance importante. Il leur était loisible de prélever immédiatement des dizaines d’échantillons révélateurs mais ils ne l’ont pas fait. Faire croire à une telle difficulté infondée pour excuser le travail très approximatif des experts est d’une étrange partialité de la part d’un juge qui se doit d’obtenir le maximum de ces experts judiciaires… Le Monnyer se rend complice actif de l’incompétence et de la mauvaise foi de ces experts !
- l'influence de la pollution du NA :
MM. QUINCHON et GROLLIER BARON, éminents ingénieurs des poudres et explosifs, sont venus à l'audience confirmé ?? l'impérieuse nécessité de garantir l'absence de la moindre contamination du nitrate, des pollutions même minimes de ce produit le sensibilisant considérablement à la détonation;
Néanmoins, il convient d'insister, selon l'avis unanime des experts, sur le fait que - même pollué par des hydrocarbures, des métaux finement divisés, ou autres … - le NA ne pourra participer à une détonation sans un détonateur et un relais explosif : l'accroissement de son aptitude à la détonation permettra de faciliter les critères faciliter des critères est une nouvelle innovation stylistique ! nécessaires au développement de l'explosion (diminution du diamètre critique, minoration du relais explosif). Une amorce contient une petite dose d’explosif brisant, qui fournit son énergie d’activation à un explosif principal. L’explosion de l’amorce peut être provoquée de plusieurs façons différentes, par exemple par une simple percussion mécanique, pour les amorces intégrées aux douilles des balles et des obus, ou par le passage d’un courant issu d’un exploseur, pour les amorces électriques. Il n’y a pas de relais explosif distinct de l’amorce.
Tous les experts judiciaires ou de la défense s'accordent à considérer que même "sensibilisé" par une pollution par exemple d'hydrocarbure, le NA ne pourra partir en détonation sans un relais explosif : le seul emploi d'un détonateur ne suffira pas à provoquer la détonation du nitrate (cf les travaux non contestés sur ce point de M. THIBAUT requis par le juge d'instruction). De même, il est souligné par les experts que l'anfo, explosif civil constitué de NAI, est systématiquement mis en œuvre par ses utilisateurs avec un booster et ce afin de garantir la stabilité de l'explosion et de sa propagation. Ces experts sont incompétents. Il suffit de regarder la préparation d’un tir d’abattage, dans une carrière, pour constater que le NAI est imprégné sur place d’hydrocarbure, qu’il sert à remplir des tubes en carton que l’on munit d’une amorce électrique, tubes que l’on enfonce ensuite au fond de trous préalablement forés grâce à des perforatrices roto-percutantes. Il n’y a pas de boosters indépendants de l’amorce elle-même.
En conséquence, le tribunal considère au vu des avis unanimes des experts que :
- d'une part, la mise en détonation du nitrate d'ammonium, de surcroît s'il est non pollué comme le prétend la défense, est un exercice difficile qui nécessite des connaissances pyrotechniques certaines ainsi que le soulignent les experts judiciaires dans leur rapport final.
- d'autre part, qu'en aucun cas l'hypothétique pollution de ce nitrate pouvait en quoi que ce soit expliquer à elle seule la catastrophe : à supposer établie, cette pollution ne pouvait que faciliter la mise en détonation mais non la produire.
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