AVANTAGES DE L'ÉTAT RELIGIEUX
I. — L'ÉTAT RELIGIEUX EST LE PARTI LE PLUS SUR.
Pour répondre à ce triple et magnifique appel à la sainteté, qui nous est fait du ciel, du purgatoire et de l'enfer, rien de mieux que d'embrasser le parti le plus sûr ; non pas le parti qui flatte, qui plaît, qui accommode, mais celui-là seul qui mène au ciel plus sarment, plus promptement, plus parfaitement. On ne peut se contenter du moins quand on peut avoir le plus. Or, ce parti le plus sûr nous est donné par saint Bernard et nous est expliqué, après lui, par saint Liguori qui le cite et le développe très heureusement.
« C'est là (dans l'Etat religieux), disent les deux saints Docteurs, que l'homme vit plus purement, qu'il tombe plus rarement, qu'il se relève plus promptement, qu'il marche plus sûrement, qu'il est arrosé plus fréquemment, qu'il se repose avec plus de sécurité, qu'il meurt avec plus de confiance, qu'il est purifié plus prompte et qu'il est récompensé plus abondamment. »
Neuf grands avantages de l'état religieux, qui, évidemment, en fon t l'état le plus sûr, le plus saint, le plus parfait et le plus heureux. (Ici, le B. F. Louis-Marie résume les paroles de saint Bernard et le commentaire qu'en donne saint Liguori.)
— AUTRES MARQUES DE SALUT ET DE PRÉDESTINATION
QUE DONNE LA VIE RELIGIEUSE
Il y en a de générales, qui répondent aux conditions ordinaires du salut ; et il n'y en a de particulières, qui répondent aux conditions de salut exclusivement assurées à la vie religieuse.
1° Conditions ordinaires de salut.
C'est de l'Evangile même et des Epitres de saint Paul que nous tirons ces marques de salut ; et c'est de l'étude même de nos Règles et de nos pratiques journalières que nous apprenons l'heureuse application qui nous en est faite dans notre saint état.
1° marque. — Le royaume du ciel se prend par force, et ceux qui emploient la force le ravissent. (Math., XI, 12.)
Cette sainte violence chrétienne est le caractère propre de la vie religieuse ; elle commence dès le noviciat et elle se continue toute la vie. Violence dès le lever du matin, invariablement fixé d la même heure. Même violence pour tous les exercices de la journée, qui doivent se faire dans les conditions de temps, de lieu et autres, déterminées par la Règle.
2e marque. — Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé. (Math., x, 22.)
C'est le propre de la vie religieuse d'imprimer, par les vœux et la Règle, la constance et la persévérance dans tous les actes de la vie.
3e marque. — Ceux qui me disent Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous dans le royaume du ciel ; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans le ciel, c'est celui-là qui entrera dans le royaume du ciel. (Math., VII, 21.)
Telle est encore la vie entière du religieux, soit qu'il observe sa Règle, qui est l'expression de la volonté de Dieu, soit qu'il obéisse ses supérieurs, qui sont les représentants de Dieu.
4° marque. — Je vous le dis, en vérité, si vous ne changez et si vous ne devenez comme des enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume du ciel. (Math., XVIII, 3.)
Le religieux est dans l'heureuse nécessité de pratiquer cette sainte enfance chrétienne que Notre-Seigneur demande comme la condition du salut.
5e marque. — J'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire, etc. ... (Math., XXV, 35, 36.)
C'est exactement ce que fait le bon religieux et au temporel et au spirituel. Temporellement, il se dépouille de tout, renonçant pour lui-même à tout usage des biens qu'il laisse dans le monde, et donnant à Dieu, dans l'avenir, tout le fruit de son travail. Mais c'est surtout par les œuvres spirituelles de zèle et de charité qu'il accomplit, chaque jour et toute sa vie, en faveur des enfants, qu'il méritera d'entendre, devant tout l'univers, les éloges du Souverain Juge et de recevoir le prix éternel de tous ses travaux.
6e marque. — Si vous voulez parvenir à la vie, gardez les commandements... Si vous voulez être parfait, allez, vendez ce que vous avez, et donnez-le aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le ciel ; après cela, venez et suivez-moi. (Math., xix, 17, 21.)
Double promesse, donnée et assurée au bon religieux qui, non seulement garde avec fidélité les commandements de Dieu et mérite ainsi d'entrer dans la vie, mais encore fait profession de suivre les Conseils évangéliques et s'assure par là même un trésor dans le ciel.
7e, 8e..., 15e marque. — Ce sont les huit béatitudes énumérées au chapitre v de saint Mathieu. Elles sont rapportées dans la Circulaire du 16 juillet 1862.
16e marque. — Ceux que Dieu a connus dans sa prescience, il les a prédestinés pour être conformes à l'image de son Fils, afin qu'il soit lui-même le premier né entre plusieurs frères. (Rom., VIII, 29.)
L'imitation de Jésus-Christ, voilà le grand moyen et la grande marque de prédestination. Or, c'est là précisément la fin principale de la vie religieuse. Non seulement le religieux imite Notre- Seigneur comme les simples chrétiens, en gardant les commandements, mais il l'imite et le reproduit dans sa vie parfaite, en observant les conseils. n l'imite comme vierge en lui consacrant, pour toujours son corps et tous ses sens ; il l'imite comme martyr, en pratiquant toute sa vie la Règle de son Institut, et en sacrifiant tous ses goûts pour se plier à la volonté du Supérieur ; il l'imite surtout comme apôtre en se dévouant toute sa vie à l'instruction chrétienne des enfants.
17e marque. — Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour. (Jean, VI, 55.) Ces promesses et ces assurances sont données à tous les chrétiens dans le monde ; mais elles se réalisent bien plus sûrement pour le religieux, pour qui la communion fréquente est un point de règle et une pratique qui ne s'oublie jamais et qui revient plusieurs fois chaque semaine.
2° Conditions spéciales de salut assurées aux Religieux.
Première marque spéciale. — Quiconque, dit Jésus-Christ lui-même, aura quitté pour l'amour de moi sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou sort père, ou sa mère, ou sa femme et ses enfants, ou ses terres, en recevra le centuple et possédera la vie éternelle. (Math., XIX, 29.)
A des promesses si claires, si détaillées, si positives, que peut- on ajouter? Il n'y a qu'à y croire fermement et persévérer dans la voie du renoncement.
Deuxième marque spéciale. — Elle se trouve dans la réponse de Notre-Seigneur à saint Pierre. « Pour nous, vous voyez que nous avons tout quitté et que nous vous avons suivi : quelle sera notre récompense? — En vérité, lui répond Jésus-Christ, au temps de la résurrection, lorsque le Fils de l'homme sera assis sur le trône de sa majesté, vous qui m'avez suivi, vous serez assis avec moi sur douze trônes où vous jugerez les douze tribus d'Israël. (Math., XIX, 27, 28.)
Troisième marque spéciale. — L'Esprit-Saint, dans l'Ecclésiastique, déclare simplement que ceux qui me font connaître (la Sagesse éternelle) auront la vie éternelle (Eccl., XXIV, al); mais, dans le prophète Daniel, développant la même pensée, il ajoute Ceux qui auront enseigné à plusieurs la voie de la justice, brilleront comme des étoiles dans de perpétuelles éternités. (Daniel, XII, 3-) Et Notre-Seigneur lui-même, complétant ces magnifiques promesses, ajoute : Celui qui fera et enseignera, celui-là sera estimé grand dans le royaume du ciel. (Math., V, 19.)
Quatrième marque spéciale. — Les vierges suivent l'Agneau partout où il va : ils ont été rachetés d'entre les hommes pour être les prémices offertes à Dieu et à l'Agneau, et leur bouche n'a point proféré le mensonge, parce qu'ils sont purs et irrépréhensibles devant le trône de Dieu (Apo., XIV, 4, 5) ; et plus haut, saint Jean avait dit : Ils chantaient comme un cantique nouveau devant le trône, et personne ne pouvait chanter ce cantique que ces bienheureux, parce qu'ils sont vierges. (Ibid., 3, 4.) Privilèges admirables assurés encore à tous nos religieux qui ont voué à Dieu une virginité perpétuelle.
C'est ainsi que l'Esprit-Saint assure le salut et une gloire exceptionnelle à ceux qui s'attachent à Dieu par les vœux et par l'exercice du zèle.
Que de motifs donc, aussi nombreux que puissants, pour nous attacher à notre saint état, pour le préférer à tout .autre et pour y persévérer résolument jusqu'à la fin !
Ici, le R. F. Louis-Marie déclare qu'à toutes ces pensées et considérations, il aura à en ajouter beaucoup d'autres non moins sûres et non moins fortes, et qu'il le fera dans une autre circulaire. Mais quelques jours plus tard, le 9 décembre, la mort venait briser cette plume aussi savante que pieuse, et Dieu rappelait à lui cette belle et vaste intelligence qui avait conçu tant de riches et saintes pensées.
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