CHAPITRE SEPTIÈME
Ce chapitre traite de la prière ardente et persévérante, motivée sur la grandeur et l'importance des grâces et des biens que nous sollicitons, et sur la rigueur épouvantable des châtiments dont nous demandons la délivrance.
Demander à Dieu son paradis, sa gloire, ses richesses, ses plaisirs, la possession éternelle de lui-même, c'est lui demander des biens auprès desquels tous les royaumes et tous les empires ne sont qu'un grain de poussière.
Demander l'humilité, la patience, la charité, l'obéissance, les grâces et les dons du Saint-Esprit, la persévérance finale, c'est de- mander des choses si grandes que rien sur la terre rie l'en' est comparable.
IV Circulaire sur la Simplicité.
Nous donnons ici un court résumé de la Circulaire du 17 janvier 1878 sur la simplicité:
On appelle simple, dit saint Clément d'Alexandrie, celui qui agit sans ruse et sans fraude ; qui est éloigné de toute dissimulation et dont l'esprit est juste et droit. La simplicité n'admet pas de détour dans les pensées, ni de perversité dans les affections. Toujours animée de bonnes intentions, elle est constante et uniforme dans sa conduite, et, dit saint Thomas d'Aquin, telle est elle est au dedans, telle elle se montre au dehors. C'est, à. l'intérieur un esprit qui ne voit que Dieu, un cœur, une volonté qui ne veut que Dieu ; et c'est, à l'extérieur, un langage et une conduite toujours conformes à ces dispositions.
La simplicité repose sur l'humilité, c'est-à-dire : 1° sur la connaissance de soi-même, qui fait qu'on se méprise et qu'on se hait. 2° sur la connaissance de Dieu, qui fait que, n'aimant, ne désirant que Dieu, on ramène toutes choses à l'unité.
Les plus beaux exemples de simplicité nous sont donnés à Bethléem, par Jésus enfant, Marie, Joseph, les premiers adorateurs de Jésus, les bergers, les Mages.
Pour comprendre l'excellence de la simplicité chrétienne, il faut la considérer en Dieu, infiniment parfait en tous genres de perfections, infiniment simple dans sa nature et dans son essence, quoique subsistant en trois personnes.
Tout ce que Dieu opère dans une âme pour la rendre sainte, se réduit à la simplifier. Il la simplifie dans son fonds, en y mettant un principe d'amour surnaturel qui la fait agir pour Dieu seul. Hl la simplifie dans son intelligence, dans sa volonté, dans toute sa conduite extérieure, en la portant à diriger vers lui toutes ses paroles et toutes ses actions. .
Des fruits et des avantages meilleurs accompagnent la simplicité chrétienne. Dieu lui-même, nous dit l'Esprit-Saint dans le livre de la Sagesse, se laisse trouver à ceux qui le cherchent avec un cœur simple et droit et qui ne le tentent point ; il se fait connaître à tous ceux qui ont en lui une confiance filiale, qui n'ont point un cœur double et corrompu. C'est des âmes simples que Jésus-Christ a dit :
Je vous bénis, mon Pire, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux savants, et de ce que cous les avez révélées aux petits.
La simplicité est une source de force et de courage. Ce qui a fait la force des Apôtres, c'est qu'ils se faisaient gloire de ne connaître que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié, de ne prêcher que Jésus-Christ, de n'agir qu'en son nom, de n'avoir d'autre but que de le glorifier et d'établir son règne divin dans les âmes.
Comme le petit enfant qui, à peine né, cherche sa mère, l'appelle par ses cris et par ses larmes, se colle à ses lèvres et à son cœur et trouve en elle sa force et sa sûreté, de même l'âme humble et simple qui cherche Dieu, trouve en lui une force qui la fait triompher de tous les obstacles, qui l'élève au-dessus de toutes les faiblesses, qui la rend victorieuse de tous les assauts de l'enfer, supérieure à toutes les illusions du monde, invincible à tous les attraits des passions.
La simplicité est une source abondante de paix et de joie spirituelle; car elle est toujours accompagnée de l'espérance chrétienne et de l'innocence, de la douceur et de la docilité, trois caractères auxquels Jésus-Christ reconnaît ses brebis, ses élus.
La simplicité, l'humilité, la foi et la confiance obtiennent tout de Dieu. Rien ne résistait à la simplicité de la foi de l'humble saint Joseph de Cupertin. Les maladies et la santé, les animaux et les plantes, tous les éléments étaient comme à sa disposition. Un jour qu'il s'était rendu à une chapelle pour y chanter les litanies de la sainte Vierge, n'y trouvant personne pour répondre et voyant des moutons dans la plaine voisine, il se mit à crier : « Brebis de Dieu, venez ici, venez honorer la Mère de mon Dieu qui est aussi la vôtre. » A l'instant, tous ces animaux se précipitent vers le sanctuaire, malgré les efforts des bergers, et répondent à leur manière aux litanies chantées par le saint.
D'un signe de croix, saint François de Paule fait revivre un poisson qu'on avait déjà mis en morceaux. On voit encore, suspendue en l'air, près de Paola, une roche énorme qu'il arrêta dans sa chute par cette simple parole : « Par pitié, ma sœur, arrêtez-vous. » On reste stupéfait en voyant ce rocher toujours près de tomber et qui, depuis bientôt quatre siècles, n'a point changé de place.
La simplicité s'allie très bien avec le mérite et le talent ; elle en est même le plus bel apanage, si bien qu'il n'y a pas de vraie grandeur où il y a suffisance et arrogance. Mais l'apparence de la simplicité ne suffit pas ; il faut que la simplicité soit réelle et franche.
Pour conclusion, la Circulaire renferme les lignes suivantes :
« Entre toutes les vertus, choisissez et aimez de préférence la simplicité des enfants, à laquelle est promis le royaume des cieux- Elle sera pour vous l'abrégé de la perfection et la science du salut. Appliquez-vous à être simples en tout et de toute manière.
I. « Simples d'esprit, comme de petits enfants, sans vous prévaloir d'aucun avantage, sans autre usage de cette faculté naturelle, l'esprit, que de montrer une raison plus sage et plus modeste.
II. « Simples de cœur :
« 1° Envers Dieu : crainte filiale, sans trouble ni inquiétude ; confiance amoureuse, sans présomption ; fidélité exacte, sans raffinement ni subtilité ; désir de lui plaire et de faire en tout sa sainte volonté, comme fait un enfant avec sa mère qu'il aime tendrement et dont il se sent aimé.
« 2° Envers le prochain : affection sincère et cordiale, toujours selon Dieu ; ouverture et franchise, sans indiscrétion ; jugement droit, unissant la simplicité de la colombe à la prudence du serpent ; charité douce, patiente, prévenante, compatissante, vous oubliant vous-mêmes pour être tout aux autres ; ne faire avec tous qu'un cœur et qu'une âme dans la paix et l'union.
« 3° Envers soi-même : esprit d'ordre et de paix ; patience avec soi comme avec les autres ; supporter ses misères et ses propres défauts, comme ceux d'autrui, sans s'abattre et sans se flatter ; ne se faire ni pire ni meilleur qu'on n'est ; ne se laisser dominer ni par le travail et les écarts de l'imagination, ni par les illusions de l'amour-propre.
III. « Simples de caractère : évitant également et l'humeur et le caprice, et l'empressement et l'indifférence ; céder facilement sans laisser voir que l'on cède ; sacrifier son sentiment et sa volonté, sans qu'il y paraisse ni effort ni contrainte ; s'accommoder de tout sans s'en faire un mérite. •
IV. « Simples en tout : dans l'habillement, qui doit titre convenable, sans être recherché ni négligé ; dans les manières, qui doivent être naturelles et honnêtes ; dans le marcher, sans autre prétention que d'aller à son but; dans le manger, qui doit être réglé par le besoin et la raison, modéré et sanctifié par la religion ; dans le maintien, composé sans art; dans le parler, n'y apportant ni malice ni finesse ; enfin, dans toute la conduite extérieure, fuyant l'affectation jusque dans la simplicité même; sans recherche de soi, sans retour d'amour-propre, sans songer à être remarqué, comme un petit enfant qui ne pensé nullement au jugement et à l'estime des hommes.
V. « Simples surtout dans la piété, évitant également et la singularité qui la déshonore, et les petitesses serviles du scrupule, et les illusions de la routine ; fuyant le découragement de la pusillanimité et les élans de la présomption, qui font également injure à l'esprit de grâce et à la bonté de Dieu ; se défiant de l'ardeur d'un zèle impétueux, qui aspire d'abord à ce qu'il y a de plus élevé, qui prend l'enthousiasme de l'imagination pour inspiration, et qui ruine l'édifice par les fondements, en mettant la nature et l'amour- propre à la place de la grâce et de l'humilité. »
Dostları ilə paylaş: |