23. Le numéro de Mai de Journal of Insect Physiology est consacré aux polydnavirus à leur comportement et leur évolution.
Les polydnavirus sont des virus "symbiotiques", associés obligatoires de centaines d'espèces de guêpes parasitoïdes braconides, et qui sont transmis sous la forme de provirus de génération en génération. Ces virus protègeraient les embryons de la guêpe des défenses immunitaires de la chenille parasitée et tout particulièrement de l'encapsulation par les hémocytes dans des kystes mélanisés. Leur génome est curieux, avec une segmentation en de très nombreux cercles ADN doubles-brins. Ce génome serait intégré à celui de la guêpe sous la forme d'une séquence linéaire continue. Les multiples ADNs circulaires sont excisés du génome des seules femelles, alors qu'ils sont présents dans les deux sexes.
Un article décrit deux phylogénies possibles à partir, soit des ascovirus, soit des ichnovirus. JB Whitfield et al.; Journal of Insect Physiology 49 (MAY03) 397-405. Le séquençage de plusieurs d'entre eux devrait permettre d'y voir plus clair.
Durant l'oviposition, beaucoup de guêpes parasitoïdes injectent des virus qui les aident à éviter des réactions immunitaires et notamment l'encapsulation dans des kystes mélanisés par les hémocytes. Les guêpes Braconides transmettent des Bracovirus, et les Ichneumonidés des Ichnovirus.
BA Federici et Y Bigot; p.419-432, publient des réflexions intéressantes sur l'origine des Ichnovirus. Les virions des Bracovirus ressemblent aux Baculovirus, tandis que ceux des Ichnovirus ressemblent aux Ascovirus (auxquels le groupe de Bigot à Tours a consacré beaucoup de recherches).Nudivirus, Baculovirus et Ascovirus se répliquent librement et donnent des virions, tandis que les Polydnavirus sont intégrés dans le génome et se réplique à partir du génome de la guêpe. Tous ces virus présentent des protéines similaires entre ascovirus et l'ichnovirus de Campoletis sonorensis. Mais il semble bien que les polydnavirus ont évolué à partir de virus, mais n'en sont plus. Leurs virions ne font plus la différence entre ADN de la guêpe et celui du polydnavirus et emballent le tout indifféremment. Ce sont, par contre, des vecteurs potentiels d'ADN de guêpe, dont des gènes facilitant l'invasion des chenilles.
24. Les polydnavirus sont insérés dans les génomes des guêpes parasitoïdes depuis 70 millions d'années. En l'absence de transfert horizontal, la perpétuation de ce montage génétique est sélectionnée par l'avantage conféré à la guêpe dans sa reproduction. Les conséquences de cette sélection se retrouvent dans les gènes de ces virus. JM Drezen et al.; Journal of Insect Physiology 49 (MAY03) 407-417.
25. Au moins aussi intéressant est le fait que les polydnavirus peuvent s'insérer chez les chenilles hôtes de ces guêpes. Deux lignées cellulaires de Lymantria dispar issues de chenilles infectées par le polydnavirus de Glyptapanteles indiensis sont restées infectées pendant plus de cinq ans. Les sites d'intégration dans le génome de ces cellules ont été caractérisés. Les insertions sont aléatoires, mais les bordures sont identiques. De plus, ce sont des mécanismes cellulaires qui assurent l'intégration dans les lignées cellulaires de chenilles, probablement liés à des transposons fonctionnels. DE Gundersen-Rindal et al.; Journal of Insect Physiology 49 (MAY03) 453-462. Il reste à prouver que ces mécanismes fonctionnent également dans l'insecte.
26. Deux nouveaux gènes de l'ichnovirus d'Hyposoter didymator qui sont exprimés dans des chenilles de Spodoptera. Ces deux gènes ne sont pas apparentés et sont portés par des segments ADN différents. Le premier d'entre eux code une protéine transmembranaire probablement glycosylée. Les transcrits sont abondants dans les hémocytes des chenilles. Le second est également exprimé dans les hémocytes, mais aussi ailleurs. Il est particulier car il possède 17 répétitions identiques en tandem. Cette protéine probablement constituant de la mucine est probablement responsable de la suppression de l'immunité chez l'hôte. L Galibert et al.; Journal of Insect Physiology 49 (MAY03) 441-451.
28. Cotesia congregata est une guêpe braconide, parasitoïde grégaire, envahissant les chenilles de Manduca sexta. La phase initiale de l'invasion est marquée par une élimination par apoptose d'un grand nombre de cellules de l'hémolymphe de la chenille.
Le polydnavirus persiste durant toute la vie des larves de la guêpe dans sa chenille, et pourrait même être intégré dans l'ADN de la chenille.
Chez les chenilles de Pieris rapae, l'effet n'est que transitoire. NT Le et al.; Journal of Insect Physiology 49 (MAY03) 533-543.
29. On a toujours pensé que les guêpes parasitoïdes parasitant le même hôte doivent utiliser des polydnavirus apparentés, car elles doivent neutraliser les mêmes mécanismes. On vient de prouver que c'est bien le cas pour deux guêpes, Cotesia kariyai et Cotesia ruficrus, s'attaquent à Pseudaletia separata. T Teramato et al.; Journal of Insect Physiology 49 (MAY03) 463-471.
30. Etudiant le développement de trois guêpes braconides, Microplitis demolitor, M.croceipes et M.mediator chez deux de leurs hôtes, Pseudoplusia includens et Heliothis virescens, K Kadash et al.; Journal of Insect Physiology 49 (MAY03) 473-482, montrent que les Bracovirus respectifs MdBV (M.demolitor BracoVirus), McBV et MmBV diffèrent le développement P.includens et H.virescens, la pupaison de P.includens mais pas d'H.virescens. MdBV et McBV infectent de façon persistante les h"mocytes des deux hôtes, alors que MmBV ne le fait que chez P.includens. MdBV empêche l'adhésion de la plupart des plasmocytes, McBV et MmBV sont nettement moins efficaces de ce point de vue. Des essais de facilitation croisée des infections, indiquent une protection croisée contre l'encapsulation par les hémocytes, mais ne permettent pas un développement complet.
31. L'ichneumonide Hyposoter exiguae induit, chez les chenilles de Trichoplusia ni, des maladies virales ouvertes, qui ne sont pas observées chez des chenilles non parasitées. D Stolz et al.; Journal of Insect Physiology 49 (MAY03) 483-489, ont caractérisé deux de ces maladies. Ce sont une granulose virale du corps gras et une infection virale intestinale liée à deux virus. Le polydnavirus d'Hyposoter exiguae permet certainement l'abaissement des défenses immunitaires de la chenille et le déclenchement de maladies normalement jugulées.
32. Le complexe Anopheles gambiae au Mali comprend A.arabiensis et les formes chromosomiques Mopti, Savanna et Bamako d'A.gambiae sensu stricto. On avait des indications d'un isolement reproductif complet entre ces formes. L'analyse moléculaire des génomes indique qu'il existe deux formes : Mopti et Savanne/Bamako, sans aucune différence entre Savanne et Bamako. Des chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine ont analysé les populations de la région de Bamako et de Sikasso et la fréquence d'un gène de résistance aux pyrèthroïdes (l'allèle kdr). Ils ont constaté que la résistance est strictement limitée à la population Savanne et absente de tous les autres. Il existe donc bien une barrière entre Savanne et Bamako. Présent déjà en 1987, il s'est, depuis répandu dans la population Savanne.