60.### La surface des feuilles est un milieu particulièrement aride pour la microflore, car elle est carencée surtout en carbone, mais également en azote. Des chercheurs de l'Alabama utilisent des adjuvants pour stimuler l'effet antibactérien de Pseudomonas syringa. Ils montrent que la pulvérisation de salicylate (utilisé ici comme substrat carboné) et de sulfate d'ammonium améliore l'efficacité du Pseudomonas en favorisant l'extension de ses populations qui est un facteur décisif dans l'efficacité de beaucoup de biopesticides. P Ji et al.; Applied & Environmental Microbiology 69 (FEB03) 1290-1294.
61. Des chercheurs de Riverside ont monté une nouvelle souche de Bacillus thuringiensis subsp. israelensis qui exprime simultanémentCyt1A de B.thuringiensis israelensis et Cry11B de B.thuringiensisjegathesanassociées à la toxine binaire (Bin) de B. sphaericus. Cette dernière comporte un domaine de fixation (BinA) et un domaine toxique (BinB). Cry11B a été récemment caractérisée, et elle est plus toxique que Cry11A.
L'efficacité a été améliorée en utilisant le promoteur de cyt1A pour commander cry11B. HW Park et al.; Applied & Environmental Microbiology 69 (FEB03) 1331-1334.
62. On a utilisé efficacement, et en plusieurs occasions, la stérilité mâle pour lutter contre des insectes, mais la technique de stérilisation est une mutagenèse qui rend les insectes stériles peu compétitifs.
Des chercheurs de Bayreuth décrivent un système de létalité embryonnaire conditionnelle pouvant être utilisé dans une production de mâles stériles. Leur technique consiste à surexprimer un gène pro-apoptotique commandé par un transactivateur sensible à la tétracycline.
Le système a été essayé chez Drosophila melanogaster. C Horn et al.; Nature Biotechnology 21 (JAN03) 64-70.
Les Productions animales
La transformation des cellules animales
64.### Le muscle est une cible attractive pour la transformation du fait de son accessibilité. Les vecteurs AAV (Adeno-Associated Virus) permettent ce ciblage. AAV1 et AAV6 sont beaucoup plus efficaces, de ce point de vue, que l'AAV2 couramment utilisé. AAV1 est un virus de primates, mais pas de l'homme, tandis qu'AAV6 est un recombinant entre AAV1 et AAV2, mais son origine est inconnue. Tous les éléments régulateurs sont communs, de sorte que la spécificité de cible, réside le plus vraisemblablement dans la protéine de capside. Une étude systématique de la protéine mineure (VP1) a donc été entreprise. Le remplacement des acides aminés 350 à 430 de la VP1 d'AAV2 par ceux d'AAV1 donne un vecteur ayant les mêmes cibles qu'AAV1. B Hauck et al.; Journal of Virology 77,n°4 (FEB03) 2768-2774
65.### Les adénovirus ont une spécificité très large de cibles. Les vecteurs adénoviraux se fixent par la fibre insérée dans les pentons (sommets de l'icosaèdre capsidal) sur le récepteur CAR (Coxsackievirus and Adenovirus Receptor) de la cellule cible. Il faut donc limiter ce spectre pour ne transformer que les types cellulaires souhaités et , en particulier, limiter la transformation majoritaire du foie lors d'une injection intra-veineuse du vecteur. Des chercheurs japonais ont utilisé le fait que l'adénovirus sérotype 40 (Ad40) possède deux types de fibres somitales, une courte qui ne reconnaît aucun des récepteurs, et une longue qui les reconnaît. Ils ont créé des mutants d'Ad5 avec des fibres chimères d'Ad40. L'adjonction d'un motif à 7 lysines à l'extrémité C-terminale de la fibre courte permet d'améliorer l'infectivité du vecteur en assurant la reconnaissance des récepteurs héparanes à la surface de la cellule. T Nakamura et al.; Journal of Virology 77,n°4 (FEB03) 2512-2521.
67. Des chercheurs de München et Köln, ainsi de la firme Cardion AG, ont modifié le ciblage de vecteurs adénoviraux, en incorporant dans la fibre capsidale un domaine synthétique de 33 acides aminés liant les immunoglobulinesG (IgG) dérivant de la protéine A staphylococcale. Cela permet de cibler le vecteur vers le muscle. Ch.Volpers et al.; Journal of Virology 77,n°3 (FEB03) 2093-2104.
L'expression des gènes
68.### Le récepteur nucléaire des androgènes est un régulateur de transcription qui régule de nombreux mécanismes cellulaires. On vient de montrer qu'il doit être associé au co-répresseur nucléaire SMRT (Silencing Mediator for Retinoid and Thyroid hormone receptors) pour assurer ses fonctions de répresseur en l'absence du ligand correspondant. La surexpression de SMRTinhibe la transactivation dihydrotestostérone-dépendante par AR et, de plus, supprime l'inhibition d'AR par la flutamide (anti-androgéne). G Liao et al.; Journal of Biological Chemistry 278 (14FEB03) 5052-5061. Pour ceux désirant en savoir plus sur ces interactions, voir MG Rosenfeld et al.; Journal of Biological Chemistry 276 (05OCT01) 36365 36868.
Le développement
70.### L'US Patent n°6 503 698 (07JAN03) octroyé à l'USDA décrit une méthode de cryopréservation des embryonsporcins enveloppé dans leur zone pellucide. Elle repose sur la sédimentation par centrifugation des gouttes lipidiques qui sont éliminées dans la zone pellucide, donc hors de la cellule. Après conservation, on élimine la zone pellucide avec sa charge de lipides.
Les lipides sont, en effet, rendus responsables, après conservation au froid, des échecs de développement.
71.### On sait que la segmentation de l'embryon de poulet en somites est soumise à un phénomène cyclique (horloge de segmentation) observé dans le mésoderme présomitique. Celle-ci est due à une inhibition périodique de Notch par Lunatic Fringe (une glycosyltransférase). JK Dale et al.; Nature 421 (16JAN03) 275-278.
Le gène lunatic fringe (Lfng) permet l'établissement d'une boucle de régulation négative de l'activité de Notch qui, lui, régule l'expression des gènes de l'horloge. La vague de transcriptions de ces gènes balaye une seule fois le somite lors de sa formation, mais on n'est pas certain qu'il y ait un lien causal entre la formation du somite et cette vague.
72.### La migration des cellules primordiales germinales (PGCs) vers les crêtes génitales est manifestement guidée. On a caractérisé chez la drosophile, le poisson zèbre et la souris plusieurs gènes intervenant dans ce guidage et exprimés dans les cellules somatiques environnantes qui émettent des signaux attractifs, répulsifs et de survie. .
Un article de M Doitsidou et al.; Cell 111 (27NOV02) 647-659 et un autre, plus récent, de H Knaut et al.; Nature 421 (16JAN03) 279-282,
montrent que la chimiokine SDF-1 (Stromal Derived Factor) et son récepteurCXCR4guident les PGCs lors de leurs migrations.
Doitsidou et al. ont inactivé, l'un après l'autre, tous les gènes dont on pouvait penser qu'ils pourraient intervenir. H Knaut et al. ont, eux, utilisé un crible portant sur une collection de plusieurs milliers de mutant de poisson zèbre chez qui ils ont suivi les PGCs grâce à leur marqueur vasa. Chacun des groupes a ainsi détecté des mutations cxcr4b (odysseus dans ce cas), dans un des deux gènes codant CXCR4. La mutation n'empêche pas les mouvements des PGCs, mais ceux-ci sont anarchiques.
Une énigme est que les cellules exprimant le récepteur CXCR4 traversent de nombreux tissus où SDF-1 est fortement exprimé et pourtant les ignore. Il y a vraisemblablement une modification post-traductionnelle.
Le rôle de SDF-1 est donc encore à préciser. La distribution de SDF-1 est-elle large, et un gradient est alors un système d'orientation, ou bien est-ce un attractantdirect, piégeant au passage les cellules en migration ? Reste, également, à établir la généralité de cette observation réalisées chez le poisson zèbre modèle. On possède des souris sans SDF-1 ou de son récepteur. Les mutations sont létales.
73. L'épithélium intestinal se renouvelle constamment à partir des cellules souches situées au fond des cryptes. (Voir le Bulletin de Janvier §53). Leur fonctionnement est difficile à étudier, car ces cellules souches sont intimement mêlées avec les cellules immunitaires de Paneth. Des chercheurs ont donc utilisé des souris génétiquement dépourvues de cellules de Paneth. TS Stappenbeck et al.; Proceedings of the National Academy of Sciences USA 100 (04FEB03) 1004-1009.
La Physiologie
74. L'hormone de croissance (GH) est nécessaire à une croissance post-natale normale. Elle agit en induisant l'expression du gène de l'IGF-I (Insulin like Growth Factor 1), surtout dans le foie. Cette induction fait intervenir la cascade JAK2 (Janus Kinase)-STAT5b. Voir HW Davey et al.; Endocrinology 142 (SEP01) 3836-3841, par exemple. GH stimule l'expression d'IGF-I et celle de SOCS-2 (Suppressor Of Cytokine Signaling-2)
Les œstrogènes administrés par voie orale (17-estradiol) freinent les effets de GH. Ceci est dû au fait qu'ils empêchent la phosphorylation de la kinase JAK2 et les STATS (Signal Transducers and Activators of Transcription) correspondants dans les cellules possédant les récepteurs de GH. Le 17-estradiol accroît l'abondance des messagers de SOCS-2 et l'inhibition de la GH par cet œstrogène n'a pas lieu dans des cellules dépourvues du gène codant SOC-2. KC Leung et al.; Proceedings of the National Academy of Sciences USA 100 (04FEB03) 1016-1021.
75. L'activité maltase-glucoamylase (MGA) de la bordure en brosse intestinale joue un rôle dans la digestion finale des amidons linéaires. Une sucrase-isomaltase complète cette action en jouant sur les ramifications 1,6. Les deux enzymes sont très voisines sur le plan évolutif; et leurs gènes ont la même structure avec 48 exons (on ne se refuse rien) et résultent manifestement d'une divergence qui a suivi une duplication en tandem antérieure. En effet, la partie N-terminale de la MGA hydrolyse maltose et amidon, mais pas le saccharose alors que le site catalytique semble conservé entre les deux enzymes. BL Nichols et al.; Proceedings of the National Academy of Sciences USA 100 (04FEB03) 1432-1437.
76. Cyncron Corporation a obtenu l'US Patent n°6 509 375 (21JAN03) sur une technique améliorant la productivité des poules pondeuses. Elle utilise l'effet de la L-DOPA circulante qui améliore la ponte et la fertilité des œufs pondus. Elle interviendrait en diminuant le stress des pondeuses.
Le Système Immunitaire
77. L'afflux des cellules inflammatoires vers les sites où l'organisme annonce des dégâts est une réaction normale du système immun. Ces cellules participent à la réparation de ces dégâts et éliminent, autant qu'elles le peuvent, les microorganismes. Trois types de molécules interviennent dans le réseau de ce "17" pour recruter les divers services.
Les neutrophiles circulants sont les premiers à arriver sur les lieux du sinistre. Ce sont des tueurs de microbes utilisant de puissantes protéases et des générateurs d'oxygènes réactifs. Ils doivent être étroitement régulés, car ils manquent de subtilité et une activation incontrôlée cause plus de dégâts dans les tissus environnants que les microbes supposés dangereux. Un premier article (Q Li et al.; Cell 111 (27NOV02) 635-646), avait montré qu'une métalloprotéase (matrilysine alias MMP-7) est indispensable à la sortie des neutrophiles à travers l'épithélium bronchique dans les alvéoles pour réparer des lésions induites. Cette intervention de métalloprotéases dans des migrations trans-tissulaires était connue, mais ce n'est pas seulement un motard dégageant la voie des ambulances. Les cellules épithéliales secrète la chimiokine KC qui attire les neutrophiles dans le sens du gradient. KC se lie au syndécane-1 de la matrice extra-cellulaire. MMP-7détache le complexe syndécane-1/KC de la matrice, ce qui entraîne la formation d'un gradient. L'enzyme est donc un élément du guidage des neutrophiles. Ces métalloprotéases ont également un rôle dans la limitation de l'inflammation en détruisant le signal des chimiokines.
Les résultats de ce travail, devraient unifier un certain nombre d'observations disparates et indiquent que, très probablement, d'autres chimiokines doivent se lier à d'autres fragments de la matrice extra-cellulaire pour attirer d'autrescellules inflammatoires. C'est ce qu'un second article (SD Shapiro; Nature 421 (16JAN03) 223-224) souligne.
Un troisième article (G Kaplanski et al.; Trends in Immunology 24 (JAN03) 25-29) analyse la transition entre l'infiltration par les neutrophiles et celle par les monocytes. Ils s'intéressent essentiellement au jeu des interleukines. Celles-ci signalent la phase aiguë de l'inflammation. Cette transition est régulée par l'interleukine IL-6. IL-6 et son récepteur soluble (sIL-6R) régule un basculement dans la production des chimiokines et donc dans le recrutement des cellules inflammatoires. IL-6 favoriserait la résolution de l'infiltration par les neutrophiles et l'initiation de la réponse immune, tandis qu'au cours de l'inflammation chronique, IL-6 stimulerait, au contraire l'infiltration et entraînerait les dégâts tissulaires. En fait, le signal classique du passage de la phosphatidylsérine du feuillet intérieur au feuillet extérieur de la membrane plasmique des neutrophiles apoptotiques entraînerait leur phagocytose par les macrophages. Les macrophages vont alors déclencher leur production de TGF et de MCP-1 (Monocyte Chemoattractant Protein-1) et déprimer la production de l'interleukine IL-8, le tout favorisant le recrutement des monocytes.
80. NF-kB (Nuclear Factor-kB) est un facteur de transcription est largement impliqué dans les réponsesimmunitaires. Les cellules immunitaires activées par certaines cytokines expédient rapidement NF-kB dans le noyau, ce qui est permis par la destruction d'inhibiteurs (IkB, ß et ) qui le bloquent dans le cytoplasme. Cette destruction est commandée par la phosphorylation de IkB par deux kinases (IkKet ) sur des sérines N-terminales qui la ciblent vers l'ubiquitinylation et la dégradation.
IKK- est l'homologue humain de la protéine murine NEMO (NF-kB Essential MOdifier ou MOdulator, suivant l'inspiration des auteurs). Il fait partie du complexe réunissant les trois IKK dont il constitue le squelette. On vient de montrer que NEMO n'est pas nécessaire à la différenciation des cellules B, mais à leur survie. S Kim et al.; Proceedings of the National Academy of Sciences USA 100 (04FEB03) 1203-1208.
81. Le lien moléculaire entre système nerveux et inflammation vient d'être révélé dans H Wang et al.; Nature 421 (23JAN03) 384-388. Certaines réactions désordonnées au cours de l'inflammation sont plus nocives que l'anomalie qu'elle visent à réparer. C'est le cas dans le choc septique. Des régulations viennent tempérer ces réactions. Parmi les molécules que le système surveille, il y a le TNF (Tumor Necrosis Factor) produit par les macrophages. Le système nerveux, par la voie du nerf vague ("cholinergic anti-inflammatory pathway"), peut rapidement limiter cette production. Stimulé par l'interleukine-1, il libère de l'acétylcholine circulante. Mais l'identité du récepteur cholinergique des macrophages était inconnue jusqu'à présent. La sous-unité 7 du récepteur nicotinique de l'acétylcholine est impliquée dans la répression de la sécrétion de TNF par les macrophages. L'acétylcholine émise par le vague vient directement Voir également le commentaire de C Libert; p.328-329 et KJ Tracey ; Nature 420 (19-26DEC02) 853-859.
Les Vaccins
84. Les motifs CpG sont reconnus comme étrangers par le système immunitaire inné et déclenche une réponse immunitaire. On a utilisé cette propriété dans des montages vaccinaux qui sont curieusement efficaces contre des virus, protozoaires et bactéries intracellulaires, alors que les îlots CpG sont des marqueurs bactériens. Ceci en fait probablement des adjuvants (voir par exemple le Bulletin de Décembre 02 §83). Des chercheurs liés à Quiagen montrent que ces seuls oligonucléotides suffisent à protéger contre des infections par Escherichia coli de poulets de chair. S Gomis et al.; Infection & Immunity 71 (FEB03) 857-863.
85.### Des chercheurs israéliens ont construit un vaccin atténué recombinant contre le bacille du charbon exprimant l'antigène protecteur (rPA), chez une souche dépourvue de capsule polyglutamique (qui contribue à la virulence) et ceci depuis 2000. Ils décrivent une amélioration portant sur le promoteur de ce gène. Ils ont, dans ce dessein, emprunté un promoteur de Bacillus subtilis 500 fois plus puissant, chez B.anthracis, que le promoteur originel (PpagA). Mais il semble y avoir une limite à l'expression de l'antigène rPA chez B.anthracis, car même avec un promoteur très fort on ne dépasse pas une production de rPA donnée. Ceci est en partie lié à un effet nocif, sur la bactérie, d'une surexpression associée à une instabilité génétique du plasmide d'expression.
Il y a donc un stress de sécrétion dont il faudra tenir compte dans les nouvelles générations de vaccin. O Gat et al.; Infection & Immunity 71 (FEB03) 801-813.
86.### La souche atténuée Bartha du virus herpétique de la maladie d'Aujeszky comporte, par rapport à la souche sauvage Becker, une délétion dans une partie du génome couvrant les séquences des gènes de la glycoprotéine I (gI), gE, Us9 et Us2, des mutations ponctuelles dans gC, gM et UL21, ainsi que dans la sérine/thréonine kinase codée par Us3. La protéine Us3 n'est pas encapsidée, ce qui signifie qu'une mutation dans une autre protéine virale s'y oppose. Il en est de même pour la protéine VP22 qui ne s'incorpore que très difficilement dans la capside de la souche Bartha. gI, gE, Us9 ou Us2 en sont probablement responsables en jouant sur la localisationintra-cellulaire d'Us3.G Mathew et al.; Journal of Virology 77,n°3 (FEB03) 1784-1792.
Les Pathogènes
87.### La séquence de 2 799 250 pb, avec 2 372 ORFs, du génome de Clostridium tetani, souche E88, vient d'être établie par des chercheurs allemands. La toxine ainsi qu'une collagénase sont codées par un plasmide de 74 082 pb et 61 ORFs. Environ 35 ORFs codent des composants additionnels de la virulence comme des molécules d'adhésion. La comparaison avec Clostridium perfringens, de la gangrène gazeuse, et Clostridium acetobutylicum, montre que C.tetani utilise beaucoup les gradients d'ions sodium pour la récupération d'énergie. H Bruggemann et al.; Proceedings of the National Academy of Sciences USA 100 (04FEB03) 1316-1321.
88. La partie protéïque la plus extérieure de la paroi de la spore de Bacillus subtilis et Bacillus anthracis a été systématiquement étudiée avec les techniques classique de séparation des protéines.EM Lai et al.; Journal of Bacteriology 185, n°4 (FEB03) 1443-1454. Les deux bactéries partagent une structure globale très similaire, mais chez B.anthracis, en sus d'une séparation moins claire des couches, on observe un exosporiumtrès fortement glycosylé, absent de la spore de B.subtilis.
Le nombre de protéines présentes justifie une approche de type protéomique pour avoir une idée plus claire de cette composition.
89. La persistance de la circulation, entre volailles et oiseaux aquatiques, de virus de l'influenza A H5N1, analogues aux "parents" de celui de l'épidémie de 1997 à Hong-Kong, suscite la production de vaccins adéquats. En effet, les autorités sont convaincues qu'un nouvel accident, dû à un réarrangement entre souches est inévitable. Les victimes humaines (six morts sur 11 personnes atteintes) ne sont probalement rien à côté des millions de volailles qu'il a fallu trucider en quelques jours. (On vient de procéder à la même opération en Hollande fin Février). L'élimination dans la nature de ces précurseurs est impossible, car les canards et oies sont des porteurs asymptomatiques jusqu'au jour ou un virus réarrangé se révèle hautement pathogène comme cela a été le cas pour des oies en 1999, et de nouveau en Mars 2001 et Février 2002 chez les volailles de Hong Kong. Le vaccin trivalent actuel inactivé combine les hémagglutinines (HAs) et neuraminidases des souches prévalentes réarrangées dans la souche A/Puerto Rico/8/34 (PR8). Ces vaccins ne sont pas autorisés pour l'homme. Aussi des chercheurs américains et britanniques ont utilisé une approche de génétique réverse. Ils ont délété le motif à acides aminés basiques du gène de HA associé à une haute virulence chez le poulet. Ceci a, effectivement, atténué la virulence pour les poulets et les souris sans modifier l'antigénicité de HA. L'inactivation par le formol a laissé subsister cette activité vaccinante. K Subbarao et al.; Virology 305 (05JAN03) 182-200.
90###. Trois membres de la famille des intégrines, V (Vß1, Vß3 et Vß6) sont des récepteurs hétérodimériques, pour le virus de la fièvre aphteuse. Les souches de ce virus interagissent avec ces récepteurs via un motif hautement conservé dit RGD (arginine-glycine-aspartate) de la boucle G-H reliant les feuillets ßG et ßH de la protéine de capside VP1. Tous les types A utilisent avec une haute efficacité les intégrines Vß3 et Vß6, alors qu'un seul d'entre eux reconnaît Vß1, et relativement mal. Les deux types O analysés utilisent relativement bien Vß6 et Vß1 et mieux que Vß3. Vß5 est manifestement un récepteur relativement marginal pour toutes les souches. C'est le domaine de l'intégrine reconnaissant le ligand qui est responsable de ces différences. Ces différences sont probablement dues à des séquences flanquant le motif RGD, ou situées ailleurs dans la protéine mais topographiquement proches. Tout ce qui peut lier le motif RGD peut constituer un leurre pour le virus. H Duque et al.; Journal of Virology 77,n°4 (FEB03) 2500-2511.
91. Le virus de la bursite infectieuse de la volaille (Infectious bursal disease virus voir le Bulletin de Février §93) ne peut se multiplier que dans des lymphocytes B en développement où il cause une apoptose, entraînant une déplétion de ces cellules. Les protéines VP2 et VP3 constituent la capside du virus, mais seule VP2 est reconnue par les anticorps neutralisant, indiquant qu'elle est plus périphérique. VP3 constitue donc la couche interne. Un de ses domaines peut se lier à l'ARN polymérase du virus (VP1) et l'embarquer dans le virion, même en l'absence de génome viral, mais on estime que VPI est liée, normalement, de façon covalente à aux extrémités 5' de l'ARN viral double brin..
C'est une séquence de 16 amino-acides C-terminaux qui en est responsable. On peut d'ailleurs piéger avec ce motif et ainsi réduire la réplication du virus. A Maraver et al.; Journal of Virology 77,n°4 (FEB03) 2459-2468.
92. Des chercheurs russes ont détecté dans la nature un virus d'hépatite B ayant un spectre d'hôte particulièrement large, alors que cette famille de virus est usuellement à spectre très limité. Il est capable d'infecter le canard qui est un hôte phylogéniquement éloigné des échassiers. Il a été détecté dans des grues sibériennes,
Il est apparenté au virus de l'hépatite de l'oie de Ross (Anser rossii), et infecte parfaitement des lignées cellulaires de canard, contrairement aux virus des autres échassiers dont il est distinct. On retrouve d'autres virus apparentés à celui de l'hépatite du canard dans des hérons et des cigognes, mais ils ne présentent pas une aussi grande variabilité permettant un passage au canard. A Prassolov et al.; Journal of Virology 77,n°3 (FEB03) 1964-1976.
93. Le gène Bo17 de l'herpesvirus bovin 4 est le seul gène viral codant un homologue d'un gène de l'hôte, une mucine ß-1,6-N-acétylglucosaminyl-transférase. On vient de montrer que ce gène a été emprunté à un ancêtre du buffleafricain. L'intégration du gène de buffle dans le génome viral date apparemment de 1 500 000 ans, et cette transmission et a été suivie d'une bouffée de mutationsnon synonymes (substitutions d'acides aminés), puis d'une stabilisation avec poursuite de mutations synonymes. Le retour au bétail est secondaire. N Markine-Goriaynoff et al.; Journal of Virology 77,n°3 (FEB03) 1784-1792.
94. Le polymorphisme de la protéine PrP (modifiable en prion) conditionne la sensibilité à une encéphalite spongiforme. Des chercheurs de l'INRA à Jouy montre que, dans des cellules en culture, appelées Rov, l'expression de l'allèle de la protéine de mouton VRQPrP qui est celui entraînant une forte sensibilité à la tremblante, confère une capacité de réplication alors que l'expression du variant (ARRPrP ne donne pas lieu à une réplication. Ceci est intéressant dans la mesure où l'analyse est à l'échelle cellulaire. E Sabuncu et al.; Journal of Virology 77,n°4 (FEB03) 2696-2700.
95. Les barrièresinterspécifiques sont évidemment importantes dans le cas des prions. Parmi les rares espèces qui apparaissent résistantes à une infection par des prions d'autres espèces, il y a le lapin. Chez cette espèce, les acides aminés responsables de cette résistance sont distribués tout au long de la séquence de PrP, contrairement à ce qui se passe pour les autres espèces étudiées. La configuration pathologique de la protéine est donc vraisemblablement difficile à établir avec des prions d'autres espèces. I Vorberg et al.; Journal of Virology 77,n°3 (FEB03) 2003-2009.
Les animaux transgéniques et les clones
96. Des chercheurs néo-zélandais ont accru la teneur en caséines du lait de vache en surexprimant les gènes de et k-caséines (respectivement CSN2 et CSN3) dans des fibroblastes, puis en procédant à un transfert nucléaire. Onze veaux transgéniques ont ainsi été obtenus. Neufs vaches, provenant de lignées à forte production, montrent un accroissement de 8-20% de la teneur en -caséine et un doublement dans le cas de la k-caséine intéressante pour la stabilité des micelles du lait.
97. La fameuse brebis Dolly clonée par le groupe de I Wilmut a été euthanasiée (probablement sans son consentement) à la suite de l'apparition d'une tumeur pulmonaire virale venant s'ajouter à son arthrite chronique. C'est une illustration des incertitudes sur la santé des clones qui montrent combien les clonages sont encore dans leur phase d'apprentissage intense et la folie des clonages humains. Le problème est que les produits des clonages sont déjà commercialisés et que les acheteurs floués vont réagir. Pour des animaux de grande taille, comme les bovins, il faudrait suivre les produits pendant une quinzaine d'année (Dolly a vieilli pendant 6 ans), d'ici là les producteurs de clones auront disparu dans la nature. En réalité, l'autopsie de Dolly n'a révélé aucune autre macro-anomalie que l'arthrite, mais aucune prédiction ne peut être faite pour un autre clone, ce qui demande donc un suivi systématique. Mais cela coûte cher car la faible efficacité du clonage associé au temps d'observation empêche le suivi d'un grand nombre de cas. J Giles et al.; Nature 421 (20FEB03) 776.