L’équipe mène des recherches musicologiques (en dialogue étroit avec les autres sciences humaines et sociales) sur les œuvres, les pratiques et les situations musicales contemporaines. Ses travaux se concentrent sur ce qui constitue le cœur de l’activité de l’Ircam : composition et recherche musicale, interprétation du répertoire contemporain, écoute attentive, théorie et analyse musicales. L’accent est mis sur la musique strictement contemporaine (celle dont le chercheur peut observer directement la genèse ou l’évolution), complétée par une mise en perspective historique à travers le XXe siècle.
La période 2007-2012 a permis de valider et d’étendre des axes de recherches mis en place pendant le quadriennal précédent, en particulier l’étude génétique du répertoire contemporain. Nous avons créé une conférence internationale régulière permettant de fédérer largement la communauté de recherche sur ces processus de création musicale. En outre, une nouvelle forme de valorisation de cette recherche – la réalisation de courts-métrages documentaires – a été développée en partenariat. Mais ces cinq années ont aussi permis d’installer de nouvelles activités dans l’équipe, telles que l’édition scientifique d’écrits et d’œuvres de compositeurs, l’analyse musicale du répertoire mixte ou encore le développement de frameworks web pour la publication musicologique. Enfin, le dialogue avec les sciences sociales, constitutif de notre projet depuis ses débuts, s’est concrétisé institutionnellement par de nouvelles collaborations avec l’EHESS, incluant la contribution active au Master Musique (coord. E. Buch) et la participation au LabEx CAP piloté par le PRES Hésam.
2.9.1Processus, acteurs, techniques de la création musicale
La composition musicale implique à la fois une dimension théorique (qui précède la conception de l’œuvre ou bien la rationalise a posteriori) et un artisanat, transmis par des formes plus ou moins implicites et plus ou moins institutionnalisées de compagnonnage (impliquant désormais ingénieur ou chercheur aux côtés du compositeur et de l’interprète). Ces deux dimensions sont traitées de front par notre démarche d’explicitation des savoirs et savoir-faire des compositeurs contemporains.
2.9.1.1Musicologie des techniques de composition contemporaines
Au croisement d’une analyse cognitive, d’une critique génétique et d’une analyse musicale, cette recherche a donné lieu à de nombreuses publications et communications dans les domaines correspondants, mais dans les autres disciplines partenaires (musicologie historique, psychologie, sociologie, sciences de la gestion). Un dialogue soutenu avec la critique génétique (en collaboration avec l’ITEM) a été jalonné par les colloques d’Urbana-Champaign (2007) et de Paris (2008).
Afin de développer des analyses extensives de la composition contemporaine (portant horizontalement sur une multiplicité de cas), complémentaires de nos analyses intensives d’une seule activité de composition (celle de Philippe Leroux pour deux de ses œuvres entre 2002 et 2006), nous avons procédé à des études coordonnées qui étendaient les hypothèses initiales à la fois dans le type de corpus documentaire, dans la période de temps historique, et dans la largeur du spectre esthétique considéré. Après avoir validé cette approche dans une publication collective (Circuit, vol. 18, n° 1, 2008), nous l’avons implémentée au sein d’un projet ANR : Musicologie des Techniques de Composition Contemporaine (MuTeC).
Etude approfondie et coordonnée de plusieurs processus créateurs représentatifs de la musique savante des XXe et XXIe siècles, impliquant chacun une technologie spécifique (montage d’enregistrements sonores, musique mixte avec sons de synthèse, installation sonore avec traitement temps réel, etc.), MuTeC a permis de nombreuses avancées en direction d’une musicologie empirique des processus créateurs. D’abord en éclairant sous un jour nouveau un ensemble d’œuvres de référence de la musique contemporaine (notamment Traiettoria de Stroppa et les Espaces acoustiques de Grisey). Ensuite, en enrichissant et renouvelant les méthodologies existantes de remise en situation de composition sur la base des traces de l’activité (notamment à propos de deux œuvres étudiées pendant leur genèse : Tobi-Ishi de Hervé et Gramigna de Gervasoni). Enfin en proposant un ensemble d’heuristiques et de notions analytiques de façon transversale aux divers cas d’études (qu’ils soient actuels ou historiques). Plus largement, il a ouvert la voie à de nouvelles études de la cognition musicale abordant cette dernière à travers une de ses formes à la fois les plus expertes et les moins étudiées par la psychologie.
Aboutissement public du projet, la 1ère conférence internationale TCPM (Tracking the Creative Process in Music14 s’est tenue à Lille en 2011. Elle a réuni pour la première fois des chercheurs d’origine disciplinaire différente travaillant sur les processus de création musicale. De nombreux doctorants et post doctorants ont participé, prouvant le caractère très actuel de ces études. Les sessions ont été accompagnées notamment d’une table ronde "Analyse des processus créateurs et recherche en art" avec les représentants de plusieurs grands programmes de recherche/création en Conservatoire et à l’Université, dans plusieurs pays, inscrivant nos travaux dans la perspective du rapide développement institutionnel des doctorats en art. Enfin, le principe d’une conférence TCPM tous les deux ans a été admis (2ème édition à Montréal en octobre 2013, 3ème édition en discussion).
2.9.1.2Suivi de la conception collaborative d’un « quatuor augmenté »
L’élargissement de la composition au processus créateur en général (avec ses différents acteurs) a été concrétisé par une observation de terrain, de longue durée, portant sur la conception d’un « quatuor à cordes augmenté » (où instruments et instrumentistes sont munis de capteurs gestuels permettant la reconnaissance par un système technique des modes de jeu employés, reconnaissance qui commandera des transformations électro-acoustiques), dans lequel étaient engagés une compositrice, un groupe de recherche de l’Ircam sur le geste musical, un assistant musical et un quatuor. Le recueil des données a porté, de décembre 2006 à l’été 2007, sur la co-construction du système technique et de la partition (électronique incluse), et de septembre 2007 à l’automne 2008, sur la construction de l’interprétation par le quatuor dans cette situation inédite. Les analyses ont porté principalement : 1) sur les traits spécifiques de l’activité musicale du quatuor confronté à une situation de jeu inédite qui interfère avec ses savoir faire usuels ; 2) sur la créativité distribuée ; 3) sur les définitions (explicites et implicites), par les acteurs, de l’objet d’un tel projet de « recherche musicale ».
2.9.1.3Réalisation de court-métrages sur les processus de création musicale à l’Ircam
Dans la continuité des projets « MuTeC » et « Quatuor augmenté », plusieurs courts-métrages (10 sur les 16 de la série Images d’une œuvre) ont été réalisés par des membres de l’équipe en partenariat avec le département PAC, le Centre Pompidou (coproducteur) et plusieurs réalisateurs. Chacun rend compte d’une œuvre nouvelle, commande de l’Ircam, en donnant à voir des moments choisis dans le long processus menant à sa création. Outre le film lui-même comme enjeu de vulgarisation artistique et scientifique, les tournages ont produit des dizaines d’heures de rushes constituant un matériau de recherche pour l’équipe15.
2.9.1.4Ouvrage de référence sur les théories compositionnelles du xxe siècle
Ce projet amorcé en 2003 visait à publier un panorama des principales théories compositionnelles du xxe siècle. Alors que certains corpus théoriques ont été largement diffusés et commentés (Schoenberg, Xenakis, Boulez, Stockhausen…), d’autres restent très mal connus. Musiciens et musicologues ne disposent pas à ce jour d’un ouvrage de référence sur la relation féconde entre composition et théorie au cours du siècle passé. Pour y remédier, nous avons réuni une soixantaine de spécialistes internationaux dont les travaux paraîtront sous forme d’un livre collectif. Croisant musicologie historique, exégèse des corpus théoriques et analyse musicale, l’ouvrage comporte deux grands types de chapitres : les uns sur les théories compositionnelles spécifiques d’individus (ou d’écoles), de Schoenberg à Rihm en passant par Hindemith ou Carter ; les autres sur les catégories et problématiques ayant émergé au long du siècle, telles que : « musique mixte », « théâtre musical », « spectralisme », etc. Les contributions proposent un exposé synthétique, à la fois technique et historique, de ces notions et/ou doctrines, en se basant à chaque fois de façon aussi documentée que possible sur les articles, manifestes, etc. des compositeurs étudiés. La parution, encouragée par des subventions du Réseau international d’Étude des Écrits de Compositeurs (OICCM, Université de Montréal) et du Centre National du Livre (France) est prévue en janvier 2013.
2.9.2Esthétique et histoire des musiques contemporaines
2.9.2.1Edition scientifique d’œuvres et d’écrits de compositeurs
Ces recherches s’articulent selon trois axes :
1. Œuvres et Jours de Louis Saguer (Paris, Basalte, 2010). Cet ouvrage regroupe l’essentiel des écrits de Saguer, dont un grand nombre d’inédits, retrouvés manuscrits ou tapuscrits dans des archives privées. Outre l’appareil critique établi avec B. Schweyer, L. Feneyrou a traduit ou supervisé les traductions de l’allemand, de l’italien, de l’anglais et du portugais, et écrit une introduction biographique et un commentaire des principaux textes de Saguer.
2. Origine des idées subtiles de Salvatore Sciarrino (Paris, L’Itinéraire, 2012). Traduction française (avec G. Giacco) d’un texte majeur du compositeur, d’après la transcription des cours de composition qu’il donna à Città di Castello. Un colloque international sur l’écologie de l’écoute, catégorie centrale de cette poétique, s’est tenu au CDMC en mars 2012 (dir. L. Feneyrou) et sera publié en 2013.
3. Dans des archives privées a récemment été redécouvert un corpus d’œuvres que Jean Barraqué composa avant sa Sonate pour piano : mélodies, chœurs et cantate, et une Sonate pour violon seul. L. Feneyrou en a réalisé l’édition Urtext, précédée d’une introduction historique, philologique et analytique, en cours de publication chez Bärenreiter (Kassel). Ces œuvres ont été créés à Berlin, dans le cadre du festival Ultraschall, en janvier 2012, et radiodiffusées.
2.9.2.2Autour du Requiem de Zimmermann
Cet axe de recherche, qui a donné lieu à deux missions à l’Akademie der Künste (Berlin) dans le cadre de l’ANR MuTeC, pour étudier les esquisses du Requiem pour un jeune poète et d’autres œuvres du compositeur allemand, ainsi qu’à une mission à Cologne, dans les archives privées de Sabine von Schablowsky-Zimmermann, s’inscrit dans un projet monographique pluridisciplinaire sur la dernière œuvre monumentale de Zimmermann, incluant l’étude : de l’atelier du compositeur, des ouvrages de sa bibliothèque et de ses documents de travail, ainsi que des structures de l’œuvre et des catégories spatiales et temporelles de la phénoménologie, dont la philosophie s’accorde avec les théories de Zimmermann (lecteur assidu de Husserl, Heidegger, Conrad-Martius ou Walter Biemel). Les recherches ont déjà donné lieu à un séminaire au CNSMDP, à la publication d’un entretien avec Sabine von Schablowsky, à l’établissement du catalogue complet des œuvres non radiophoniques du compositeur, et à plusieurs articles, portant sur ses mises en musique de poèmes d’Ezra Pound et surtout sur sa conception des relations entre intervalle et temps.
2.9.2.3Entre esthétique et technologie
Plusieurs recherches exploratoires ont ciblé des points d’articulation essentiels entre logiques esthétiques et technoscientifiques : musique mixte, illusions auditives, synchronisation.
2.9.2.3.1Méthodologies d’analyse de la musique mixte
Dans le cadre de sa délégation CNRS (sept. 2011-sept. 2012), V. Tiffon (prof. Univ. Lille-Nord de France) a entamé, d’une part, la documentation d’œuvres mixtes majeures réalisées notamment à l’Ircam (poursuivant ainsi sa thèse de doctorat sur le sujet allant des origines du genre à 1990), et d’autre part, une analyse systématique de la bibliographie. Objectif : concevoir une méthodologie unifiée pour l’analyse des œuvres mixtes, qu’elles soient historiques (donc souvent conçues avec des technologies obsolètes) ou contemporaines (environnements numériques modulables). Ce champ de recherche, paradoxalement vierge en musicologie, est de nature à remettre en question les méthodes d’analyse actuellement valides dans les domaines (séparés) de la musique instrumentale pure et de l’électroacoustique. Il suppose notamment d’intégrer à l’analyse les avant-textes (sources génétiques) et les différents témoins de la réalisation des œuvres (RIMs [Réalisateurs en Informatique musicale] et interprètes). La thèse de doctorat en cours de N. Sprenger-Ohana (dir. V. Tiffon, 2009-2013) propose une première implémentation d'une méthodologie intégrant ces préoccupations, en croisant analyse des partitions, entretiens de compositeurs, études des écrits autoanalytiques, à travers un corpus de 5 oeuvres (Manoury, Kessler, Naon, Smalley, Stroppa). Enfin, un colloque international co-organisé avec la Société Française d’Analyse Musicale, « Analyser la musique mixte », s’est tenu en avril 2012 à l’Ircam, rassemblant pour la première fois les spécialistes de ce domaine émergent.
2.9.2.3.2Illusions auditives et création musicale
Les illusions perceptives représentent un point de convergence entre les sphères scientifiques et musicales : elles suscitent l’intérêt des chercheurs en révélant de complexes mécanismes perceptifs ; elles sont d’autre part explorées par les artistes pour leurs sensations incongrues et souvent inouïes. Dans le prolongement de sa thèse de doctorat sur ce sujet, F.-X. Féron a co-organisé en 2011 au CIRMMT (Montréal) un workshop avec C. Guastavino (McGill), interrogeant la place des phénomènes illusoires dans les pratiques musicales et soulevant plusieurs problèmes terminologiques.
2.9.2.3.3Questions de synchronisation
Deux livraisons conjointes de Circuit : Musiques Contemporaines et Intermédialités : Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques (Presses Universitaires de Montréal) ont été coordonnées par Ph. Despoix (UdeM) et N. Donin en 2012 autour de la question de la synchronisation, spécifiquement dans la musique (tant instrumentale que mixte, tant au niveau compositionnel que de l’exécution ou de l’improvisation), permettant notamment d’interroger les modes d’articulation entre image et son dont héritent les arts et techniques de notre ère multimédia.
2.9.2.4L’enjeu spirituel dans la musique contemporaine
Cet axe de recherche de L. Feneyrou s’est décliné selon trois corpus :
- Stockhausen. Discussion des sources bibliques, religieuses et sectaires, dans les textes chantés et dans les principes théoriques de Stockhausen, chez qui se manifeste moins un principe d’intelligibilité du monde que d’union de l’homme à Dieu.
- Zimmermann. Etude de la théologie de L’Ecclésiaste à l’œuvre chez Zimmermann (s’inscrivant dans une recherche plus vaste sur sa philosophie du temps, cf. 2.9.2.2). Interprétation de la cantate Omnia tempus habent à l’aune des termes par lesquels Qohélet désigne le temps.
- Andre. L’étude de …auf… de Mark Andre a mesuré l’influence des écrits de Duns Scot, de sa notion de compossible et de sa définition de Dieu comme ens infinitum, sur l’Ars subtilior et sur le mensuralisme propre à l’œuvre du compositeur franco-allemand.
2.9.2.5L’enjeu institutionnel et politique dans la musique contemporaine
Outre une synthèse de L. Feneyrou sur le réalisme socialiste, à l’occasion de l’exposition que la Cité de la musique y a consacré, l’essentiel des recherches en histoire sociale et politique de la musique a porté sur l’Allemagne des années 1967-1989, autour de la violence, politique et musicale, ainsi que de l’état d’exception. L’œuvre de Helmut Lachenmann a été au centre des recherches de L. Feneyrou (Salut für Caudwell et La Petite Fille aux allumettes).
D’autre part, plusieurs « lieux » de définition de la musique contemporaine entre la Libération et aujourd’hui ont fait l’objet de travaux : les revues et les sociétés de concerts de l’après-guerre (colloque « Horizons de la musique en France 1944-1954 », 2010, CDMC) ; la revue Musique en jeu, organe essentiel du débat esthétique francophone pendant les années 1970 (publication N. Donin) ; l’activité pédagogique du Centre Acanthes, dans le domaine de la composition, de l’interprétation et de la direction d’orchestre, a fait l’objet d’un colloque au CDMC (juin 2010, L. Feneyrou et C. Samuel).
2.9.3Critique et instrumentation des savoirs musicologiques
2.9.3.1Musique, musicologie et société
2.9.3.1.1Dimensions politiques de la musicologie et de l’analyse
Plusieurs collaborations avec le CRAL (EHESS-CNRS) ont permis de cerner les dimensions politiques de la musicologie et de l’analyse musicale dans le prolongement de 2.9.3.2.1. Un colloque international, organisé à l’Ircam en 2008, a donné lieu à l’ouvrage collectif Du politique en analyse musicale (Vrin, 2012). La collaboration avec le CRAL se poursuit depuis 2011 dans le cadre du LabEx « Création, arts, patrimoines » (dir. Ph. Dagen) en dialogue avec historiens et ethnomusicologues.
2.9.3.1.2Relectures de la sociologie de la musique de Max Weber
L’exploration des relations entre musicologie et sciences humaines suppose aussi de réévaluer la place de la musique au sein des corpus fondateurs des sciences humaines et sociales. Un groupe interdisciplinaire de chercheurs a été réuni par Ph. Despoix (UdeM) et N. Donin autour de la Sociologie de la musique de Max Weber. Bien que publiée après sa mort, cette œuvre inachevée a été peu exploitée par les musicologues et les sociologues, même depuis sa parution en anglais puis français. Le séminaire a débouché en 2008 sur deux numéros thématiques de la Revue de Synthèse.
2.9.3.2Opérations analytiques : de l’explicitation des pratiques à la concrétisation technologique
2.9.3.2.1Épistémologie historique de l’analyse musicale
Une série de travaux sur la relation entre l’analyse musicale et les pratiques de composition, d’interprétation et d’écoute, ont débouché sur une épistémologie historique des « instruments de musicologie » : tables motiviques, représentations graphiques de la partition, procédures de constitution de données ethnomusicologiques, etc. En quoi les techniques du texte (et du son) utilisées par les analystes pour stabiliser et étudier leurs objets sont-elles porteuses de théorie musicale ? Retracer la généalogie de ces techniques a permis de formuler la notion d’« opération analytique », transversale à l’histoire des pratiques érudites du texte musical et à la conception d’outils logiciels d’aide à l’analyse musicale. La conception du collectif L’Analyse musicale, une pratique et son histoire (2009, avec R. Campos) s’est accompagnée de projets spécifiques résumés ci-dessous.
2.9.3.2.2La segmentation linéaire, opération minimale de l’analyse
Les membres du laboratoire Musique-Informatique Marseille ont une pratique d’écoute originale : identifier dans une œuvre une succession d’Unités Sémiotiques Temporelles (UST) au cours de séances d’écoute acousmatique collective. Dans le cadre de ScenariPlatform (ANR RIAM), nous avons réalisé un outil de segmentation pour réaliser, puis publier une analyse en UST. En parallèle, nous avons abordé cette activité d’écoute instrumentée comme objet ethnographique, y retrouvant la problématique analytique de l’interrelation entre segmentation et dénomination d’un flux musical.
2.9.3.2.3De l’annotation statique à l’annotation hypermédia
L’apprentissage et la pratique de l’analyse musicale procèdent beaucoup par annotations portées sur la partition ou sur une autre représentation. Nous avons intégré le logiciel pédagogique Musique Lab Annotation (Ircam / Ministère de l’Éducation nationale), à une chaîne éditoriale pour la publication musicale hypermédia (collaboration avec Kelis, Compiègne) dans le cadre de l’ANR RIAM Ecoute. Avec un groupe de travail de professeurs et analystes de la région PACA et du CNSMDL, nous avons produit deux CD-Rom éducatifs utilisant et validant cette chaîne éditoriale (voir §3.7, section AP).
2.9.3.2.4La mise en tableau de partition
La mise en tableau est une opération classique depuis le xixe siècle : tables de leitmotive wagnériens, comparaison entre un thème et ses variations, analyse sémiologique de partition (Ruwet/Nattiez), sont autant de façons très variées de l’effectuer. Comment fait-on un tel tableau ? Comment le lire ? Ces questions pragmatiques ont été reformulées à travers la co-conception d’un outil de découpe, étiquetage et mise en tableau de documents musicaux, en collaboration avec un ingénieur (Thomas Bottini, UTC) et un analyste (Jonathan Goldman, Université de Victoria, Canada).
2.9.3.3Instrumenter le discours sur la musique avec les technologies multimédia
2.9.3.3.1Développement de démonstrateurs innovants utilisant la balise
Avec l’avènement du web multimédia (et la diffusion massive de contenus audios et vidéos), les constructeurs de navigateurs, par l’intermédiaire du W3C, ont fait évoluer la norme HTML en proposant la recommandation HTML5 qui établit (notamment) des balises