Natalie DEPRAZ/Alexandra RICHTER
(L1, 2, 3, Master recherche/enseignement/Agrégation)
Georg Wilhelm Friedrich HEGEL (1770-1831), Principes de la philosophie du droit, Berlin, 1821.
La méthode proposée dans ce cours consiste à appréhender un support linguistique — une langue étrangère — sans supposer de connaissance préalable de la langue en question, en prenant appui sur les termes récurrents, les notions dont les racines grecques, latines et anglo-saxonnes permettent un certain accès au sens, voire sur les termes éventuellement indiqués par le traducteur entre parenthèses, en s’interrogeant notamment sur le sens de ce choix, sur les noms propres enfin, qui permettent d’identifier une conception philosophique.
On s’attache sur la base de ces différents indices à reconstituer le réseau de sens conceptuel du texte, ce qui permet tout à la fois d’accéder à un texte scientifique dans une langue inconnue au départ, et de se familiariser avec une pratique des concepts en réfléchissant sur leur usage et leur portée.
Après avoir dégagé un fil conducteur global sur la base de cette analyse sémantique, l’étudiant est invité à comparer les différentes traductions existantes, de façon à réévaluer sur cette base l’hypothèse sémantique initiale faite à partir de l’allemand.
Une telle méthode de lecture est mise en oeuvre, depuis ces quelques principes pratiques, dans le cadre du cours d’allemand philosophique, co-animé depuis trois ans avec A. Richter, et se trouve durant ce semestre mise au service du texte de Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Les principes de la philosophie du droit. Elle permet à tout étudiant de s’introduire dans le sens à savoir les enjeux conceptuels sans nécessairement posséder une connaissance linguistique, poussée voire minimale de l’allemand.
Produit d’une méditation poussée sur l’histoire et sur la politique, la philosophie du droit se donne pour tâche de réconcilier dans une pensée de l’État comme totalité le droit individuel abstrait et la subjectivité morale moderne, c’est-à-dire également, en termes de figures historiques concrètes, la Cité antique et la sujet chrétien. L’État représente donc pour Hegel la destination ultime de la vie de l’individu en société, et c’est pourquoi une distinction axiale apparaît notamment ici entre moralité subjective et morale objective (Moralität/Sittlichkeit), sur laquelle nous serons amené à revenir dans l’étude concrète du texte allemand et de sa traduction. Un fil conducteur important, de ce point de vue, consistera à interroger l’hypothèse de la prégnance du modèle étatique et du statut, dans ce cadre, de la vie de l’individu.
Ce cours s’adresse à tous les étudiants de L (1, 2, 3) et de M, en philosophie comme en allemand. Il ne suppose aucune connaissance préalable ni en allemand, ni en philosophie, faisant le pari que la circulation des compétences est également un facteur d’intégration linguistique. Il prépare en outre le texte allemand de l’oral de l’agrégation de philosophie.
Bibliographie
G. W. F. Hegel, Grundlinien der Philosophie des Rechts (oder Naturrecht und Staatswissenschaft im Grundrisse) (1821), Werke, Frankfurt, Bd. 7, 1979 ; Suhrkamp Verlag, 2000.
Lire aussi, de Hegel : La raison dans l’histoire et Le droit naturel.
Traductions existantes
André Kaan (Gallimard, 1940 ; rééd. Coll. Idées, 1963) ; Robert Derathé/Jean-Paul Frick (Vrin, 1975) ; Jean-François Kervégan (P.U.F., 1998) ; J.-L. Viellard-Baron (GF, 1999).
Commentaires
Bernard Bourgeois, La pensée politique de Hegel, Paris, PUF, 1969.
Jean Hyppolite, Introduction à la philosophie de l’histoire de Hegel, Paris, Seuil, Points, 1983.
J.-Ph. Deranty, « Lectures politiques et spéculatives des Grundlinien der Philosophie des Rechts » Archives de philosophie, 2002 3/tome 65.
Contrôle des connaissances
Un contrôle continu (50%) et un examen écrit de 4h (50%)
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