I. L'édification de l'Etat suite à l'époque de l'occupation arabe
A l'instar de ses prédécesseurs et successeurs, Draskhanakert rappelle avec effroi l'époque de la domination arabe qui, durant presque deux siècles, fut semblable à "un vent brûlant venu du sud," qui détruisit "la puissance des nations et des tribus" et "réduisit en cendres les jardins de la terre." (p. 89) Les "nobles maisons [arméniennes] disparurent et celles qui subsistèrent furent assujetties telles des esclaves." (p. 115) Tout ce processus fut marqué par un net déclin culturel et ainsi "peu de détails nous reste de ce que fit notre noblesse en ces temps." (p. 115)
Néanmoins, le récit que livre Draskhanakert de l'occupation arabe ne revêt pas ce poids écrasant d'un désespoir complet, évident dans l'Histoire de l'Arménie d'Aristakès Lastivertsi (1), car Draskhanakert observe comment, en dépit de son abaissement, la noblesse arménienne survit et s'engage à nouveau pour l'Etat. Parmi ces grands féodaux figurait la Maison des Bagratides qui, réalisant sa force et attentive au reflux de la puissance arabe, prit la tête du combat pour une plus grande autonomie et l'indépendance politique. Le tableau de leurs prouesses par Draskhanakert, décrivant une entreprise ni dépendante, ni redevable envers des puissances étrangères, rappelle celui que dresse Lazare de Pharbe [Ghazar Parpetsi], ce grand historien du 5ème siècle pour qui l'indépendance nationale est un sujet de grande fierté (2).
Achot Bagratouni, le futur roi d'Arménie, nous apprend-il, était un homme de talent, qui "méprisait le manque de respect et cherchait toujours à s'améliorer." Diplomate accompli, "il ne guerroyait pas et ne cherchait pas l'affrontement avec ses ennemis, mais grâce à ses qualités de diplomate il les amenait [...] à ses côtés." (p. 135) En 875, ces qualités incitèrent "les princes et la noblesse [arménienne] à se rassembler et à demander à la puissance arabe qu'Achot fût proclamé leur roi." Dix ans plus tard, en 885, bien évidemment à contrecœur, l'émir arabe "confère à Achot la couronne royale" (p. 141). Ainsi émergea le premier Etat arménien relativement indépendant depuis 387, date à laquelle l'Arménie fut répartie entre la Perse et Byzance. Draskhanakert note fièrement qu'à nouveau une dynastie royale arménienne s'emploie à "relever la nation de Torkom" (p. 143).
Le règne d'Achot Ier inaugura une ère de grandes réformes, mettant en place plusieurs structures essentielles à un Etat indépendant. Avant même son couronnement officiel, avec son frère Abbas, connétable, Achot centralisa le pouvoir politique en "soumettant l'ensemble" des grands ordres "à l'autorité royale" (p. 139). Par la suite, dans le cadre élargi "de son autorité," il mit en place :
"de grands et nobles ordres, il rétablit et réorganisa l'agencement des domaines, des régions, des villes, des villages et des fermes. Il institua des conditions égales et stables pour les habitants des régions montagneuses ou des plaines. Dans les plaines, il créa des fermes et des centres d'élevage, il fit fructifier les vergers et les jardins. Sans lésiner le moins du monde sur ce qui était digne d'un royaume [...]" (p. 143)
En dépit de l'implacable hostilité des Arabes, les souverains bagratides successifs s'obstinèrent dans leur ambition visant à étendre leurs frontières territoriales et à renforcer le pouvoir central. Smbat Ier continua l'œuvre de son père "en agrandissant les limites de son royaume et en soumettant [tous ses peuples] à l'impôt royal." (p. 165) Achot II suivit la même voie et "en peu de temps reprit les forteresses de son père, dont les Arabes s'étaient emparé." (p. 245) Parallèlement à cette œuvre militaire, politique et économique, ils prirent des mesures pour préserver l'harmonie sociale, que Draskhanakert considère comme "la base de la paix et du progrès." (p. 31) Achot Ier y contribua grâce à son action caritative, "distribuant à profusion or et argent aux pauvres et aux sans-abri." (p. 143)
S'ensuivit ainsi une période de prospérité et de progrès :
" le Seigneur gagna l'Arménie, protégea et couronna de succès toutes les bonnes œuvres. Chacun s'occupa de ce qui lui était échu et, s'appropriant la terre, y bâtit. L'on ensemença les champs et l'on moissonna cent fois [...] Leurs greniers à blé étaient remplis autant que leurs barriques de vin [...] Et les montagnes respiraient la gaieté, parcourues de troupeaux de moutons et de bétail." (p. 203)
On peut se faire une idée de la grande prospérité contemporaine par les descriptions des prodigalités remises aux puissances étrangères, aux émirats arabes, aux princes byzantins ou par le souverain aux autres féodaux et à l'Eglise (p. 201). Outre l'aristocratie et une classe marchande de plus en plus indépendante, l'Eglise était l'une des plus grandes bénéficiaires de cette accumulation. Tandis que des aumônes étaient dispensées aux miséreux, de fabuleuses richesses coulèrent à flots dans les coffres de l'Eglise. A titre d'exemple, Achot Ier "s'assura que [...] le contenu des coffres du Trésor fussent pleins à ras bord, tandis que des troupeaux entiers de chevaux, de bétail et de moutons étaient remis aux églises orthodoxes en récompense de la Sainte messe [...]" (p. 145).
Aux yeux de Draskhanakert, toutes ces réalisations marquent le rétablissement d'une continuité avec celles de l'Arménie ancienne, ensevelies par des siècles d'asservissement. Dans son tableau de l'œuvre des Bagratides, les parallèles qu'il établit avec les gloires anciennes ne sont que trop évidentes. Tout en glorifiant le courage, son résumé des débuts de l'histoire arménienne confère à la construction de l'Etat une dimension centrale, soulignant "l'œuvre de construction, d'urbanisme et d'ordonnancement" (p. 9) entreprise par Haïk, le fondateur de la nation arménienne, Ara le Bel, Vagarchag, Dikran [Tigrane] le Grand et par cet homme énergique d'exception que fut le Catholicos Nersès Ier le Grand. Au regard de ces héros, les Bagratides sont considérées comme leurs dignes successeurs.
II. La résistance à des guerres incessantes de reconquête
La transition vers la pleine indépendance de l'Arménie ne devait pas se faire en douceur. Bien que contraint de reconnaître l'indépendance de l'Arménie, l'empire arabe n'abandonna jamais l'espoir de rétablir sa domination. Après avoir soumis l'Arménie et son peuple durant près de deux siècles et demi, l'avoir saigné de ses richesses et siphonné de dizaines de milliers de ses habitants réduits en esclavage, cette classe dirigeante considérait l'Arménie comme lui appartenant. Par ailleurs, la situation politique et économique, allant se consolidant, de la dynastie bagratide nouvellement indépendante finit par mettre en péril l'influence et la rente régionale des Arabes. Les émirs arabes redoutaient une alliance de l'Arménie avec les Byzantins, leur ennemi traditionnel. A la nouvelle du traité de Smbat Ier avec l'empereur Léon VI, Afchin est "profondément blessé" et pense "qu'ils peuvent comploter contre lui" (p. 163). Ainsi que l'élite arabe en général, il s'inquiète aussi d'une possible perte économique, si Smbat Ier décide de "refuser de se soumettre à l'impôt qui le frappe." (p. 171) En sorte que le successeur d'Afchin, Youssouf, "fit publier de rigoureuses proclamations exigeant le paiement des impôts royaux et rappelant [...] [au souverain arménien] son inféodation." (p. 207-209)
Tout au long de son récit, Draskhanakert enregistre à la suite les guerres affaiblissantes de reconquête entreprises contre la nouvelle dynastie des Bagratides par les puissances arabes environnantes et leurs alliés établis en Arménie. "Guidé par de mauvaises pensées," Afchin se précipite "tel un flot rugissant pour plonger l'Arménie dans la terreur et déverser son poison amer sur la tête du roi." (p. 181) Résolu à anéantir Smbat Ier, il "se présente [...] dans la province de Chirak [...] pour lui tendre un piège (p. 189). Youssouf est tout aussi féroce, "grondant tel un lion en cage," tandis qu'il "s'apprête à prendre en chasse Smbat Ier." (p. 219) Outre la guerre directe, les émirats arabes exploitent et aggravent les divisions au sein de la noblesse arménienne, montant plusieurs principautés contre la dynastie bagratide. Ils parviennent à détacher la province du Vaspourakan et son clan dirigeant, les Artsrouni, de la monarchie arménienne, une mesure qui contribua notablement à affaiblir l'Etat arménien nouvellement formé (p. 213).
Durant ces assauts interminables, le territoire fut près de s'effondrer. Parallèlement aux luttes intestines, ils "mirent à bas prospérité et paix et leur substituèrent destructions et déclin" (p. 261). Tandis que la "tempête ismaélite déferle tel un ouragan, semant la mort et la violence, nous chassant de nos foyers," (p. 223) les Arméniens "deviennent la risée de leurs voisins et conjointement aux troupeaux de moutons [...] sont enlevés [...], conduits en esclavage et vendus." (p. 225) Dans un style quelque peu inspiré, Draskhanakert oppose l'opulence et les merveilles de jadis à la désolation présente. Au point de pousser les gens au cannibalisme (p. 261-265).
Or les Bagratides s'accrochèrent à leur nouvel Etat avec une obstination des plus remarquable. Grâce à de nouveaux et âpres combats, Achot II rétablit les frontières amoindries de son père. Mais, tandis que Draskhanakert conclut son récit vers 924, nous voyons Achot II se retirer et faire face à une possible défaite. Draskhanakert ne vécut pas assez pour relater l'indépendance plus grande qu'Achot II finit par garantir au nouvel Etat. Or son Histoire s'achève par un appel fort à ce qu'il considère comme un élément essentiel de réussite : l'unification de la noblesse arménienne autour de la dynastie royale.
III. L'appel à l'unité
Dans son épilogue, Draskhanakert se propose :
"de vous transmettre, ô mes lecteurs, l'espoir qu'au lieu d'être à nouveau victimes de ces souffrances [...], vous écoutiez avec soin et intérêt mon appel et mon conseil en faveur de l'unité pour que vous soyez de meilleurs fils de la Croix, que vous figuriez sur la liste des enfants de Dieu et non sur l'échelle de ce maudit profit fratricide." (p. 363)
Il exhorte ainsi ses lecteurs :
"à ne pas suivre les illusions des imposteurs, ni à dévier ici et là de la voie sûre de la Maison royale, car des deux côtés se cachent des crapules et le sort qui attend ceux qui tombent entre leurs mains est la mort." (p. 365)
Draskhanakert redoute au plus haut point les dissensions internes. Il relève dans son résumé des temps anciens que si "chacun [lire ici la noblesse] agit à sa guise," "la paix est en danger et la pudeur rabaissée." (p. 61) Il laisse entendre par ailleurs que ce sont ces mêmes forces centrifuges qui ont provoqué la chute de la dynastie arsacide. Il écrit plus loin que la conquête arabe de l'Arménie au 7ème siècle n'aboutit qu'à cause du "manque d'unité au sein de notre noblesse et [de] l'absence d'un chef à la tête des forces armées." (p. 85) Ce défaut refaisant surface sous les Bagratides entrave la réalisation d'une indépendance complète. Faute d'"harmonie et de solidarité de la part de la noblesse," le roi Smbat est dans l'incapacité de "prendre une autre décision" et se voit contraint de plier "devant la volonté" de l'émir arabe (p. 185). Du fait de ces guerres intestines qui compromettent l'indépendance de l'Etat, la noblesse féodale "verse davantage le sang de son prochain que celui de ses ennemis," détruisant de ses propres mains ses "foyers, villes, villages et cités" (p. 261). Conséquence de cette vision de l'histoire et de ses observations contemporaines, Draskhanakert met l'accent sur l'urgence d'une unité politique autour de la monarchie.
Ce genre d'appels, qui constitue un leitmotiv dans de nombreux traités d'histoire de l'Arménie à l'époque classique et médiévale, requiert plus une explication qu'un rejet, en ce qu'il est plus qu'un mantra dénué de sens ou une vaine invocation d'ordre moral. Au plan historique, ils sont présentés par les membres d'une Eglise relativement unie et sont adressés à un ordre laïc par essence divisé. Ils disent beaucoup sur les rapports entre l'Eglise et la noblesse séculière, lesquels sont fondamentaux pour comprendre l'histoire de l'Arménie classique et médiévale. L'Histoire de Draskhanakert permet avec ce type de matériau de réfléchir à ces questions.
La réémergence d'un nouvel Etat arménien fut une véritable aubaine pour l'Eglise arménienne. Outre les dons directs en troupeaux de chevaux, de moutons et de bétail, en villages entiers et autres biens meubles (p. 145), des investissements massifs visèrent l'appareil de l'Eglise. Désormais "libres et à l'abri de déprédations par les bandits," les grands féodaux bâtissent "des églises en pierre [...] dans des monastères, des centres urbains, des villages." (p. 203) Dans ce contexte, il n'est pas étonnant de relever que l'Eglise ait pu être directement intéressée par l'unification de la noblesse autour de la monarchie. Ce qui non seulement rendrait le nouvel Etat plus puissant et stable, mais par là même renforcerait la position et la gloire de l'Eglise. Rien d'original, non plus, à noter qu'un Etat aussi centralisé faciliterait l'administration par l'Eglise de ses biens qui s'étendaient sur de nombreux fiefs. Face à une noblesse factieuse, l'appel de l'Eglise à l'unité revêtait et exprimait donc une véritable vision politique et stratégique.
Cet appel à l'unité, de la part de l'Eglise, était cependant plus que l'expression réaliste et calculée de l'intérêt d'un ordre féodal parasite, bien que puissant. Le fait que l'Eglise fut parasite - survivant grâce au labeur du paysan arménien et aux dons de la noblesse séculière ou de la classe marchande - ne fait aucun doute. Mais elle était en même temps plus que cela. Elle représentait et exprimait les intérêts politiques et sociaux, au sens large, du système féodal arménien dans son ensemble, d'une manière tout autre que la noblesse séculière. Elle ne le faisait pas seulement en raison du fait que ses possessions et ses intérêts s'étendaient à travers une multitude de fiefs séculiers. Bien que dépouillée de sa grandeur des 5ème et 6ème siècles, l'Eglise arménienne continuait de faire partie intégrante de l'Etat et de l'appareil politique arménien. A l'époque de Draskhanakert, elle était aussi essentielle à l'ordre séculier que celui-ci l'était à l'Eglise. Elle constituait un côté de la médaille, l'autre étant la dynastie bagratide, tous deux formant l'épine dorsale du nouvel Etat arménien.
L'Eglise arménienne représentait la fonction publique de l'Etat arménien au plan politique, produisant la classe lettrée qui occupait les fonctions d'administrateurs, secrétaires, trésoriers et chroniqueurs auprès des dynasties royales et de la noblesse arméniennes. Elle fournissait aussi les structures et les services juridiques de l'Etat, codifiait ses lois et ses principes moraux et idéologiques, et gérait le système éducatif. Elle jouait aussi un rôle essentiel dans le maintien de la paix sociale en offrant un minimum de bien-être social sous la forme d'hôpitaux et autres services aux nécessiteux, nécessaires pour empêcher la rupture du lien social. L'appel de l'Eglise à l'unité, qui résonne à travers les siècles, exprime une prise de conscience de cette réalité. Elle condense aussi dans cet appel sa vision politique stratégique de longue date en faveur d'un Etat arménien centralisé et puissant, pouvant assurer non seulement ses intérêts, mais ceux du système féodal tout entier.
Dans ses appels à l'unité, Draskhanakert ne répète pas seulement un vain slogan emprunté à ses prédécesseurs. Il exprime les intérêts politiques du nouvel Etat arménien à une époque charnière de transition vers les premières phases d'un Etat-nation moderne. (Il convient de noter ici que, dans l'ouvrage de Draskhanakert, si le terme de "nation" est fréquemment utilisé pour indiquer le système féodal, il est aussi usité pour décrire l'ensemble plus large de ces classes sociales identifiées comme arméniennes en raison de leur religion.) Draskhanakert et d'autres penseurs arméniens qui suivirent ont beaucoup à voir avec ces intellectuels européens qui, plus tard, sous le régime féodal en Europe, soutinrent de même la monarchie absolutiste et un Etat centralisé comme première étape vers le développement d'une nation moderne.
IV. Penseur de la Renaissance, bâtisseur de nation et historien
L'Histoire de Draskhanakert n'atteint pas, et n'aurait pu atteindre, à la perfection artistique de ses prédécesseurs de l'Age d'or du 5ème siècle. Mais elle a pour socle le riche héritage du passé, avec lequel elle partage une continuité. En lançant son "appel à l'unification" et en exposant son argumentation en faveur d'un Etat centralisé, Draskhanakert ne s'appuie pas seulement sur son expérience contemporaine, mais tel un véritable penseur de la Renaissance, il compte sur la raison humaine et l'héritage de l'époque classique de l'histoire arménienne.
Intellectuel d'un nouvel ordre arménien, Draskhanakert s'enorgueillit des prouesses de la raison humaine et des possibilités de l'intelligence. Convaincu que les "vérités et possibilités" ultimes de la nature et de la vie restent "éloignées de la compréhension humaine," il pense néanmoins qu'avec l'aide de Dieu et
"d'une audace louable et modérée, des hommes [ont pu] présenter à l'aide d'une vertueuse rationalité [...] l'ordre en mutation de l'histoire [...] [et] grâce aux richesses de leur esprit, espérer mener à bien de grands choses pour le pays." (p. 7)
Draskhanakert se montre aussi respectueux de la science et des réalisations des Arméniens en particulier. Soulignant que des "artistes et hommes de science" arméniens ont développé un calendrier arménien, il s'enorgueillit du fait que cela "nous évita d'emprunter tels des mendiants aux nations étrangères." (p. 69) Ailleurs, évoquant la création du calendrier arménien, il écrit que celui-ci a éliminé "notre dépendance à l'égard du calendrier romain" (p. 95-97). Cette combinaison de fierté en la raison humaine et d'identité arménienne procure à Draskhanakert confiance et audace pour opérer un correctif inédit quant à ce qu'il considère comme une inexactitude dans la Bible. Il affirme que
"la Bible présente et précise insuffisamment l'histoire jusqu'à notre Torkom. Elle n'explique pas pourquoi, ni où, ni comment, ni qui gouverna l'Arménie, ni d'où sa noblesse et ses rois descendent." (p. 17)
Il entreprend ainsi de combler ce vide par sa chronique détaillée de l'Arménie, depuis les temps les plus reculés. Ce qu'il fait en revenant aux classiques, "aux pères" (p. 9). Il se réfère directement à Mesrop, le créateur de l'alphabet arménien, et souvent à Moïse de Khorène, qui fonda au 5ème siècle l'historiographie arménienne, ainsi qu'à des historiens tels qu'Agathange (3) et Shabouh, qui le précédèrent de plus près, et d'autres encore issus de la tradition culturelle intellectuelle arménienne. (Le fait que Draskhanakert ait pu s'appuyer sur l'œuvre de ses anciens prédécesseurs témoigne des efforts immenses et durables de ceux qui copièrent et préservèrent ces anciennes chroniques, souvent dans les temps les plus horribles de guerres, de persécutions et de massacres. Thème d'une autre fresque des réalisations humaines !)
En s'appropriant l'héritage du passé, en exposant les vertus de la raison et en exhortant à imiter la grandeur de l'Arménie ancienne, Draskhanakert incarne une époque nouvelle de l'histoire arménienne, née avec la dynastie bagratide, une époque de renaissance et de redressement qui produira de véritables merveilles de culture et de civilisation, lesquelles n'eurent malheureusement pas l'occasion de pleinement s'épanouir et se développer. Pour ceux qui souhaitent apprendre de l'histoire, ce volume apporte beaucoup.
NdT
1. Eddie Arnavoudian, "The History : On the depredations visited upon us by foreign nations around us, by Arisdaghes Lasdivertzi, Groong, 03.04.2000 - traduction française parue dans notre blog :
http://armeniantrends.blogspot.fr/2013/04/aristakes-lastivertsi-histoire-darmenie.html
2. Eddie Arnavoudian, "The History of the Armenians, by Khazar Barpetzi," Groong, 19.10.2001 - traduction française parue dans notre blog :
http://armeniantrends.blogspot.fr/2013/05/lazare-de-pharbe-histoire-des-armeniens.html
3. Eddie Arnavoudian, "The History by Agatangeghos," Groong, 01.05.2001 - traduction française parue dans notre blog :
http://armeniantrends.blogspot.fr/2013/05/agathange-histoire-du-regne-de-tiridate.html
[Diplômé d'histoire et de sciences politiques de Manchester (Angleterre), Eddie Arnavoudian anime la rubrique de littérature arménienne dans Groong. Ses essais littéraires et politiques paraissent aussi dans Haratch (Paris), Naïri (Beyrouth) et Open Letter (Los Angeles).]
___________
Source : http://groong.usc.edu/tcc/tcc-20040801.html
Traduction : © Georges Festa - 06.2015
Avec l'aimable autorisation d'Eddie Arnavoudian.
http://armeniantrends.blogspot.com/2015/06/hovhannes-v-de-draskhanakert-histoire.html
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=89835
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Appel urgent aux dons pour Kobanê
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Le 25 juin dernier, l'organisation EI est entrée dans Kobanê et a commis des attentats et des massacres sur la population civile, faisant au moins 230 morts et de nombreux blessés.
Après trois jours d'affrontements, les gangs de l'EI ont été chassés de la ville par les combattant(e)s des unités de protection du peuple (YPG/YPJ). Mais les ravages sont énormes dans une ville qui était déjà dévastée suite aux grandes offensives menées par l'organisation EI à partir de septembre 2014 et aux affrontements qui ont suivi pendant près de quatre mois.
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Collectif VAN : l'éphéméride du 2 juillet
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - La rubrique Ephéméride est à retrouver quotidiennement sur le site du Collectif VAN. Elle recense la liste d’événements survenus à une date donnée, à différentes époques de l’Histoire, sur les thématiques que l’association suit au quotidien. L’éphéméride du Collectif VAN repose sur des informations en ligne sur de nombreux sites (les sources sont spécifiées sous chaque entrée).Vous pouvez retrouver tous les éphémérides du Collectif VAN dans la Rubrique Actions VAN, en cliquant sur ces liens:
Les éphémérides du Collectif VAN (1ère partie)
http://www.collectifvan.org/article.php?r=3&id=51673
Les éphémérides du Collectif VAN (2ème partie)
http://collectifvan.org/article.php?r=3&id=55304
Ça s’est passé un 2 juillet (les événements sont classés du plus ancien au plus récent) :
2 juillet 1993 -- Turquie: Le 2 juillet 1993, 37 intellectuels alévis avaient péri dans l'incendie criminel de l'hôtel Madimak, dans la ville anatolienne de Sivas. Ils étaient réuni à l'occasion d'une conférence sur le poète Pir Sultan Abdal. Parmi eux figurait notamment l'écrivain Aziz Nesin, qui avait entamé la traduction en turc des Versets Sataniques de Salman Rushdie. Sa présence servit de prétexte à un rassemblement hostile, à l'appel des partis islamistes de l'époque.
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