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Simon Moulines (31) (29/08/07)

Oh oui, il faut une refonte urgente de la gauche car il en va de notre liberté de notre droit à tous et aussi de notre quotidien. Pour lutter contre les inégalités, les hausses de prix, les stagnations de salaires.

Une gauche qui retourne à ses racines et non plus qui évolue avec des mégalos qui ne pensent qu'au pouvoir (on en a déjà un au gouvernement !)

Vite une gauche qui consulte la base, l'écoute, l'entend, la défend, la soutient, bref de vrais « gauchistes » dans le sens propre du terme.


Pascale Macé, 91120 Palaiseau (28/08/07)

GAUCHE QUI GAGNE OU GAUCHE UTILE ? LA GAUCHE N’EST PAS LA SOLUTION MAIS LE PROBLEME !

Comment reconstruire une gauche qui soit utile à quelque chose ? Il faut la réintégrer dans la société !


"Comment reconstruire une gauche qui gagne" se demandent le Nouvel Obs. et quelques autres. La question étant mal posée, les réponses seront à la hauteur.

Gagner n’est vraiment pas un problème !

Les expériences des régionales et, paradoxalement peut-être, de la présidentielle, montrent, qu’en l’absence à peu prêt totale d’idées et de projet, voire de vrai leader, la gauche est parfaitement capable de gagner au moins "certaines" élections.
Les vraies questions seraient : qu’est-ce que la gauche et, éventuellement, en quoi peut-elle être utile au pays ?
Du reste, l’expérience des années gaullistes, entre autre, prouve qu’il fut un temps où il n’était pas indispensable à la gauche de gagner pour être utile, par exemple dans les luttes sociales. L’intitulé même de la question prouve que ces temps sont révolus. Il lui importe désormais d’être aux commandes plus que de servir. La question elle-même contient donc une part de la réponse en mettant d‘entrée l‘accent sur la victoire et non sur son utilité…

En revanche, être utile pourrait aider à gagner. C’est sans doute ce qu’a découvert Valls quand il propose une collaboration minimum avec la majorité sur certains sujets.


D’un point de vue "post-néo-pshychanalitico-marxien" qui est en quelque sorte l’horizon intellectuel de la gauche contemporaine, on peut dire que la gauche n’est pas la solution mais le problème !
Refonder la gauche nécessite certainement qu'elle se mette, enfin, à l’écoute de la société. Certains contributeurs le disent ouvertement, reconnaissant par là que ce n’était plus le cas. Mais surtout, qu'elle fasse sa propre "analyse". Pour cela un préalable sera de se remettre à parler français.
Classe sociale ou société en soi et pour soi ?
Aujourd'hui, plus que jamais peut-être, la gauche est d’abord une réalité sociologique.
Chauvel a bien montré qu’elle est à peu près la seule chose qui ait jamais ressemblé à une classe sociale telle que Marx la définit. Un groupement d'intérêts égoïstes, conscient de lui-même, produisant un discours destiné à "aliéner" les autres catégories.

Encore fait-il semblant de l’identifier à la "classe moyenne". Difficile de dire s’il s’agit d’une illusion ou d’un vœu pieux.

En réalité, au sein de ce qui serait une classe moyenne d’un point de vue économique, la gauche rassemble essentiellement ceux qui bénéficient d’un statut protecteur et ou sont dépendants de la dépense publique, à commencer par la fonction publique au sens le plus large. Ceux qui sont soucieux de préserver une situation qui en définitive les satisfait assez.

Il est clair qu’un artisan indépendant et un cadre moyen du public peuvent avoir des ressources économiques comparables. Il est non moins clair qu'ils n’ont pas, en tendance, les mêmes choix politiques.

D'autre part, entre l’Énarque de gauche qui n’aime pas les riches à plus de 4000 euros par mois, mais paye lui-même l’ISF, et l’intermittent du spectacle de FR3 province qui vote trotskiste, la communauté d’appartenance à "LA Gauche" n’est évidemment pas liée au seul statut économique, mais surtout à une communauté de valeur, à des intérêts convergents.
Ces segmentations socio-économiques reflètent cependant assez bien les positionnements politiques et la lutte de classe interne pour le partage des prébendes publiques ou para publiques.
Le professeur de lycée parisien sera PS bon teint, l’instit rural écolo jouant la partition de "retenez-moi ou je fais un malheur". Concrètement, on lui accordera une vice-présidence de région.

Certes il existe sans doute, à l’extrême gauche, quelques personnes qui sont sincèrement fascistes, mais pour l’essentiel, les grands frères de la gauche de gouvernement savent bien que celle-là, campe surtout sur des postures de négociations visant à accroître la part du gâteau de sa clientèle, ou les perspectives de carrière de ses élites.

La trajectoire professionnelle type à gauche est souvent en effet, de faire ses classes dans un groupuscule en apparence extrémiste, avant d’être intégré dans l’élite de la gauche des prébendes.

Ceci explique assez bien du reste un mystère apparent. Ladite gauche de gouvernement a toujours plus de facilité à discuter et collaborer avec l’extrême gauche aux discours fascisants qu'avec, par exemple, des chrétiens-démocrates de type Bayrou.


D’une façon assez attendrissante, l’extrême gauche est souvent, aussi, la progéniture de la gauche "arrivée". Ceci était merveilleusement illustré par le film de Coline Serrault, "La Crise". Les enfants du notable socialiste très embourgeoisé sont écolos extrêmes. Mais on peut le vérifier autour de soi. Le jeune Julliard de l'UNEF est le fils d’une notable socialiste.

Et combien de rejetons de la gauche arrivée chez les intermittents du spectacle ?

En période de vache maigre pour les prélèvements obligatoires, les parents du "socialisme arrivé" ont créé, pour leur progéniture biologique ou spirituelle, avec le statut des intermittents, un palliatif au déficit de sinécures publiques, au frais des chômeurs.

Voir par exemple le film "L'Auberge espagnole". Le fils légitime, quoique du divorce, de l’écolo new-âgo-bouddhiste et de l’énarque socialiste consommateur de cigares coûteux et de grand cognac finira intermittent car il ne saurait travailler comme un "vulgaire prolétaire". On scrutera notamment dans le film la confrontation du jeune artiste avec ses futurs collègues de bureau potentiels pourtant fonctionnaires. De vrais Deschien ! On les devine Lepénistes; c’est le peuple…

Il y a trente ans, bien militer au PS pouvait faire espérer à terme, une direction de DRAC. Aujourd’hui, compte tenu de la pyramide des âges, il faut se battre pour obtenir simplement de persévérer dans l’être de l’intermittence. C’est ce que l’on appelle la panne de l’ascenseur social et ce qui explique les résultats des gauches extrêmes en 2002.
Plus qu'une classe sociale, la gauche sociologique est donc une société "en soi" et "pour soi" avec ses hiérarchies internes ses segmentations, ses trajectoires familiales ses conflits.
Et elle se perçoit bien ainsi. Une revue de gauche a pu titrer, "la droite contre la société". Ceci prend un sel particulier après les dernières élections qui devraient la conduire à conclure que "la société" est minoritaire dans la société. Oxymore qui, d'ailleurs, fleurerait bon la logique de gauche.
Nombrilisme, autisme ou égoïsme ?
Une de ses caractéristiques est la méconnaissance forte de ce qui se passe en dehors d’elle-même.
On se souvient qu’après la trahison de Besson, certains ont pu révéler, avec un mépris à double tranchant, qu’il avait dû sa carrière dans le parti au fait qu’il était le seul à avoir jamais travaillé vraiment dans une entreprise privée ! Ici aussi, le corps enseignant offre une cible facile. Il n’est littéralement jamais sorti de l’école ! Et compte tenu de l’endogamie qui le caractérise… Mais il n’est pas le seul.
A y regarder de près, les grandes problématiques qui passionnent la gauche et qui lui semblent être de grands problèmes sociaux sont le reflet de ses angoisses existentielles internes.
Ainsi de façon caricaturale en va-t-il du féminisme.
Les statistiques de l'emploi public montrent que plus une administration est féminisée et à gauche en tendance, plus elle est machiste.

Dans le secteur éducation recherche, bastion s’il en est, on frôle la caricature. 7% de femmes dans les emplois supérieurs alors qu'elles représentent 33% des personnels ayant le niveau statutaire pour y accéder en théorie !

Les chances d’une femme d’accéder à statut égal à un poste de direction sont inférieures à ce qu’elles sont dans l’armée, l’assemblée nationale, sans parler des entreprises.

Quant au PS, il est globalement moins féminisé aux postes de responsabilité que par exemple le Front national alors que son électorat est plus féminin que celui des autres partis à tous les âges en dessous de 60 ans (élection présidentielles 2002). Un parti de femmes très sensibilisées aux enjeux féministes, dirigé par des hommes. D’un point de vue sociologique, en interne, la candidature Ségolène fut un bon choix… En interne !

L’inégalité homme femme est plus forte dans ces milieux de gauche que partout ailleurs. On conçoit pourquoi cette problématique lui paraît centrale.

Hors période électorale où il faut faire semblant de s’intéresser aux pauvres, en tapant inégalité sur Internet, on trouve tous les sites de gauche. Ils parlent tous de l’inégalité des sexes ! Bref, il n’y a plus de pauvres en France que de femmes. C’est sans doute vrai à l’école, à l’hôpital.

Mais alors qu'il serait facile d’imposer la parité par exemple pour les directeurs d’école ou les présidents d’université, la gauche, suivant un schéma que l’on retrouvera de façon systématique, tente de curer ses propres maux en faisant avaler la pilule aux autres. Elle est donc très vigilante sur le respect de la parité partout : sauf dans les administrations !
Finkielkraut a commenté les réactions de "politiquement corrects" affirmant que l’élection du Pape les intéresserait quand il s’agirait d’une femme, fille mère, noire émigrée. Or, 40% des entreprises créées par les femmes le sont par des personnes originaires de l’immigration au sens large ! Mais cela, la gauche ne le sait pas. A bien des égards, elle est en retard sur la société.
La gauche, et, derrière elle, la société française, se sont passionnées pour la question du port du voile qui a concerné 10 filles exclues dont 5 réintégrées par an sur les dix dernières années. Cela a débouché sur un texte de loi parce que cela concernait ses valeurs laïques et la controverse interne entre laïcs traditionalistes et laïcs altermondialisto anti-israéliens tiers-mondistes. A certains égards il s’agît moins d’une victoire de la Républiques sur l’Islam que de la ligue de l’enseignement sur la tendance Monde Diplo. Peut-être même encore plus une habile manœuvre de Chirac pour accroître la division de gauches prête à s’étriper sur ces questions.

La question de l’accueil des enfants handicapés (quelques dizaines de milliers) est loin d'avoir été aussi mobilisatrice.


Pire encore si on en croit le très officiel rapport Obin sur l’école face à "l’obscurantisme religieux". Le corps enseignant a parfaitement réussi à fermer les portes aux "tentatives insidieuses du FN" de s’y implanter, aux 10 jeunes filles voilées, après quelques controverses internes. Il n’est pas parvenu à éviter que les enfants juifs ou présumés tels, soient, de facto, exclus d’un nombre croissant d’établissements.

1 100 000 adultes, pour la plupart pédagogues patentés, parviennent aisément à exclure de l’EN : le FN, les parents, les entreprises, la société et 5 filles voilées par an parce que cela choque leur conception de la laïcité. Ils ne parviendraient pas à résister aux provocations d’une poignée de gamins, pour défendre le principe républicain d’accès de tous à l’éducation nationale ?

Sur le voile, la gauche "anti" a fini par l'emporter sur la gauche "pro". Sur l’accueil des enfants juifs, il n’y a visiblement pas encore de consensus. Pendant ces intéressantes controverses, filles voilées et enfants juifs ou handicapés en sont réduits à compter les points et à se chercher des places encore libres dans des établissements privés contingentés.
Ainsi en va-t-il sans doute aussi de la non-discrimination à l’embauche DANS LE SECTEUR PRIVE. La nationalité pour les parents et les diplômes inaccessibles dans les lycées dépotoirs des banlieues, interdisent de manière soft indolore et invisible près d’un tiers du marché de l’emploi à la main-d’œuvre étrangère ou d’origine étrangère. Le droit de vote oui, pas la distribution du courrier, c’est trop stratégique !

On comprend à quel point il était indispensable d’imposer des règles très strictes de non-discrimination au privé. Peut-être aussi pourquoi les émeutiers de banlieues s’en sont pris d’abord aux services publics et aux écoles, pas aux symboles du capitalisme oppresseur.


Dernier exemple, la gauche peut tenir un discours critique sur les grandes écoles comme sur l’enseignement privé. En pratique elle parvient à contingenter le privé qui menacerait sa clientèle d'éducateurs et sa capacité de propagande à destination des enfants des autres. Elle parvient en effet à mettre les siens à l’abri des disfonctionnements du système (les profs sont notamment les plus grands dérogataires à la carte scolaire). En revanche son agressivité de façade envers les grandes écoles n’a jamais eu de répercussions pratiques. Cela se comprend aisément, elles sont peuplées d’enfants d’enseignants.
On pourrait, et beaucoup le font, résumer les interrogations de gauche sur les causes de la victoire écrasante et sans précédent de la droite par un mot : "l’autisme". Ce serait pour ne pas parler d’égoïsme.
C’est sans doute notamment parce que la gauche, société en soi et pour soi, vit en plein nombrilisme dans une souveraine indifférence à ce qui se passe ailleurs qu'elle a provoqué un tel rejet.

Car compte tenu du nombre d’électeurs qui ont d’abord voté CONTRE Sarkozy, le bilan de la présidentielle au second tour est une baisse de l’adhésion aux "valeurs de gauche" encore plus forte que ne le laissent paraître les résultats bruts de l'élection.


Une société dominante
Pourtant, sociologiquement et politiquement minoritaire, cette "société en soi" est dominante.
Elle l'est sur le plan idéologique
Il n’y a peut-être que Bourdieu pour faire semblant de ne pas voir que la "culture légitime" est la culture de gauche. Tous les "ministères de la parole" ont pour caractéristique de voter majoritairement à gauche : enseignement, recherche, journalisme, media.

Prégnance de la pensée de gauche, dans la dernière législature, les principales préoccupations des députés UMP étaient de ne pas être en retard sur le statut de l’homo-parentalité et pas trop en pointe sur la suppression des 35 heures pour ne pas paraître trop ultra-libéraux.

Même le discours actuel de certains, prétendant que la droite a gagné la bataille des idées et des valeurs, est significatif en creux. Aucun parti de droite n’ose même s’affirmer ouvertement libéral, mais les seuls faits d’admettre que l’économie ne peut être entièrement administrée ou que le travail peut être une valeur et puisse mériter récompense sont considérés comme des reculs idéologiques dramatiques par la gauche !
Cette "dominance" est d’ailleurs un des drames de la gauche. Elle l’empêche d’être entièrement démocrate. Elle ne l’incite pas à s’intéresser au reste de la société ou à s’interroger sur elle-même. Renoncer à, ou au moins réévaluer la vulgate dominante et qui ne "fait soi-disant pas question" sera une étape de la refondation. Par exemple quel est le contenu concret de "les valeurs de solidarité de la gauche" ?

L’autre drame qui lui est lié est l’homogénéité sociologique. Il ne suffira pas de remplacer un ancien ministre des PTT par un jeune postier dans les instances dirigeantes. L’âge n’y fait rien. Le jeunisme actuel s’apparente à un degré zéro de la pensée. Il va falloir trouver des vrais gens de la vraie vie. Pour faire bref, des non fonctionnaires. Pas facile, ces gens là travaillent, mais possible, la droite l’a fait.


Dominance des idées donc. Encore ne s’agit-il que des "superstructures idéologiques". Les réalités "infrastructurelles" sont encore plus cruelles.
Plus de la moitié du PIB passe entre les mains de l’état. Les prélèvements sont à plus de 50% et si on rajoute la dette, une forte majorité de la richesse est donc gérée d’une manière collective, "sociale" et non suivant une logique "capitaliste". Continuer à parler d’ultralibéralisme et de la "pression croissante du marché" devient difficile. La tendance lourde, depuis trente ans, en France, est une hausse de la part des administrations dans la répartition d’une valeur ajoutée en hausse, au détriment des ménages, avec une stabilité après impôts de la part des entreprises.

Une part croissante d’une richesse croissante pour un nombre d’agents publics croissant de mieux en mieux payés (la part du fonctionnement croît par rapport à l’investissement et hors grands patrons, l‘agent public à tous les échelons est payé en moyenne 10% de plus à travail égal que son homologue du secteur privé) conduit à un diagnostique partagé par tous y compris les intéressés : une dégradation continue et inacceptable du service public !


Ceci incite évidemment la gauche à préconiser une pression fiscale accrue sur les " entreprises et les riches" et l’augmentation des dépenses: le fameux des "crédits des postes".
Mais ces réalités macroéconomiques pourraient encore passer pour les fruits d’un choix politique, un modèle de société faisant l’objet d’un large consensus. Descendre au niveau microéconomique conduit à se demander si on n’est pas en réalité dans "l’exploitation de classe et l’aliénation" au sens le plus strict.
L’espérance de vie maximum en France est celle des cadres supérieurs du service public avec trois ans d’écart avec la catégorie suivante, les cadres du privé. L’écart avec les OS est de 11 ans !

Il n’est pas d’indicateur d’inégalité plus significatif.

Il synthétise à la fois les conditions économiques, qualité des soins, revenus, pénibilité psychologique, reconnaissance sociale, niveau de stress, estime de soi, etc.

Peut-être le fils Lagardère ou le patron de Carrefour sont-ils 100 fois, 1000 fois, 10 000 fois plus riches que moi. Mais quel privilège est supérieur à celui de vivre ?

La gauche se passionne pour le taux marginal d’imposition des 10 000 Français les plus riches, mais il ne faudrait pas lui parler de travailler deux ans de plus pour que l’OS profite un peu de sa retraite.
Vous avez dit solidarité !
Ce que Malaurie nomme dans son appel sur la reconstruction "les valeurs de solidarité de la gauche" et d’autres le modèle social français, c’est un système où l’OS :

Cotise plus longtemps que le fonctionnaire pour prendre sa retraite plus tard si il la prend car il vit 11 ans de moins.

Ses cotisations santé financent les soins des octo et nonagénaires de la classe privilégiée dans l’espérance de vie. Ceux-ci constituent en effet l’essentiel du déficit de la sécurité sociale.

Ses cotisations chômage servent à financer les déficits crées par les enfants du second sous prétexte de création culturelle et en fait assez largement de propagande politique non inclue dans les dépenses des partis. (Bien sûr les fonctionnaires n’abondent pas ce "budget culture" puisqu’ils ne risquent pas le chômage, mais profitent largement d’une offre culturelle faite pour eux).

Ses enfants, à travers la carte scolaire, meublent, littéralement, des lycées dépotoirs. Ils subissent, eux, les disfonctionnements de l’éducation nationale. Leur seule perspective est une "reproduction sociale par le bas" dans le meilleur des cas. Trop souvent, compte tenu des exigences croissantes de formation pour l’accès à l’emploi et du poids des charges évoquées ci-dessus, dont on sait à qui elles sont redistribuées, les minimums sociaux.
Rapport Obin toujours : l’ancienneté moyenne des personnels dans les établissements scolaires à problème est de deux ans. Aider les plus défavorisés à s’en sortir n’est plus une vocation mais un pensum, une épreuve de passage, réservée aux débutants avant qu’ils n’accèdent au vert paradis des écoles pour privilégiés. Louis le Grand en fin de carrière ou plus tôt si agrégé.
Et vous nous dites solidarité ! Modèle social !
RMI plus intermittents, on n’est pas loin de "du pain des jeux"

Ceci explique peut-être la place centrale qu’eut un Jack Lang dans le dispositif comme l‘importance des concerts subventionnés dans le traitement du malaise des banlieues par SOS racisme.


Même en interne, la gauche n’est guère solidaire
La principale caractéristique de la gauche aujourd’hui est d’être une portion de la société qui a réussi et impose ses modèles, ses valeurs, aux "autres" à leurs frais. Elle continue à se présenter comme défavorisée pour justifier ses privilèges. Ses projets politiques sont surdéterminés par la volonté essentielle de maintenir la situation actuelle qui en définitive lui convient assez bien.

A plus de 50% de prélèvements obligatoires, elle n’a sans doute pas beaucoup d’illusions sur la possibilité d’aller beaucoup plus loin (en gros d’augmenter sa ponction sur la société). Néanmoins on voit fleurir en son sein les ouvrages expliquant que l’on peut sans dommage pour l’économie augmenter l’impôt citoyen…

Cependant, pour l’essentiel, elle comprend qu’il faut surtout se partager le gâteau, sans grand espoir de l’augmenter.
En 2002, première victoire annoncée : 15% de l’électorat au bas mot, soit 30% de la gauche, font mine d’adhérer à des extrême gauches diverses !

Le sens de la gauche plurielle, c’était de faire pression sur les grands frères pour qu’ils partagent mieux.

C’est le sens aussi de leur évanouissement face au risque de vraie vache maigre en 2007. Quand ils ont compris qu’avec Sarko, il y avait un vrai risque que l’on touche au tiroir-caisse, même LO a appelé à voter Ségolène, malgré son "physique de classe comme ce n’est pas permis", alors que Jospin, pourtant ancien "compagnon de route" ou "frère ennemi" n’a jamais bénéficié de la même mansuétude.
Attention ! Une gauche qui gagnerait verrait à nouveau une extrême gauche florissante.

"Acquérir" les acquis, conduit au consensus, les partager, aux conflits internes de classe de génération et de statut.


Les acquis ! La gauche contemporaine est avant tout un conservatisme et c’est pourquoi elle gagnera un jour en tout état de cause.
C’est justement pourquoi elle peut très bien gagner à nouveau toute sortes d’élections à part peut-être, et sauf accident, la présidentielle.
Tout changement, tout mouvement peut entraîner des traumatismes, des laissés pour compte, des victimes ou tout simplement des lassitudes.

Nous vivons des périodes de changement et la gauche sociologique n’est d’autant pas seule à les redouter que c’est elle qui en souffre le moins.

Elle s’appuie sur une base solide d’un bon 25-30% d’électeurs dont les statuts et privilèges sont étroitement dépendants de sa réussite électorale. Et ce n’est pas une approximation à la Santini sur le nombre de fonctionnaires. Qu’importe le statut. Par exemple, les 1 600 000 salariés du secteur associatif gérant 10% du PIB, ne sont pas fonctionnaires, mais plus encore que ces derniers, dépendent de la dépense publique et de la météo politique. Des instituteurs aux animateurs socio-cul., on tourne à des moyennes de 70% d’électeurs de gauche.
Il reste à convaincre une partie de la population, soit qu’elle l’associera au partage des dépouilles, soit qu’elle la protégera du changement.

Ainsi, les 35 heures permettent de s’assurer d’une partie de la classe moyenne du privé qui gagne assez pour profiter de son temps libre.

A l’autre extrémité, le RMI, permet de stabiliser dans la dépendance ceux qui sont exclus de l’emploi en partie par ces mêmes 35 heures.
Jusqu’au jour où les intéressés comprennent qui paye en réalité ces "acquis sociaux".
D’où un des grands malentendus du moment. Non la droite n’est pas "décomplexée". Elle n’a jamais douté de ses propres valeurs. Elle est "désillusionnée".

Elle a compris, admis, l’insincérité de la gauche, moins partageuse que prête à tout pour préserver ses acquis, notamment au détriment des plus défavorisés. La gauche ne contribuera au bien commun et à la justice que contrainte et forcée. La droite, et notamment la droite la plus populaire (si si cela existe…!) croyait que la gauche était de bonne foi mais ne comprenait pas et s‘acharnait à faire des concessions pour permettre le dialogue. Elle a compris sa nature prédatrice.


La gauche conservatrice donc avec une vocation claire, offrir une alternative au changement…
Le changement, la réforme, ne sont pas nécessairement des valeurs positives par elles-mêmes. Le rôle de frein face à des évolutions parfois trop rapides peut être éminemment positif. C’est sans doute la vocation historique de la gauche aujourd’hui.
En revanche, le peuple français, vieux peuple politique mais aussi amateur de voiture, comprend très bien que sauf exception, il n’est pas bon de mettre "le frein" au "volant".

Il est donc logique que la présidentielle soit une élection particulièrement délicate pour la gauche.

La cohabitation ne lui déplaît sans doute pas tant que cela, qui interdit une vraie prise du politique sur l‘administratif. La présidentialisation du système est certainement une réponse de droite au désir inavoué de la gauche d’immobilisme "apolitique". Même un Ministre, même de gauche (affaire Sautter) a du mal à triompher de "la force d’inertie agissante" de ses fonctionnaires sans parler des élus locaux. Alors, peut-être, un Président ?
Conclusion intermédiaire ? Même en l’absence totale de réflexion, de changement, la gauche reste parfaitement capable de gagner pour des raisons quasi mécaniques.

Le centre de Bayrou, arc-bouté sur des phantasmes d’équilibre budgétaire et de contrôle de la dépense publique a peu de chance de jamais mordre vraiment sur le noyau dur de la gauche. Il faudrait pour cela que celui-ci prenne conscience de ses privilèges et décide de partager. On le verra ce n’est pas complètement impossible mais ce n’est pas le plus vraisemblable.


Cependant, il y aura donc tôt ou tard une gauche qui gagne quoi qu’elle fasse ou dise.
La vraie question serait comment construire une gauche qui serve à quelque chose à la société française. A toute la société. Mais à quoi ? Dans quels domaines ? Liberté ? Égalité ? Fraternité ?
Après deux siècles d’expériences de gauche diverses et variées dans le monde, dont la gauche s’empresse régulièrement d’expliquer que cela n’avait aucun rapport avec elle, on peut tirer quelques conclusions au regard des grandes valeurs républicaines.
Le rapport de la gauche à la liberté est pour le moins complexe.

Pour faire vite on peut dire qu’elle s’intéresse aux libertés "collectives", "imposées" par l’état, et peu aux libertés individuelles dans les domaines publics, la politique l’économie ou le social, où elle préfère toujours la contrainte. La situation est inverse dans le domaine privé.

De la ligne générale au politiquement correct en passant par l’accommodement du terme social à toute les sauces. Sécurité sociale et non individuelle, lien social et non personnel, logement social droits sociaux, comptes sociaux etc. on voit bien que la liberté individuelle fait peur à la gauche.

En partie, sans doute parce que son corollaire est la responsabilité. Plus vraisemblablement encore parce qu’elle n’a pas assez confiance en l’homme pour ce qui est collectif et trop pour ce qui est individuel.

La gauche sera contraignante en économie, mais, dans la sphère privée, familiale, sexuelle, extrêmement tolérante aux comportements de "renard libre dans le poulailler libre". Avec le PACS et le régime de sa rupture, elle a par exemple inventé ce qui ressemble le plus à la répudiation de type islamique sous nos latitudes.

Cependant, ses expériences existentielles, favorisées par la sécurité professionnelle, lui donnent incontestablement une avance en matière de libertés "sociétales".


C’est le "modèle suédois". Prélèvements élevés, fort "contrôle social" et grande liberté sexuelle. "Faites l’amour pas de la politique". Les "spécialistes", "acteurs sociaux", intègres et désintéressés s’occupent de gérer vos impôts.

Elle sera ainsi favorable à ce que l’on puisse choisir son "genre" (on disait autrefois sexe), pas son école.


Si elle est, pour des raisons socioculturelles, prioritairement touchée par les recompositions et les interrogations sur les identités sexuelles ou autres, elle n’est pas la seule.

Dans ce domaine, qu’elle nomme sociétal elle peut, peut-être, apporter quelque chose. Encore paraît-il difficile d’aller plus loin quand on en est à défendre "la liberté imprescriptible à choisir son genre". Dans ce domaine, la note sera, "c’est pas mal, continuez comme cela". Avec cependant un avertissement. La réalité du grand n’importe quoi familial et sexuel prôné par la gauche, c’est une réintroduction de la polygamie étalée dans le temps au bénéfice principalement des hommes. Il suffit de regarder les taux de remariage. Les femmes sont en apparence gagnantes, elles partent et elles gardent les enfants. Leurs conjoints en font d’autres avec des plus jeunes. On ne saurait trop inciter les sociologues de gauche, hommes en général, qui célèbrent alors la féminisation des valeurs sociales à se poser quelques questions. Liberté sociétales ? Le nouveau pauvre type, c’est une femme divorcée avec charge d’enfant mais qui n’est pas dans la fonction publique.


Mais sans entrer plus avant dans le détail le fait d’appeler "ultralibéralisme marchandiseur mondialisé et barbare" ce que les autres appellent liberté, et, par exemple, à nouveau, le droit pour les parents de choisir l’école de leurs enfants, suffit à caractériser le rapport de la gauche à la liberté.
La gauche est assez largement indifférente à l’égalité.

Entendons-nous bien, elle est passionnée par les inégalités dont elle se sent victime, réelles ou fantasmées. Elle est prête à décortiquer au microscope électronique les revenus du fils Lagardère ou le nombre d’enfants d’entrepreneurs élèves de grandes écoles. Mais elle regarde par le petit bout de la lorgnette les inégalités réelles dont souffrent les plus défavorisés qu’elle traite de bac moins 4 (leur situation est méritée) et de populistes présumés facho quand ils protestent…

Le budget des intermittents du spectacle, 120 000 fils à papa de la gauche bien pensante est de plusieurs fois supérieur à celui de la politique de la ville (8 à 14 millions de personnes concernées quand même !)
On hésite entre rire et pleurer quand on lit dans le texte de Camelle et Aigis sur la refondation, "le mérite contre la naissance".

On n’a jamais vu proposer de quota pour ne pas dépasser le nombre de 50% d’enfants d’enseignants à Polytechnique. Quel autre mérite ont-ils que d’être nés dans une famille adaptée au système éducatif ? Bon, certains ne réussissent pas l’X, mais il est des fils à Papa qui dilapident aussi le patrimoine. Dans ce domaine également, la gauche, à dessein, reste marxiste. Les privilèges monétaires du fil de riche plombier sont insupportables. Ceux du rejeton d’agrégé n’en sont pas.


Ce sont bien les héritages des "autres", les privilèges des autres qui la hérissent, pas les pauvretés.
On n’a jamais entendu proposer que ceux qui vivent le plus longtemps travaillent un peu plus pour que les pauvres puissent se reposer. Non, l’idée reste de faire payer le fils Lagardère.
Du reste ses positions "de principe" sont en réalité étroitement liées à ses situations personnelles

Depuis 30 ans, une vraie révolution s’est produite. Les Français sont devenus majoritairement propriétaires. Les riches l’étaient, les pauvres le restent peu en tendance. Parmi les "moyens" ceux qui ont la sécurité de l’emploi le sont sans doute devenus plus que les autres.

On vérifiera aisément sur le Net que la grande indignation de la gauche aujourd’hui concerne le coût d’acquisition de l’immobilier plus que le niveau des loyers ! Caricature dans le Nouvel Obs qui s’indignait du niveau des prix dans le quartier Latin ! Vaste question "sociale" en effet !

La gauche est devenue propriétaire.


Un "jeune facteur très de gauche" qui déclare 1000 euros nets par mois peut détenir un patrimoine de 277 640 euros, appartement dans le XVIIIe à Paris, soit 23 ans de son salaire et compte tenu des normes de prêt, 30% du salaire, 69 ans d’endettement (soyons juste, sa concubine est copropriétaire).
Pas étonnant si les mesures prises par Sarko dans ce domaine remportent une large adhésion même à gauche. Vu l’âge de la "génération 68" l’exonération des successions passera avec des protestations de pure forme à condition qu’elle ne concerne pas les petits-fils Lagardère. D’ailleurs, c’était dans le programme de DSK. Exonération des "successions raisonnables". Ici raisonnable veut dire on le devine aisément, égal à la moyenne du patrimoine d’un cadre A de la fonction publique.

Attention, trop insister sur mérite contre héritage est donc à double tranchant et risque d’accélérer la Bayrouisation de la gauche arrivée.


En matière d’égalité, la gauche s’intéresse moins aux correctifs possibles aux pauvretés réelles, si ce n’est à la marge et symboliquement, qu’à la réparation des injustices dont elle se sent, elle-même, victime. Elle n’a donc pas grand-chose d’utile à dire.
Et pourtant cela redeviendrait souhaitable pour une refondation, moins pour des raisons morales que d’opportunité politique.

La "vraie pauvreté" existe vraiment dans la «vraie vie".

Il faut des moyens pour la faire reculer. Si on fiscalise totalement les 5% de la valeur ajoutée après impôts que touchent peut-être en définitive les "riches propriétaires" en valorisation des entreprises et dividendes, on tuera l’entreprise tout en dégageant moins de moyens qu’en améliorant de 10% le fonctionnement du secteur public au sens large.
La question de faire participer la gauche à la solidarité est donc très directement posée.
Le "centre" et la "troisième composante" du PS sont essentiellement des cathos à différents stade de défrocage. En gros, les Bretons cessent d’aller à la Messe et votent PS. Il leur en reste une certaine sensibilité à ces vraies pauvretés.

Reconstruire une gauche qui gagne passera nécessairement par une étape obligée : faire semblant de moins s’intéresser aux "inacceptables inégalités" dont souffre sa clientèle et plus aux réelles pauvretés. Les vrais pauvres ayant voté à droite, on ne peut plus se contenter de traiter les "tala" en supplétifs. Il va falloir faire semblant de s’intéresser à leurs valeurs.

Courage ! Ce n’est pas si difficile, même Mitterrand sut prendre Rocard comme Premier Ministre. Ah on peut ironiser sur le pouvoir réel de Fillon aujourd’hui dans le tandem exécutif !
Liberté et égalité tombent à l’eau, ? Reste la fraternité.
Cette notion aussi est ambiguë. Cela peut être le meilleur mais aussi le pire. C’est souvent au sein de la famille que les conflits sont les plus inexpiables.
Le déroulement des récentes présidentielles en fait foi à sa manière.
Jospin tombe, en partie victime de ses frères. Mais, là, on reste encore un peu dans le politique.
Tous les ouvrages de gauche récemment publiés sur la dernière défaite concluent peu ou prou aux conséquences de règlements de compte de type "familiaux" ou à des erreurs liées à des personnes.

Autismes supplémentaires au reste puisqu’ils permettent de ne pas analyser ce qui fut moins le fruit d’erreurs internes que d’un profond rejet des hypocrisies de gauche.

On remet en cause l’un ou l’autre des frères (ou sœurs…!) pas les idées fondatrices, pas la certitude de la supériorité morale.

Bartolone, peut-être celui qui reste le plus dans l’analyse, dit par exemple, au sujet des controverses internes autour de la constitution européenne : "on voyait de vieux amis qui ne se parlaient plus au nom de leurs visions divergentes sur l’Europe : cela sentait bon la gauche, l’envie, la vie !" Oui, vraiment, la gauche, c’est la fraternité pour le meilleur et pour le pire et comme on disait à l’époque, l’union est un combat !


Cependant il reste que les milieux de gauche sont souvent fraternels.

Tout le monde se tutoie, le contact est direct et facile, il peut exister de vraies solidarités.

Certes, cela ne concerne que les pairs et ceux des faibles qui peuvent se trouver en état de dépendance

Un homme de gauche recevra plus facilement à dîner un terroriste palestinien, un réfugié tchétchène ou un clandestin sri-lankais qu’un homme d’affaire de droite et surtout un prolétaire électeur du Front national.

Il jurera qu’un enfant sri-lankais arrivé depuis 6 mois est parfaitement intégré au système scolaire français. Dans le même élan fraternel, il regrettera qu’un beur de troisième génération qui ne veut plus entendre parler des valeurs de ses enseignants pour en avoir subi l’hypocrisie ne s’intègre pas "à cause de la société ultralibérale".
Malgré ces bémols il me semble que, peut-être, l’expérience de fraternité interne de la gauche peut être une base sur laquelle refonder une utilité sociale au-delà de la défense de ses intérêts égoïstes de classe.
Cependant, là aussi, on ne saurait trop lui conseiller de commencer par travailler d’abord sur elle-même. Sa nouvelle marotte, justificatrice de postes et de crédits est la "reconstruction du lien “ social ”". Si on en reste à l’hypothèse qu’elle s’intéresse d’abord à elle-même, cela signifie que la gauche a des problèmes de dissolution de ses structures de socialisation interne.

C’est d’ailleurs le constat fait par les spécialistes du FN qui nous montrent que ce dernier remplace dans les banlieues les structures de gauche qui ont disparu.


"C’était une famille unie, on voyait qu’elle n’avait pas encore hérité" ! L’angoisse sur la dissolution de "ses" "liens sociaux" le prouve s’il en était besoin. La gauche est "arrivée". Unie dans la lutte revendicative, elle se déchire dans le partage des acquis. Qui peut vraiment croire qu’entre Ségo, DSK et Fabius, il y ait plus de différence qu’un millésime de l’ENA ? Que le passage du nombre de syndicats à la RATP de 3 à 24 (de mémoire), dans un contexte de désyndicalisation reflète la lutte pour les décharges syndicales moins que la défense de travailleurs qui ne rêvent même pas de façon réaliste de pouvoir améliorer encore leur situation relative.

Quand il y avait encore des "travailleurs" dans les syndicats, les manifestations de sidérurgistes lorrains étaient empreintes du tragique des processions. Les manifestations aujourd’hui, aux couleurs d’un mondial de football ont tout de la communion dans l’indifférenciation d’un carnaval festif d’autocélébration nombrilique.


Bon admettons que la gauche retrouve un minimum de solidarité en interne. Alors, elle pourrait mettre cette expérience au service de la société dans son ensemble. Non en lui recréant du lien social administré sur fond public, mais en admettant le reste de la population dans son acception de la fraternité.
En caricaturant à peine, avec sa nouvelle culture psychanalytiquement post néo marxienne, la Gauche voit aujourd’hui la société hors elle-même comme composée essentiellement de "fous", les bacs moins 4 qui votent Le Pen, destinés à être rééduqués, et des "méchants" des bacs plus 4 et plus, qui votent Sarkozy et gagnent bien leur vie destinés à être mis à la raison fiscale. Dans les deux cas, cela suffit à justifier l’inutilité du dialogue démocratique.
Parvenir à voir dans les "autres" sinon des frères, du moins des compatriotes dont égoïsmes et générosités ne sont pas moins légitimes que les siens sera une étape importante :

De re-mobilisation de ses électeurs les moins sectaires

D’un éventuel rapprochement avec les centristes

D’une participation plus efficace à la dialectique démocratique.


Quand dans une négociation on considère l’interlocuteur comme fou et/ou méchant, il devient difficile de trouver des compromis.
Tiens, un bon champ d’expérience d’une fraternité revivifiée pour la gauche "BNP".

En son temps, cette banque fit scandale avec une pub où un banquier au sourire carnassier disait "pour parler franchement, votre argent m’intéresse". Il en va de même avec nos enfants.

Ils intéressent la gauche qui veille étroitement à ce qu’ils ne lui échappent pas.

On l’a rarement vu en revanche se mobiliser pour un "grand service public unifié des troisième et quatrième âges" pour lesquels le recours au privé, notamment religieux reste étendu.

Les familles trouvent toujours des solutions pour leurs enfants, moins pour leurs vieillards dépendants. Il y a donc là une "vraie demande sociale". Allez torcher les grabataires, nous bourrerons le crâne de nos enfants nous-mêmes !
Mais la gauche génération 68 des "encore jeunes" qui est en passe de devenir la gauche hypocondriaque, sent bien qu’il vaut mieux avoir, pour les "anciens" incontinents, des religieuses que des infirmiers, fussent-ils SUD CGT ou FO. On le voit très bien dans le film d’Arcand, "Les Invasions barbares".
Admettra-t-elle alors que les "vrais" bénévoles de la droite catho, qui s’occupent majoritairement de toutes les pauvretés sans enjeux électoraux, handicapés, trisomiques, quatrième âge, ne sont pas plus illégitimes que les professionnels rémunérés sur fond publics aux 35 heures en matière de solidarité et de partage ! Le Téléthon c’est eux, ceux qui servent les repas aux Restos du Cœur aussi, et même, ceux qui alphabétisent à RESF pendant que des trotskistes de différentes obédiences se discutent la direction du mouvement pour l’utiliser dans leurs luttes internes et contre le gouvernement.
Cesser de se gargariser avec les "valeurs de gauche", reconnaître dans les "autres" des frères qui peuvent avoir des idées différentes mais pas moins légitimes et des générosités pratiques parfois même plus réelles.
L’arrivée de la "génération" au troisième âge offre peut-être une opportunité historique pour la gauche de se découvrir une fraternité avec le reste de la société. Encore faudra-t-il qu’elle se décide à transmettre au moins ce message là à ses propres enfants.
Et ce n’est pas une question morale mais bien politique. Admettre la légitimité moral de l’adversaire, c’est faciliter le dialogue démocratique.
Mais cela intéresse-t-il la gauche ?
Et la démocratie ?
Il est très frappant de voir de nombreuses contributions parler des trois valeurs précédentes et de la gauche mais peu aborder une valeur malgré tout républicaine, la démocratie. Ce non-dit est significatif.

Le refus des processus démocratiques existe dans sa culture et constitue une tentation permanente.


Très favorable à la démocratie dans les entreprises et à la transparence de leurs finances, la gauche est résolument hostile à un réel contrôle qualitatif et quantitatif de la dépense publique expressément prévu par les droits de l’homme, comme du reste le libre choix de son école.

Sur le service minimum, son principal rejet concerne la possibilité de votes démocratiques à bulletin secret !

Les syndicats sont gérés sur le mode de la cooptation. Le PS a vu la dictature des sondages et le bourrage d’urnes à partir de nouveaux adhérents, les socialistes à 20 euros, légèrement plus démocratique toutefois que le marchandage occulte de paquets de mandats de fédérations qui prévalait dans un passé récent.

Bové hésite moins à faucher qu’à se présenter au suffrage de ses concitoyens.

Toute prétention des élus à évaluer des réalisations culturelles est taxée de populisme.

D’une manière plus générale, les "acteurs sociaux" autoproclamés nient la légitimité des élus au nom de leur compétence. Cela s’appelle la technocratie.


Face à un choix politique clair et massif, tous les projets de réforme sarkozystes se heurtent à des refus antidémocratiques non moins clairs et nets.

Alors que l’enjeu central est bien la réforme de l’état, la position de gauche est de dire qu’on ne peut réformer sans l’accord des personnes concernées ! Certes !

A appliquer ce principe, il y aurait plus de légitimité à s’assurer de l’accord préalable des "riches" à voir leurs impôts augmenter, puisqu’il s’agit de "leur" argent, gagné par eux légalement, qu’à demander l’aval des fonctionnaires pour changer leur modalité de dépense de "notre" argent collectif.
Mais la tentation antidémocratique de la gauche n’est pas uniquement un archaïsme de son passé "révolutionnaire". Société dominante à nouveau, convaincue de sa supériorité morale, fréquentant peu ceux qui pensent autrement, elle ne comprend littéralement pas que l’on puisse ne pas penser comme elle.
En témoigne les réactions pathétiques après la défaite où certains ont même évoqué l’idée de quitter le pays. Comprendre que l’enjeu des élections en France c’est l’affectation prioritaire de 2 à 3 points de PIB soit aux ménages soit aux administrations et non la victoire du bien sur le mal.
La vague espérance d’un "troisième tour social" comme les menaces de Ségolène, "la rue si Sarko" dénotent du même "sur-moi" antidémocratique.
La France a choisi démocratiquement de réduire le nombre de fonctionnaires. On peut être contre. La voie démocratique sera de l’accepter mais de négocier de façon constructive pour éviter que cela se passe dans l’excès ou le désordre. Pas de dire que c’est injuste et descendre dans la rue à priori.

Le trou noir de la pensée de gauche, une réflexion sur sa place, son rôle, ses responsabilités dans la société.


Mais l’enjeu majeur pour la gauche n’est peut-être même pas de se remettre à l’écoute de la société pour reconstruire une offre politique à destination des "autres" pour reprendre les termes de Thomas Camel et David Aigis.
En est-elle d’ailleurs capable en l’état ?

Elle a mis 30 ans, et parce que cela eut pour elle un coût électoral, à découvrir que l’insécurité dans les banlieues n’était pas exclusivement un fantasme de petit blanc Lepéniste. Mais alors, elle a décidé qu’en définitive la question ne l’intéressait pas vraiment autant que la cause de l’adoption par les homosexuels.

Elle a mis 30 ans à découvrir que l’éducation nationale était devenue une machine à exclure les pauvres. Mais alors elle a jugé prioritaire d’interdire le voile.

Face à tous ces types de problèmes sa réponse est "des crédits, des postes, du service public" : en clair, donnez nous plus à nous et vous verrez comme nous résoudrons, enfin, vos problèmes !


Vis-à-vis des "autres" elle est peut-être moins autiste qu’indifférente et désormais, elle le sait.

Elle a découvert que cette indifférence trop évidente a un coût électoral.


Mais elle n’en est pas encore à essayer de comprendre son origine.
Qu’est-ce qui, en elle-même, la met dans l’incapacité pratique de se rendre compte que les autres existent ?

Mais surtout, surtout, dans l’incapacité intellectuelle de se comprendre comme acteur social pouvant avoir une part de responsabilité dans les dysfonctionnements ?


Soyons clair : la gauche n’a pas créé les banlieues ghettos et les écoles dépotoirs. Mais elle doit s’interroger sur SA part de responsabilité notamment comme principal intervenant social.

Pourquoi, un temps, au nom de ses prurits multi-culturalistes a-t-elle cru prioritaire d’apprendre l’arabe littéraire à de petits Kabyles au lieu de leur faire du rattrapage en français. Cela, au mépris de leur réalité culturelle et de leur besoins sociaux d’intégration.

L’homme de gauche comprend très bien le rôle du trader des "veuves écossaises" dans les problèmes des banlieues. Il s’intéresse peu aux responsabilités propres, internes de l’éducation nationale. Or, il a peu de chance de parvenir à expliquer la vie au trader ou à lui imposer quoi que ce soit (il est en écosse). En revanche il pourrait aisément contribuer à améliorer le fonctionnement de l’école dans les banlieues. Par exemple en y envoyant les meilleurs enseignants. Curieusement, il préfère s’intéresser aux qualités morales du trader.

Non, la priorité pour la gauche serait de se voir elle-même comme elle est.


La réalité est que le monde bouge énormément, qu’en France le reste de la société paye tous les jours le prix de l’adaptation sous la pression de l’économie notamment. Seule la gauche protégée parvient à préserver ses situations acquises aux frais de ses compatriotes.
A plus de 50% du PIB géré suivant des logiques publiques, collectives, et au fond, assez largement "de gauche", l’enjeu majeur n’est pas de réformer le reste de la société. De nous refaire le coup de la parité pour "les autres".

Il est bien de savoir quel degré de changement des modes de fonctionnement de sa base sociologique la gauche est prête à accepter pour une société plus efficace et plus juste.

Les reformes de l’état, de la fiscalité, des secteurs publics et parapublics sont les enjeux du moment.

Quelles part, quel rôle pour ces 30% de la population, ces 50% du PIB dans l’effort d’adaptation et de souplesse, de justice dans un monde en mouvement ?


Notre expérience est qu’elle reste, et pour cause, relativement insensible à la pression économique autant que faire se peut.

Il fallut la catastrophe de 81, une quasi faillite, pour qu’elle se résigne à bouger un peu sur ses dogmes économiques irréalistes.

On a vu que de façon peut-être encore plus grave, elle est aussi peu sensible aux choix politiques du pays quand ceux-ci divergent des siens.
Mais quand on est satisfait, pourquoi devrait-on changer ? "Classe sociale dominante" dont la culture est "légitime" et dont les logiques président à la gestion de plus de la moitié de la richesse nationale ? Pourquoi changer ?
La gauche n’est pas la solution, elle est le problème.
Il faut qu’elle participe au mouvement et non qu’elle le freine. Le fardeau en sera allégé pour tous. Peut-être même sa situation s’en verra-t-elle en définitive améliorée.
On ne peut pas croire que les enseignants qui ont souvent choisi cette profession par vocation soient satisfaits de contribuer à l’exclusion systématique des plus pauvres par paresse intellectuelle (il faut changer la société avant de changer l’école !) Oui, ils vivent longtemps, mais c’est aussi la profession la plus dépressive. Et pas seulement parce qu’ils ne bénéficient plus de l’estime de la population, mais sans doute parce qu’ils culpabilisent en secret. Une école plus efficace, plus juste, plus conforme aux buts qu’elle affiche sans les poursuivre, ce serait aussi, en définitive, un progrès pour les enseignants eux-mêmes.
Pas facile à admettre. On comprend sa position. Un bon tiens vaut mieux que deux tu l’auras.
L’aristocratie sut en son temps, trop tard, renoncer d’elle-même à ses privilèges. Il n’est pas sûr que la gauche soit capable d’une nuit du 4 août. Si Sarkozy ne parvient pas à faire un peu bouger le système alors, oui, nous verrons des seconds tours Le Pen/Besancenot et on peut prédire que Besancenot ne gagnera pas…
La gauche doit, certes, se remettre à s’intéresser à la société et non exclusivement à son nombril. Plus encore, elle doit se regarder dans les yeux. Si elle prend conscience qu’elle représente des privilégiés "relatifs", qu’elle doit montrer l’exemple du partage avec les plus défavorisés si elle veut retrouver une crédibilité. Si elle étend sa fraternité aux autres catégories sociales, alors peut-être, peut-elle non seulement gagner mais même être utile à quelque chose.
Une gauche utile, cela pourrait être par exemple un syndicat enseignant participant de façon constructive à une réforme de l’école même sous un gouvernement de droite.

Une gauche utile serait une gauche qui présiderait à une telle réforme de son vivier électoral si elle gagne et y participerait si elle perd. Tiens par exemple une parité pour les directeurs d’école primaire si les femmes sont si importantes ! Or elle ne fait ni l’un ni l’autre. Elle impose la parité aux électeurs dans le succès et revendique : des crédits des postes et "la réforme ne passera pas" dans la défaite.


L’autisme le plus grave de la gauche ne réside pas dans sa méconnaissance dramatique des autres et du monde, mais dans sa méconnaissance d’elle-même. Et là, il s’agit bien d’un autisme et non d’un égoïsme
La reconstruction d’une gauche "utile" passera par son application à elle-même et non au reste de la société des ses méthodes d’analyse, de ses soi-disant valeurs.

Enfin, pour rester dans "le concret du retour au réel de la réalité vraie des vrais gens" et donner quelques conseils pratiques, reconstruire une gauche qui serve à quelque chose, même si elle ne gagne pas, passera par une réappropriation de la langue française.


Pour rendre compte de son expérience existentielle paradoxale, des privilégiés qui gémissent, des immobilistes qui acclament la révolution, des conservateurs de progrès, la gauche s’est inventé une langue qui frôle souvent celle de la schizophrénie.
La gauche "combattante" persiste à parler en effet par pléonasme, la gauche "arrivée" par oxymore. Cela ne serait pas grave si cela ne l’empêchait pas de comprendre la société et elle-même. Les termes, toujours doubles, auxquels elle recourt, ont toujours pour but d’expliquer pourquoi elle, et elle seule, a vocation à diriger, et pourquoi elle est moralement indiscutable. Ils ont, par eux-mêmes, leur utilité, pour tenter d’en imposer aux autres.

Mais ils faussent toute ses analyses, l’empêchent d’embrayer sur le réel et, partant, d’être "participative" à un dialogue démocratique sur les réformes en général et sa réforme en particulier.


La "démocratie populaire" définissait bien la vocation d’une gauche qui se prend pour le peuple à diriger en dehors des principes démocratiques, c’est-à-dire sans ceux qui ne sont pas le peuple, ceux qui ne sont pas elle.

"L’économie sociale", est un concept qui affirme que l’économie de gauche a vocation à échapper aux lois de l’économie. Un organisme économique doit, en principe, produire plus de ressources qu’il n’en consomme. L’économie sociale non. La question de savoir quelle économie abondera le déficit ne sera pas posée.

Le bourgeois est un sédentaire inscrit dans sa citée, sa propriété, matérialiste. Le bohême est un nomade peu intéressé par les valeurs matérielles. En se définissant comme nomade sédentaire matérialiste désintéressée la gauche rend sans doute bien compte de son expérience existentielle faite de contradictions. Elle nous invite surtout à ne pas juger ses privilèges.

Bourgeois oui, et on en est secrètement délicieusement fier, mais désintéressé, toujours désintéressé en particulier de savoir qui paye.

Tant que la gauche s’obstinera à produire des concepts tels que, "l’individualisme grégaire", "la rupture durable", il lui sera difficile de savoir où elle va.

La rupture durable est potentiellement plus violente que la révolution permanente. Dans le second cas, on tourne en rond sans fin, dans le premier on passe son temps à casser.


On sent bien qu’il s’agit d’un toilettage dialectique pour rendre compte d’un projet, "tout ce qui existe et qui ne nous plait pas est condamnable". On conçoit aussi que cela ne suffise plus guère à mobiliser.

On aimerait que la gauche fasse, enfin, l’évaluation de ses concepts au lieu de tenter de les sauver en les renommant. Qu’elle cesse de faire semblant de croire qu’être libertaire serait moins violent qu’être anarchiste, marxien moins archaïque que marxiste.


Avec "la France présidente" on atteint une sorte de summum dans le flou de l’expression qui cependant, à la fin des fins, veut bien dire ce qu’elle veut dire.

On ne sait pas si le tout EST la partie ou le contraire, mais on comprend que l’on reste dans une certaine confusion intellectuelle.

Celle-ci cache assez mal une pulsion autoritaire, sans doute, un fort immobilisme et en tous cas un technocratisme peu démocratique.
Il s’agit de faire bouillir de l’eau sans casserole.

La France présidente est-elle une casserole sans manche ou un manche sans casserole ? Comment être la partie qui permet de saisir le tout si on ne lui est pas extérieur.

Comment si la partie se veut le tout ne pas craindre le totalitaire.

Comment ne pas voir que la résolution de ce problème dialectique en apparence satisfaisant pour un esprit de gauche passe par l’absence de tout manche, de toute action ou en tous cas de toute politique apparente ?


Roi de France ou des Français ? Pourquoi pas les Français présidente pendant qu’on y était ?
A ce stade, et connaissant la gauche, la France présidente eut été certainement une casserole sans manche : "apparent".

Les "agents publics indépendants et objectifs" géreront au mieux de "l’intérêt collectif" sur la base de "débats participatifs, entre "acteurs sociaux", c’est à dire entre eux !

Oui ! Cela n’aurait pas bouillonné fort ! Mais qu’on se rassure ; cela n’aurait pas empêché de servir la soupe.

Le précédent historique, Président potiche et autoritaire en apparence, mais pays livré en fait à des corporatismes plus féodaux encore que bureaucratiques, c’est la stagnation brejnévienne.

Celle-ci apparaît bien dès lors comme l’aspiration ultime, inconsciente, des gauches arrivées.
Aujourd’hui, la gauche reste déchirée entre deux compréhensions d’elle-même. Est-elle "La Société" c’est-à-dire qu’il n’y a de "problèmes sociaux" qui vaillent que ceux qu’elle vit, ou surplombe-t-elle la société comme origine extraterritoriale et indiscutable du "sens" social, c’est-à-dire du "sacré" ?

Autiste, schizophrène, et/ou productrice de "sacré" ? La gauche est-elle La société ou son clergé ?


Pour reconstruire une gauche qui gagne, il est suffisant de continuer comme aujourd’hui. Pour reconstruire une gauche utile, il serait nécessaire qu’elle redescende sur terre, ici et maintenant et se comprenne et s’assume enfin comme une partie de notre société commune pour le meilleur et pour le pire.

Le programme sur lequel a été élu Sarkozy, c’est au fond cela. Réintégrer la gauche dans notre société la faire participer au sort commun ici et maintenant.

Elle peut tenter de s’y opposer frontalement, mais il serait fortement préférable qu'elle accepte de participer à la définition de cette réintégration.
Pour elle : pour la négocier au mieux de ses intérêts et sauver ce qui est sauvable de ses incontestables privilèges qui ne sont pas tous injustifiés.
Pour la société : parce que, malgré ses égoïsmes, elle dispose d’une incontestable expertise en matière de "gauche" et pourrait apporter beaucoup à sa propre réforme.
C’est cela qu’elle devrait tirer comme conclusion des épisodes Thatcher Blair.
Dans le choc frontal elle n’est pas sûre de gagner contre la "société" et le retour de balancier anti gauche risque d’être très violent au détriment de ce qu’il peut y avoir de positif dans son action, notamment au sein du service public.
Reconstruire, refonder une gauche qui gagne et qui soit utile, ce serait d’abord, faire de la gauche sociologique un sujet, et non seulement un objet de sa "réintégration dans le social" !
Elle doit porter tous ses efforts de réflexion, toute son expertise d’elle-même sur les modalités de sa propre réforme.

Reste le politique.


Refaire vraiment de la politique et non du corporatisme. S’inclure dans son propre champ de réflexion en priorité. Qu’est-ce qu’une "gauche politique" réformerait de la "gauche sociologique" et comment. Là est le principal enjeu de la refondation. Pour le dire vite, c’est parce que Thatcher a libéré le Parti travailliste des syndicats que Blair existe.
Il faut refonder une gauche politique libérée de la gauche corporatiste. Et pour cela oser dire la vérité sur cette dernière.
Mais pour finir par dire enfin les fond des choses : parler français ! Le conseil est bien sûr pervers ! Dans une situation durable de minorité sociologique la gauche ne pouvait gagner qu’au prix de l’ambiguïté. Il fallait rassurer quelques centristes sans désespérer la gauche de la gauche et si possible en séparant la "droite populaire" de la "droite de gouvernement".
Le "moment Mitterrand" est passé qui permit de croire une dernière fois, au prix de ces grands écarts intellectuello-idéologiques mélangeant dans un même corpus les lénino trotskistes à tendance Lin Piao aux socio démocrates façon Olaf Palme qu’il existerait quelque chose qui serait "la gauche" et ne serait pas limité à un groupe hétérogène post-léniniste de prise du pouvoir au service d’intérêts corporatistes.

Reconstruire politiquement "une gauche ouverte aussi fraternelle aux autres, une gauche aussi généreuse, avec les autres, une gauche qui parle français avec elle-même et avec les autres" aussi bien que le reste de la société, que les autres partis, ce serait aussi, en réalité, signer la mort définitive de l’exception de la gauche à la française. Peut-être même se débarrasser du mot lui-même.


Même au sein de la base sociologique traditionnelle de la gauche, ce que l’on pourrait appeler la gauche sincère ou honnête, ou réaliste ou comme on voudra, est en très forte attente sur ce point. C’est le sens du vote de gauche pour Bayrou au premier tour.
Mais il n’est pas facile de se séparer d’une croyance, celle du caractère unique essentiellement bon et surplombant la société que l’on a cru longtemps être contenu dans ce mot.
C’est pour cette raison que toutes les contributions paraissent tellement en dehors du débat. Elles patinent dans le déjà vu de la dialectique trop à gauche ou pas assez à gauche sans se demander ce qu’elle est.
Reconstruire une gauche qui gagne et qui fasse gagner le pays, ce serait constituer une force, affichant sa préférence relative, à la marge, pour les solutions collective plus qu’individuelles, pour une intervention relative plus importante de la puissance publique. Pour une diminution du coût et une réforme plus qualitative que quantitative de cette dernière. Prête à discuter, à négocier ces questions, même très virilement avec ses adversaires politiques, qu’elle soit dans la majorité ou l’opposition. Au service du plus grand nombre.

Faites vite ! Pendant que certains se contentent d’élucubrations sur le caractère nocif de Sarko ou dans le ânonnement du credo de la gauche Caliméro, "c’est vraiment trop injuste, pourtant c’est nous qui sommes le bien", en silence, beaucoup, à titre individuel, contribuent au débat en quittant la gauche archaïque. Ils invoquent, à juste titre, leur fidélité, aux valeurs "de gauche" dont ils découvrent que revendiquées par tous, elles sont mieux pratiquées ailleurs.


Alors la gauche qui gagne ? Pas de souci ! Sauf peut-être pour le pays et les plus pauvres
La gauche utile ?
Pas de refondation possible sans constat du décès ! De Profundis !
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