Voici les contributions de lecteurs à l'appel du Nouvel Observateur



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Jean-Yves Fargette (Rueil-Malmaison)

Vous donnez la parole à vos lecteurs.

Il y a un peu de tout dans les réactions mais il reste plusieurs constantes :

1. la gauche s'est éloignée du mouvement ouvrier et des travailleurs. La gauche s'est éloignée des combats légitimes pour soutenir des causes perdues.

2. En élisant Ségolène pour représenter le parti qu'elle a superbement ignoré, l'erreur de « casting » a été manifeste

3. Il n'y avait aucune ligne directrice dans le programme de Ségolène ou du parti socialiste pas plus que dans celui de Jospin il y a 5 ans. On attend un PROGRAMME basé sur quelques idées cohérentes et directrices et pas un inventaire à la Prévert sans épine dorsale.

Désolé pour le PS mais les idées de Bayrou étaient plus solides, basées sur un programme cohérent et avec quelques idées directrices: les déficits et l'investissement dans la recherche et dans l'innovation, seule planche de salut dans la mondialisation. Dommage que vous ayez cru bon de soutenir le mauvais candidat...

Pour étayer le premier point, quelques exemples qui sont autant des détails qui ont agacé bon nombre de personnes :

- L'épisode du resquilleur de la gare du Nord : et qu'on travaille dur en se levant tôt le matin pour survivre, quel silence assourdissant de la gauche et des droits de l'homme. Si on exhorte les vertus du civisme et de la solidarité, il faut sanctionner strictement les incivilités... la défense du droit et non pas défendre l'indéfendable.

- Il y a 5 ans : Jospin annonçant la fin des SDF et supprimant la vignette auto : ON CROYAIT REVER l'ouvrier avec sa vieille Clio peut dire merci pour gagner ses 30 euros, l'utilisateur de Ferrari ne remerciera jamais la gauche de lui avoir fait gagner 1000 euros... et les SDF seront toujours là, les relogés remplacés par ceux qui arrivent...

- la fin des heures sup, les 35 heures sur une base annualisée, merci n'ont jamais dit les grandes multinationales qui n'en pensaient pas moins et qui n'avaient plus à payer les heures sup puisqu'elles peuvent ajuster leur production selon l'activité économique, mais le travailleur qui touchait ses heures sup n'y trouve pas son compte... et le petit patron s'est retrouvé dans la merde.

- la privatisation des sociétés d'autoroute par un ministre communiste alors que la Suisse sait mettre les camions sur les trains... et on s'étonne des parachutes de Zacharias pour une société qui gère des parkings et des autoroutes, tu parles de la productivité industrielle...

- ne surtout engager aucun débat sur le financement des retraites, surtout pas engager le débat sur la retraite par capitalisation qui pourraient encourager les entreprises dynamiques, exportatrices et créatrices d'emploi et laisser les fleurons de l'industrie française (Arcelor, Pechiney) s'envoler à l'étranger et un lot de restructurations à venir... et ce n'est qu'un début...

- LE meilleur pour la fin : Huchon qui d'un côté dédouane les RMIstes de payer leur contrepartie du RER et de l'autre côté choisit une entreprise canadienne incapable pour des raisons techniques (jamais avouées...) de construire des trains à 2 étages... on atteint le comble de l'absurde. Le Smicard travaillant dur à 1000 euros par mois pourra remercier Huchon de le transporter serré comme une sardine en payant sa place dans les périodes de pointes, alors que les habituels assistés ne se donneront pas cette peine... et tant pis pour le travailleur de Mulhouse ou de Belfort qui travaillent pour le concurrent, il ne prend pas le métro, mais il perd son boulot...

Vive la solidarité nationale, les droit de l'hommiste sont contents, les rmistes ne payent pas... les smicards eux votent Sarko !!! BRAVO !!!

Et quand pour couronner le tout le PS choisit une incompétente qui n'a comme seul fait d'armes supprimé le bizutage et mis la pilule dans les collèges... sans le soutien du parti, en prenant ses décisions seule, sans plan de concertation, sans proposition nouvelle, une inconsistance totale dont M. Julliard avait idéalisé béatement... (je n'ai jamais compris pourquoi il avait été beaucoup plus critique envers Bayrou qu'envers Ségolène) on va loin avec cela... super le modèle de société !

CONCLUSION

Maintenant on aura les mal-logés qui vont payer 3 points de TVA en plus pour les nouveaux logés, les RMIstes qui vont payer des heures sup que pas une multinationale ne payera, il faut bien remercier ses copains Bouygues et consorts...

Bref on a la solidarité à l'envers.

M. Darcos peut bien traiter le PS d'archaïsme. Il a raison, mais à nous de leur répondre que faire payer les pauvres pour les riches, tu parles d'idées progressistes... Coluche avait raison, il faut faire payer les pauvres, il y en a plus...

Bon courage au PS....
Pascal Podwojewski (Pietermaritzburg, Afrique du Sud)

On entend parler de refondation ou rénovation et ancrage à gauche. Ce sont, il faut bien le reconnaître des formules à la mode. Nul ne sait si elles trouveront quelque écho dans les mois qui viennent. Une chose est cependant certaine : le rassemblement ne pourra se satisfaire d'une discussion de pré-présidentiable. Car pour arriver à un débat constructif, 2012 ne devra pas être l'objectif, mais le moyen d'affirmer une autre politique : un rassemblement à gauche. Pour ce faire, il faudra beaucoup d'effort et de patience. Et soyons en sûrs, on ne pourra pas compter sur le pouvoir des médias, pour relayer nos débats ! C'est aux militants (à qui il faudra rendre leurs responsabilités), qu'il appartiendra de le faire. Au Congrès, c'est le poids que les militants donneront aux débats, qui sera déterminant pour l'avenir !


Alain Leduc

Ces derniers temps, la gauche nous laisse effectivement une bien triste image. Plusieurs facteurs ont aggravé la situation et surtout, notre regard.

L'élan porté par la probable candidature de Ségolène Royal est vite, trop vite retombé. Je pense que nous devons ce phénomène aux piètres encouragements de Lionel Jospin et Dominique Strauss-Kahn, les deux éventuelles candidatures les mieux placées pour emmener le parti vers la victoire. Nous avons ressenti le doute qui les habitait envers la personne de Ségolène Royal. Ces doutes, fondés ou non (d'ailleurs, ce serait un débat vraiment intéressant si chacun des protagonistes acceptait de jouer le jeu de la sincérité), ont largement contribué au discrédit de la candidate. Discrédit relayé par d'autres « éléphants ».

Martine Aubry, longtemps en difficulté à Lille, après sa loi sur les 35 heures qui n'a pas fait l'unanimité. Laurent Fabius, partisan du « NON » Européen, alors que c'était un vote de ras le bol, plus ancré vers la gauche déjà bien laminée depuis l'arrivée de François Mitterrand à la présidentielle. Je ne les citerai pas tous. Mais nous aurions préféré qu'ils se retirent de la politique, ou au moins qu'ils se mettent en « veilleuse », et non pas Lionel Jospin. La fierté n'a pas de place en politique. Nous avons besoin de sincérité, d'intégrité, de justice.

Ce devait donc être un rude combat face à Nicolas Sarkozy car il fait beaucoup d'efforts pour afficher ces qualités. Comment admettre les propos de Ségolène Royal lorsqu'elle annonce qu'augmenter le SMIC à je ne sais plus combien n'aurait pas été possible ! Que chaque fonctionnaire féminine aurait été accompagnée par un policier, cela suppose t-il que nos épouses pourraient se faire violer puisque travaillant dans le privé ?! De plus, avec de telles décisions, comment pouvions-nous croire un instant que nous n'aurions pas payé l'addition ? Comment accepter l'absence systématique de réponse prétextant du débat démocratique (l'idée est très bonne mais mérite d'être exploitée sans être servie à toutes les sauces) à chaque question demandant un AVIS ! Que dire de ces affirmations selon lesquelles nous n'opposerons pas les blocs l'un contre l'autre alors que c'est ce que nous faisions en dénonçant violemment les propos de l'adversaire ?

Mr François Bayrou était-il un adversaire ? Comment Ségolène Royal l'a-t-elle contacté ? Le parti l'a-t-il soutenue dans la démarche ? En fait, nous avions bel et bien eu l'impression que Ségolène Royal faisait cavalier seul, ou presque, s'il fallait nuancer. Et c'est bien le problème. Elle décidait... Et nous promettait un débat démocratique. On avait déjà senti que quelque chose ne collait pas. Et où était le parti ? Et les éléphants du parti ? Vous avez dit des éléphants ?!...

Malgré tout ça, j'avais voté pour Mme Ségolène Royal aux deux tours. Socialiste. Comme d'habitude. Et bien oui, justement, comme d'habitude. C'est comme si ma femme et moi ne faisions aucun effort pour rompre la routine qui peut nous briser à chaque fois que la vie nous propose du nouveau. Le parti doit se réactualiser. Cela veut dire que nous devons nous ouvrir. Nous avons dit ne pas vouloir opposer les blocs, et bien, participons au renouveau. Avec la majorité présidentielle s'il le faut. Nicolas Sarkozy veut l'ouverture, eh bien donnons-lui l'ouverture. Tout en conservant notre identité. En lui donnant ce qu'il souhaite, nous serons en droit de lui demander des comptes. Pas autrement. Trop facile de critiquer. Et nous n'avons pas non plus à nous vanter de nos années de pouvoir.

Les problèmes de retraite étaient identifiés depuis au moins le début des années 80, qu'avons-nous fait sinon louper une génération de capitalisation boursière !

Nos politiques ne prennent probablement pas les transports en commun, et leurs enfants ne fréquentent probablement que des établissements scolaires de prestige, autrement, ils se seraient occupés bien plus tôt de notre sécurité ! Vous en voulez d'autres ?

Puissions-nous participer à l'élaboration d'une France plus juste, plus logique, qui rompt avec ses habitudes stupides. L'alternance ne semble plus possible qu'au travers de l'échec du pouvoir en place. Mais cela nous profiterait-il ? Faut-il se réjouir de l'éventuel échec de Nicolas Sarkozy ? Je pense que non. La France doit avancer efficacement désormais. Un échec serait lourd à porter. Et qui en tirerait profit ? Si les politiques sont si attentionnés qu'ils veulent bien le dire au bien être des Français, alors, il est temps de cesser le nombrilisme et de passer à une économie qui fasse vivre, au détriment des intérêts de quelques privilégiés.

Pour cela, une arme, le rassemblement. Par exemple, les Verts et les Chasse pêche nature. Quand vont-ils remarquer qu'à au moins 80%, ils sont mus par les mêmes idéologies : la nature. Ah, la nature, si on attend encore, ce sera comme les retraites. Sauf que là, pas d'argent en jeu. Nous allons payer comptant. Moralité : Verts, Chasse pêche nature, Confédération paysanne, tout ces sujets mériteraient d'être intégrés dans un grand parti comme le nôtre avec une réelle volonté politique avant-gardiste sur ces thèmes. Comme certains le pensaient déjà avant le premier tour des présidentielles, une alliance avec François Bayrou serait intéressante. Son programme était le plus judicieux. Faut-il être politiquement borné pour le reconnaître ?

Une direction multi partis du PS ? N'est-ce pas l'avenir ? Synonyme de débat démocratique ? Bien entendu, cela ne peut s'adresser aux empêcheurs de tourner en rond... A bons éléphants ridés, salut !


Daniel Landre (Leers)

« GARDER LA VIEILLE MAISON » ?

I. D’ABORD ECOUTER :

De tous côtés les cris, les injonctions, les conseils plus ou moins désintéressés : « refondez », « rénovez », « changez », « devenez ce que vous êtes », tout ceci fort légitime après une défaite. A quelques réserves près. 2 entre autres :

A. s’agissant de la Social Démocratie rappelons :

La formule lapidaire de L. Jospin : « oui à l’économie de marché, non à la société de marché », celle de François Hollande : « un réformisme de gauche » donc pas de double langage, ni, à tort ou à raison, de surmoi marxiste. Je lis et relis les textes des derniers Congrès du PS : on peut leur faire toutes les critiques du monde mais accuser le PS d’une forte et anachronique radicalité laisse perplexe

La Social Démocratie a toujours eu du mal à s’installer en France : la Charte d’Amiens, la scission de 1920, l’échec du programme commun ont toujours rendu difficile l’émergence d’une authentique social- démocratie

Enfin les spécialistes nous apprennent que la Social Démocratie est, depuis 3 décennies, fortement contestée dans ses 3 bases classiques :

sa base sociologique : la classe ouvrière,

sa base économique : une forte croissance,

sa base politique : la possibilité de conduire une politique économique indépendante.

Donc, je suis désolé pour DSK, découvrir la Social Démocratie en 2007 ne me semble pas faire preuve d’une inventivité fulgurante.

B. La défaite est là, incontestable, d’autant plus douloureuse qu’elle est la 3ème de rang à l’élection présidentielle mais on ne peut oublier les scores honorables du 1er et du 2e tour, l’assistance fournie et enthousiaste aux différents meetings de S. Royal, le profil de l’électorat de notre candidate encourageant pour l’avenir. L’échec, s’il appelle une analyse rigoureuse, ne peut pas tout effacer et doit trouver un équilibre entre le « trop à gauche » et le « pas assez à gauche »

II. PUIS COMPRENDRE

Cette fois la vieille maison n’est pas à garder contre ceux qui courent l’aventure. Le débordement n’est plus, comme en 1920, sur la gauche (pauvre PC qui pendant des années a surveillé et combattu scrupuleusement l’apparition et le renforcement de mouvements sur sa gauche). Plutôt se garder sur la droite. En l’espace de quelques années le paysage politique et idéologique a connu une recomposition radicale. Le temps d’une génération se sont affirmées les mises en question spectaculaires, se sont envolées les certitudes qui ont soutenu notre jeunesse : disparu le triptyque nationalisations/planification/autogestion qui nous a fait tant rêver. La social démocratie elle-même qui semblait si fade lors des années de feu est, nous l’avons dit plus haut, contestée et dite dépassée. L’état social est accusé de lourdeur et d’inefficacité et prêt à céder la place à l’état carcéral. Succès des thèses néo-libérales, durcissement du système capitaliste, triomphe arrogant de l’individu- consommateur, tous les « post » (post-industriel, post-moderne…) toutes les « fins de » (fin du compromis fordiste-keynésien…) Comme dit Charles Trénet : que reste-t-il de nos amours ? Renvoyée au Musée avec le rouet et la lampe à huile la vieille chanson qui a bercé nos jeunes années. Brisées impitoyablement les pièces de notre armure longtemps si solide et superbe : - lutte des classes – combat émancipateur de la classe ouvrière et de ses alliés – intellectuels organiques et intellectuels classiques - bloc historique – le front de classe (ou, admirable subtilité, le front de classes) etc. J’arrête une énumération qui épuise le militant le plus endurci.

De cette nouvelle donne

§ Les causes sont connues - globalisation – 3e révolution industrielle – retombées longues de l’effondrement, à partir de 1989, du bloc soviétique pour ne citer que les trois plus importantes…

§ Les conséquences ? Il est facile de les énumérer : - fin de la classe ouvrière – dimension concurrentielle accrue – individualisation croissante des statuts et des aspirations – chômage de masse et exclusion – ratés de l’intégration par la ville, par le syndicat et par l’école – fin de l’optimisme prométhéen qui poussait les jeunes générations de 68 à vouloir changer le monde – par TF1, M6, Star Ac interposés, mise en place d’un nouvel imaginaire dont on ne peut négliger l’impact sur le long terme.

Donc un cycle très défavorable aux valeurs et fondements de la gauche. Une droitisation de la société nous dit-on qui explique notre échec : nous avons perdu parce que nous ne pouvons pas gagner (et voilà pourquoi votre fille est muette). Nous marquons certes quelques buts (pendant la campagne de Ségolène) mais le plus souvent, ils sont annulés pour hors jeu. Ou récupérés par la droite cynique ( : Jaurès, Blum) qui obtient d’un arbitre complaisant (Bouygues ? Lagardère ? Minc ?) leur validation à son profit. Ainsi le choix peut apparaître dramatique : rester fidèles à nous-mêmes et perdre ou gagner en trahissant notre raison d’être. Ne cédons pas, cependant, au découragement. A la différence des sixties le nouveau cycle nous est défavorable. Raison de plus pour l’affronter avec détermination et, si possible, lucidité.

AGIR DONC : REPRENDRE L’OFFENSIVE, TENTER DE REDEVENIR HEGEMONIQUES (ah, ces vieux concepts gramsciens : hégémonie, direction, domination, AIE, ARE bloc historique, envolés eux aussi !!) DECLARER LA GUERRE A LA PEUR ET AU MALHEUR :

1°) attendre d’abord que se dissipent les ambiguïtés d’une campagne habile et de ralliements surprenants. Des choix vont être faits. Ils devraient clarifier le paysage.

2°) défendre pied à pied ce qui mérite d’être préservé dans notre modèle social. Il est des phases dans la vie d’un parti comme dans celle d’une équipe de foot où tout tangue. Rien ne marche plus .Les joueurs ne se trouvent plus sur le terrain, ne se parlent plus comme on dit. .A part les jeux de cartes dans trains, avions et autocars, ils n’ont plus rien à partager. Le collectif bégaie. Il faut donc resserrer les boulons, changer le dispositif défensif, se replier en attendant des jours meilleurs, faire rentrer deux ou trois jokers. A la limite changer d’entraîneur.

3°) surtout se préparer à la reprise rapide de l’offensive. Le repli conjoncturel est tenable un temps. Il ne peut servir de stratégie. Les axes de l’assaut sont plus que connus. Je les rappelle brièvement et m’attarderais sur l’un d’eux :

1. la sécurité sur tous les plans (sécurité sociale professionnelle, sécurité sociale, sécurité classique dans l’articulation prévention-répression) et sur tous les niveaux géographiques : du quartier à la planète en passant par l’Europe, à consolider fermement car elle est la dimension essentielle dans ce domaine comme tant d’autres et un des enjeux majeurs de notre combat .Tout ceci dans une vision objective et plutôt positive de la mondialisation.

2. l’économie de la connaissance.

3. un environnement sûr pour tous : là encore les dimensions européenne puis mondiale sont essentielles.

4. une démocratie vivante, au-delà des changements institutionnels souhaitables et possibles.

5. enfin, c’est sur ce point que je m’attarderai, une école de la réussite de tous. Dépassons les bonnes intentions dont l’enfer est pavé, les programmes de circonstances qui durent ce que dure une campagne et insistons sur le Collège, maillon faible et dispositif essentiel du système éducatif, le système éducatif étant à son tour d’une importance cruciale (il conditionne tout : le dynamisme de l’économie, la cohésion de la société, la richesse et la diversité de la vie culturelle etc.) Est-il adapté à l’école de masse ? On peut répondre non car il reprend, pour l’essentiel, les structures du lycée bourgeois du XIXe siècle

- un découpage horaire par bloc d’une heure, deux au maximum

- un mode de transmission (le fameux « cours ») induit par ce découpage

- une impossibilité, dans cet émiettement, de prendre en compte les comportements des élèves et de les aider à évoluer. Tout se joue, le plus souvent, dans une épreuve de force quasi quotidienne : sanctions, visite dans le bureau du CPE (voir le livre de Bégaudeau : « Entre les murs »)

- une incapacité à réconcilier les élèves qui en ont besoin (- poids des échecs passés - impact des conditions de vie – influence des médias et des groupes de pairs etc.) avec l’univers scolaire.

D’où la nécessité d’entreprendre une mutation spectaculaire, d’autant plus urgente qu’elle prendra sans doute quelques années ou plus. Les pistes :

la nouvelle économie du service des enseignants. Quand SR a parlé des 35 heures, certains enseignants ont vu et pas toujours à tort une reprise du lieu commun cher à certains parents d’élèves : les enseignants sont sous occupés, pire paresseux. C’est une autre vision qu’il faut avoir : une évaluation des services non plus en heures de cours (15 heures, 18 heures ??) mais à situer dans le cadre d’un dispositif souple et nuancé : des heures de cours avec une pondération, des heures de soutien, d’écoute, de tutorat avec une autre pondération, un horaire de concertation , des co-animations si formatrices pour les élèves comme pour les professeurs, le tout, préparations, tâches diverses et annexes n’excédant pas les 35 heures au-delà desquelles l’enseignant retrouve toute sa liberté, ses loisirs, son souci légitime de se distraire, de se reposer et d’approfondir sa culture (A)

cela suppose une refonte totale de l’architecture des collèges : bureaux, bibliothèques, médiathèques…

enfin et surtout une organisation totalement différente de la classe : la responsabilité en est donnée à un enseignant de référence qui suit le groupe pendant l’essentiel de son horaire ; il enseigne certes une discipline mais sa fonction majeure est, dans une phase préalable où il est seul d’abord, puis rejoint par des enseignants volontaires, de développer une vie de groupe, d’aller vers une certaine cohésion de la classe, de laisser apparaître les conflits, de les désamorcer et de les dépasser dans toute la mesure du possible, de créer un esprit collectif, les autres collègues avec leurs disciplines le rejoignant après une phase plus ou moins longue selon la physionomie du groupe-classe

partant de ces bases, la mise en place d’une vie démocratique de la classe : conseil, bilans, conflits portés devant le groupe, arbitrages, sanctions. Cela vaudrait bien des heures d’éducation civique, l’étude du fonctionnement de la démocratie athénienne ou des articles de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen s’accommodant fort bien de comportements fortement anti-démocratiques.

Continuons à filer la métaphore sportive : un entraîneur prenant en charge le groupe (personnalités diverses, talents complémentaires ou opposés, affrontements larvés ou contestation ouverte, refus violents ou désengagements discrets etc.) Sa responsabilité est, avec tout cela, de construire une équipe efficace, de tirer le meilleur parti des différents potentiels mis à sa disposition. Dans cette tâche il est soutenu, aidé par des spécialistes (l’entraîneur des gardiens, l’entraîneur adjoint, un psychologue, celui qui est chargé de la préparation physique etc.) mais tout ceci sans juxtaposition, sans morcellement, sans jamais perdre de vue l’unité de la préparation, la cohésion de l’équipe avec le souci d’une vision d’ensemble du groupe, de l’évolution des individus et des potentiels qu’ils représentent. Dans un contexte différent mais présentant des ressemblances ce serait la fonction du professeur référent.

De cette nouvelle organisation on peut beaucoup attendre : - une mutation forte dans le climat du collège - fin du travail en miettes,- responsabilisation des élèves, - pédagogie du projet, - libération des initiatives de tous, élèves et enseignants, - tensions limitées, - surchauffe due à la fécondité du travail, à son intensité, à la force des implications et non à l’énervement classique et à la dispersion générés par un découpage horaire aberrant. Pour les enseignants tout bénéfice : fin de cette épreuve de force permanente qui les laisse pantois et vidés au bout de quelques semaines, bonheur de venir au collège sans attendre comme une libération les vacances et le passage du relais (une classe difficile à transmettre à d’autres malheureux collègues l’année suivante). Pour les élèves, un autre rapport avec l’univers si particulier du Collège, la réconciliation de nombre d’entre eux avec l’obligation scolaire. Avec ces nouvelles structures, la possibilité d’un diagnostic de départ, la définition d’une stratégie et d’étapes précises d’évaluation avec remédiation adéquate. Mieux, si c’est souhaité par l’équipe, la possibilité de suivre le même groupe sur 2 ou 3 ans Une école de la réussite et de l’épanouissement de tous, une massification qui s’accompagnerait d’une véritable démocratisation, des enseignants et des élèves heureux en classe ce qui n’est pas toujours évident .Des obstacles bien sûr : celui des mentalités, celui du poids des habitudes et des structures figées, celui de la pression des parents des élèves qui réussissent, celui des moyens importants qu’il faudra dégager. Mais quels bénéfices pour la nation : des élèves mieux formés, un échec scolaire plus limité, un réel bonheur à se former, une plus grande efficacité dans la société, l’apprentissage d’une vie démocratique qui devrait se retrouver dans la cité

Sous nos yeux, en quelques années s’est mise en place une véritable révolution scolaire :

dans l’école par la massification

hors de l’école par le poids croissant des média de toutes sortes

Peut-on continuer à garder, pour le Collège (demain pour le Lycée et pour l’Université) des structures qui ont fait certes leurs preuves il y a un siècle et pour un public d’héritiers mais qui, aujourd’hui, sont désuètes et inefficaces pour un très grand nombre d’élèves .Avec un service public de la petite enfance, une école des parents, on peut espérer tout à la fois faire reculer l’échec scolaire, favoriser l’émergence de comportements démocratiques, affirmer le droit au bonheur en classe de tous les élèves et non des seuls candidats aux différentes grandes écoles. La tâche est immense, urgente. Les obstacles nombreux et considérables .Raison de plus pour commencer le plus tôt possible.

Le Parti Socialiste doit prendre l’offensive sur ce terrain (comme sur les autres cités ci-dessus), participer fortement à la réflexion et à l’élaboration des solutions, faire des propositions audacieuses. C’est une des voies et non la moindre pour devenir hégémonique.
(A) sur cette proposition, deux remarques :

1. elle n’a de sens que située dans une réforme de l’ensemble du système du Collège.

2. si l’on estime qu’elle est très difficile voire même impossible à mettre en œuvre, l’essentiel serait quand même de préserver la création d’un enseignant- pivot ou référent. C’est par lui, grâce à lui que passerait une transformation forte de la scolarité dans le Collège.


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