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Gérard Bonneau- Antibes


Les vieux, la crédibilité, la méthode…

Nicolas Sarkozy, comme le montre bien Jean Véronis*, a martelé tout au long de sa campagne son ode à « la France qui se lève tôt » qu’il a ensuite opposée à ceux qui se la coulent douce avec leurs grasses indemnités de chômage ou leur RMI sans oublier les allocs.

Si ces sybarites ont majoritairement compris le message (si l’on en croit la SOFRES** 55% des chômeurs et des autres inactifs ont choisi S. Royal au 2e tour) « la France qui se lève tôt » n’a pas fait un triomphe à N. Sarozy, puisque, selon la SOFRES toujours, une majorité de salariés a choisi son adversaire (54%) et singulièrement les ouvriers (59%) et les employés (57%) ; en revanche, les 2/3 des retraités dont on ne peut dire qu’il fassent parties de la France qui se lève tôt, l’ont élu (63 %).

S’agissant des tranches d’âges : une certitude les 60 ans et plus ont voté largement Sarkozy (65ans et plus 64% pour la SOFRES, 60-69 ans 61% et 70 ans et plus 68% pour IPSOS), une incertitude le vote des 25-34 ans : à 54% pour Royal à la SOFRES, à 57% pour Sarkozy chez IPSOS ! Et S. Royal l’emporte chez les jeunes (58 ou 60% des 18-24), fait jeu égal chez les 35-49 ans et l’emporte chez les 50-59 ans (IPSOS).

En gros donc, S. Royal l’emporte chez les salariés et notamment dans la classe ouvrière, elle séduit les jeunes. Sarkozy rallie un électorat assez classique de patrons grands et petits, de commerçants et d’artisans, d’agriculteurs et il fait un triomphe chez les vieux !

De quoi, nuancer quelque peu des affirmations telle que « Aujourd’hui une majorité d’ouvriers votent à droite ou à l’extrême droite » Certes 41% pour Sarkozy au 2e tour, c’est encore trop, mais 37% des retraités pour S. Royal, ce n’est vraiment pas assez. D’autant que mécaniquement leur nombre va augmenter d’années en années donc leur poids électoral.

Donc, avant même de s’interroger sur la « honte » du PS à ne pas plus mobiliser les votes ouvriers, il faudrait d’abord s’interroger sur la désertion des ex-salariés quand ils sont à la retraite. De toute façon, l’allongement de la vie va poser des problèmes de plus en plus cruciaux qu’aucun parti politique de gouvernement ne pourra esquiver.

Une autre raison de la relative fragilité (la nébuleuse de la GALA – gauche anti-libérale et alter – complètement laminée au 1er tour est assez mal placée pour se dauber de cette fragilité) du PS est son manque de crédibilité. Crédibilité qu’il a lui-même contribué à affaiblir. Les meilleures initiatives sont tellement mal gérées qu’elles se retournent contre lui : un référendum interne a à peine donné une majorité incontestable pour le oui au référendum européen qu’un éléphanteau de 3e ordre affiche en toute impunité son non respect de ce vote, suivi alors par des pointures plus fortes ! Une « primaire » interne suscite l’intérêt général, mais la logique de l’affrontement aboutit à affaiblir la candidate désignée, dont la compétence est mise en doute (inutile d’ajouter le rôle de médias prompts à relever ses prétendues gaffes et passant sous silence les bévues de son adversaire). L’UMP, pendant ce temps, était en ordre de bataille sans état d’âme. Son candidat, bien que son bilan au Ministère de l’Intérieur ait été désastreux, a su donner une image de compétence et gommer l’inquiétude que provoquait sa personnalité.

Le PS, seul parti de gouvernement à gauche, doit donc faire face à une gageure : les personnalités qui l’animent font sa richesse comme ils peuvent ruiner son crédit ; sa démocratie interne est réelle mais elle n’aboutit pas au minimum vital de cohérence : quand une décision a été adoptée elle s’impose à tous ; il doit inventer de nouvelles méthodes d’élaboration de ses propositions qui associent les sympathisants au-delà des adhérents (la démarche esquissée par Ségolène Royale est à travailler).

La gauche – et c’est peut-être son honneur – a un lourd handicap. Elle essaye de s’adresser au cerveau plutôt qu’aux tripes : l’argument plutôt que le slogan, la raison plus que l’émotion. Cette attitude, poussée jusqu’à l’ascèse par un Pierre Mendès-France, n’est pas très payante électoralement. Ainsi quand Bayrou comme Royal constate que, par le rôle qu’on lui a fait jouer, la police n’a plus la confiance de la population et que les incidents violents qui ont suivi montrent que la politique de sécurité a échoué, ils se font traiter de complices des fraudeurs et des casseurs… et ça marche ! (Ces attaques démagogiques et inquiétantes ont malheureusement des échos dans une certaine gauche qui se dit républicaine : ainsi, un sociologue qui a fait une analyse des événements des banlieues à l’automne 2005, est présenté comme l’inspirateur de « l’angélisme » du PS et est qualifié de complice comme si explication valait approbation, avec cette conception obscurantiste, sociologie, criminologie, histoire même – un historien de la traite des noirs peut d’ailleurs en témoigner – n’auraient plus lieu d’être).

Sans renoncer, à une exigence de rigueur intellectuelle et de refus de la démagogie, il faudra que le PS soit plus pédagogue et sache faire jouer les émotions nobles… Inventer un « parler vrai » audible par tous.

Que le PS se décide enfin à se mettre un peu au clair sur l’économie de marché est la condition même d’un discours audible. Mais ce qui importera le plus c’est, dans ce cadre, de trouver les moyens de rendre la société plus juste. Et l’on retombe là sur des méthodes d’élaboration plus « participatives » !

J. F. Launay -Retraité minoritaire


* Technologies du langage http://aixtal.blogspot.com/

** http://www.tns-sofres.com/etudes/pol/060507_presi2007.pdf

Participer à une refondation de la gauche c'est d'abord mettre à plat ce qu’on entend par être socialiste en France :aller au-delà d'une social démocratie épuisée aussi devant l'ultra libéralisme ,la mondialisation .et la destruction programmée de notre planète. ;.aller au delà aussi d'une gauche ringardisée à double discours et d'une extrême gauche protestataire et porteuse d'une idéologie morte..


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