Voici les contributions de lecteurs à l'appel du Nouvel Observateur



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Jacques-Adrien Perret, compagnon de route de François Furet du temps de « l’illusion communiste » et ancien membre du Cabinet Louis Besson [1990-1991] (Paris)

Monsieur Mélenchon a bien raison de dire que si le P.S. s’assumait comme parti de centre gauche, la vie commune ne serait plus possible avec les tenants d’une gauche de rupture (Marianne N°532).

Une fois de plus est posé le problème suivant :


  • ou le PS continue sur sa lancée mitterrandienne de « l’union de la gauche »

  • ou il fait son « Bad Godesberg » en se détachant des gauchistes utopistes qui ne recherchent pas le pouvoir.

Le sursaut du 2e tour des législatives est un désastre pour le P.S. En effet, il consolide l’idée que le P.S. ne s’est pas mal débrouillé.

D’où la conclusion



  • on oublie Ségolène

  • on maintient Hollande

  • on verra au prochain congrès

Tout va bien. La vie continue. La droite a de beaux jours devant elle et, après tout, ça n’est peut-être pas si démérité que ça.
J.C. Rouault (Echirolles)

PEUT-ETRE UNE ERREUR DE SARKO DONT LE PS POURRAIT PROFITER...

Pourquoi le PS ne profiterait-il pas du « débauchage » qu'est en train de mener Nicolas Sarkozy dans ses rangs ?

En éloignant presque tous les « éléphants », Sarkozy ne commet-il pas l'erreur de laisser la place libre à toute une nouvelle génération de femmes et d'hommes dont nous avons pu découvrir les qualités et les idées novatrices dans votre journal, lors des deux dernières campagnes électorales ?

J'ai entendu à la radio que François Hollande voulait refonder le PS. Pourquoi ne pas profiter de cette belle occasion ?


Bernard Chaudier (Annecy)

REPONSE AU TEXTE DE BENOÎT HAMON

Mon intervention est en réponse au texte « La forge » de Benoît Hamon, député européen, secrétaire national du Parti socialiste.

Je viens de le parcourir et même si les idées semblent intéressantes et plutôt positives, il assène des principes et des promesses qui ne seront pas tenues ou pas mises en pratique. Je pense que ce qui nuit à la gauche est son aisance à mettre en phrases des programmes qui ne voient jamais le jour. Les contributions de DSK dans le Nouvel Observateur montrent à quel point les textes et les faits sont éloignés. On a le sentiment qu'après chaque défaite tous savent enfin ce qu'il faudra faire.

J'illustrerai mon propos par un évènement vécu qui montre à quel point la gauche d’hier, plus proche du peuple et des citoyens (j'exclus Mitterrand évidemment car il était difficile de trouver plus pédant) était si différente de celle d'aujourd'hui si mondaine et si pédante. Lorsque nous nous sommes adressés à Léo Hamon, il y a de cela 40 ans, lorsque nous habitions Gif-sur-Yvette pour un problème d'emploi et de dossier perdu, il ne nous a pas demandé si nous étions de gauche ou de droite, il n'a pas cherché à savoir pourquoi nous le contactions, il a tout simplement étudier notre cas et a fait le nécessaire pour que la situation se débloque dans les semaines suivantes. Aujourd'hui, il est impossible de se sortir d'une affaire de ce genre auprès des gens de gauche. D'abord, il faut être introduit pour espérer être entendu et dans la plupart des cas aucune solution n'est apportée pour résoudre votre problème. Tout se déroule dans les réseaux sombres du pouvoir, auxquels vous n'avez jamais accès et contre lesquels vous ne pouvez rien. Voilà le problème de la gauche actuelle.

Pour la reconstruire il va falloir bosser plus que ce qu'on imagine pour lui redonner un semblant d'humanité, d'humilité et pour obliger ses dirigeants à se remettre au niveau du citoyen.
Annick Perbal

LE SOCIALISME, L’INDIVIDU ET LA SOCIETE

Le socialisme français est en manque de doctrine. Dans le système institutionnel français où la prééminence de la personne l’emporte, et où le PS qui considère statutairement l’idée comme fondatrice, seule l’idée peut porter la personne, et donner au Parti le pouvoir sur l’Etat.

Alors l’idée socialiste, quesako ? Bertrand Delanoë a bien fait de centrer son analyse sur la mise en relation du collectif et de l’individuel. Posons donc cette évidence : être socialiste c’est considérer que le Social – la Société disait-on – surdétermine le destin des individus. En tout cas que cette affirmation est plus pertinente que toute autre.

Malgré l’apparence, poser cette prééminence du social n’est pas contredire l’observation : le fonctionnement du social donne une place croissante à l’articulation d’individus séparés et donc peu ou prou valorisés. Il ne suffit pas de constater que l’organisation sociale fonctionne mal vis-à-vis de ses buts apparents, de proposer même des solutions, de vouloir faire pour que vraiment chacun ait sa chance dans un monde préétabli.

Non le capitalisme, la Droite qui le défend, ne tournons pas autour du pot, ne sont pas des avatars circonstanciels de la pensée faible. Ils contribuent à un certain progrès de l’individu, des individus, pour l’être et pour l’avoir.

Mais fondamentalement la critique socialiste si elle existe, affirme qu’au-delà de ces transformations il y a dans le développement du capitalisme par essence, des formes renouvelées de négation de l’homme.

En faire l’analyse construite, les révéler, c’est cela le défi actuel, le défi permanent offert au mouvement socialiste, au-delà et en surplus de la critique des insuffisances du système vis-à-vis de lui-même, qui ne sont finalement, pour partie, que les inachèvements des succès anciens, j’allais dire dépassés.
Fabrice Plouvier (62690 Estrée-Cauchy)

ESPRIT DE JOUISSANCE, ESPRIT DE SACRIFICE

Après plusieurs années de lecture et d'écoute de tribunes diverses : Nouvel Obs., France Culture, il me semble avoir enfin saisi la raison fondamentale et intime qui m'éloigne peu à peu de la pensée ambiante de gauche, sans me rapprocher de son opposé virtuelle, celle de droite.

Enfant d'agriculteur au sein d'une famille nombreuse dans les années 70, l'esprit de jouissance fût pour moi une découverte tardive, apanage d'une bourgeoisie décomplexée de droite (les Bourgeois de Jacques Brel).

A l'inverse, la gauche incarnée dans ses grandes figures de luttes sociales, Jaurès, Allende, exaltait l'esprit de sacrifice et à défaut d'esprit, le sacrifice tout court était le lot des classes populaires.

Mai 68 est passé par là, le droit à la jouissance pour tous aussi.

A ce stade, je précise que comme tout un chacun, ou presque, je ne suis ni contre mai 68, ne le réduisons pas à cela, ni contre la jouissance, ni ascète moi-même, mais l'esprit de jouissance institutionnalisé, à l'image du slogan U.S.: More is Better, a progressivement envahi notre société en général et la gauche fût-elle anti-libérale en particulier.

Comment grandir, s'élever, dans une quête de jouissance égoïste; peut-il exister de grandes œuvres qui se fassent au détriment d'autrui?

J'appelle les philosophes à l'aide pour nourrir sinon la société au moins la réflexion.
P.S. Ayant voté Bayrou au 1er tour et Royal au second, je persiste à croire que parmi d'autres dettes, liées à nos habitudes de pillages coutumiers, celle concernant l'environnement sera la plus lourde à payer. Camarades écologistes ne nous dispersons pas!
Ph. Renou, Maraîcher bio dans le Gard

Pour reconstruire une gauche qui gagne, il faut un PS, ou sûrement un nouveau parti plus moderne, pour le remplacer, enfin débarrassé des tous les Lang, et autres qui ne pensent qu’à eux et pas vraiment à l’intérêt général, quoi qu’il en dise : toutes ces personnes ont déjà goûté au pouvoir et elles en redemandent.

Il faut également construire un vrai projet de société en mettant au cœur ce qu’il y a de plus important pour les "petits" comme moi, c’est à dire le pouvoir d’achat, le travail, sans oublier l’aspect sécuritaire.

Il faut également prendre conscience qu’on ne peut pas lutter contre la mondialisation mais s’y adapter, et essayer de trouver des parades pour ne pas la subir de plein fouet comme c’est le cas actuellement.

Enfin je le répète, mais c’est très important, il faut arrêter de se chamailler pour rien, et s’unir derrière un projet où les Français se retrouveront : avec ce qu’est en train de faire M. Sarkozy, notamment en creusant encore plus le fossé entre les plus riches et les autres (voir réforme fiscale), il serait impensable que la gauche ne réussisse pas à s’imposer.

Par contre, si nous continuons dans cette voie, à part nous ridiculiser, nous ne faisons pas grand chose d’intéressant.


Jérôme Hispa

CETTE FOIS, C'EN EST TROP !

Cela faisait déjà des années que j'étais agacé par F. Hollande, qui ne faisait que critiquer sans aucune nuance les projets des gouvernements Raffarin & Villepin (et bien que je n'étais pas particulièrement d'accord avec leur politique).

Ensuite, le PS a raté plusieurs occasions d'une remise en cause profonde tant suite au référendum sur la Constitution européenne, moment d'éclatantes & profondes dissensions au sein du PS, qu'au moment au contraire de la crise du CPE (qui au contraire avait levé une dynamique propre à porter le renouveau du parti, ou même sa refondation tout comme l'a opportunément fait la droite il y a quelques années en fondant l'UMP).

Nous avons ensuite assisté à la désolante période de la guerre des éléphants (une de plus ?) pour le choix du (de la) candidat(e) à la Présidentielle. Forts respectueux du choix de ses partisans, le PS a montré son manque de soutien éclatant à sa Représentante. Pire encore, les attitudes et les critiques de certains éléphants dès le soir des résultats, est non seulement inacceptable vis-à-vis des militants qui avaient choisi Ségolène, mais qui plus est vis-à-vis des électeurs qui ont voté pour elle et pour son Programme.

Avec un peu plus de soutien, n'aurait-elle pas été élue ???

Et depuis, ça continue... Je passe sur l'épisode peu glorieux (toujours aussi ridicule) de la campagne des législatives sur fond de dissensions (pour changer) ; campagne qui s'est finalement pas si mal terminée grâce à une TVA sociale providentielle.

Reste l'affaire des traîtres... et des lâcheurs ! Autant l'attitude d'Eric Besson est détestable (quelqu'un qui peut à tel point retourner sa veste devrait être indigne d'être un représentant du peuple ou de l'Etat), autant l'attitude du Premier secrétaire et du PS vis-à-vis de B. Kouchner, Jack Lang (et curieusement pas D. Strauss-Kahn ?) m'insupporte au plus haut point.

Pourquoi les virer du PS ? Pourquoi au contraire ne pas jouer le jeu et se réjouir que le Président Sarkozy applique une partie du programme de S. Royal et pratique l'ouverture ? Pourquoi ne pas se réjouir qu'il ne puisse pas trouver de meilleur Ministre des Affaires étrangères pour la France qu'un socialiste ? de meilleur Analyste pour réfléchir à la réforme des institutions (rappelons-nous de feue la 6e République) qu'un socialiste ? de meilleur Directeur du FMI qu'un socialiste ?

Non, il vaut mieux continuer à ne rien proposer, ne rien changer, conserver ce PS poussiéreux, et remonter un PS avec des Fabius & des Emmanuelli.

Je rêvais d'un Parti Social-Démocrate & Ecologiste (et non plus socialiste - comme les ex-pays du même nom...) J'en serai pour mes frais. Et vous probablement pour une voix en moins la prochaine fois !


David Micolod (Toulouse – 31)

AGIR OU CRITIQUER ?

Les réactions contradictoires des instances dirigeantes du PS à l'égard de ceux qui accepteraient une mission de la part de Nicolas Sarkozy révèlent la crise sans précédent que traverse actuellement ce parti.

On se dit "fier" du choix de Dominique Strauss-Kahn pour diriger le FMI et on menace Jack Lang d'excommunication s'il accepte de siéger dans une commission de réflexion sur les Institutions ; sans parler des "traîtres"...

C'est un spectacle lamentable et pathétique que de voir ces politiciens plus préoccupés par leurs querelles internes et règlements de compte que par le bien commun.

Notre pays a besoin de réunir tous ses talents et toutes ses énergies. L'appartenance à un parti d'opposition ne devrait pas être un obstacle à l'action au service de son pays. Sans être complètement dupe de l'habileté politique de Nicolas Sarkozy, je pense que nous sommes nombreux à être fatigués de cette mentalité de clan où un opposant est avant tout un « ennemi ».

En politique aussi, il y a ceux qui agissent, qui s'exposent, qui prennent des risques... et il y a ceux qui cachent leur inaptitude à l'action ou leur peur des responsabilités en critiquant les premiers.


Maxime Daubenton (59400 Cambrai)

ROMPRE AVEC LA "SOCIETE CAPITALISTE"

Ce n’est pas la première fois dans sa longue histoire, de la SFIO au PS, de Léon Blum à François Hollande, en passant par Guy Mollet, François Mitterrand et Lionel Jospin, que le Parti socialiste voit s’en aller plusieurs de ses membres, attirés vers d’autres horizons. L’événement en soi n’a donc rien de surprenant, même s’il survient après une élection capitale où sa candidate avait fait une percée spectaculaire jusqu’à frôler un moment la victoire. On pourrait épiloguer à l’infini sur les raisons qui ont poussé Bernard Kouchner ou, aujourd’hui Jack Lang, à prendre leurs distances afin de répondre aux sollicitations de leur adversaire d’hier devenu entre temps président de la République. Il y a belle lurette que les Français ne savent plus faire la différence entre un notable socialiste et un notable de droite, dans leur pratique quotidienne de la vie politique, dans leur comportement d’élus comme dans leur langage. D’autant qu’ils ont vu à l’œuvre pendant quelques années le gouvernement dit de la gauche plurielle en qui ils avaient mis leurs espoirs.

La grande habileté du président de la République, c’est de jouer sur ce doute installé dans l’esprit des Français qui ne savent plus à quel saint se vouer et qui lui font une totale confiance, et de profiter largement des dissensions profondes qui existent au sein du Parti socialiste français. Ces divergences sur le fond trouvent leur source, on de le dira jamais assez, dans l’ambiguïté permanente dans son rapport avec les puissances d’argent. Dès ses origines, le PS, n’a jamais eu une ligne claire, conforme en tout point aux objectifs énoncés dans sa déclaration de principes, et il n’a fait que louvoyer. S’il est vrai qu’au congrès d’Épinay, en juin 1971, François Mitterrand proclame que « celui qui n’accepte pas la rupture (...) avec l’ordre établi, (...) avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, (...) il ne peut pas être adhérent du Parti socialiste ! », trente ans plus tard, après son avènement à la présidence de la République française, ces critères, qu’il avait lui-même définis, sont tombés au rang d’oubli, comme du reste les références révolutionnaires, pourtant inscrites dans la charte de son parti. Le traité de Maastricht ne fera que confirmer son adhésion au système dit libéral que son parti était censé combattre.

De fait, le Parti socialiste a toujours été et reste toujours un parti social-démocrate. Un des mérites de Dominique Strauss-Kahn, c’est de l’avoir à nouveau ouvertement rappelé lors de l’annonce de son intention de se porter comme candidat à la magistrature suprême. Dans la foulée, son collègue, le sénateur-maire Jean-Marie Bockel, sera encore plus net et précis en se présentant ces jours derniers comme un "socialiste libéral" ; ce qui, du moins dans les termes, est proprement antagoniste.

Ne parlons pas ici de morale : le jugement que formulait le philosophe Alain il y a près d’un siècle paraît aujourd’hui amplement dépassé : "on estime communément celui qui reste fidèle à ses opinions ; on méprise communément celui qui change d’opinion pour de faibles causes."
Georges Benne (97430 le Tampon, La Réunion)

Le PS est malade du manque de démocratie, d’une bureaucratie d’un autre temps et de la pérennité, envers et contre tout, des cadres dirigeants et de leur manque de courage.

- Le manque de démocratie

La sélection des candidats à l’investiture a démontré le poids des nouveaux militants à 20 €.

Malheureusement ceux-ci n’ont pu s’exprimer qu’une fois et toutes leurs aspirations vont être noyées par des décisions prises dans l’Université d’été, les commissions qui y seront nommées et le futur congrès qui en découlera. Ils seront totalement écartés, entre autre, de la désignation du Premier Secrétaire.

- La bureaucratie

Chacune de ces assemblées générera des tonnes de papier et l’on continuera à se déchirer sur le sexe des anges. Tout et son contraire sera dit mille fois et la plus grande résolution sera l’immobilisme qui recueillera tous les suffrages. Le Parti vit en autophagie, en consommant ses propres forces pour survivre. D’où le cannibalisme ambiant.

- La pérennité des cadres

La représentation proportionnelle assure aux dirigeants le renouvellement continuel de leurs charges. Les jeunes talents n’y ont pas accès et nulle proposition, soit-elle intelligente, n’a de futur si elle n’émane pas du docte Conseil.

- Les vraies questions sont éludées. On ne se préoccupe que de maintenir à flot une usine à gaz d’un autre temps.

Pas de remise en question, pas de questions qui fâchent, pas de désir d’adaptation au 21ème siècle.

Il y a une façon et une seule d’éviter l’apoptose ou mort programmée, une décision fondamentale à adopter d’urgence :

L’organisation, le plus tôt possible, d’une élection au suffrage de tous les militants, d’un Président du Parti.

Ce Président aura pour mission d’être porte-parole officiel du parti et de préparer les prochaines Présidentielles. Il sera de facto le candidat du PS pour 2012.

La bureaucratie du parti pourrait incomber à un premier secrétaire désigné par le Président.

J’envisage de donner une large diffusion à cette proposition qui semble déjà faire son chemin parmi de nombreux militants sur internet.

Je vous engage à y adhérer.


Charley Delmare

RECONSTRUIRE LE SOCIALISME : 5 RUPTURES ET 8 PILIERS

Cadre du privé d'une multinationale du CAC40, artisan de la mondialisation je sillonne le monde pour conquérir des marchés de plusieurs dizaines de millions d'euros puis les réaliser. Pékin, Caracas, Le-Caire, Alger me sont plus familiers que Lille ou Toulon. Je côtoie et suis en concurrence avec les Chinois, les Allemands, les Canadiens. Salaires variables, bonus au mérite, stock option font parties de mon quotidien. Dernière particularité, je suis au parti socialiste depuis de nombreuses années et je souhaite participer à sa rénovation en y apportant le point de vue d'un militant au parcours professionnel atypique dans ce parti.


Pour reconstruire le socialisme et le parti socialiste et mettre en œuvre un nouveau projet qui bénéficie aux plus pauvres, aux plus faibles je propose d'abord cinq réorientations majeures :

- Une réorientation politique qui prend acte de la mort de l'union de la gauche, rebaptisée gauche plurielle, telle que conçue par F. Mitterrand. L'alliance avec les communistes est caduque.

- Une réorientation économique qui ose dire que la généralisation des 35 heures est une erreur dans une économie ouverte où l'innovation est permanente et où la concurrence de la Chine, de l'Inde et du Brésil est chaque jour plus forte. Une réorientation économique qui brise le Keynésianisme simpliste construit dans les années 70 se résumant à Hausse des salaires + Dépenses publiques accrues = Hausse de la demande = Hausse de la croissance = Baisse du chômage. On ne peut plus aujourd'hui ignorer les déficits publics, la hausse de la dette, le déficit commercial de la France, le coût du travail peu qualifié, la concurrence mondiale.

- Une réorientation institutionnelle qui conteste la centralisation, l'étatisation, la hiérarchisation de la société française. Ce modèle "républicain absolu" qui n'existe nulle part ailleurs et où un homme dirige tout, a tous les pouvoirs (aujourd'hui N. Sarkozy, hier F. Mitterrand) est à transformer pour que la France réinvente la démocratie.

- Une réorientation sociale qui refuse l'opposition figée dans le marbre du privé et du public et qui au contraire affirme que les deux peuvent se renforcer mutuellement, que les partenariats public privé sont des moyens pour développer les services publics. Une réorientation sociale qui reconnaît que notre système social, le plus développé et égalitaire d'Europe, n'empêche plus l'existence et le développement des inégalités. Oui il faut désormais concentrer les moyens sur les plus faibles, les plus démunis en terme d'éducation, de formation, d’accompagnement sous forme contractuel. L'égalité réelle passe désormais par des pratiques équitables et non plus prioritairement par la définition de nouveaux droits.

- Une réorientation idéologique enfin qui admet que la laïcité à la française est désormais contestée, voire rejetée par une partie de la population et qu'il faut la faire évoluer. Une réorientation idéologique qui brise les clichés sur la mondialisation uniquement présentée comme synonyme de régression sociale et désastre écologique et jamais comme hausse du niveau d'éducation, de diffusion culturelle, de recul de la pauvreté. Une réorientation idéologique qui se fonde sur les valeurs du socialisme et qui accepte les notions de liberté, de responsabilité inscrites dans la philosophie politique libérale.


Mais réorienter n'est rien sans projets concrets, applicables de suite, aux objectifs clairs et mesurables sur lesquels on peut s'engager et être jugé. Homme de terrain, je préfère partir des réformes concrètes que de conceptualiser. Je propose donc de construire le socialisme rénové sur huit piliers :

- Un pilier écologique. Un vrai qui s'attaque aux réelles causes du réchauffement climatique sans avoir peur de l'impopularité. Tout d'abord combattre la pollution automobile par une nouvelle vignette proportionnelle à la pollution et réévaluée chaque année. Ensuite instaurer les péages urbains à l'image de Londres. Continuer par la généralisation des transports en commun comme les tramways ou les TGV financés par les profits tirés des autoroutes qui seront taxées ou renationalisées. Ensuite réduire la pollution agricole par des taxes sur les pollueurs et par l'utilisation des variétés nouvelles y compris OGM. Enfin développer la production d'énergie renouvelable, en coopération les Allemands pour atteindre 20% de la production d'énergie totale en 5 ans. Pour le reste, privilégier le nucléaire aux centrales à charbon et autres turbines à gaz.

- Un pilier économique qui analyse la mondialisation comme l'émergence d'une économie multipolaire, majoritairement financière, dominée par les détenteurs de patrimoine où tout est mobile (la technologie, les capitaux, l'information, le travail) et l'innovation permanente. La crise française est d'abord financière car les entreprises souffrent de sous capitalisation/manque de financement et simultanément du "dictat" du ROE de 15% exigé par les actionnaires. Les conséquences sont la faiblesse de l'investissement, les salaires comprimés, l'externalisation et la gestion à court terme. Pour transformer cette mondialisation et la mettre au service des Français il faut un nouveau contrat économique entre partenaires sociaux. Les chefs d'entreprise veulent plus de flexibilité et renouveler le droit du travail. D'accord pour entreprendre ces réformes mais en même temps les salariés doivent devenir les actionnaires de référence des entreprises et occuper 30% des sièges des conseils d'administration. Les actionnaires exigent la rentabilité de leurs investissements. D'accord pour baisser radicalement la fiscalité des plus value à long terme (plus de 7 ans) mais en même temps limiter les possibilités de dividendes versés pour que les profits restent dans l'entreprise et soient affectés à l’investissement, la recherche, la formation.

- Un pilier social qui se concentre sur les deux grandes injustices de notre époque le chômage/précarité et le logement.

Pour le chômage/précarité, outre le pilier économique déjà décrit, adaptons-nous à la société du savoir. La formation permanente toute la vie et avec évaluation des résultats est une nécessité et l'engagement premier d'un socialiste envers les plus fragiles dans cette nouvelle société. Pour cela, le "droit" à la formation ne suffit pas. La mise en pratique efficace passe par l'autonomie des universités, la réorganisation des écoles et lycées avec un réel pourvoir d'organisation, d'orientation et de gestion donné aux chefs d'établissement, un nouveau contrat de travail avec les professeurs (nouvelles tâches comme le soutien, le tutorat contre nouvelles rémunérations). Les possibilités sont multiples comme les RTT transformés en jours de formation. Le budget des universités doit devenir au moins similaire à celui de nos partenaires.

Pour le logement il faut traiter trois points. D'abord le manque de logements sociaux par des constructions nouvelles financées par l'état et/ou les banques privées qui auront à remplir des obligations de service public dans ce domaine pour accéder au livret A ou simplement continuer d'avoir des relations contractuelles avec l'état. Ensuite la localisation de ces logements sociaux pour casser les ghettos de pauvres et les ghettos de riches. On peut y arriver, non par la loi mais par l'argent en modulant les subventions de l'état aux communes mais aussi l'impôt en fonction du respect de critères sociaux. Enfin la mobilité dans ces logements sociaux qui ne seront affectés qu'aux plus modestes pour un bail donné qui ne sera pas renouvelé pour ceux dont les revenus évoluant dans le temps dépassent les seuils.

- Un piler culturel qui permette aux citoyens non seulement d'accéder à la culture mais de participer à la création. La culture n'est pas une marchandise et donc le budget de l'état doit être réévalué et le système d'indemnisation des intermittents préservé car il est un moyen de soutenir les artistes et les festivals locaux.

- Un pilier Européen. Admettant que le projet d'une Europe fédérale est mort lors du référendum sur la constitution en 2002, le renouvellement passe par une Europe des nations ouverte et démocratique qui accepte l'élargissement aux pays d'Europe centrale (Croatie, Albanie, Serbie) et à l'est à la Turquie, la Moldavie et l'Ukraine. Une Europe solidaire avec un budget réévalué à au moins 3% de la richesse européenne consacré à des projets concrets comme les transports, la production d'énergie renouvelable, la justice entre régions riches et pauvres. Une Europe citoyenne qui accepte totalement les déplacements des Européens à s'installer et travailler dans les pays de leur choix.

- Un pilier institutionnel qui remet le politique au cœur de la vie des citoyens avec comme objectifs la participation, l'implication et la responsabilité de tous. Pas besoin de grands mots pour cela comme 6e république. La participation c'est la généralisation du suffrage universel (y compris pour le sénat) avec une dose de proportionnelle, les référendums d'initiative populaire, la saisine du conseil constitutionnel par les citoyens. L'implication passe par la suppression de tout cumul de mandat et la limitation à deux mandats successifs pour tout poste d'élu. Enfin la responsabilité provient d'une décentralisation forte aux régions avec les budgets correspondants et de la simplification administrative avec l'absorption des départements par les régions et le regroupement de régions pour atteindre la taille des autres régions européennes.

- Un pilier d'innovation. La société de l'innovation permanente répond à nos demandes de consommateurs. Qui accepterait d'acheter un téléphone portable d'il y a seulement 3 ans ? Or nous, Français, innovons peu et ne transformons pas nos innovations en produits. La recherche et développement grande cause nationale ne restera qu'un slogan si on n'accepte pas le partenariat de nos universités et établissements de recherche avec les entreprises privées françaises ou étrangères mais aussi un financement public en hausse sur le long terme.

- Un pilier d'ouverture qui repense la relation aux autres et la politique d'immigration en privilégiant l'ouverture et la tolérance. On commence par le tourisme où les visas seront moins restrictifs pour tous les pays y compris la Chine et le Maghreb. On continue avec les étudiants étrangers qui sont trop peu nombreux en France comme les étudiants français à l'étranger d'ailleurs. On renforce la solidarité avec les opprimés en acceptant les visas de réfugiés. On se montre humain en traitant les demandes de regroupements familiaux. On accepte une immigration économique pour une part choisie et pour une autre de pure solidarité comme le font le Canada ou les Etats-Unis. Seule cette politique d'ouverture permet d'expliquer et de justifier la lutte contre les clandestins et leur retour dans leur pays d'origine.
Catalogue de mesure que ce document ? Pas seulement car les actes en disent plus que les discours. J'aime la méthode anglo-saxonne qui privilégie la réalité, les faits pour aboutir aux concepts plutôt que l’inverse. Attention voilà une nouvelle réorientation à discuter. Une réorientation philosophique qui met en avant l'empirisme.

Socialiste ce programme ? J'en suis persuadé car il met le social, l’humain, la solidarité au cœur de l'action politique. Car il ne peut réussir qu'avec la participation, l'implication, la responsabilité des plus démunis aux plus intégrés dans la société mondialisée. Car il prend le monde comme il est, et construit chaque jour ce petit plus qui nous rend plus proche des autres, plus justes, plus solidaires. Ces petits plus qui additionnés seront le socialisme de notre siècle.


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