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#17519

Edumarket Game : Communiquer par le jeu vidéo

Olivier Rampnoux


CEREGE/Centre Européen des Produits de l'Enfant

Université de Poitiers

6ième section (Sciences de Gestion)

186 Rue de Bordeaux

16025 Angoulême Cedex

05 45 21 00 11

olivier.rampnoux@univ-poitiers.fr

http://cepe.univ-poitiers.fr/


Julian Alvarez


IRIT/LARA
27ième/18ième section (Informatique/Art)

alvarez@irit.fr


Jean-Pierre Jessel


IRIT – Université de Toulouse III

27ième section (Informatique)
118 route de Narbonne

31062 Toulouse cedex

jessel@irit.fr

Gilles Méthel


LARA – Université de Toulouse II

18ième Section (Art)
54 rue du Taur

31000 Toulouse

methel@univ-tlse2.fr

Mots-clés :

Advertainment, Edumarket game, Ludo-éducatif, Education, Innovation, Marketing, Réception

Résumé :

Il faut le créer et l’écrire

Introduction

Sur le plan éducatif, la période de l’enfance est téléologique. Les enjeux éducatifs se sont tendus, voire dramatisés au sein même de la Société. Les parents ont conscience que pour donner le maximum de chances de réussite à leur enfant, il faut renforcer et étendre les apprentissages scolaires afin de maximiser les chances d’insertions sociales et professionnelles. Les parents se soumettent délibérément ou involontairement à la contrainte d’évaluation des performances et des dispositions de leur enfant. Les parents se trouvent dans une situation de comparaison de leur enfant, et ce dés son plus jeune âge, à un idéal type. D’un point de vue physiologique, il existe les courbes de croissance, d’un point de vue psycho-moteur les ouvrages de vulgarisation du type « J’élève mon enfant » ou « Pour être des parents acceptables » semblent être des incontournables. De ce fait la réussite et l’orientation scolaires sont des processus de décisions complexes qui mobilisent l’ensemble de la famille, c'est-à-dire les parents et l’enfant. Le choix de la filière d’orientation est une forme d’inscription de l’enfant dans une trajectoire sociale. Aujourd’hui, les filières de formation dites techniques1, notamment celles de niveaux III et IV ne sont plus valorisées socialement. Elles se trouvent dans une situation dramatique en terme d’attractivité et de recrutement, du fait d’une très forte déficience d’image et de notoriété auprès des jeunes publics. Bien que les opportunités soient réelles en terme d’employabilité, les rémunérations attractives et les métiers loin d’être routiniers, des classes ferment chaque année par défaut d’un nombre de candidats suffisants. Partant de ce constat, l’agence de communication Sumotori a proposé à l’Education Nationale et au Rectorat de la Région Midi-Pyrénées (France) d’appuyer son plan de communication et ses outils traditionnels par le développement d’une nouvelle approche afin de relancer le nombre de candidatures et de redorer l’image de ces formations.

Cette expérience constitue une première pour le Rectorat qui a décidé de tenter l’aventure. Ce choix est motivé par l’urgence de la situation. La pression économique sur le système scolaire est de plus en plus prégnante en terme de performance et d’efficacité. De plus il existe un décalage sensible entre les compétences et les savoirs acquis par les élèves dans le système scolaire et les besoins en main d’œuvre de la part des industriels et du tissu économique. Aujourd’hui, le processus d’acculturation de l’école est insuffisant car il n’assure plus tous les objectifs que la république lui impose et renvoie à la question de l’individu, son identité et son appartenance, ce que de Singly (2003) appelle l’individu individualisé.

En combinant, avec « Technocity », dans une même dynamique la dimension ludique et la dimension informative, il y a une réelle volonté de surprendre et de modifier les conditions de réceptions du message. Afin de susciter une attention soutenue, le jeu vidéo va permettre de donner une posture active à l’élève et ensuite il pourra accéder à des mini reportages. A la fin d’une partie, l’élève répond à un questionnaire portant sur les métiers évoqués dans les vidéos. Nous sommes donc face à une approche radicalement nouvelle qui vise à combiner les loisirs numériques de l’enfant, la communication informative et persuasive. Etant donné que notre objectif final est de modifier l’attitude de l’enfant envers les filières technologiques, nous pouvons alors parler d’un produit de type communication publicitaire (advertising ou advergaming). Mais, comme il y a dans ce concept, des jeux vidéo (video games) qui nécessite une habileté motrice et une pratique ludique (entertainment), nous pouvons aussi positionner ce produit comme une activité de loisir. Nous voyons émerger une illustration de ce qui se nomme habituellement un produit ludo éducatif (edutainment). Toutefois, ce produit étant conçu pour être utilisé notamment au sein de la structure scolaire et comme un outil d’aide à l’orientation, nous devons repenser notre classification. Ainsi, cette combinaison innovante (jeu vidéo, quiz, séquences vidéo et accompagnement scolaire) fait émerger, à notre sens, une nouvelle catégorie de produit que nous pourrions appeler edumarket game.

Il apparaît nécessaire à ce stade de notre communication de clarifier au maximum les différentes références mobilisées, car dans le domaine des stratégies de communication, les innovations sont permanentes et s’approprient rapidement les nouvelles technologies. Il serait réducteur de considérer cette nouvelle approche comme une nouvelle forme de communication. Aujourd’hui, des stratégies de communication utilisent déjà les jeux vidéo pour faire du placement de produits, de la téléphonie portable pour diffuser des messages ou des sonneries reprenant la signature sonore d’une marque. « Technocity » va au-delà, car avec ce produit, nous cherchons à rendre compatible le jeu vidéo avec un message persuasif qui évoque les études et le travail. Cette antinomie est au cœur de notre préoccupation et de notre réflexion.

Dans un premier temps, nous allons explorer la ligne directrice de développement de « Technocity », pour dans un deuxième temps qualifier cette famille de produits en précisant les différentes caractéristiques qui illustre à notre sens la famille des edumarket game. Enfin, dans une troisième partie, nous présenterons les premiers résultats obtenus lors d’enquêtes et d’études conduites auprès d‘enfants, d‘enseignants, d’experts et de responsables de l’éducation nationale. Nous chercherons à percevoir en quoi cette forme de mobilisation d’outils est une nouvelle forme de communication au sein des institutions, vis-à-vis de différents publics, et en particulier, les enfants.


1Des choix contingents pour le développement de « Technocity » et une reception spécifique


Je crois que cette partie reprend beaucoup de ton article de l’année dernière de Ludovia… ne faut-il pas citer et supprimer ?

1.1Le processus de développement


Les moyens dont disposait l’éducation nationale pour développer « Technocity » sont tout à fait relatifs et incitait à des choix de développements modestes. Nous avons donc rapidement fait le choix de développer du jeu vidéo multimédia, grâce à des logiciels auteurs tels « Flash » ou « Director » qui sont simples et rapides à mettre en oeuvre. Ce choix était d’autant plus contraint, qu’il y avait cinq jeux à développer simultanément dans un délai très court (inférieur à 2 mois). De ce fait le choix de l’image vectoriel ne peut rivaliser avec des jeux vidéo comme « Les Sims » ou « Warcraft III » qui utilisent de l’image 3D temps réel.

La seconde étape importante, fût de lister les « aptitudes fédératrices » qui sont recherchées chez l’élève pour chacune de ces cinq filières définie par le Rectorat et devant être valorisées.



Ainsi, pour la filière « Bâtiment – Génie Civil », sont répertoriés : « Le sens de l’organisation », « Le travail en extérieur » et « Le sens des responsabilités ». Ces « éléments fédérateurs » ont ensuite été mis en correspondance avec de grandes familles de jeux vidéo existants (jeux de plateforme, de simulation, de réflexion…) pour déterminer le choix du gameplay de ce jeu. Nous avons procédé ainsi pour l’ensemble des cinq jeux de « Technocity ». L’idée qui nous a guidé dans notre choix, au-delà de la mise en valeur des compétences, était aussi que ces jeux devaient bien se différencier pour offrir un choix qui puisse couvrir au mieux les différents publics de joueurs constituant la cible.

1.1.1Élaboration des scénarii de jeux de Technocity


Pour élaborer le scénario des jeux, la première étape fut de lister les « aptitudes fédératrices » qui sont recherchées chez l’élève pour chacune de ces cinq filières définie. Ainsi, par exemple, pour la filière « Bâtiment – Génie Civil », sont répertoriés : « Le sens de l’organisation », « Le travail en extérieur » et « Le sens des responsabilités ». Ces « éléments fédérateurs » ont ensuite été mis en correspondance avec de grandes familles de jeux vidéo existants (Jeux de plateforme, de simulation, de réflexion…) pour déterminer le choix du gameplay des cinq jeux de « Technocity ». L’idée qui nous a guidé dans notre choix, au-delà de la mise en valeur des compétences, était aussi que ces jeux devaient bien se différencier pour offrir un choix qui puisse couvrir au mieux les différents publics de joueurs constituant la cible. Au final, nous avons choisi les gameplay suivant :

  • Pour « Électrotechnique - Énergie », dont les « éléments fédérateurs » sont « la réactivité », « la sécurité » et « l’habileté », c’est un jeu de plateforme qui a été retenu. Le joueur doit collecter dans un temps imparti, des capsules d’énergie pour réparer un générateur en évitant des pièges de nature électriques.

  • Pour « Electronique - Informatique », dont les « éléments fédérateurs » sont « Rapidité », « Analyse » et « Persévérance », le choix s’est arrêté sur un jeu de réflexion. Le but est ici d’inviter le joueur à programmer dans un temps imparti, un robot pour qu’il remplisse des missions. Pour mettre en lumière la partie électronique de la filière, le jeu demande également à l’utilisateur de réparer de manière aléatoire la carte mère du robot.

  • Pour « Maintenance systèmes », dont les « éléments fédérateurs » sont « Anticipation », « Rigueur » et « Sécurité », le choix s’est orienté vers un jeu de réflexe et d’anticipation. Face à des composantes aussi sérieuses, il semblait pertinent d’utiliser la musique pour introduire un peu de poésie. Ainsi, le scénario propose ici d’assurer le bon fonctionnement d‘une machine musicale aux mécanismes peu orthodoxes.

  • Pour « Ingénierie mécanique » dont les « éléments fédérateurs » sont « Perception spatiale », « Réflexion » et « Adaptabilité », le principe ludique se rapproche d’un jeu d’assemblage dans la veine de « Tétris ». Le principe d’une chaîne de montage où l’on assemble de plus en plus vite les différentes parties d’une voiture a semblé d’abord pertinent. Par la suite, pour coller à la cible, les voitures ont été remplacées par des scooters.

  • Enfin, pour « Bâtiment – Génie Civil », dont les « éléments fédérateurs » sont «Sens de l’organisation », « Travail en extérieur » et « Sens des responsabilités », nous nous sommes inspirés du premier « Sim City », un jeu où l’on est invité à bâtir toute une ville en mode plan. Pour les raisons évoquées plus haut, nous nous limitons à la construction d’une route devant relier deux villes : Le joueur devant faire attention au budget, satisfaire les habitants, et respecter l’environnement.

1.1.2Le graphisme et l’ambiance sonore des jeux :


Le choix délibéré de la 2D, par opposition aux derniers jeux vidéo commercialisés vise à provoquer une rupture de perception. Ce type de contraste se retrouve aussi dans la plupart des petites animations cartoons que l’on retrouve sur Internet, les « webtoons », tels les « Happy Tree Friends », qui poussent le concept à l’extrême en mettant en scène des animaux personnifiés. Ainsi, il existe un univers graphique 2D qui est reconnu et codifié par les enfants et il nous a paru logique de nous en inspirer.

De plus, comme la musique et la mode sont des éléments fédérateurs et d’identification chez les jeunes, l’option d’introduire des avatars avec des looks d’adolescents, associés à différents styles de musique est aussi dans la logique des pratiques communautaires on line. Chaque avatars a sa musique dédiée à son style vestimentaire et il accompagne le joueur durant les différentes phases de jeux.



Enfin, pour rendre l’ensemble attractif, il a été décidé d’utiliser une couleur orange pour l’interface de « Technocity ». Couleur dynamique qui rappelle l’aspect acidulé des bonbons et des sodas dont les enfants et le public visé sont en général friands. L’orange fut également une couleur très tendance des années 70 qui est actuellement à la mode. Ainsi les bulles qui viennent renforcer la métaphore de la boisson gazeuse à l’orange sont traitées dans un style graphique qui rappelle cette époque. Enfin, la typographie « alba » dont les lignes rappellent celles de cette décennie, vient renforcer cette idée. Voici pour l’aspect purement ludique et esthétique de ce qui pourrait s’apparenter au côté « cheval de Troie » de « Technocity ».

1.1.3Les séquences vidéo des mini reportages


Pour présenter les différentes filières techniques, le Rectorat disposait de différentes séquences vidéo. Celles-ci présentent des témoignages de jeunes techniciens, qui définissent durant 2 à 3 minutes leur métier et expliquent leurs fonctions. La mise en avant du message par des vidéos explicatives constituait une difficulté scénaristique et narrative dans la mesure où il faut faire passer l’utilisateur d’un état actif (interagir dans le jeu vidéo) à un état passif (visionner des cinématiques), ce qui crée une véritable rupture. D’autre part, avec l’affichage de la première séquence vidéo, nous sommes à un moment crucial dans la structure narrative, puisque le véritable dessein de « Technocity » est dévoilé. Pour stimuler l’attention et renforcer la dynamique ludique, un quiz dont les questions sont en rapports avec le contenu des vidéos est proposé durant les séquences vidéo. Un gain significatif est mis en jeu de façon à mobiliser la mémoire de travail de l’élève : l’accès à de nouveaux jeux Flash par une connexion aux 6 jeux « Parker et Badger » du site www.spirou.com des éditions Dupuis. Il faut remarquer que ces jeux, sont typiquement conçus et développés dans une logique d’advertainement. Le Rectorat compte sur l’effet de bouche à oreille que peut susciter auprès des jeunes l’idée d’accéder à des jeux avec des personnages reconnus d’une licence forte et pérenne. Cette idée nous renvoie à la question de la réception de « Technocity », à la formation des préférences qui vont influencer l’attitude envers les métiers présentés et donc à la capacité à développer une intention comportementale pour l’orientation, objectif avoué et assumé de ce produit.

1.2Des premiers résultats encourageants

1.2.1Design de recherche


La diffusion du produit s’effectue en deux temps. Tout d’abord, par l’intermédiaire de 1000 cd-rom distribués dans les 600 collèges, lycées et centres d’orientation de la région Midi-Pyrénées (France). Ensuite, un site Internet dont le contenu est identique à celui du cd-rom est mis en place (www.technocity.fr). L’idée est que le site permet aux jeunes qui ont découvert « Technocity » à l’école, de continuer d’en explorer son contenu chez eux et puissent le faire découvrir à leur groupe de pairs et à leurs parents.

Afin d’appréhender la réception de « Technocity », nous avons mis en place un design d’étude complexe (Evrard et alii, 2003) qui vise à couvrir l’ensemble de la cible, mais plus particulièrement les élèves des classes de 3ième, car elle constitue une étape clé dans l’orientation. C’est à l’issue du cycle du collège que de nombreux élèves décident de s’orienter vers des filières techniques. Dans un premier temps, nous avons procédé à des observations participantes avec des élèves et des entretiens auprès de responsables de l’Education Nationale et d’enseignants afin de définir un ensemble d’items et pouvoir construire un questionnaire qui sera administré à un échantillon représentatif de la population cible. L’idée clé est d’évaluer la force de persuasion du concept développé auprès des élèves à l’issue du processus d’orientation par une comparaison entre le déclaratif pré orientation, la perception de « Technocity » et l’orientation réelle via les dossiers constituer par les élèves. À partir de cette collecte d’informations, qui se finira avec la fin de l’année scolaire 2006, nous pourrons envisager de construire une segmentation comme celle de Schaaper (1999) pour le marché du jeu vidéo. L’identification des profils d’utilisateurs et la définition d’une taxonomie des élèves est nécessaire afin de faire évoluer les outils de communication lors des prochaines campagnes d’information et d’orientation mise en place par le Rectorat.

Dans ce contexte, il nous a semblé essentiel pour évaluer la réception de « Technocity » de rencontrer toutes les catégories de classe de 3ème, les deux types de classe de 2nd ainsi que des classes de 4ème tout en prenant aussi en compte les paramètres socio géographique comme zone urbaine, périphérique et rurale.

1.2.2Résultats, attitude et réception


Au final, nos résultats portent sur 6 comptes rendus d’observations participantes dans 8 classes, soit et sur 12 entretiens individuels avec des enseignants du secondaire et des responsables du rectorat.

Comme l’ensemble de cette étude s’est déroulé au sein du collège ou du lycée au cours de séances encadrées par des enseignants, il est incontestable que cela a interagit avec la réception du produit. En effet, dans le cadre scolaire, l’enfant se met en situation d’apprentissage et non dans une posture ludique. Le cadre institutionnel normalise la réception de « Technocity » et donc nécessite une mise à distance des discours et des remarques formulées par les élèves. De ce fait, comme la première séquence, après avoir choisi son personnage débute par un jeu vidéo, le contraste avec le contexte scolaire a suscité auprès de l’ensemble des élèves une première réaction très positive et enthousiaste. Comme le souligne Molinier, du fait de la « labellisation » de l’école autour de la connaissance, des savoirs et des apprentissages, mais aussi un quasi refus du jeu dans le cadre scolaire (Brougère, 1995), la sphère ludique vient en contradiction voire en rupture avec ce que les élèves attendaient ; ainsi pouvons-nous interpréter cette attitude face au produit.

Dans le cadre de cette recherche, nous avons voulu faire une approche tripartite de l’attitude et non une approche unidimensionnelle. En effet, en reprenant les travaux de Derbaix (1982) sur la hiérarchie des effets, qui portent en particulier sur la publicité, ils nous est apparu cohérent de vouloir décomposer l’attitude de l’enfant dans ces trois composantes, à savoir composante cognitive, composante affective et composante conative. Sachant que le modèle largement éprouvé chez l’enfant est une inversion de séquence comparativement à l’adulte, nous sommes en présence du chaînage suivant : affectif – conatif – cognitif.

Ainsi, la première réaction enthousiaste des enfants renvoie bien à la dimension affective du produit. De plus, comme dans le cas de la publicité dans ses formes traditionnelles, nous savons que les éléments périphériques (musique, personnages, couleurs et graphismes) jouent un rôle clé dans la construction de cette dimension affective (Kapferer, 1985, Guichard, 2000). Tout le travail de réflexion, conception et de développement mis en œuvre en amont se trouve légitimer par cette première réaction des enfants.

Dans un deuxième temps, lors de nos observations, nous avons constaté que la pratique des jeux vidéo suivi du visionnage des vidéos ne suscite pas d’effet de lassitude à court terme. Compte tenu des contraintes liées au cadre scolaire, nos protocoles d’expérimentations et d’observations ne pouvaient dépasser une heure de temps. Dans de nombreux cas, nous avons été obligé d’interrompre les séquences de jeux ou de vidéo car les élèves ne souhaitaient pas s’interrompre d’eux même. De ce constat, la prise en main du produit est acquise et suscite l’intérêt. Du point de vue de l’attitude, là encore le produit remporte l’adhésion, et en particulier sur la composante comportementale. Enfin, pour ce qui est de la dimension cognitive qui renvoie à une meilleure connaissance des métiers et des filières, le fait qu’un nombre important d’élèves aient réussi à finir des séquences complètes (jeu vidéo et quiz sur les métiers) nous laisse à penser que les adolescents ont pour le moins à court terme mémorisé des informations. La question du transfert de la mémoire de travail vers la mémoire de long terme des connaissances ne faisait pas partie des objectifs affirmés pour le produit.

L’exploration de l’intention comportementale reste à construire et à comprendre. À ce jour, les résultats de notre expérimentation ne nous permettent pas de conclure sur un impact et donc une efficacité de « Technocity » par rapport à l’orientation des élèves. C’est là tout l’objectif du deuxième temps de notre design de recherche qui est en cours de développement. S’il existe un réel impact, il nous faudra tester l’hypothèse de la mémorisation des connaissances, de la modification de leur vision sur les métiers industriels, et le fait que les élèves ont pris des rendez-vous avec des conseillers d’orientation ou cherché à se documenter sur ces métiers. Enfin, une remontée des effectifs dans les classes désertées peut aussi être un indicateur d’efficacité mais il faudra alors maîtriser l’ensemble des variables interagissant à ce chaînage qui aboutit à l’inscription réelle dans la filière de formation.


2un nouveau type de produits

2.1Analyse comparative de deux Edumarket Game

2.1.1Regard critique sur « Technocity » : le problème des ruptures


L’analyse de Technocity est complètée par un regard extérieur. Nous avons testé Technocity dans un cadre scolaire en compagnie d’enseignants n’ayant pas une grande connaissance du jeu vidéo. Il nous fallait un retour d’experts, qui ne soient pas situés dans un contexte scolaire de type collège pour essayer de prendre du recul sur le produit et voir si les attitudes seraient toujours aussi positives.

Technocity est donc présenté à des étudiants de niveau bac+4/bac+5 issues de trois secteurs différents : master Management des Produits de l’Enfant(CEPE), master multimédia(LARA ou ESAV) et élèves ingénieurs (INSA).

Ces étudiants âgés d’une vingtaine d’années, présentent l’avantage d’avoir un regard averti sur les jeux vidéo, et un esprit critique développé.

Dans les trois cas, les étudiants explorent Technocity en un quart d’heure à peine et s’en détournent. Bien entendu, un tel comportement s’explique d’une part, par le fait que ces étudiants ne constituent pas la cible visée car ils sont en fin d’un cycle d’études supérieures et ne sont plus concernés par les questions d’orientation liées au collège. Mais d’autres raisons peuvent aussi expliquer cette lassitude rapide face à ce produit.

Tout d’abord, les étudiants dénoncent la longueur des vidéos qui sont intercalées entre les jeux. Pour eux, ces dernières qui durent en moyenne trois minutes sont plus longues que les phases de jeux. Ce déséquilibre est irritant. Tous ont donc tenté de les zapper. Ne pouvant le faire, la partie en cours est abandonnée, pour aller explorer un autre type de jeu. Nous notons ici que ces étudiants ne supportent pas la contrainte de regarder une vidéo qui ne les concerne pas directement. Si on fait le parallèle avec le fait que bon nombre d’entre eux ont l’habitude de zapper devant les différentes chaînes de télévision, on peut comprendre leur frustration devant l’impossibilité de le faire dans « Technocity ». Ce choix de développment technique résulte des suggestions des collégiens qui avaient été questionnés sur ces mêmes séquences vidéos qui durant le développment du produit pouvaient être zappées. Ces derniers nous avaient suggéré d’enlever l’option passer les vidéo car si nous voulions être sûrs qu’elles soient regardées dans leur intégralité, il ne faut pas d’échappatoires. Cela démontre surtout à quel point dans un cadre scolaire, les élèves sont prêts à subir des contraintes qu’ils n’oseraient même pas envisager à l’extérieur de ce contexte. Cependant, ici tous les étudiants et collégiens sont unanimes sur un point : Il faut des vidéos plus courtes, environ 30 secondes, et en présenter plus. Par exemple en mettre une entre chaque niveau. Donc, retenons pour commencer, qu’il faut une cohérence entre la durée des phases de jeu et la durée des vidéos.

Autre critique, toujours en rapport avec les vidéos : les étudiants notent que les vidéos ne reprennent pas les personnages ou l’esprit graphique des jeux. Les séquences vidéo sont en rupture sur le plan visuel avec le reste du contenu. Cela donne à Technocity un aspect « patchwork » qui donne une impression de produit non abouti. Mais, ce n’est pas tout, le scénario des différentes vidéos est également sans aucun rapport avec l’ambiance du cédérom. Les étudiants ont l’impression de basculer brutalement d’un univers ludique à « une agence ANPE » qui présenterait différents métiers.

Ces décalages s’expliquent simplement du fait que ces vidéos n’ont effectivement pas été écrites et produites pour s’intégrer à « Technocity ». Le Rectorat a négocié celles-ci à titre gracieux compte tenu des contraintes budgétaires.

Ensuite, d’autres ruptures sont identifiées et soumises à l’analyse critique. D’abord sur le plan graphique, les jeux ne sont pas homogènes. Ce manque de cohérence leur donne l’impression de ne pas avoir un produit de qualité. D’autre par sur le plan du scénario des différents jeux, ils notent que certains représentent des simulations, jeux dédiés à la production industrielle ou au génie civil par exemple, alors que d’autres, comme les jeux dédiés à l’énergétique ou à la maintenance industrielle sont des évocations plus métaphoriques. Face à cette nouvelle rupture les étudiants doute de l’impact de « Technocity » sur les collégiens. Pour eux c’est clair ils préfèreront jouer à leurs jeux sur Playstation du fait d’une cohérence esthétique intrinsèque beaucoup plus forte.

Toutefois, les cadres de réception de « Technocity » en milieu scolaire ne sont pas les mêmes qu’à la maison. Introduire du jeu vidéo, même si il est à vocation éducative dans un contexte scolaire provoque une levée de bouclier et des réticences très importantes de la part de l’institution scolaire. Dans ce contexte, nous pensons que les collégiens vivront comme une nouveauté le fait de jouer à un jeu purement ludique dans le cadre de la classe.

2.1.2Analyse de Food-Force


Les étudiants ont également testé le jeu « Food-force » (www.food-force.com), qui a été lancé par les Nations Unies courant 2005 sur le web. L’idée est de comparer un jeu dont le principe marketing est identique à Technocity : valoriser des métiers en utilisant des jeux vidéos. Mais la différence est qu’ici, les moyens financiers ont permis aux Nations Unis de faire un jeu intégrant de la 3D et d’avoir les moyens de faire une production plus cohérente et homogène. Nous souhaitons comprendre en quoi la cohérence a un impact significatif sur la réception d’un message diffusé via un edumarketgame.

Food Force propose six petits jeux vidéo qui s’enchaînent pour représenter à chaque fois une mission humanitaire qui consiste à acheminer de la nourriture dans une zone sinistrée. Ces six jeux sont l’occasion d’expliquer six métiers différents liés à l’humanitaire. Chaque jeu est introduit et expliqué par des personnages 3D qui semblent tout droit sortis d’un jeu vidéo à l’instar de Lara Croft. Quand la partie ludique est finie, des séquences vidéo très courtes présentent des images réelles liées au métier qui vient d’être présenté via le jeu. Le style des voix off et le traité esthétique de ces vidéos rappelle ceux de la chaîne d’information américaine CNN. Les séquences peuvent être zappées. Puis, un personnage 3D introduit une nouvelle étape de la mission avec ses problématiques et les règles du jeu associé. Sur le plan graphique, l’ensemble des jeux est également traité en 3D. Une fois le jeu terminé, le joueur peut soit recommencer une partie soit passer à l’étape suivante, même s’il a perdu. Lorsque la mission globale est terminée, le joueur peut visualiser son classement dans un tableau des scores mis en ligne. Ceci étant bien sûr destinée à l’inviter à rejouer, mais aussi sans doute à lui faire voir qu’il intègre une communauté de joueurs qui s’adonnent à « Food Force ». Enfin, notons que le scénario global du produit est basé sur la métaphore militaire d’où son titre « Food Force » qui rappelle l’« Air Force ». Donc, sur le plan esthétique, le scénario et le gameplay, de « Food Force » sont parfaitement cohérents et homogènes.

Le retour des étudiants est cette fois-ci globalement très positif. D’abord, ils ont eu la sensation d’être face à un vrai jeu, même s’il peut paraître daté par le rendu des animations 3D qu’il propose. L’un des étudiants, déclare que ce jeu est un « Lara Croft du pauvre ! ». Mais qu’importe, la cohérence est au rendez-vous. Du coup les étudiants l’adoptent. L’un d’eux suggère que finalement quel que soit les moyens financiers mobilisés pour développer un jeu, il faut avant tout s’attacher à définir un niveau de cohérence globale et s’y tenir. Cela implique qu’il faut accepter l’idée que cette cohérence ne soit pas forcément à la hauteur de ce qui se fait de mieux d’un point de vue technologique à une date donnée.

Sur le plan de la 3D, les filles réagissent très positivement. Plusieurs d’entre elles soulignent que le réalisme des images de synthèse permet une meilleure immersion dans le monde de l’humanitaire. D’autre part, l’aspect mission, leurs donnent l’impression de s’impliquer d’avantage et d’être plus réceptives au message véhiculé par « Food-Force ».


2.2Caractéristiques d’un Edumarket game

2.2.1Une mise en œuvre de la classification des jeux vidéo


Il existe déjà plusieurs types de jeu qui sont clairement identifiés et classifiés au sein de la grande famille des jeux vidéo. Si tu as une idée d’auteur qui a fait une classification qui pourrait nous servir en dehors de Natkin…hihihi basse vengeance après sa non réponse

Toutefois, cette classification doit être enrichie car il émerge des formes nouvelles de développement qui instrumentalise le jeu vidéo dans un objectif final autre que la simple expression ludique ou encore la réalisation d’un spectacle (art) numérique. En mobilisant des structures narratives similaires aux approches vidéoludiques aussi bien dans le game play que dans le game design (Genvo, 2006), nous allons essayer de percevoir en quoi certains produits sont spécifiques et soulèvent des questions riches aussi en terme de stratégies de communication et de stratégie marketing.

Poser une définition du marketing et de la communication publicitaire

Dans un premier temps, nous allons illustrer trois familles qui sont déjà clairement identifiées et dans les quelles nous trouvons une offre importante.

Tout d’abord, le jeu « Auto junior » du cédérom « Mobiclic » n°6 d’octobre 1998, des éditions Milan-Presse interactive (visible actuellement sur le site www.ja-games.com), propose au joueur de conduire une voiture. Le but est d’atteindre un cinéma de plein air, en respectant le code de la route et en invitant le joueur à se méfier de la vitesse. Pour cela, le jeu propose un enchaînement aléatoire d’épreuves (éviter un élan qui traverse la route, ne pas franchir une ligne blanche continue, marquer le stop…) qui met en avant une règle à respecter. Chaque erreur fait l’objet d’une explication et sanctionne le joueur en lui retirant des points sur son permis de conduire. Nous sommes ici face à un jeu dont le scénario est travaillé pour faire passer un message éducatif. Ce jeu se classe dans la catégorie des produits ludo-éducatifs appelée également « edutainment ».

Ensuite, le jeu « Ponkey Bong » du site www.spirou.com, met en scène deux personnages, Parker et Badger, crées par Cuadrado et édités par les éditions Dupuis. Le gameplay de ce jeu s’inspire explicitement de celui de « Donkey Kong » de Myomoto (Nintendo) datant de 1981. L’objectif est de mettre en avant un détournement esthétique à vocation purement publicitaire : faire connaître les deux personnages de la bande dessiné. Nous sommes ici face à un jeu que nous pourrions qualifier d’« advertainment ».

Au-delà de la citation clin d’œil à travers le nom du jeu « Ponkey Bong », dans ces deux jeux, nous avons cherché à mobiliser les compétences des joueurs et leurs stocks d’expériences acquises et convocables. Nous pouvons alors parler de « cultures ludiques », expression utilisée par de G. Brougère, dans Jouet/Apprendre. L’auteur évoque avant tout des connaissances requises par un monde social, de compétences dans l’interaction - il définit notamment la culture ludique comme « un ensemble de procédures qui permettent de rendre possible le jeu » (p. 106). Davantage encore, il parle d’un « patrimoine ludique personnel ». Il écrit en particulier à propos des jeunes adultes (mais cela est transposable à tous les joueurs socialisés à travers la pratique de jeux vidéos et qui partageraient des habitudes de perception et d'action issues de « paradigmes » ludiques communs) : « […] les jeunes adultes restent marqués, pour certains d’entre eux, par le jeu vidéo qui appartient à leur culture, à leur histoire. Ils l’ont découvert durant leur enfance, mais beaucoup l’ont conservé dans leur patrimoine ludique personnel. » (p. 113).

Enfin, dernière famille de jeu qui appartient au jeu vidéo : les « serious game ».

Faire quelques lignes à partir de Zyda 2005 et AA

2.2.2Un genre différent


Des produits comme « Food Force » ou « Technocity » n’ont pas vocation à créer une innovation technique ou ludique comme dans le cas des jeux cités précédemment car ce n’est pas l’objectif central et prioritaire. Tout au contraire, la mobilisation des « cultures ludiques » est au centre car elle permet une appropriation plus rapide du produit et donc une plus grande facilité pour dépasser les filtres perceptuels et les blocages des joueurs au cours des jeux. L’objectif final étant de permettre au joueur de visionner les vidéos qui cherchent à diffuser une information. Le jeu n’étant qu’une forme de mise en condition de réception du joueur pour le rendre plus disponible au message final. Dans le cas de « Technocity », le quiz vise à renforcer cet objectif persuasif et l’attention. Cela nous rapproche des « edutainment » ou des « advertainment ». Toutefois

Je suis en panne d’idée et de batterie…

Pour un edumarketgame utilisé en milieu scolaire, ce n’est peut-être pas la peine pour l’instant d’investir de telles sommes, sachant que les conditions de réception ne sont pas les mêmes et que le réseau enseignant distribue le jeu. Pour le confirmer nous devons attendre la diffusion de Technocity dans les établissements scolaires pour nous en faire une idée.

Conclusion

Notre réflexion ne sera complète que quand nous aurons appréhendé la question de l’orientation des élèves dans toute sa complexité. La mobilisation et le développement de nouveaux outils de communication ne suffisent pas à garantir une efficacité de l’outil. En effet, l’orientation scolaire est aussi un processus éminemment social, dans lequel les parents cherchent à inscrire leur enfant dans une trajectoire qui soit en adéquation avec leur statut social et leurs représentations des métiers et des filières. Les parents ont une forte conscience de l’importance de l’école et de la formation pour favoriser une insertion professionnelle future plus rapide dans un contexte économique hyper concurrentiel. De ce fait, se pose la question du choix de la cible des campagnes de communication de l’éducation nationale, parents ou enfants et donc de l’efficacité réelle d’un outil comme « Technocity ». L’orientation scolaire est une décision syncrétique pour les parents à laquelle les enfants sont largement associés. De ce fait, en ciblant les collégiens, nous souhaitons exploiter la double socialisation (parents – enfants et enfants – parents) ou les interactions sociales (Gollety, 1999). La question de l’impact et de la réception par les parents de « Technocity » est entière et n’a pas été abordée dans notre recherche.



L'autre point à analyser relève directement de la comparaison entre Food force et « Technocity ». Bien qu’utilisant le même schéma narratif, ces deux produits ne mobilisent pas les mêmes technologies (3D vs 2D), que l’agent influenceur n’a pas la même légitimité (Nations Unies vs Education Nationale) et ils n’abordent pas la même thématique. Disposer, aujourd’hui de ces deux approches, nous ouvre vers d’autres objets d’étude, à savoir si ces différentes approches infographiques jouent de manière significative sur la réception des messages par les jeunes, si pour les industriels et les professionnels du marketing, l’edumarket game ouvre autant de nouvelles voies à exploiter dans les stratégies commerciales.

1 « Electrotechnique – Energie », « Electronique – Informatique », « Maintenance systèmes », « Ingénierie mécanique » et « Bâtiment - génie Civil »

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