B –APPROVISIONNER LA VILLE
-LES SERRES LUFA A MONTREAL
https://www.youtube.com/watch?v=m-8LQgOTC94 : serres urbaines Lufa à Montreal
A Montréal, des serres géantes sur les toits
Pour nourrir les urbains, une entreprise canadienne a fait le pari de l’hydroponie, une technique de culture hors-sol.
Le Monde.fr | 16.05.2015 à 11h54 • Mis à jour le 18.05.2015 à 11h34 | Par Robin Lambert
Image: http://s2.lemde.fr/image/2015/05/16/534x0/4634721_6_a45d_tony-debout-s-occupe-des-fruits-et-legumes_4d2e583ee787337664655fb5e6dff59b.jpg
Dans la banlieue industrielle de Montréal, le bâtiment qui abrite les Fermes Lufa est semblable à tous les autres, une longue construction de briques rouges, à peine identifiée par un panneau. Pour atteindre la ferme historique de la société créée par Mohamed Hage en 2009, il faut monter deux volées de marche, enfiler des couvre-chaussures bleus qui glissent sur les bottes, et ouvrir une porte pour enfin déboucher sur le toit. Dans une atmosphère humide maintenue à 25 °C, ce sont 70 tonnes de piments, salades, tomates et poivrons qui sont produites ici, été comme hiver.
Pour faire pousser des légumes tout au long de l’année, même lorsque les températures descendent en dessous de - 20 °C, les Fermes Lufa se sont dotées d’une gigantesque serre sur le sommet du bâtiment. L’hiver, la serre ne peut pas se passer de chauffage. Mais pour diminuer ses besoins énergétiques, l’entreprise a choisi de s’installer sur le toit d’un immeuble déjà existant. Cela permet de profiter de sa chaleur, mais aussi de l’isoler de façon efficace : 25 % en moins sur la facture de chauffage pour tout le bâtiment.
Pour produire 190 tonnes de légumes par an sur une surface de 7 300 m² dans ses deux serres à Laval et Montréal, la start-up canadienne a fait le choix de l’hydroponie. Cette technique consiste à faire pousser des fruits et légumes en remplaçant la terre par un substrat, généralement de la fibre de coco. Ce substrat est ensuite trempé dans de l’eau qui contient les nutriments dont la plante a besoin, notamment du fer et du potassium. En circuit fermé, ces nutriments ne filtrent pas dans le sol et circulent jusqu’à ce qu’ils soient absorbés par les pousses.
Image: http://s1.lemde.fr/image/2015/05/16/534x0/4634720_6_5f19_des-tuyaux-parcourent-la-serre-pour-alimenter_3bf0279d2f6727957e96f7419971f077.jpg
Des tuyaux parcourent la serre pour alimenter les plantes en eau et minéraux. ROBIN LAMBERT
Si cette solution permet de réduire la consommation d’eau et de minéraux par rapport à une culture en plein sol, la culture hydroponique ne peut recevoir la certification biologique, réservée aux cultures « essentiellement nourries par l’écosystème du sol », selon le règlement N° 889/2008 de l’UE.
Reste à contrôler les insectes nuisibles. Comme une serre hydroponique est isolée de l’extérieur, le besoin en pesticides est plus faible. Certaines installations choisissent d’abandonner complètement ces produits en faveur d’insectes prédateurs tels que les coccinelles. C’est le cas pour les Fermes Lufa, qui utilisent aussi des abeilles pour la pollinisation, ce qui permet de diminuer l’achat de graines. Enfin, toute l’atmosphère de la serre est contrôlée par ordinateur : l’humidité et la température, bien sûr, mais aussi la quantité de lumière entrante et même le nombre d’insectes pouvant se balader parmi les légumes.
Image: http://s2.lemde.fr/image/2015/05/16/534x0/4634718_6_6c83_technologie-et-nature-les-abeilles-de-lufa-se_cc834a8e197597d68a0ba037e54f7a94.jpg
Technologie et nature : les abeilles de Lufa se baladent librement dans la serre. ROBIN LAMBERT
Côté consommateur, les 5 000 paniers hebdomadaires de Lufa se commandent au moins trois jours à l’avance, pour organiser la cueillette. Celle-ci est effectuée le matin même de la livraison en point-relais, avec des fruits et légumes à maturité qui n’auront connu ni transport longue distance ni lavage mécanique. « Nous cultivons les aliments là où les gens vivent », souligne Mohamed Hage.
Le prix des aliments reste cependant plus élevé qu’en supermarché (4,50 € la barquette de fraises de 350 g), et les produits sont encore entourés de plastique dans les paniers.
Un mouvement mondial
Les Fermes Lufa devraient poursuivre leur expansion, avec la construction d’une troisième serre sur toit à Montréal, ainsi que d’autres projets à Boston, Chicago et New York. Pour cette dernière, les Montréalais seront en concurrence avec Gotham Greens, une autre entreprise de serre hydroponique commerciale sur toit, mais qui ne vend pas directement ses produits au consommateur. Dans le reste des Etats-Unis, Bright Farms fournit le même type de service que Gotham Greens.
Image: http://s1.lemde.fr/image/2015/05/18/534x0/4635342_6_d2ca_la-serre-de-montreal-est-divisee-en-deux_047578040a50acfc58e263872b8085e9.jpg
Même cette agriculture high-tech est en passe de devenir obsolète, dépassée en rendement au mètre carré par de nouvelles technologies. Comme les fermes hydroponiques verticales de Green Spirit dans le Michigan, où les bacs à légumes s’empilent sous une lumière UV, ce qui permet près de 17 récoltes par an. Quant à l’aéroponie d’Aerofarms, le chiffre de 22 récoltes annuelles est atteint.
La plupart du temps réalisée sans OGM ni pesticides, cette nouvelle agriculture pourrait s’imposer comme principale source de produits frais, locaux et sains en ville. Reste que les autorités françaises contrôleront probablement de près cette technologie, aujourd’hui majoritairement utilisée dans l’Hexagone pour faire pousser du cannabis.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/05/16/a-montreal-des-serres-geantes-sur-les-toits_4634722_3244.html#Ixv5T6WUD34a2Be6.99
-PARIS
Une première serre urbaine commerciale verra bientôt le jour en plein cœur de Paris
La municipalité a lancé un appel à projets pour végétaliser ou cultiver des parcelles urbaines. Une serre sur un toit de 1 500 m2 ouvrira d’ores et déjà ses portes début 2017 dans le 12e arrondissement.
LE MONDE | 21.04.2016 à 15h30 • Mis à jour le 29.04.2016 à 14h45 | Par Laetitia Van Eeckhout
Image: http://s2.lemde.fr/image/2016/04/21/534x0/4906439_6_2446_vue-d-artiste-de-la-serre-maraichere_b945da85787602215227dd0a53fa2d94.jpg
Produire en grande quantité, en pleine ville, avec peu d’énergie, dans un espace contraint et dans un esprit de développement durable : Lyon comme Paris s’apprêtent à accueillir de vraies fermes urbaines à vocation commerciale.
A Lyon, l’équipe d’ingénieurs, urbanistes et architectes de la Ferme urbaine lyonnaise (FUL) travaille depuis deux ans à un projet de ferme verticale abritant une production hors sol de salades, répartie en plateaux techniques superposés. Encore au stade du prototype, ce projet doit prochainement être testé dans un site pilote sur le campus de l’Institut national des sciences appliquées (INSA) de Lyon pour affiner les solutions innovantes de production imaginées par ses créateurs.
A Paris, ayant passé ce stade, la start-up Toit tout vert est, elle, en train de mettre la toute dernière main à son projet de ferme urbaine, sous serre et sur un toit. Cette exploitation de quelque 1 500 mètres carrés doit voir le jour au début de 2017 sur la toiture d’un bâtiment de Paris Habitat, dans le 12e arrondissement de Paris. Elle amorce le mouvement de végétalisation des 47 sites pour lesquels la mairie de Paris a lancé, jeudi 14 avril, un appel à projets portant le nom « Parisculteurs ».
Jardins partagés et potagers, qui apportent un peu de verdure et quelques fruits et légumes aux personnes les cultivant ou aux adhérents des associations les exploitant, ont ouvert la voie au développement de l’agriculture urbaine dans l’Hexagone. Depuis deux ou trois ans, cependant, les projets avec une dimension commerciale tendent à se multiplier. Déjà, grâce à ses cultures végétales sur les toits des Galeries Lafayette, l’entreprise Paris sous les fraises approvisionne la gastronomie de luxe ; dans les sous-sols de Rungis (Val-de-Marne), La Boîte à champignons fait pousser sur du marc de café récupéré des pleurotes, là encore très prisées des chefs étoilés ; sur la dalle d’un immeuble mitoyen du Pullman tour Eiffel, Topager cultive fruits, légumes et autres plantes aromatiques pour la brasserie Frame de l’hôtel…
Lire aussi : Le potager au top
Ni stockage ni réfrigération
« CUEILLIS À MATURITÉ, NOS PRODUITS SERONT LIVRÉS PAR TRICYCLE ÉLECTRIQUE DANS LA JOURNÉE »
A la différence de ces projets déjà en activité, Toit tout vert ne vise pas une niche et veut s’adresser au grand public, en proposant des produits de qualité à des prix inférieurs au bio. Bien sûr, la start-up ne proposera pas toute la gamme des fruits et légumes que l’on trouve au marché. Sur un toit, pour des questions de résistance, il n’est pas possible de cultiver des espèces trop gourmandes en terre.
L’offre, travaillée avec l’équipe du centre régional d’innovation et de transfert de technologie horticole de Rochefort-sur-Mer (Charente-Maritime), sera néanmoins variée et évolutive au gré des saisons. « Et selon les goûts des clients, précise Philippe Le Borgne, un des fondateurs de Toit tout vert. Non OGM et cultivées sans pesticide, les semences seront choisies pour leur goût et leur qualité nutritionnelle, non pour leur calibrage, leur couleur ou encore leur capacité à résister au transport sur de longues distances. Cueillis à maturité, nos produits seront livrés par tricycle électrique dans la journée. Il n’y aura ni stockage ni réfrigération. »
Une partie de la chaleur nécessaire à la culture des fraises, salades, tomates, concombres, courgettes, champignons et plantes aromatiques sera fournie naturellement par dissipation de la chaleur venant de l’immeuble. Constituant une importante biomasse installée en toiture, la serre contribuera, elle, à réduire les îlots de chaleur du quartier, par l’évapotranspiration des plantes. Reste, bien sûr, à mesurer, une fois la serre en activité, à quel niveau elle y contribuera. « Une chose est sûre, nous serons obligés d’évacuer cette humidité, ne pouvant en garder trop dans la serre », explique Philippe Le Borgne, qui précise que les fruits et légumes cultivés consommeront, durant leur croissance, dix fois moins d’eau que les cultures conventionnelles en plein champ. En circuit fermé, l’eau qui ne sera pas utilisée par les plantes sera en effet récupérée et réinjectée.
Révolution urbanistique
PARIS S’EST FIXÉ L’OBJECTIF D’ATTEINDRE 100 HECTARES VÉGÉTALISÉS D’ICI À 2020
Un tel projet ne verrait peut-être pas le jour si la Mairie de Paris n’avait pas décidé de faire évoluer son plan local d’urbanisme (PLU). Eriger une serre sur le toit d’un immeuble est de fait considéré dans la plupart des villes comme un étage supplémentaire. Avec le nouveau PLU, la serre de Toit tout vert ne sera plus qu’un équipement technique, à l’instar des serres en plein champ.
« C’est une vraie révolution urbanistique, un signe fort en faveur du développement de l’agriculture urbaine, se félicite Christine Aubry, chercheuse à l’Institut national de recherche agronomique (INRA) et professeure à Agro Paris Tech. Lancé par la ville de New York, ce type de disposition vient faciliter l’installation de projets de fermes urbaines qui ne sont plus dès lors susceptibles d’entrer en concurrence avec des projets de logements, commerces ou bureaux. »
Paris, qui s’est fixé l’objectif d’atteindre 100 hectares végétalisés d’ici à 2020, espère une multiplication de ce genre de projet grâce à Parisculteurs. Sur les 47 sites mis à disposition et identifiés sur le patrimoine de la ville, des bailleurs sociaux mais aussi de partenaires, 18 – des toits et des murs – sont réservés à la végétalisation, et 29 – représentant 4,5 hectares – sont consacrés à l’agriculture urbaine.
« Nous sommes ouverts à tous types de projets, lesquels pourront prendre la forme de serres, de potagers, de vergers, de pépinières et utiliser différentes techniques, cultures en bac, en hydroponie, aquaponie… », précise Pénélope Komitès, adjointe socialiste de la maire Anne Hidalgo chargée des espaces verts, de la nature et de la biodiversité, qui espère, dès 2017, les premiers signes de « métamorphose de la ville ». Start-up, paysagistes, agriculteurs, architectes, artistes, mais aussi associations (pour des jardins partagés ou des chantiers de réinsertion) ont jusqu’au 4 juillet pour constituer leur dossier.
Voir aussi le grand format : Et si on essayait l’agriculture sur le toit ?
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/04/21/une-premiere-serre-urbaine-commerciale-verra-bientot-le-jour-en-plein-c-ur-de-paris_4906440_3244.html#3o01UOWROZMH2vkz.99
- PROJET DRAGONFLY
Afin de combattre les problèmes liés à de trop fortes densités de population, Vincent Callebaut, architecte Belge, a imaginé une structure végétale capable de subvenir aux besoins des habitants de New York appelé projet de ferme verticale Dragonfly.
La fiche architecte de Vincent Callebaut : biographie, projets, récompenses ici
L’autosuffisance alimentaire et énergétique des villes modernes devient indispensable dans la conjoncture actuelle, dans cette optique Vincent Callebaut a conçu un prototype de ferme urbaine biologique. La tour Dragonfly a l’ambition de réduire l’empreinte écologique des consommateurs urbains en faisant d’eux des agriculteurs.
La population urbaine devrait passer de 3,1 milliards d’habitants en 2009 à 5,5 milliards en 2025 selon une étude des Nations Unies. Les citadins du monde entier présentent un réel engouement pour un retour à l’agriculture biologique et à un mode de consommation durable. Selon Vincent Callebaut et ses partenaires :« Le Dragonfly est un projet d’agriculture urbaine communautaire capable de contribuer à la durabilité de la ville et de repenser la production alimentaire ».
Le Dragonfly dans New York
Dragonfly (libellule), est un gratte-ciel en forme d’immense aile de libellule composée d’une structure en verre et en acier. Il regroupe plusieurs fonctions: culture de fruits et légumes, élevage d’animaux, logements et bureaux. Une ferme de cette ampleur pourrait approximativement nourrir tous ses habitants plus 100 000 personnes soit environ 150 000 personnes par ferme urbaine ce qui n’est pas négligeable.
Les enjeux de la réalisation d’une ferme urbaine
-
réduire les intermédiaires dans les modes de production: le système d’autosuffisance alimentaire engendré par la construction d’une telle structure réduit considérablement l’utilisation des moyens de transport. Dans un avenir proche, le pétrole disponible ne sera plus suffisant, trouver une alternative devient donc indispensable.
-
créer une proximité entre les habitants et leur production: la production alimentaire est gérée par les habitants de la tour et suit le rythme des saisons. Les sols agricoles sont générés par le compost obtenu grâce au recyclage des déchets organiques.
-
posséder une réelle autosuffisance énergétique: la tour Dragonfly comporte 3 éoliennes et une structure en nid d’abeilles qui lui permet le renouvellement de l’air et l’apport en énergie solaire.
-
permettre des économies financières: les habitants de la tour pourront aussi y travailler n’auront quasiment plus besoin d’aller faire des courses alimentaires. Cela entraine la suppression partielle des frais de transport et de carburant.
La structure en nid d’abeilles du Dragonfly qui permet de laisser passer la lumière du soleil.
Une image de synthèse d’un appartement: la structure laisse entrer un maximum de lumière, les plafonds sont très hauts, la végétation est omniprésente…chaque logement dispose d’un mur potager dans la cuisine, les légumes et les fruits sont produits à travers des cultures hors sol ainsi que dans des espaces communautaires.
Une ferme d’élevage située au pied du bâtiment permettra de maintenir la biodiversité et de subvenir aux besoins alimentaires.
Dans tous les cas, que l’on soit pour ou contre ce projet d’une ampleur considérable, il ne peut pas nous laisser indifférent. On peut critiquer le travail de l’architecte en affirmant que la structure est démesurée et qu’esthétiquement tous les gouts sont dans la nature. Mais une chose est certaine, les critères pris en compte par Vincent Callebaut sont des plus pertinents sur le plan écologique et rentrent dans les critères internationaux de diffusion de la notion de développement durable.
Cette structure, dans sa globalité, ne semble avoir oublié aucun des critères et sur le plan visuel, elle peut en faire rêver plus d’un, surtout quand on voit ce qui se fait aujourd’hui à Dubaï ou en Chine et au Japon…
Les avis négatifs vous diront que le projet est totalement démesuré et techniquement très dur à réaliser, quand aux avis favorables, ils ont certainement été séduits au premier abord par la grandeur de ce bâtiment et ensuite par tous les efforts mis en œuvre par l’architecte pour réaliser un projet cohérent. Il ne faut pas oublier que c’est un prototype et qu’il y aura toujours des choses à améliorer mais le projet Dragonfly aura au moins le mérite de faire avancer le débat en exposant des alternatives à l’étalement urbain et l’agriculture en ville.
Zoom sur la structure du Dragonfly: on observe des étages de jardins au milieu du bâtiment et une colonne centrale qui permet l’acheminement vertical des marchandises, des animaux,… Le contour du gratte-ciel constitue une ossature où sont situés les logements et les bureaux.
La vidéo Arte de Vincent Callebaut sur son projet Dragonfly
« Paris a fait une estimation de ses toits potentiellement productifs. Il existe dans la capitale près de 300 hectares de toits aménageables, dont 80 seraient en l'état actuel cultivables. Il est estimé entre 5 et 8 kilos de légumes par m2 sur un toit productif en plein air ou dans des jardins associatifs. »
Source : Image de toiture agricole du site Urban Attitude.
Dostları ilə paylaş: |