Conceptualisation et éclaircissement sur les publics concernés


Mise en place d’une pratique de lecture organisée par l’AFL



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Mise en place d’une pratique de lecture organisée par l’AFL.


La démarche de l’AFL (Association Française de Lecture) nous semble particulièrement digne d’intérêt.

L’AFL a une ligne de conduite qui vise à rendre aux apprenants leur statut de destinataires d’écrit. Elle travaille avec l’Institut National de Recherche Pédagogique et mène des actions dans les domaines de politiques de la lecture auprès des enfants et des adultes. Elle produit des logiciels comme ELMO, ELSA, ou LIRE. On retrouve le compte rendu de ses actions ainsi que des réflexions théoriques dans la revue : Les actes de lecture. L'action dont nous rendons compte ici a été analysée dans le N°68 de décembre 1999, dans un article intitulé : L'illettrisme au pied de la lettre ou comment des adultes apprennent une autre langue231.

Pour illustrer une mise en application possible de pratiques de lecture et d’écriture avec des apprenant de « faible » niveau, nous présentons ici le récit d’une session de formation de formateurs à laquelle nous avons participé en tant qu’observatrice. Animée par l’AFL et intitulée : la semaine de lecture, cette session était organisée par une antenne de l’AFL : l’ADL Provence (Association de Développement de la Lecture). Yvanne Chenouf et Nathalie Bois (de l’AFL) étaient les intervenantes.

L’action complète de cette formation de formateurs s'est déroulée de février à juin 1999. Ces rencontres ont eu lieu sur trois sessions théoriques réalisées et conclues par une "semaine de lecture" associant des formateurs et des publics à la Maison Pour Tous Kléber de Marseille.

Cette semaine lecture réunissait les membres de l’ADL, Yvanne Chenouf et Nathalie Bois, cinq formateurs pour adultes de divers organismes de formation et une vingtaine de stagiaires relevant essentiellement de l’alphabétisation et de la lutte contre l’illettrisme.

L’objectif est la compétence écrite, la compétence orale étant présumée acquise. Toutefois, ce n’était pas réellement le cas, les apprenants étaient très variés.

Les matinées de cette semaine de lecture sont consacrées à un travail avec les stagiaires.

Les après-midi sont consacrées à la mise en commun des réflexions des formateurs et des animateurs. Elles servent également à préparer les instruments de l'action du lendemain.

L’action débute par la présentation de chacun et la distribution pour chaque stagiaire d’un « dossier de lecture » constitué de plusieurs documents : une liste des stagiaires présents où chacun peut retrouver son nom, une feuille de présentation de l’ADL, une fiche de présentation de l’AFL, un papier avec les six questions pour entrer dans un texte :

Qu’est-ce que c’est ? À quoi ça sert ? Qui a écrit ce texte ? Pourquoi c’est écrit ? Comment c’est écrit ? Est-ce qu’on a déjà rencontré un texte comme celui-là ?

Le dossier comprend également un alphabet, l’emploi du temps des stagiaires pour la semaine, un article de journal portant sur l’illettrisme, le texte d’une affiche reproduit sur le logiciel ELMO avec un classement des mots et l’affiche : base de travail de la leçon de lecture.

Cette affiche, éditée par le GPLI, est constituée de cinq parties ; tout d’abord, plusieurs photographies de personnes de type européen, puis d’un texte : “ Parce que l’Illettrisme232 met trop de personnes au pied du mur, prenez l’illettrisme au pied de la lettre ”. La troisième partie de l’affiche est une liste de noms (dont Pierre Arditi, Agnès Jaoui,Véronique Sanson, Jean Pierre Bacri, Bernadette Laffont, Jérôme Savary, Enki Bilal et Zinédine Zidane) suivie de cet énoncé : « Avec ces 26 personnalités, engagez vous à être vigilants et solidaires ! ». On cite enfin les partenaires officiels (logos).

Chaque formateur doit suivre un apprenant et noter ses réactions vis-à-vis de l’écrit proposé. Une grille d’observation des attitudes des stagiaires lui est fournie. Chaque formateur est chargé d’observer les comportements et les stratégies d’apprentissage d’un stagiaire. En un premier temps, le dossier est proposé aux apprenants, ils en découvrent librement le contenu. Puis, ils doivent classer ces documents comme ils le souhaitent. On leur propose alors un autre classement par types d’écrits. Ils doivent choisir un texte, et une personne est chargée de noter leurs réactions, commentaires en vue de les retranscrire à l’écrit. La leçon de lecture commence par la prise de notes. En réalité, l'apprenant doit souligner ce qui est compris. Vient ensuite la mobilisation des connaissances.

L’animatrice note au tableau, à côté de l’affiche, tout ce que les stagiaires expriment. L’exploration du texte se fait en petits groupes. La mise en commun est écrite au tableau suivie d’une lecture magistrale. Pour le jour suivant, on demande aux stagiaires d’apprendre une liste de mots qu’ils devront reconnaître rapidement le lendemain sur des fiches (illettré, illettrée, illettrés, illettrées, illettrisme, lettre, lettres, lettré, lettrées, lettrés, lettrées). On voit apparaître ici l’ébauche d’une connaissance sur la construction des mots et sur les règles de grammaire. Soulignons qu'aucun des stagiaires présents ne connaissait le sens de ces mots. Or, parmi ces mots, l’un d’entre eux (illettré) représente le terme par lequel ils sont désignés dans notre société.

Le lendemain, on apporte aux stagiaires un nouveau document. Il est construit de la même manière que l’affiche présentée la veille. Son contenu a changé, on y voit une photographie de bibliothèque et un texte : “ Parce que l’illettrisme n’est pas une question d’infériorité ou d’intelligence mais un problème de société, nous nous engageons à trouver des solutions ”. Le texte est suivi d’une liste de noms, ceux des formateurs et animateurs présents, puis d’une phrase “ avec ces neuf formateurs, apportez votre aide à cette recherche ”. Viennent ensuite les signatures. Les stagiaires reconnaissent rapidement des similitudes avec l’affiche présentée la veille. On leur distribue également un texte élaboré à partir des propos qu’ils ont tenus la veille.

Le jour suivant, ce sont les stagiaires eux-mêmes, qui construisent une affiche sur des questions qui les préoccupent. La démarche consiste à effectuer une rencontre avec des textes en situation. Des activités de mobilisation de leurs connaissances sont proposées pour progresser en lecture. Les apprenants parviennent rapidement à réaliser des analyses de textes établies sur l’architecture de surface (ponctuation, organisation spatiale, marques typographiques…), la structure profonde (texte en tant qu’unité organisée : travail sur les connecteurs, les personnages, la chronologie…), le lexique (travail sur les synonymes, les mots de la même famille, les racines, les marques grammaticales). Cette approche permet des allers et retours entre les mots (fréquence occurrence grâce au logiciel ELMO). Les compétences graphophonologiques (remarques sur les ressemblances, les différences…) sont soulignées. Les apprenants sont conviés à l’entraînement visuel par discrimination, mémorisation, étude sur le code, déductions et anticipation.

La grammaire est également abordée par un travail sur les accords. D’autres activités permettent d’enrichir leur culture de l’écrit, ce sont par exemple la création de fichiers, la présentation de livres et leur critique, ou la lecture à haute voix. Les activités d’écriture se multiplient autour de production de textes, ateliers d’écriture, ou de calligraphie.

La méthodologie adoptée par l’AFL nous semble pertinente en matière de lecture et d’écriture. L'association prend en compte l’hétérogénéité des publics et la considère comme une richesse. Il n’en reste pas moins que la démarche proposée est difficilement applicable directement à un public non francophone sans y apporter quelques modifications. L’AFL travaille exclusivement l’écrit alors que les publics, primo arrivants, particulièrement, ont besoin de travailler aussi la compréhension orale. Les avancées de l’AFL permettent d’avoir une réflexion éthique, sur le statut des apprenants, les contenus abordés et la manière de les aborder. Ainsi, l’apprenant est d’emblée considéré comme un être de culture. On lui permet de mobiliser ses connaissances et de coopérer avec les autres. L’exploration des textes implique que le message précède le code, chacun apporte sa pierre à la réflexion. Le stagiaire peut ensuite réinvestir les acquis dans des exercices d’entraînement et s’exprimer. Ceci implique, toutefois, que le graphisme soit déjà acquis.


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