Le 27 avril 1998, Jean Long a présenté un exposé, à l’inetop, lors du séminaire du greo, créé en 1997



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Jean LONG

Le 27 avril 1998, Jean Long a présenté un exposé, à l’INETOP, lors du séminaire du GREO, créé en 1997.
Décédé en mai 2010, Jean Long n’a pas revu la transcription de cet exposé. Chacun comprendra qu’il n’était pas possible d’apporter des modifications à ce témoignage historique de très grande qualité, qui nous permet de vivre un peu de l’expérience de ces quelques trois cent conseillers dans une période de reconstruction, d’espoir et d’enthousiasmes, à nulle autre pareille.
J’ai donc conservé le caractère oral et je me suis borné à indiquer par des titres les différents thèmes abordés et donné en note des indications qui éclaireront le lecteur.
Ainsi, j’espère que sera transmis l’essentiel de cette ferveur des pionniers qui fut celle de Jean Long.

                                                                                                      18 novembre 2010


                                                                                                           Pierre Roche
                                                                                                                 GREO

De l’OP à l’OSP. Les pratiques d’Orientation Scolaire et Professionnelle à la Libération.

Introduction.

Cette intervention m’a quand même posé pas mal de questions. D’une part, est-ce que j’ai encore les moyens de préparer quelque chose ? D’autre part, le vieil inspecteur que j’ai été aurait tout de suite filé sur les textes officiels, ce n’est pas inutile, ça n’apporte rien.

Donc, comment s’y prendre, que transmettre?

Ce que je souhaite maintenant, ce n’est pas faire un exposé historique, cette approche a été fort bien défrichée par André Caroff dans son excellent ouvrage sur L’organisation de l’orientation des jeunes en France qui est paru en 1987 1, c’est pas aujourd’hui. D’autre part, je n’ai pas ni la disposition d’esprit ni les moyens, de mettre en œuvre une recherche historique avec remontée aux sources et tout ce qui est indispensable pour un travail historique.

Je resterai donc prisonnier des défaillances de mémoire, car il y en a, j’ai essayé de ne pas faire trop de contre-sens chronologiques et c’est pourquoi que de temps en temps je me suis reporté aux textes et documents. Disons que ce serai plutôt un entretien de mémorialiste que je voudrai avoir avec vous. Car tel Fabrice à Waterloo dans le roman de Stendhal, j’ai assisté à des portions d’actualité, et je ne peux pas dire que je l’ai jamais dominé, même lorsque j’ai eu une responsabilité académique à la fin de ma carrière. D’autre part je refuse la mémoire implacable du Président campé par Jean Gabin dans un film que certains d’entre vous ont certainement en mémoire et qui était fort bien joué.

Le titre proposé au programme ne fixe pas de limites à la période abordée. Je pense que d’une part si je ne veux pas vous retenir trop longtemps il ne faut pas que j’aille trop loin dans le temps et d’autre part qu’il y a une césure introduite par la réforme de l’enseignement du 6 janvier 1959 2 . Donc je me limiterai à 1959-1960, ce qui pourrai donner le titre à notre rencontre : De l’OP à l’OSP.

Des éléments de mon parcours personnel.

Conseiller d’orientation de terrain pendant longtemps, délégué syndical du SNET orientation pour l’académie de Paris, à l’époque le délégué pour le plan national était René Bacquet 3ensuite représentant à la CAP nationale jusqu’en 1970, Directeur de centre d’orientation départemental d’orientation à Bourges à partir de 1953, je me limite aux fonctions aux limites de l’étude.

J’ai donc avant tout vécu l’orientation sur le terrain, avec des charges qui ont évolué. La vision s’élargit forcément avec le temps et avec les fonctions et je dois avouer que je demeure quand même toujours nostalgique du travail de terrain, à la base et des contacts qu’il procure.

Mon aventure personnelle a peu d’importance, je me bornerai quand même à rappeler quelques éléments qui ont pu influencer ma perception de l’OP, ou de la vie, nous en parlions avec Noël 4 avant d’entrer.

Tout d’abord, je ne suis pas enseignant d’origine, j’ai commencé à travailler au centre d’orientation de Nice, à la fin de l’année 1942, sans avoir fait l’INOP 5, sans être diplômé, et j’ai passé le diplôme d’Etat dans sa première session de 1945, qui à l’époque se préparait en un an.



J’avais connu l’orientation dès 1936 comme usager. A l’époque cette maison était en construction, les consultations se donnaient au Conservatoire des Arts et Métiers, les conseillères qui m’ont trituré étaient mademoiselle Bisquet, on en trouve des traces dans le BINOP et mademoiselle Monin, qui a enseigné longtemps dans cette maison et que certains d’entre vous ont certainement eu comme maître. J’avais connu aussi par les mouvements de jeunesse et l’encadrement de colonies de vacances, un garçon ancien élève de l’INOP qui s’appelait Grawitz, malheureusement mort pendant la guerre en raison des conditions qui ne permettaient pas de soigner le diabète dont il souffrait. Ces activités, ces appartenances, m’ont fait connaître la pédagogie active, celle des CEMEA, celle qui ne se fait pas dans les Ecoles normales, ce qui fait peut-être que j’ai une approche un peu différente de mes collègues qui avaient choisi l’orientation , parce que à l’époque l’Ecole normale était une des filières pour faire des études et qui ont cherché très légitimement une promotion sociale qui les a amené pour certains à aller jusqu’à l’Université, comme professeur, d’autres à entrer dans les services de l’inspection du travail 6 , où ils ont fait un travail parallèle au notre et qui explique certaines des conjonctions qu’il y a eu entre les services du travail et l’orientation. Je ne m’étendrai pas là-dessus mais cela vous expliquera pourquoi je suis plus attentif à ce que produisait l’équipe du Père Castor ou Célestin Freinet que d’autres pédagogues patentés. Par goût et par tradition familiale 7 aussi , à l’époque je souhaitais exercer une activité sociale, une activité proche des jeunes. Aussi, lorsqu’en 1942, libéré du service national je me suis trouvé à chercher une activité à Nice, j’ai entendu le conseil ou l’ information que me donnait une amie de mes parents qui était directrice de l’Ecole pratique de Jeunes filles de Nice, on dirait maintenant le lycée technique qui m’a incité à regarder du côté de l’orientation professionnelle ce qui était possible. Il y avait un centre organisé suivant le système du décret-loi de 1938, mais qui succédait à un Office d’orientation créé dans les années vingt par un ancien enseignant qui s’appelait Léopold Martin avec l’appui de la Chambre de commerce dans lequel le centre public se trouvait toujours hébergé. Là, ma foi, ce qu’on m’a proposé m’a plu. Je suis donc entré comme ce qu’on appelait à l’époque un assistant, un aide conseiller. C’est la fonction qu’ont exercé beaucoup de nos collègues, qui à l’époque étaient recrutées comme rédactrices dans les centres d’orientation, il y avait peu de garçons qui étaient rédacteurs et c’est ce qui explique que encore maintenant dans l’encadrement des centres d’orientation vous avez plus de secrétaires d’administration universitaire que notre niveau administratif de centre le permettrait. C’est une dévolution de ces centres d’aides-psychologues qui sévissaient à l’époque faute de personnel diplômé, de personnel disponible suffisant.

Et au centre de Nice deux jeunes directeurs m’ont fait confiance, et m’ont appris à travailler, d’abord Lescure Lebrun qui pour des raisons de famille dans l’année 1943 a été obligé de quitter Nice et de regagner Bordeaux où arrêté par les Allemands, il a été déporté et on ne l’a jamais revu, Robert Lerude, ancien ingénieur des Arts et métiers, devenu conseiller d’orientation, qui a disparu, lui aussi, mais il y a une vingtaine d’années seulement. Et ils m’ont formé avec une méthode originale qui est celle du travail sur le tas en double commande, où l’on ne laisse la bride qu’à partir du moment où on est d’accord sur les conclusions et sur la démarche suivie. Ce n’est pas très orthodoxe, je crois que c’est efficace et je ne le regrette pas. Je dirai que c’est ce qui fait que lorsque j’étais dans cette maison je ne pensais pas du tout à l’époque qu’un jour je serai là 8 , c’est la première fois que je suis à cette tribune, j’étais là haut tout en haut à gauche, parce que c’était le plus près de la porte, parfois quand même je posais des questions et j’entendais quelques remous des collègues qui auraient dit, [inaudible] mais ils étaient polis et ils restaient jusqu’à tant qu’il y ait la réponse, mais c’est vrai que je ne suis pas un élève orthodoxe de l’INOP.

Dernière hétérodoxie, je prenais l’ascenseur et je montais au cinquième et je suivais les cours qui n’étaient pas nécessaires pour le cursus du diplôme d’Etat de conseiller d’orientation. Je ne le regrette pas puisque c’était les cours de psychologie de l’enfant. Sur ce, après l’INOP, à l’époque il n’y avait pas de recrutement systématique, il n’y avait aucun ajustement entre les postes disponibles et les promotions. Il fallait donc se prendre par la main et chercher un emploi. En janvier 1946 j’en avais deux ou trois dont un qui aurai pu être avec Zazzo 9 , mais les conditions de rémunération qu’il pouvait m’offrir étaient moindre que celles du centre d’orientation du quinzième arrondissement qui était encore géré par le comité de patronage des apprentis, le centre départemental n’existait pas et je me suis donc retrouvé avec Berthe Lévy-Bruhl jusque vers les années 1947-1948, où me rapprochant de mon domicile par un tropisme bien courant je me suis retrouvé à Colombes annexe du centre de Bois-Colombes. Ce qui me faisait travailler seul avec une secrétaire, qui était très gentille, mais qui pouvait tout juste faire l’accueil des parents et les mensurations physiologiques des gosses puisqu’on avait une visite médicale. Et je tiens à exprimer à tous ces collègues maintenant disparus, aussi bien Berthe Lévy-Bruhl que toute la reconnaissance que j’ai pour leur gentillesse à accepter mes sautes d’humeur, mes questions mal à propos et peut-être parfois une trop grande tendance à l’indépendance, et à mettre en cause ce que les anciens disaient. Je me souviens d’une réunion syndicale ici, où il y avait deux motions en face l’une de l’autre, ce qui est fréquent, et où j’ai eu ce mot terrible que je regrette toujours, « les croulants se comptent ». Les croulants avaient quelques années de plus que moi.
Bon, je crois que j’en ai trop dit sur moi. Je terminerai cette partie simplement en disant que j’apprécie pleinement d’avoir eu au cours de ma vie le privilège d’exercer une activité où je pouvais aimer ce que j’avais à faire et m’y impliquer pleinement. C’est comme cela que à une période j’ai refusé les sirènes qui me poussaient à passer vers un service qu’on appellerait maintenant de ressources humaines, c’était à l’époque la direction du personnel 10 C’était un camarade que certains d’entre vous ont peut-être connu qui s’appelait Jean Guillères ou bien des sollicitations pour la sélection professionnelle par quelqu’un qui a laissé un nom parce qu’il a au moins commis un bouquin sur l’OP, c’était Guy de Beaumont.

Bon, alors, que faire maintenant ?

Je n’ai pas voulu reprendre un texte rédigé, donc je ferai des développements très inégaux, mais également le temps passe, je crois que pour la suite que souhaite Pierre Roche il est nécessaire que j’aie fini vers quatre heure et quart.

Annonce du plan de mon exposé.

Donc je crois que nous pourrions voir successivement : la situation à la Libération, la construction d’un service sous la houlette de la direction de l’enseignement technique, la prise en charge de l’orientation par l’Etat, et enfin, comment on est arrivé de l’OP à l’OSP.

Retour sur les dernières années de l’Occupation.

Il faut quand même remonter à l’année 1943. Au cours de l’année 1943, la direction de l’enseignement technique qui à l’époque était vraiment un service extérieur, à peine rattaché à l’Education nationale. Rappelons que leurs locaux étaient rue de Chateaudun alors que l’Education nationale était déjà rue de Grenelle. La direction de l’Enseignement technique était encore sous la direction d’Hippolyte Luc 11 , je ne sais pas si le nom de ce personnage vous dit quelque chose. Pour moi il est très émouvant, parce que c’était un enfant de l’Assistance publique qui est devenu agrégé de l’Université, Inspecteur d’académie, Inspecteur Général, et qui avec Edmond Labbé 12 a adhéré pleinement à l’Enseignement technique et à tout ce qu’il pouvait donner aux jeunes. A l’époque, en 1943, Luc était déjà très malade, il doit du reste décéder début 1945 ou fin 1945, il y a une nécrologie très belle de Piéron 13 dans le BINOP 14 , où il rappelle que lui il n’aurait pas accepté de travailler sous le gouvernement de Vichy, mais où il rappelait toutes les qualités humaines d’Hyppolite Luc, et cela devait être dit. Donc, en 1943, la direction de l’Enseignement technique n’a pas renoncé à l’application du décret-loi de 1938 15 . Je vous rappelle qu’il devait prendre exécution dans les trois ans c’est-à-dire au plus tard en 1942. Et pour préparer cela, on fixe un certain nombre de jalons, d’une part organisation d’une session spéciale de conseiller d’orientation dans cette maison en 1943, ce sont entièrement des enseignants désignés par les inspecteurs d’académie de toute la France et qui ayant la confiance de ces inspecteurs d’académie devaient ensuite encadrer les services, et on retrouvera les noms de cette promotion dans les postes de secrétaire d’orientation, de directeur pendant une bonne vingtaine d’années. Ceci est important. D’autre part, des décrets, l’un qui crée le diplôme d’Etat, l’autre qui annonce le CERDET, qui sera créé par un décret ultérieur de 1946, mais dès ce moment là, la direction de l’Enseignement technique avait l’intention de l’avoir.

La Libération.

Arrive la Libération. Action des gouvernements provisoires. Rappelez vous comme ministre, juste à la Libération, Henri Wallon 16 , ensuite Capitant qui avait déjà cette fonction à Alger dans l’autre gouvernement provisoire. C’est l’installation de la commission de réforme de l’enseignement présidée par Langevin 17 . Langevin fort malade décède fin 1946 et c’est Wallon qui prend la succession, d’où l’expression du plan Langevin-Wallon, mais comme Wallon était déjà vice-président de la commission et qu’il avait été vraiment la cheville ouvrière de la réflexion, on pourrait dire le plan Wallon. Ceux qui sont intéressés par les dispositions de Wallon envers l’orientation professionnelle pourraient consulter le numéro 1 de, je ne sais plus si c’est La Pensée 18 ou La Raison qui trace très très nettement les contours d’une orientation scolaire débouchant éventuellement sur le professionnel, qui a appelé une analyse très fine et très circonstanciée de Pierre Naville 19 dans le dernier numéro du bulletin du groupe GPCO. Le groupement des conseillers d’orientation était un groupement qui officiellement était une amicale mais dont l’intention était d’être la reconstitution d’un syndicat dès la Libération. Il se trouve qu’étant en province, ils ne se sont pas remués à temps, il y a eu parallèlement un autre syndicat qui s’est créé à Paris et qui a adhéré au SNET et le GPCO s’est fusionné au SNET, mais cela a laissé pendant quelque temps entre Naville Beaussier et d’autres membres actifs du GPCO quelques fraîcheurs avec l’administration du SNET. Ces problèmes là n’ont pas eu lieu pour le syndicat CFTC puisque à l’époque il n’y avait pas de CFDT, elle est arrivée par la suite. La CFTC avait déjà un SGEN et Damiato d’une part, Eudier d’autre part ont été ses animateurs.

Cette commission de réforme de l’enseignement a induit sans en être responsable le lancement des classes nouvelles par Gustave Monod 20 , et je n’hésite pas pour revenir à cette période, à vous lire la définition de l’orientation que donnait Pierre Naville à ce moment là, ça a paru dans La formation professionnelle et l’école en 1948 : « la notion d’orientation, c’est-à-dire d’un choix, à un moment donné entre diverses branches de connaissance et d’éducation, est une évidence. Celle-ci joue un rôle de plus en plus important au fur et à mesure que tous les ordres d’enseignement s’unifient, que les techniques professionnelles font appel à un ensemble de plus en plus varié de méthodes et de connaissances. » J’avoue que je préfère de beaucoup cette définition à celle de « l’ensemble des opérations etc, etc, » 21 que vous savez tous par cœur.



Les services d’orientation en région parisienne.

La réorganisation des services d’orientation dans la région parisienne a conduit à avoir un centre départemental qui regroupait Seine et Paris ; la Seine et Oise, qui était à l’époque un département entourant la Seine, quand on était mauvaise langue on disait que c’était un département annulaire, et les autres départements appartenant à l’académie de Paris représentaient presque le cinquième des effectifs scolaires de France. Cela a donné depuis académie d’Orléans, académie de Reims, etc, etc. On a oublié ces découpages mais ils conditionnent un certain nombre des réactions de l’époque. Le centre départemental a donc été créé en 1946. Il faut dire que dès 1938, il y avait eu une étude pour réorganiser la région parisienne qui avait été faite par l’Inspecteur général de l’époque qui s’appelait Larcher. On l’appelait donc le plan Larcher. Vous en verrez des traces dans le livre de Caroff. Plan qui consistait à regrouper une multitude de petits services qui avaient foisonné avec des initiatives toutes très intéressantes mais dispersées. Pour prendre l’exemple du quinzième où j’étais, il y avait un comité de patronage d’apprentis, donc le service d’orientation donnait des conseils et des comptes rendus d’orientation pour l’entrée en apprentissage, mais ce n’est pas la seule chose qu’il donnait, il délivrait aussi, une survivance des lois de Napoléon III, le carnet d’apprenti et ce carnet d’apprenti n’a jamais été aboli, il a simplement disparu dans les années 1948-1949, parce qu’on en a plus imprimé à l’Imprimerie nationale et que faute de matériel on n’en a plus délivré. Mais il y avait encore toute une série de survivances de cette sorte à l’époque auxquelles étaient affrontés les conseillers. Mais dans le même service d’orientation du quinzième, il y avait aussi un service de sélection animé par un certain Pascal, je ne sais pas ce qu’il est devenu, il était diplômé d’orientation, il y avait un centre d’adaptation pour des jeunes en difficulté, et tout cela c’était avec des gestions différentes, des financements différents, et ils sollicitaient tous, bien sûr, des subventions publiques ce qui fait qu’en 1938 on avait recensé pour Paris plus de soixante-dix demandes de subvention. En réalité quand le centre départemental a été réalisé cela a correspondu à peu près à trente et une unités ce qui était déjà pas mal. La Seine-et-Oise n’ayant pas les mêmes antécédents, on y a créé un centre départemental, qui avec les annexes, sans responsable, c’était un peu gênant pour ces collègues parce qu’ils avaient toutes les charges d’un directeur, mais il n’en avait aucune rémunération. Vous me direz que les indemnités de direction de l’époque étaient tellement faibles que ils ne perdaient pas énormément, cela devait correspondre à peu près à un quinzième de la mensualité touchée par le conseiller ayant la même ancienneté. Encore, je fais allusion à un statut, et il n’y en avait pas, la direction de l’enseignement technique s’y est attelée et a créé tout un ensemble de textes, que je ne vais pas reprendre, mais c’est plutôt le point suivant.

Donc je continue sur ce qui s’est passé au moment de la Libération. Donc, réorganisation de la région parisienne, lancement du CERDET en 1946-1947. C’est le secrétaire d’orientation de Paris Doladille, qui à cette occasion a été nommé Inspecteur principal de l’Enseignement technique qui a été choisi comme directeur du CERDET, avec un plan assez ambitieux, qui malheureusement n’a pas toujours répondu aux intentions, ni de l’administration, ni de la direction du CERDET. C’est aussi la période, rappelons nous de la création de la licence de psychologie, elle a été je crois publiée au Journal officiel, fin 1946, début 1947. Sinon auparavant il y avait certificat de licence de psycho dans la licence de philosophie. C’est le moment aussi où les secrétariats d’OP sont restructurés, le décret loi de 1938 les prévoyait départementaux, éventuellement pour un groupement de départements, là un arrêté ministériel en fait des structures académiques. Nous nous attarderons tout à l’heure sur la signification de ce choix.

Enfin, problème budgétaire, puisque le décret-loi de 1938 prenait en charge le traitement du secrétaire d’OP, point à la ligne. Le fonctionnement du secrétariat dépendait des structures locales. Les centres d’orientation dépendaient des structures locales. Il fallait donc qu’il y ait.

[fin de la première face de la première bande et interruption de l’enregistrement]

déblocage budgétaire, et on peut citer dans le désordre, ceux qui criaient le plus fort, et qui menaçaient de ne pas renouveler le budget si la direction de l’enseignement technique ne leur promettait pas une subvention identique au budget voté. Vous voyez comment l’Etat pouvait réagir devant une telle mise en condition, c’est en dehors de toutes les gestions administratives. C’était les Bouches-du-Rhône, c’était le Pas-de-Calais et puis en moindre fretin, le Gers, le Tarn-et-Garonne, etc. Donc c’était vraiment un peu partout un goulot d’étranglement qui risquait d’arrêter les choses. Cela vous expliquera pourquoi la direction de l’enseignement technique s’est efforcée et a obtenu, grâce à l’amendement Lempereur 22 à une loi de finances, d’avoir la prise en charge au 24 mai 1951, des services d’orientation.

Alors, il faut peut-être revenir sur quelques termes qui ont joué négativement ou positivement, je ne me prononcerai pas toujours, dans une société qui était à reconstruire à l’époque.

Le décret-loi de 1938 demandait qu’il y ait au moins un centre obligatoire par département.

Le mot obligatoire nous a fait beaucoup de tort, parce que par un glissement sémantique courant dans l’esprit français on a pensé que, soit il fallait obligatoirement passer à la casserole en allant au centre, soit il fallait obligatoirement se soumettre au conseil donné par le centre. Alors qu’en réalité l’obligation était une obligation administrative de disposer au moins d’un centre public dans chaque département. Et dans un gros département, quand il y avait un centre obligatoire il pouvait y avoir d’autres centres publics mais qui s’appelaient à ce moment là facultatifs parce qu’on était allé au-delà des obligations de la loi . Quand on relit les textes de l’époque on ne pense pas toujours à cette signification.

D’autre part, le mot centre, et bien il faut dire qu’à l’époque il était à la mode, on parlait de centre de PMI, on parlait de centre pour un peu n’importe quoi, alors qu’on était le centre de rien du tout, le mot office avait eu la florès de la décennie précédente, 1938 était la période des centres. Il y a des centres, ils subsistent encore.

Le secrétaire d’OP du texte de 1938, c’était un fonctionnaire de rang départemental qui avait le même traitement et qui devait avoir dans l’esprit du législateur le même poids que le secrétaire général d’une Inspection académique. Quand on sait les charges de ces secrétaires généraux ce n’était pas mince, actuellement c’est un poste occupé par un CASU et c’est un fonctionnaire de responsabilité. Tout à l’heure je vous montrai par amusement ce débris de l’époque, l’auteur qui s’appelait Labrunie, à ne pas confondre avec le militant syndicaliste du SNI de l’époque, Labrunie était secrétaire de l’Inspection académique des Bouches-du-Rhône et parfaitement au courant de ce dont il parlait.


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