Le journal du cnrs numéro 21 Avril 2008


Histoire Moyen Âge, le temps des réseaux



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Histoire Moyen Âge, le temps des réseaux


La structure du monde paysan au Moyen Âge est encore mal connue. Des historiens, mathématiciens et informaticiens se sont réunis pour reconstituer les réseaux de paysans au Sud du Lot. Avec des premiers résultats surprenants. Borné, l'horizon des paysans du Moyen Âge ? Rien n'est moins sûr. Une équipe de chercheurs, regroupés pour la plupart au sein de la Maison des sciences de l'homme et de la société de Toulouse1, a passé au crible des milliers de contrats agraires conclus entre 1240 et 1520 dans une dizaine de paroisses du Lot. Et elle décrit, pour la première fois, l'organisation des réseaux de relations entre les serfs, qui s'étendaient au-delà de leur village. Des premiers résultats parus dans Neurocomputing en mars dernier ont eu les honneurs de la une du site internet de la revue Nature. Jusqu'à présent, la structure de la société paysanne était mal connue. « L'essentiel des écrits émane de la noblesse et du clergé. Cela joue un rôle de prisme qui déforme le regard qu'on porte sur cette époque », explique Bertrand Jouve, de l'Institut de mathématiques de Toulouse, co-auteur de l'étude. D'où l'idée de se pencher sur les transactions agraires qui, parce qu'elles portent les noms des paysans, permettent de déterminer avec qui ils étaient en relation. En France, peu d'archives ont survécu à la Révolution. Fort heureusement, les documents agraires de la seigneurie de Castelnau-Montratier, dans le Lot, ont subsisté et ont pu livrer des milliers de noms et de relations au sein du monde paysan, formant un corpus d'information pour les chercheurs. « Deux individus sont considérés comme liés s'ils apparaissent actifs au sein d'un même acte, ou s'ils apparaissent comme tenanciers de parcelles voisines citées dans l'acte », précise Bertrand Jouve. Les archives ont été rassemblées dans une base de données en libre accès, Graphcomp2, réalisée avec le soutien de l'Agence nationale de la recherche (ANR). Elle permet de visualiser l'ensemble des textes et d'explorer la montagne de données qu'ils représentent. C'est en étudiant cette masse d'archives que Bertrand Jouve et ses collègues historiens et mathématiciens ont pu visualiser les relations qui existaient entre les serfs et dessiner l'ébauche d'une organisation sociale insoupçonnée. La population paysanne de la seigneurie de Castelnau-Montratier était formée de « petits mondes » connectés entre eux par des individus-relais. « Ils servaient de vecteur de communication entre villages », souligne Bertrand Jouve. Des familles de propriétaires jouaient un rôle essentiel dans ces réseaux, de la même manière que les nobles ou les notaires. C'est par exemple le cas de la famille Combelcau, qui a occupé une position-clé jusqu'à la guerre de Cent Ans, avant de disparaître de la seigneurie et d'être remplacée par d'autres individus-relais. Un tel résultat n'aurait jamais pu être obtenu avec des méthodes classiques. Relever dans chacun des milliers d'actes tous les noms et lieux qui apparaissent, et recouper l'ensemble, n'a été possible que par l'apport des mathématiques et de l'informatique. « Nos outils permettent aux historiens de formaliser et de visualiser les réseaux sociaux, ce qui est impossible à faire à la main », souligne Bertrand Jouve. Une fois les données passées au crible des outils d'analyse statistique et de la théorie des graphes, les chercheurs ont pu visualiser de véritables cartes des réseaux de relations entre paysans. À présent, ils vont se pencher sur l'après-Guerre de Cent Ans, pour tenter de comprendre comment le conflit a pu modifier l'organisation de la société paysanne. Et, pourquoi pas, découvrir ce qu'il a pu advenir de la famille Combelcau.

Denis Delbecq

Notes :

1. Ils sont issus de l'Institut de mathématiques de Toulouse (CNRS / Univ. Toulouse-I et III / Insa Toulouse), du Laboratoire d'informatique de Nantes Atlantique (CNRS / Univ. Nantes / ENSTIM Nantes), de l'unité Framespa (CNRS / Univ. Toulouse-II) et de l'Institut de recherche en informatique de Toulouse (CNRS / Univ. Toulouse-I et III / INP Toulouse).


2. Consulter le site web

Contact


Bertrand Jouve,
jouve@univ-tlse2.fr
Florent Hautefeuille,
florent.hautefeuille@univ-tlse2.fr
Pascale Kuntz,
pascale.kuntz@polytech.univ-nantes.fr

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Évolution : Quand deux mutations valent mieux qu'une !


Mauvaise nouvelle pour les humains… D'habitude, quand des moustiques deviennent résistants à un insecticide, ils sont plus vulnérables. Des chercheurs montrent que ce n'est plus tout à fait vrai pour ceux qui résistent aux deux insecticides les plus répandus. On n'a rien sans rien ! Parole de moustique. En effet, sur le chemin de l'évolution, certains d'entre eux développent une résistance à tel ou tel insecticide. Mais ce phénomène s'accompagne de ce que les scientifiques appellent un « fardeau génétique ». En clair, la mutation génétique rend l'animal insensible au produit, mais s'accompagne d'une moins bonne espérance de vie dans un milieu sans insecticide. Une aubaine pour adapter nos stratégies de lutte contre ce diptère vecteur de très nombreuses maladies : en alternant dans le temps ou dans l'espace l'utilisation des différentes classes d'insecticides, il est possible de limiter le nombre d'insectes résistants. Seulement voilà, des chercheurs de Montpellier (Institut des sciences de l'évolution de Montpellier (Isem, CNRS / Université Montpellier-II), Laboratoire de lutte contre les insectes nuisibles (IRD) et Laboratoire « Génétique et évolution des maladies infectieuses » (CNRS / IRD) viennent de montrer que ce précepte ne se vérifie pas toujours. Ils ont en effet découvert que les moustiques qui ont muté pour résister simultanément aux deux classes d'insecticides les plus répandues, les organophosphorés (OP) et les pyréthrinoïdes, sont eux beaucoup moins handicapés que leurs confrères « simples mutants ». Pour obtenir ce résultat, nos chercheurs ont tout d'abord créé par croisement quatre souches de moustiques génétiquement identiques sauf au niveau des gènes de résistance : la première souche regroupait les individus non mutés, la deuxième ceux insensibles aux insecticides de type OP, la troisième ceux résistants aux pyréthrinoïdes et la quatrième souche représentait les « doubles mutants ». Les scientifiques ont alors comparé le taux de survie des larves de chaque souche face à leurs prédateurs. Et là, surprise ! Même s'ils restent légèrement désavantagés par rapport aux moustiques non mutés, les progénitures des « doubles mutants » survivent mieux que celles des « simples mutants ». Pour expliquer ce résultat, un détour par les mécanismes sous-jacents aux mutations s'impose. Les insecticides organophosphorés sont des substances neurotoxiques : leurs molécules se fixent à la place d'un neurotransmetteur, l'acétylcholine (ACh), sur le site actif de l'enzyme chargée de dégrader l'ACh. Résultat : le neurotransmetteur s'accumule, les messages nerveux deviennent continus et le moustique meurt, en quelque sorte, d'hyperactivité. La forme mutée du gène, appelée ace-1R et découverte en 2003 par l'équipe de Mylène Weill, produit une enzyme sur laquelle les OP ne peuvent se lier : l'insecticide devient donc inactif. « En identifiant ce gène de résistance nous avons pu prouver que le fardeau génétique des moustiques mutés découle de l'insensibilité aux OP », explique la chercheuse. En effet, le nouveau handicap semble provenir du fait que l'enzyme ainsi mutée dégrade moins bien l'acétylcholine, provoquant un petit excès de cette dernière, et perturbe les messages nerveux. Un vrai fardeau ! Quant aux pyréthrinoïdes, leur action s'exerce dans les fibres nerveuses et se traduit par une inhibition de la libération d'ACh dans la synapse et une mort par paralysie. Ici aussi, sans entrer dans les détails, la mutation qui permet de résister aux pyréthrinoïdes joue sur la quantité d'ACh. Mais en l'occurrence, elle se traduit cette fois par un léger déficit. Un excès d'ACh dans un cas, un déficit dans l'autre… L'énigme est presque résolue : chez les moustiques qui ont la double mutation, les deux processus s'équilibrent à peu près, diminuant ainsi le fardeau qu'ils entraînent habituellement. De fait, cette double résistance pourrait être amenée à se maintenir plus facilement dans les populations naturelles. Une funeste nouvelle pour le continent africain, principal utilisateur de ces deux classes d'insecticides. Outre l'apport d'informations précieuses pour l'étude des processus évolutifs, identifier les mécanismes génétiques de résistance permet de guider le choix des insecticides à utiliser. Mais le problème n'est pas résolu pour autant : la gamme d'insecticides disponibles ne cesse de se restreindre avec l'apparition de nouvelles résistances. Et même si la recherche avance dans ce secteur, les industries agrochimiques ne s'intéressent pas à la commercialisation d'insecticide spécifique aux moustiques, faute de retombées financières suffisantes. En France, le principal insecticide employé aujourd'hui est un mélange de quatre toxines bactériennes, le BTI. Mylène Weill s'inquiète : « Il faudra un peu plus de temps aux moustiques pour devenir résistants aux quatre toxines du BTI, mais cela arrivera et cela peut très bien être dans la prochaine décennie ! »

Caroline Dangléant



Contact

Mylène Weill mylene.weill@univ-montp2.fr



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