Les bases : Dangers et estimation des facteurs de risque
La recommandation s’appuie sur les données disponibles en 1990 sur les effets "déterministes" (antérieurement appelés non-stochastiques), la cancérogenèse (données rassemblées en grande partie par l’UNSCEAR [UNSCEAR 1988]) et les effets "héréditaires". Les dangers considérés sont les mêmes qu’antérieurement. En revanche, le coefficient de risque pour la probabilité de cancer par unité de dose augmente fortement, essentiellement parce que l’hypothèse du risque absolu constant a été rejetée par les données d’Hiroshima et Nagasaki (cf. Tableau I).
Pour construire une relation dose-effet, les coefficients de risque ajustés sur les données de base, sont ensuite extrapolés et appliqués à d'autres populations pour le calcul des risques "vie entière" ou dans d'autres conditions d'exposition. Certaines hypothèses sont relatives à la démographie (le risque croît avec l'espérance de vie), d'autres à la façon d'extrapoler d'une population à l'autre, des jeunes à l’ensemble de la population, ou encore, d’irradiations localisées aux irradiations globales, etc... Quelques données animales ou in vitro sont utilisées (par exemple pour l’équivalence neutrons-rayons X et gamma, ou pour discuter l’effet du débit de dose). Des jugements de valeur entrent aussi dans le choix de l’indicateur (probabilité de décès plutôt que perte d’espérance de vie, agrégation d’effets mortels et non mortels).
La seule règle d’extrapolation explicite (mis à part celles sur la nature du rayonnement) est celle du Facteur d'efficacité de la dose et du débit de dose ("dose and dose rate effectiveness factor" : DDREF). Les données épidémiologiques utilisées pour quantifier portent sur des populations exposées à des doses relativement élevées, et surtout délivrées en un temps bref (cf. Figure 1). La CIPR postule que, pour les rayons X et gamma, I'effet par unité de dose est moins important à faible dose et faible débit de dose. La CIPR utilise un facteur 2 depuis 1977. Il est à noter que des valeurs plus fortes avaient été suggérées (3 à 10) Le DDREF doit être appliqué à des doses inférieures à 0,2 Gy ou à des débit de dose inférieurs à 0,1 Gy h-1 .
Les coefficients de risque de décès par cancer après irradiation du corps entier sont valorisés en termes de probabilité de décéder à cause d'un cancer radio-induit :
5 % Sv 1 pour une population de tous âges, au moment de l'exposition ;
4 % Sv 1 pour une population de 18 à 65 ans.
Ces coefficients correspondent à des niveaux de risque assez élevés. Appliqués aux irradiations naturelles et médicales en France ils signifient que 12 000 décès par cancer sont à attribuer à ce facteur de risque. Les coefficients de risque “ génétique ” pour toutes les générations à venir sont :
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