Le journal du cnrs numéro 21 Avril 2008


CERN : En route vers une nouvelle physique



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CERN : En route vers une nouvelle physique


Ancien directeur de l'Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3) du CNRS, Michel Spiro vient d'être élu à la présidence du conseil du CERN. Il nous parle des défis qui attendent l'organisation européenne, des débuts du LHC à la conception des accélérateurs de particules de demain.

Le Journal du CNRS : Pouvez-vous nous présenter et nous dire quel rôle joue son conseil?

Michel Spiro : Le CERN est l'organisation européenne pour la recherche nucléaire. Il réunit 20 États membres (18 pays de l'Union européenne plus la Suisse et la Norvège). Le conseil du CERN fixe la stratégie scientifique et les moyens à allouer aux différents projets du laboratoire situé près de Genève (à cheval sur la frontière franco-suisse), qui emploie 2 250 personnes, accueille 10000 utilisateurs du monde entier et dont le budget annuel est de 65o millions d'euros. En tant que président du conseil, mon rôle est de faire en sorte que les États arrivent à des décisions et votent des résolutions communes au cours des quatre conseils annuels.

Le Journal du CNRS : Votre mandat sera forcément marqué par les grands débuts du LHC…

Michel Spiro. : En effet, mon mandat, qui est de trois ans, correspond à un moment crucial pour le CERN : la mise en route du LHC (le grand collisionneur d'hadrons), la plus grande et la plus ambitieuse machine jamais construite pour la physique des particules. Les premiers résultats scientifiques, qui devraient être obtenus durant mon mandat, conditionneront l'avenir de la discipline en Europe et dans le monde entier pour les 20 années qui viennent. C'est dire si ces résultats sont attendus avec impatience par tous les physiciens de la planète !

Le Journal du CNRS : Après un an de retard, le LHC a commencé à fonctionner fin 2009. Quel est aujourd’hui le calendrier et quand espère-t-on obtenir les premiers résultats

Michel Spiro. : Ce retard à l'allumage est dû à la complexité de la machine. Mais ce n'est pas catastrophique pour un projet qui doit durer vingt ans. Au cours de cette année, nous monterons progressivement la puissance déployée par la machine jusqu'à atteindre, fin 2010, la moitié de son énergie nominale, soit 7 téraélectronvolts (ou TeV) (L'électronvolt est une unité de mesure d'énergie qui désigne aussi, en physique des particules, la masse des particules. Un TGV correspond à l'énergie d'un moustique en vol. Mais ici, cette énergie est concentrée dans un proton, 000 milliards de fois plus petit qu'un moustique). Le LHC deviendra alors officiellement l'accélérateur de particules le plus puissant de la planète. Suivra ensuite une pause d'une année au cours de laquelle seront réalisées des modifications sur l'équipement afin d'obtenir, en 2012, l'énergie nominale, soit 14 TeV. À partir de là, les découvertes devraient se succéder.

Le Journal du CNRS : Le LHC est attendu par toute la communauté des physiciens. En quoi va-t-il révolutionner la discipline ?

Michel Spiro. : Son principal objectif, c'est d'abord la découverte du fameux boson de Higgs. Cette particule est actuellement la pièce manquante du modèle standard, modèle sur lequel repose la physique des particules, pour expliquer d'où provient la masse de toutes les particules. Mais le LHC pourrait également ouvrir une nouvelle fenêtre sur la physique en découvrant de nouveaux constituants de la matière plus élémentaires encore que ceux que l'on connaît aujourd'hui et qui ne rentrent pas dans le cadre du modèle standard. Ce serait alors une véritable révolution scientifique. Et cela constituerait évidemment un argument fort pour construire un successeur au LHC. Au-delà de la physique des particules, c'est une meilleure compréhension de l'Univers dans son ensemble qui se jouera avec le LHC. Car il pourrait nous éclairer sur la disparition de l'antimatière aux débuts de l'Univers, sur la matière noire, qui constitue l'essentiel de la matière du cosmos mais dont la nature demeure encore mystérieuse. Ou encore sur l'énergie noire, elle aussi énigmatique, qui accélère l'expansion de l'Univers.

Le Journal du CNRS : Le CERN prépare-t-il d’ores et déjà l’après LHC ?

Michel Spiro.: Oui bien sûr. Actuellement, la communauté scientifique réfléchit, pour l'horizon 2030, à une machine qui ferait entrer en collision des électrons et des positrons (dans le LHC, ce sont des collisions protons-protons). À la différence du LHC qui a une forme de cercle, elle serait linéaire et s'étendrait sur 3o km. Baptisé I LC, cet équipement permettrait d'étudier en détail le boson de Higgs, si bien sûr celui-ci est découvert par le LHC. Mais si par contre le LHC venait à découvrir d'autres particules avec des énergies supérieures, alors il faudrait concevoir une machine capable d'accélérer les électrons et les positrons à une énergie plus grande encore. Le CERN travaille actuellement au développement d'une telle technologie baptisée Clic. Et d'ici à trois ans, on devrait savoir si celle-ci est prometteuse et pas trop chère à mettre en place.

Le Journal du CNRS : Avez-vous bon espoir que cette future machine soit construite elle aussi par le CERN ?

Michel Spiro : Oui, je pense que le CERN a toutes les chances de conserver cette machine sur son territoire. Son principal atout est d'avoir construit le LHC et d'en avoir fait une collaboration mondiale : en plus des 20 États membres, environ 8o autres pays ont collaboré d'une manière ou d'une autre au projet en apportant des chercheurs ou des petites briques à la machine. Qui plus est, le CERN souhaite aujourd'hui s'ouvrir à d'autres pays. Cinq nouveaux États (Chypre, la Slovénie, la Serbie mais aussi la Turquie et Israël) demandent actuellement à entrer dans l'Organisation. Et la question de l'ouverture à des pays plus éloignés (Brésil, Inde, Chine, Corée et Canada) est d'actualité. Tout cela donne au CERN une longueur d'avance sur ses principaux concurrents que sont les États-Unis et le Japon. Et font de lui le centre mondial de la physique des particules pour longtemps encore.

Le Journal du CNRS : Pour conclure, quel bilan tirez vous de vos sept années passées à la tête de l’IN2P3 ?

Michel Spiro.: Le principal changement que j'ai voulu faire passer à ce poste, c'est que l'IN2P3 vive le fait d'être au CNRS comme une chance et y voit l'opportunité de développer des projets interdisciplinaires avec les autres instituts du CNRS. Et réciproquement que le CNRS considère comme une chance que l'1N2P3 en fasse partie parce qu'il y a des méthodes de travail –liées à la gestion de grands projets – dont les autres instituts peuvent s'inspirer. Je pense avoir atteint mon objectif En témoignent les rapprochements qui se sont opérés entre nos chercheurs et ingénieurs et ceux d'autres disciplines telles l'énergie nucléaire, l'environnement, la santé. Et surtout l'étude de l'Univers où une nouvelle branche, celle des astroparticules, s'est créée.

Propos recueillis par Julien Bourdet



Contact : Michel Spiro, michel.spiro@cern.ch

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