I – Les mutations du cadre référentiel de la régulation économique
Au tournant des années 1970 et 1980, la pérennisation de la crise économique conduit les autorités urbaines locales à jouer un rôle différent de celui qu’elles ont tenu durant les années croissance. Elles deviennent plus actives et impliquées dans la régulation économique territoriale, afin de tenter de remédier à la stagnation de la croissance, à la mutation tertiaire de l’économie et au déclin de l’industrie, qui constitue souvent le gros du tissu d’activités local du potentiel d’emplois.
Dans les grandes agglomérations urbaines comme celle de Lyon, les instances publiques voient en effet leur rôle politique augmenter en raison de la persistance des difficultés économiques et de l’augmentation de la demande sociale sur le territoire (chômage, fermetures d’usines, etc.), mais aussi à cause de l’inadéquation des procédures administratives centralisées de régulation économique avec la grande diversité des situations locales. Aux niveaux national et local, un consensus s’établit ainsi autour de la double nécessité d’agir à un niveau territorial plus local, municipal ou intercommunal notamment, et de diversifier les actions de régulation économique territoriale. Il s’agit d’une profonde remise en question des modes d’organisation politique de l’intervention économique très centralisés qui prévalent avant la survenue de la crise, en grande partie motivée par l’exacerbation de la concurrence entre les villes et entre les territoires découlant du nouveau contexte de crise et d’incertitude.
Cette nouvelle logique de compétition interurbaine s’exprime selon des registres d’action publique et de valorisation territoriale, calqués sur les logiques du marketing et du management stratégique issues de la sphère des entreprises (voir infra, Section 2). L’impératif de développement économique s’impose sur la conduite de l’ensemble des politiques urbaines locales, il devient le référentiel principal de l’intervention des collectivités locales. Si l’Etat renonce progressivement à conduire les actions de développement économique de façon centralisée, en référence à une politique nationale, et reconnaît une certaine légitimité d’intervention aux collectivités locales (voir supra, 2ème Partie, Section 3), il faut toutefois attendre la promulgation des lois de décentralisation puis la réorganisation de la coopération intercommunale en France pour voir la reconnaissance officielle de la capacité des pouvoirs publics locaux à interférer dans la régulation économique territoriale.
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