UN ELEPHANT CA TROMPE ENORMEMENT
Aujourd’hui Paris s’est levé avec une énorme gueule de bois. J’appelle gueule de bois tous ces jours ou le soleil est en grève, complète et sans service minimum.
Mais le pire c’est que cette gueule de bois s’étend à toute la France, ou presque.
D’un côté les vainqueurs, logiquement heureux et qui se sont rassemblés hier Place de la Concorde (ou au Fouquets pour les privilégiés). Cela, je peux les comprendre, car il y a de quoi, en effet leur candidat cool, zen, a réussi à devenir le nouveau Président de la République. Pensez-vous qu’il va dès le 16 Mai passer l’Elysée au karcher pour se débarrasser de toutes les traces de son "vieil ami" qui l’a précédé ? On peut donc dire que ce matin cette partie des vainqueurs a une belle et joyeuse gueule de bois, à l’image de Johnny qui n’arrive plus à chanter sans ses musiciens…
Ceux qui ne doivent pas avoir la gueule de bois c’est tous ces gens qu’on appellera les "bons Français".
Tout d’abord les bons Français qui représentent tous les simples d’esprit qui ont voté pour Sarkozy pour se débarrasser de la "racaille". Eux, ce n’est pas la politique économique de Sarkozy qui les intéressent, c’est la politique des phrases choc, des beaux discours. En clair, ils en ont assez de voir des "racailles". Mais pas chez eux, ça non, car ils habitent la campagne et n’ont probablement jamais parlé à un immigré de leur vie alors que leurs grands parents étaient sûrement eux-mêmes des émigrés mais ça ils l'ont oublié. Ils en ont juste assez de voir des "racailles" à la télévision, au 13 heures et au 20 heures de TF1 qu’ils regardent religieusement chaque jour. Ce matin les bon Français sont suspicieux ils "attendent", ils "espèrent" que leur candidat tiendra ses promesses. Ils espèrent que la polygamie va diminuer sensiblement. Ils espèrent que les banlieues vont être enfin vidées de tout ces "islamistes dangereux". Ils espèrent. Ils s’appellent Anne France, François ou Henriette et ils pensent être la France d’aujourd’hui.
Et puis il y a une autre partie de la population qui n’a pas la gueule de bois en se réveillant. Ce sont tout les gens ont voulu montrer une certaine forme de nouveauté en votant Bayrou au premier tour mais tellement présomptueux, ils n’ont jamais voulu parler du second tour sans leur poulain. C’est pourquoi ils se sont sentis très mal le 22 avril. Ils ne savaient plus pour qui voter. Alors, touchés dans leur orgueil, une partie d'entre eux a décidé de ne pas voter ou de voter blanc car "de toute façon Sarko, Sego même combat".
Mais les vrais fautifs de ce score, ce sont nos amis les éléphants pris de la plus grosse des gueules de bois. Souvenez-vous, en décembre, lorsqu’ils se faisaient franchement battre par une femme et pas n’importe quelle femme, la femme de leur premier secrétaire. Ils avaient alors mis plusieurs mois avant de rentrer officiellement dans la campagne auprès de leur "amie". Mais plusieurs mois c’est déjà suffisamment long pour donner une bonne avance à Sarkozy.
Je lance donc un cri d’alerte à tous les personnages emblématiques du P.S. pour leur dire que Ségolène Royale a montré un visage du socialisme bien plus intéressant que précédemment. Il faut absolument empêcher l’U.M.P. d’avoir les pleins pouvoirs et ce, en se rassemblant dès que possible pour remporter les législatives. Aimez-vous les uns des autres !
CHARLES GUERAND (15ans, Paris)
MADAME SEGOLENE ROYAL
Nous sommes à deux jours du scrutin et je sais que c’est plié : Sarkozy va gagner. La seule incertitude reste dans l’écart qu’il va creuser.
Je suis triste et en colère.
Triste parce que je pense que vous incarniez un réel changement pour notre société. J’ai apprécié votre indépendance vis-à-vis d’un Parti qui ratiocine des analyses d’un autre âge, d’un Parti qui manie le double langage et refuse de se colleter aux réalités économiques, sociales, européennes et mondiales pour :
1- se les approprier : en effet, quel manque cruel de culture sur bien de ces sujets !
2- évaluer ce qui peut être proposé
3- dérouler des pistes de solutions non dogmatiques.
J’ai aimé ces moments pris pour écouter ce que les personnes ont à dire sur leur quotidien. J’ai applaudi à l’idée de « Désirs d’avenir », qui vous permettait de contourner partiellement un PS guindé dans ses certitudes.
Si les partis politiques étaient des lieux d’écoute et de formulation de propositions, ça se saurait ! Moi qui viens du monde associatif, adhérente récente au Parti, je le constate amèrement.
J’ai apprécié la ferveur que vous mettiez dans vos discours de meetings, l’espoir qu’ils soulèvent, le sentiment de citoyenneté qu’ils génèrent.
J’ai applaudi lorsque vous avez ouvert le débat à François Bayrou, sans complexe, suffisamment sûre de vos valeurs pour les partager avec lui et avec ses électeurs, et suffisamment ouverte pour pouvoir remettre en question certains points.
Enfin j’ai lu votre pacte présidentiel avec attention et je n’y vois aucune proposition choquante, et surtout aucune rigidité crispée.
Je suis donc triste parce que ce n’est pas cette idée de la France qui émerge aujourd’hui chez nos compatriotes.
Je suis également en colère. En colère parce que la plupart des copains socialistes pensent davantage au prochain congrès qu’à votre élection.
Ils sont partis perdants, d’avance, et bien contents en plus ! Les rumeurs sur votre caractère, votre manière de « jouer perso », votre côté « too much femme », votre voix etc.…
Allez il est préférable de retourner à nos querelles intestines, à nos courants dans lesquels il y a si peu de lumière, à nos calculs d’apothicaire plutôt que de co- porter ce grand élan de modernisation, d’accompagner la volonté de la plupart des français vers un parti social démocrate, qui n’abdiquerait en rien les valeurs de justice, de respect, d’ordre et de progrès que la gauche porte !
Je suis en colère parce que le débat sur l’Europe a été escamoté : bien sûr avec le non au référendum qui plombe, ce n’était pas évident. Mais c’est surtout au PS que cette question était taboue ! Les Fabius, Mélenchon et autres « plans B » ont empêché toute discussion, or 80% des lois sous lesquelles nous vivons sont votées à Bruxelles.
Je suis en colère parce que personne n’a écouté ce que vous disiez sur la mondialisation :
- votre engagement pour le Darfour
- le co-développement
- l’obligation d’une réflexion globale sur demain dans quel monde voulons-nous vivre en termes de croissance, d’égalité pour les hommes et les femmes, de justice, de consommation, de production, d’équilibre énergétique ? Bref de développement durable !
Alors on a Sarko !
Pour la France un clone de Bush : baisse d’impôts et sécurité à tous crins !
On va entrer dans le modèle économique mondial prôné par les USA en bons petits élèves que l’on va être et malheur aux exclus, aux petits, au sans-grade, ce monde n’en veut pas.
Ce n’est pas difficile de prévoir la dureté qui va résulter de cette élection, puisqu’il y a deux côtés : ceux qui vont en profiter et ceux qui n’en profiteront jamais. Lorsqu’on est dans ce cas de figure, il n’y a de solution que dans l’affrontement, camps contre camps, mais dans un camp il y aura du désespoir et le désespoir c’est d’une rare violence !
Je suis désolée pour vous, pour nous. Vous devez être KO, la campagne a été dure et longue, et je sais qu’après une pareille exaltation, il va falloir retomber sans déprimer.
Mettez vous au vert quelque temps, loin des médias, de la curée et des explications vaseuses. Prenez du temps pour vous, lisez de bons livres, voyez de bons films et commencez, lorsque vous serez bien reposée, à penser à la prochaine campagne à mener : celle d’un PS à refonder en totalité !
Je serai à vos côtés dans ce combat.
Très amicalement.
CATHERINE COMBES (Le Pré Saint Gervais)
LES « ELEPHANTS » SOCIALISTES SONT DECIDEMENT INDECROTTABLES
Plutôt que de se réjouir de la belle performance de Ségolène Royal qui a réussi à tenir la dragée haute à un adversaire redoutable, voilà que, sitôt les prévisions de résultats connues, ils donnent, devant tous les téléspectateurs, le signal de la division, à 5 semaines des législatives !
Passe encore que Laurent Fabius s’arc-boute sur ses positions d’opposant systématique, mais que DSK crache dans la soupe à ce point, c’est consternant. N’a-t-il pas compris que son intérêt, comme celui de la gauche, est d’emboîter le pas de Ségolène Royal pour enfin rénover le PS, donner un signal clair à tous les Français qui ne demandent qu’à les suivre pour peu qu’ils abandonnent les vieilles lunes ? Oui, Monsieur DSK, il faut aller vers la social-démocratie, mais ne vous trompez pas sur les moyens d’y parvenir, appuyez-vous sur les forces nouvelles que Ségolène Royal a su faire émerger, qui se sont clairement exprimées en votant pour elle ou pour François Bayrou au 1er tour.
JEAN VIGIER (internet)
JE ME PERMETS DE VOUS LIVRER QUELQUES REFLEXIONS QUI ME VIENNENT, AU LENDEMAIN DE CETTE « DEFAITE » ELECTORALE POUR LA GAUCHE
Je vois assez clairement 3 jeux de forces qui ont esquintés la Gauche sa crédibilité :
1- La Gauche communautariste d'une part, gauche extrémiste, qui a toujours joué de l'ambiguïté sur les questions d'identité, et notamment au moment des débats sur le port du voile à l'école. Cette même "gauche" montrant parfois des attitudes antisémites (amalgamant le problème israélo-palestinien et l’identité « juive »), et favorisant le fameux racisme anti-blanc. Extrémisme antisémite, dont l’une des dérives les plus pathétique, voire malade, est le cas Dieudonné... : cet homme a été vu embrassant sur les joues et avec le sourire Mme Le Pen herself...
L'extrême gauche qui rejoint l'extrême-droite sur les terres antisémites : Quel sac de nœuds !
On peut comprendre que certains juifs (de gauche, pratiquants ou non, sionistes ou non, etc…) aient pu perdre confiance dans la capacité Républicaine de la Gauche…et tournent ainsi leurs votes vers Mr Sarkozy.
2 –Justement, à ce propos : Certains intellectuels "ex-de gauche" ont rejoint N.Sarkozy (A. Gluksman notamment). Pourquoi ? Il semblerait en partie qu'ils ont confiance en sa capacité de freiner fermement la dérive antisémite qui surgit de ci - delà, et faire respecter les valeurs républicaines en général.
Ils en effet ont raisons de vouloir voir réaffirmer les principes Républicains et anti-racistes. Mais n'est-il pas étrange, et signe d'une grave crise des "valeurs de Gauche", que ce soit vers un homme de droite qu'ils se tournent pour cela ? Pourquoi la Gauche, et les Socialistes avec S.R. n'ont-ils pu se saisir de ce problème, et garder à leur côté ces gens-là ?
D’autre part, cette même Gauche, modérée, mais plus intellectuelle, s'est prise ces dernière années d'une frénésie "anti-soixanthuitarde", au regard des problèmes "d'autorité" et de violence à l'école, et dans les banlieues.
Alain Finkielkraut, et d'autres, se sont mis à dire bien rapidement que tout ce « désordre » et cet irrespect de l’autorité adulte , "c'est la faute à Mai 68".
Ce faisant, ils renient ainsi stupidement (selon moi) leur passé et leur jeunesse, et salissant tout une période très créative, et imprévue de notre Histoire, qui, à mon sens, ne mérite pas ce jet de pierre. Il n’est pas nécessaire de fustiger Mai 68 pour faire admettre la présence indispensable d’une autorité…, (et non de l’autoritarisme).
Bien au contraire : 68 a eu lieu, il faut l'assumer, et vivre avec ses "traces" inévitables, dont nombreuses sont très positives (véritable "bol d'air" pour les femmes entre autre ). La présence de Ségolène Royal au second tour en est l’un des témoignage indirect…
Selon moi, cette attitude autocritique à outrance des « Soixanhuitards » a eu cette conséquence logique et stratégique :
Nicolas Sarkozy s'est saisi de cette mode anti-68 pour mieux asseoir et légitimer son projet autoritariste. Mode anti-68, qui paradoxalement avait été lancée par les acteurs même de cette période !!
S. Royal a bien voulu préciser qu'elle était attachée aux valeurs de Mai 68...Cela me parait bien insuffisant et gentillet, vu la force de la réaction anti-68 qui s'enracine actuellement...Elle aurait dû développer, débattre avec ces mêmes intellectuels.. Et réfléchir bien davantage sur un compromis à trouver entre la liberté acquise par 68, et la nécessaire autorité. Et donner ainsi un vrai "K.O" conceptuel à son adversaire, en mettant en relief l’accent populiste et émotionnel de son discours à lui.
Bref, j'en conclue que la Gauche fabrique parfois elle-même sa propre tombe...
Et je regrette que Ségolène Royal et ses amis n'aient pas su se saisir à bras le corps de ces contradictions de la Gauche, pour les mettre sur le tapis, et poser les questions gênantes. Trop de questions "tabous" restent en suspens, et N. Sarkozy a su utiliser ces "omertas"...Les électeurs ont été vers lui, lui qui donnait l'illusion de se saisir ces problèmes à bras le corps (communautarisme, autorité, identité)..En fait, il n'avait qu'à piocher ses thèmes dans cette absence de débat de fond d'une Gauche divisée.
-3- Dire un mot des "jeunes" de banlieue, à qui j'enseigne en LEP : je vous avoue ma lassitude et mon exaspération à les entendre dire qu'ils « détestent Sarkozy ». Ils le détestent...mais lui déroule involontairement le tapis rouge.
Je n'ai pu m'empêcher de répondre hier à certains de mes élèves énervés et "près à tout casser", que les casseurs de Nov. 2005 ont leur part de responsabilité dans l'avènement au pouvoir de N.S. : celui-ci n'avait plus qu'à venir devant les caméras en banlieues, prononcer l'imprononçable ("karcher" et "racaille"), jouer sur les peurs des citoyens, et hop hop hop, le tour était joué...
Difficile de les convaincre d’aller vers la vraie réflexion et l’ action politique, au lieu de ces carnages aveugles comme en Nov. 2005, qui justifient après-coup tous les rapports de force autoritaristes et punitifs.
Autres constat de contradictions qui peuvent nourrir les extrêmes, et faire perdre les repères des valeurs : Les jeunes de banlieues disent « détester » Mr Sarkozy, ou Le Pen, mais des "beurs" (plutôt adultes) expriment parfois franchement leur préférence pour un schéma de société « viriliste » et autoritaire…Et où les femmes n’ont qu’à bien se « tenir », et, pourquoi pas, se taire ?
Bien @ tous.
NATHALIE (Ile de France)
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