Congrès afsp 2009

3) A Rome

A Rome comme ailleurs, grâce aux lois d'exception de 1926, le PRI est dissous. Les locaux sont confisqués, les archives du PRI et de la Voce repubblicana, sont saisies et dispersées. Mais les militants, Giovanni Conti, Romeo Vetriani et Enrico Costa sauvent du matériel de propagande, les livres des éditions de la Libreria Politica Moderna et la liste des militants romains qui permet de les contacter en 1944.

Pendant le fascisme, la demeure de Conti reste un dépôt de matériel de propagande républicaine, réutilisé dès août 1943. De plus, sous le fascisme continuent à se réunir dans sa demeure des amis pour discuter de la situation politique et de l'avenir : souvent le dimanche, il reçoit G. A. Belloni qui, sous le prétexte de s'occuper d'études juridiques, réédite Cattaneo, Romagnosi, Pisacane, Quadrio, Ghisleri, sans s'attirer les foudres de la censure. Moins fréquemment viennent le voir Giuseppe Bruno, Ludovico Camangi, Giovanni Pasqualini, Toto Pernarella, Camillo Romiti et Oliviero Zuccarini [Conti, 1967], hommes qui sont toujours présents à Rome en 1943 et forment le noyau qui reconstruit le PRI [Scioscioli, 1983]. Sous le fascisme, Conti fréquente aussi Oronzo Reale, et reçoit des hommes venant de Terracina, Livourne, Terni, Spolète, et d'autres ville de Romagne, Ligurie, Marches, Sicile et Sardaigne.

La reconstitution est discutée dès 1942, mais Giovanni Conti y est opposée car il pense qu'une action dans ce sens va renforcer la monarchie. Il préfère une oeuvre d'éducation politique à une reprise d'activité organisatrice [Aga Rossi, 1969]. Cependant, à la fin de l'année 1942, quelques groupes républicains se reforment spontanément dans le quartier de Testaccio : Salvatore Tola, les quatre frères Poggelli, Mosè Zarfati se retrouvent dans la boutique du coiffeur Pietro Altomonte. Pendant cette période, l'action est limitée à des prises de contact et à des échanges d'idées pendant les réunions. Cela débouche le soir du 25 juillet sur le discours public de Salvatore Tola, Piazza Testaccio, qui incite l'auditoire à protester contre la guerre et à s'organiser pour lutter contre les Allemands. Ce n'est qu'après le 25 juillet que des contacts sont pris avec la nouvelle direction du parti [Scioscioli, 1983]⁹⁸. En effet, au lendemain du 25 juillet, lors d'une réunion restreinte qui groupe Giovanni Conti, Enrico Costa, Ugo Ronchey, Dante Cerquetti et Giovanni Pasqualini, est prise la décision de reconstituer une structure stable pour réorganiser le Parti. Mais la reconstitution est lente : pendant les quarante-cinq jours, l'action se limite à la rédaction de la Voce repubblicana, avec peu de moyens financiers. Le nombre de militants est extrêmement faible, mais ils déploient une activité pendant l'occupation de Rome par les Allemands.

Conti s'emploie non seulement à reconstituer les structures, mais aussi à réfléchir à une alternative institutionnelle à la monarchie. La reconstitution du PRI, à Rome, assume ainsi une fonction particulière : Giovanni Conti s'en charge et assure en même temps la charge de secrétaire national du PRI pour l'Italie centrale et les terres libérées [Toscani, 1983]. Il est rejoint après le 8 septembre par Cino Macrelli qui a fui la Romagne pour aller à Rome et participe à la reprise de la Voce repubblicana clandestine [Scioscioli, 1983], tout en représentant alors le PRI dans le Comité militaire clandestin⁹⁹. Autour de la Voce repubblicana se retrouve un autre ancien rédacteur du journal pendant les années vingt, Lamberto Sivieri¹⁰⁰.

4) En Toscane

En Toscane, une présence républicaine se remarque dans les provinces de Pise, Massa Carrara, Lucca, Livorno, Grosseto ; dans les autres provinces, la présence républicaine est faible [Ceccuti, 1981]. A Florence, après le 8 septembre, un noyau d'amis républicains se reconstitue spontanément sous la direction Menotti Riccioli, Roberto Parigi, Robesio Castellani. Ils se retrouvent avec prudence dans la maison de Riccioli, située face aux bureaux de la SS. Leur section est très influencée par les Républicains romagnols. Elle se structure surtout au printemps 1944, alors que Florence est libérée en août 1944 ; en septembre, le PRI de Florence propose un front républicain aux autres partis, mais sa situation est difficile car il est extrêmement minoritaire. Cette faiblesse se comprend car Florence n'a jamais eu de tradition républicaine, et les trois hommes qui sont à la base de la reconstitution du PRI n'ont pas un passé de militants républicains suffisant pour être remarqué par la police fasciste qui les ignore dans ses dossiers.

A Livourne, la situation est différente : après le 25 juillet, malgré l'interdiction faite par le gouvernement Badoglio, les Républicains, qui avaient conservé des contacts entre eux, donnent vie à un mouvement clandestin. Dans l'habitation du vieux militant républicain, Guido Orlandini, se tient la première réunion, en présence d'une dizaine de personnes : les frères Ricciotti et Garibaldi Paggini, Gaetano Pacinotti, Giorgio Campi, Chino Raffo, Manlio Andreini, Fortunato Garzelli, Ottorino Pandolfi, Guido Orlandini. Dans ce groupe se trouvent d'anciens Républicains fichés par le Caselario Politico Centrale, comme Manlio Andreini¹⁰¹, Fortunato Garzelli¹⁰², ou Gaetano Pacinotti¹⁰³ : ces hommes transmettent une culture républicaine aux nouveaux venus, et possèdent des contacts à l'extérieur de leur ville. Ils prennent langue avec un groupe opérant à Piombino, et après la libération de Livourne, entrent en relation avec les Républicains romains qui leur remettent du matériel de propagande. Ces militants assurent ainsi une implantation durable du parti dans la région, ce qui permet à Giorgio Campi¹⁰⁴, membre du PRI en 1927 à Livourne puis responsable clandestin [Fedele, 1989], de participer à la première réunion du PRI à Livourne en 1943 et de devenir maire-adjoint de la ville en 1944 [Ceccuti, 1981].