François Garczynski 04. 11. 12 ndl/philosophie



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François Garczynski <mfgarski@free.fr><http://mfgarski.free.fr/> 04.11.12 ndl/philosophie


ndl=note de lecture – 2 passages soulignés contestables et d’autres en gras remarquables – sur :

Michel Faucheux*, Tentation de Faust ou la science dévoyée, essai, L’Archipel 2012

*Docteur d’Etat ès lettres, Maître de conférences à l’INSA (Institut national des sciences appliquées) de Lyon

Dos du livre : La science (..) s’est parfois aussi rangée d’elle-même du coté du pouvoir, jusqu’à se dévoyer. Jusqu’à trahir ses propres idéaux. A partir de la révolution industrielle, la science moderne a changé de voie, se mettant au service d’entreprises de destruction industrielle. S’abandonnant à une nouvelle tentation de Faust, concédant un pouvoir illimité à la technique, elle fabrique un ordre artificiel dont l’être humain n’est plus qu’un appendice. Des entraves religieuses et politiques aux délires scientifiques les plus fous, Michel Faucheux brosse un tableau historique des dévoiements de la science. Mise en garde contre les dérives mais confiance renouvelée.

-p. 7 ; La science naît (..) vers – 3500 (..), lie son destin à la philosophie (..) au VIIe siècle av. J.-C. (..). Expliquer les phénomènes naturels par des causes naturelles (..). Elle ouvre la voie à une connaissance rationnelle du monde (..). Elle peut se dévoyer (..). Le mythe de Faust (..) au XVIe siècle, raconte pourquoi la connaissance est perçue comme un tentation diabolique : elle permet à l’homme de s’émanciper du pouvoir de Dieu (..). Pour faire œuvre de connaissance (..) Faust (..) aurait signé un pacte avec le diable.

-p. 132 Repenser la question écologique : Le problème écologique ne passe pas seulement par une analyse des conséquences du phénomène d’anthropisation, tels l’effet de serre, le réchauffement climatique, la pollution, etc. mais par une réflexion sur la relation nouvelle de l’homme et la technique, le processus d’artificialisation qui change radicalement la donne, modifie nos capacités d’action, tend à nous accomplir comme choses (..). « L’homme transforme sa niche écologique à une échelle et avec une rapidité qui n’ont aucun précédent dans l’histoire de la vie sur Terre ». (..) Par une illusion typique de la pensée occidentale qui procède par dualité (..) nous ne voyons pas que les dévastations écologiques sont (..) le tragique révélateur des dégâts que nous causons à (..) la nature humaine (..). Comme le biologiste Jared Diamond, on a raison de s’interroger sur l’effondrement des sociétés humaines passées, telle sur l’île de Pâques (..) où l’un des facteurs de destruction est constitué par les dégâts environnementaux (..). Ce que l’on néglige lorsque à raison on brandit la question écologique (..) ce sont les destructions que nous nous infligeons au sein d’un (p.133) même vaste dispositif technico-économique (..). En portant atteinte à la nature, nous nous portons atteinte, en un effet de miroir qui nous renvoie à (..) des sagesses traditionnelles (..). Affectés par la pollution ou la nourriture industrielle (..), nous modifions la nature sans précaution, nous devenons nous-mêmes (..) un objet d’expérimentation technique (..), sans aucune réflexion sur le sens d’un tel processus, les risques qu’il engendre (..). Nous sommes jetables (..), conduits à devenir les terroristes de nous-mêmes (..). Le travail libère (Arbeit macht frei) était-il écrit à l’entrée du camp d’Auschwitz. (..) Il peut nous libérer : de notre responsabilité morale et de nos actes, de notre propre humanité. (p.134) La civilisation de la consommation est une civilisation du déchet, de l’objet jetable et d’un homme devenu superflu. (p.135) Les dégâts humains, les dégâts écologiques (..) n’engendrent finalement que de protestations morales de pure forme, des mesures de protection sans conséquence (..). Nouvelle forme de totalitarisme. (p.136) Un processus d’artificialisation qui, si l’on ne l’appréhende pas dans toute son ampleur, peut conduire aux pires dévoiements.

-p. 143 : La science n’est plus une co-naissance. Elle est une expertise qui concerne des sujets à court terme, de plus en plus étroits ou spécialisés. Elle n’est plus une aventure intellectuelle (..). Le développement des connaissances se solde par une compartimentation de plus en plus grande des savoirs. Ce cloisonnement aboutit à une myopie grandissante, non seulement du fait de la perte de l’idéal encyclopédique de la connaissance inauguré par l’idéal humaniste de la Renaissance, mais aussi du fait de l’enfermement dans des spécialisations toujours plus étroites (..). Le chercheur contemporain (..) doit accumuler les publications (..) qui ne sont que des variations d’idées identiques.

-p.144 : Une recherche peut conduire à arpenter sans cesse les mêmes territoires sans que la dimension créative soit suscitée. Réciproquement, la logique actuelle de l’innovation est souvent celle d’un perfectionnement de techniques existantes (..). Sait-on que, dans le système universitaire français, un chercheur doit demeurer enfermé dans sa spécialité sous peine de transgresser une barrière fictive qui est celle d’une division aléatoire et administrative ? (..)



Que toute pratique interdisciplinaire (..) conduit (p.145) à la marginalité et donc à l’absence de carrière ou de promotion ?

(..) L’exercice de la pensée, propre à toute recherche, a cédé la place à une (p.146) productivité qui peut nous cantonner dans la reproduction de l’identique (..). Il ne s’agit plus de déchiffrer le grand livre du monde galiléen écrit en langage mathématique, il s’agit de bâtir, d’édifier, de fabriquer. L’ingénierie est devenue le paradigme de la science du XXIe siècle. Le terme de technoscience (..) ne désigne pas seulement une science aimantée par une visée applicative, mais aussi qui vise à édifier un univers de l’artificiel (..). Sous l’effet (..) des technologies de l’information, des biotechnologies et des nanotechnologies, s’effondrent les divisions entre nature et artifice, inerte et vivant, matière et esprit, homme et machine (..). La science se fait toute entière ingénierie du réel (..), substituant la culture du projet qui redistribue les éléments du savoir à la culture scientifique d’augmentation des connaissances. Le projet technique, en effet, agrège des champs de savoir séparés et procède à un retournement des savoirs (..). Révolution qui fait passer d’une réalité naturelle décodée par la science à une réalité artificielle fabriquée par la (p.147) technoscience (..). Rotation de l’être humain à l’artefact [=phénomène d’origine humaine, artificielle], d’un univers de la nature à une réalité de l’artifice (..). Changement de voie de la science dont on est loin d’avoir mesuré les effets.

-p. 243 : Ce qui est en cause, et tel est l’apport que ce livre voudrait apporter à la réflexion, ce n’est pas seulement tel ou tel excès possible, condamnable de la science. (..) La science a changé de voie, elle a abandonné le projet même qui était primitivement le sien : le projet rationnel et universel de connaissance a bifurqué vers celui de la technoscience, d’une fabrication généralisée, radicalisée du monde. L’enjeu va bien au-delà de la mise en place d’un ordre totalitaire qui accompagnerait la technoscience (..), pour lequel les technologies complexes seraient « intrinsèquement totalitaires » parce que ni les politiques ni les citoyens ne pourraient les comprendre.

-p. 244 : Sous la poussée de la technoscience, non seulement notre monde s’est brutalement transformé en l’espace de 2 siècles, mais l’essence même de l’être humain a aussi été atteinte, sans que nous n’ayons jamais eu mot à dire. La question écologique, devenue à juste titre largement médiatisée, n’est qu’un aspect d’un processus radical qui met en cause, dans le même mouvement, la nature en général et la nature humaine en particulier. Le concept de développement durable, qui ne pose ni la question de la légitimité des formes du développement, ni la question des effets de la technoscience, n’est qu’une incantation reprise à l’envi [=à qui mieux mieux] destinée à ce que rien ne change (..). Le bouleversement scientifique que nous vivons est un bouleversement métaphysique du monde qui se solde par une rupture anthropologique. L’homme est arraché à lui-même, emporté dans une processus d’artificialisation sans que nous soyons jamais entrés en résistance contre celui-ci, sans que nous l’ayons jamais questionné (..). Nous n’osons pas affronter la réalité en face.



-p. 245 : Nous vivons des crises successives, sans pouvoir les maîtriser : crise sociale du fait d’un chômage qui dévaste les sociétés postindustrielles (..) ; crise économique qui nous asservit à un ordre financier dont la seule logique est le bénéfice (..) ; crise de la politique impuissante à penser et changer cet ordre du monde ; crise de la pensée, nous rendant incapable de dire cette nouvelle réalité qui nous impose sa logique ; crise écologique qui détruit ce séjour de l’homme sur la planète…Ces crises ne sont que la forme émergente d’un même évènement métaphysique : la rupture anthropologique que nous subissons, l’entrée inaugurale dans le monde où l’homme devient superflu (..). Cet ordre du monde exige pour fonctionner des êtres toujours plus performants (..) mais qui soient jetables (..). Il faut mettre à bas la nature, la rendre elle-même jetable, en faire un espace de dévastation (..). Nous avons accepté de nous nier nous-mêmes (..). Nous nous laissons entraîner dans une forme nouvelle (p.246) de totalitarisme que nous ne savons ni penser ni reconnaître (..). Ce qui est en cause, c’est une certaine façon de faire la science, un dévoiement qui (..) pousse la science à s’abandonner elle-même pour devenir technoscience (..). Nous devons réapprendre à penser large alors même que les défis qui se posent désormais à nous dans un univers mondialisé sont globaux (..). Productrice d’artefacts, construisant des univers nouveaux, la science fera de ceux-ci les éléments d’une culture humaine qui édifie le réel en même temps qu’elle fait naître l’être humain à de nouvelles formes, artificielles, de réalité. La science ne visera plus à substituer l’artefact à l’homme (..). L’artefact ne sera pas là pour supplanter l’homme, mais pour donner de nouveaux sens à son existence. La science ne sera plus une tentation qui conduit à frayer avec le diable, à nous diviser au point de perdre (p.147) notre âme et notre être. Elle œuvrera à une réconciliation intérieure (..). Nous nous enchanterons d’un monde dont la magie technique signe la familiarité de soi (..). Faust, même s’il a vendu son âme au diable, peut être sauvé (..). Si Faust finit par (p.148) échapper à la damnation, c’est parce que, au terme de ses aventures, ayant triomphé des tentations, il met son savoir au service des êtres humains et de l’universel. « Cela veut dire que l’homme était magicien et qu’il est devenu ingénieur, mais ingénieur au profit des autres 1 ».
1.Gaston Berger (1964) : « L’idée d’avenir et la pensée de Teilhard de Chardin » in Phénoménologie et prospective, PUF p.252-253
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