I.C. LES IST/VIH/sida EN GUINÉE BISSAU
I.C.1. Introduction générale
L'épidémie du VIH/sida est considérée généralisée en Guinée Bissau avec une prévalence nationale générale de VIH de 3.6%2. Parmi les adultes (âgés de 15 – 49 ans) on estime que 5,3% est infecté de VIH1. Les différences entre les régions sont considérables: en Bafata 10,3% des femmes enceintes sont séropositives comparées à 2,7% en Oio.3
Selon les estimations de 2009, 54 000 personnes vivaient avec le VIH, dont 32 000 femmes et 110.000 orphelins, dont 10% sont orphelins en raison du sida4.
La Guinée Bissau est un des rare pays où circulent les deux virus du VIH: VIH-1 et VIH-2. Tandis que la prévalence du VIH-1 continue à augmenter de 1,4% (1996) à 4,8% (2006), celle du VIH-2 semble diminuer de 6,4% (1996) à 3,9% (2006)5. L'épidémiologie du VIH est marquée par l'existence des virus VIH1 et VIH2 touchant différents groupes d'âge de différentes manières: le VIH-1 touche une population plus jeune avec une létalité plus rapide et le VIH2 affectent les personnes âgées avec une fatalité plus lente. On note aussi une transition épidémiologique, avec l'épidémie du VIH1 en augmentation et l'épidémie de VIH2 en baisse.
En l'absence d'études de prévalence dans la population générale, les estimations de la surveillance sentinelle chez les filles et les femmes enceintes les plus récentes (2003-2005) fournissent des données variables selon les régions. Les grandes régions urbaines ont des taux de prévalence plus élevés, tels que Bafatá (6,0%), Bissau (5,1%) et Gabu (4,1%).
La prévalence de VIH est plus élevée dans les groupes à haut risque: une étude réalisée chez les professionnelles du sexe dans quatre régions a révélé une prévalence de VIH de 39,0%6.
Depuis 1986, lorsque le VIH a été détecté pour la première fois en Guinée Bissau, le Gouvernement a développé des efforts de prévention visant la population en général, tout en ignorant les groupes à haut comportement de risque, comme les travailleurs du sexe, les populations mobiles, les services en uniforme, et les jeunes. L´âge du premier rapport sexuel est très faible, presque 20% des filles ont des rapports sexuels avant l'âge de 15 ans (UNGASS, 2008), et plus de 60% des filles âgées de 15-19 ans ont été enceintes au moins une fois (UNICEF-UNFPA-ENDA INEP - Étude sur la Santé des Adolescents en Matière de Reproduction Sexuelle, 2009). La connaissance du mode de transmission du VIH et la prévention est faible (moins de 20% auprès des jeunes âgés de 15-24 ans (UNGASS, 2008), et l'utilisation du préservatif est très faible, reflété par le fait que 14,2% des femmes en âge de reproduction déclarent utiliser une méthode contraceptive moderne (MICS IV, 2010). Avoir des partenaires multiples de façon simultanée est répandu parmi les hommes et les femmes, ainsi que la polygamie.
Les Infections Sexuellement Transmissibles (IST) représentent environ 7% des causes de consultations dans les établissements de santé publiques chez les adultes de plus de 15 ans, mais l'OMS estime que seulement 10% des personnes avec des IST recherchent des soins médicaux dans le secteur public. Le fait que la prévalence des IST est probablement sous-estimée est renforcé par d'autres enquêtes qui indiquent qu’entre 8% et 12% des adultes de plus de 15 ans déclarent avoir eu un épisode d'IST au cours des 12 derniers mois. Avec des efforts généraux de prévention des IST quasi inexistant, une étude de l'Université de Lund / Laboratoire de Santé Publique Nationale (Janvier 2009) auprès de jeunes filles et femmes a montré que jusqu'à 44% d’entre elles avaient au moins une IST confirmée en laboratoire.
Depuis le milieu des années 2000, la Guinée Bissau, ainsi que d'autres pays d’Afrique de l’ouest, est devenue reconnue au niveau international comme un pays de transit de drogue illégale, ce qui a amené divers organismes d'application de la loi (FBI, Interpol) à intensifier leurs efforts pour contrôler l'offre de l'usage de drogues. Les recherches internationales indiquent que les pays de transit de drogues deviennent souvent des pays consommateurs de drogues, et il y a en effet des indices montrant que la consommation de drogues se propage en Guinée Bissau. Un premier centre de traitement et détention de drogues a été ouvert dans Quinhamel, Biombo (région la plus proche de Bissau). Les chefs de village à Gabu se plaignent par ailleurs que les jeunes consomment de la drogue, et des rapports anecdotiques suggèrent que certains travailleurs du sexe qui sont payés par drogues pour des services sexuels deviennent dépendants de drogues illicites.
Jusqu'à récemment, il y avait pratiquement aucune connaissance concernant les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (MSM) en Afrique. Des études récentes initiées par les Universités Johns Hopkins et Oxford, présentés à la conférence internationale de Toronto (2009), montrent que la prévalence du VIH dans les populations africaines d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes pouvait aller jusqu’à 5,3% (Egypte) ou même 42,1% (Ouganda) (S. Baral, 2009). Une première étude MSM en Guinée Bissau a été menée en 2010 par ENDA avec l´Université Johns Hopkins, avec le soutien financier de l'ONUSIDA à Genève et le PNUD Guinée Bissau. Les résultats seront publiés bientôt.
I.C.2. Mise à jour sur l’accès universel
L'Accès Universel (AU) est le premier des quatre axes prioritaires inclus dans la 2ème Stratégie Nationale IST/VIH/sida (PEN2, 2007-2011). Au quatrième trimestre de 2009, l´Équipe Régionale d'Appui (RST) de l'ONUSIDA pour Afrique de l'Ouest et Centrale (AOC) et le Bureau de l'ONUSIDA en Guinée Bissau, en partenariat avec le SNLS, ont mené un examen des progrès vers l'Accès Universel à la prévention du VIH, le traitement, les soins et appui en Guinée Bissau entre 2007 et 2009, avec l'aide d'un consultant international7.
Annexe 2 donne un résumé des conclusions énoncées dans ce rapport sur l'Accès Universel.
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