Brève histoire de COMBAT
Combat, sous-titré Le Journal de Paris, était un journal quotidien français clandestin né pendant la Seconde Guerre mondiale comme organe de presse du mouvement de résistant Combat.
Combat est un journal de la Résistance française dont la fabrication était dirigée par André Bollier. Après la Libération, Combat est animé par Albert Ollivier, Jean Bloch-Michel, Georges Altschuler et surtout Pascal Pia et Albert Camus. Y contribuèrent également Jean-Paul Sartre, André Malraux, Paul Gordeaux , Emmanuel Mounier puis Raymond Aron et Pierre Herbart. Le journal, né dans la Résistance, bénéficiant de signatures prestigieuses, demeure une référence très forte après la guerre.
En août 1944, Combat prend les locaux de l'Intransigeant situés 100, rue Réaumur. Un an après sa naissance, il ne peut prétendre rivaliser avec les grands quotidiens et son tirage commence déjà à s'effriter, passant de 185 000 exemplaires en janvier 1945 à 150 000 en août de la même année. Au cours de l'année 1946, la publication, qui s'oppose au jeu des partis comme vecteurs de la reconstruction de la France, se rapproche du général de Gaulle sans pour autant devenir la voix officielle de son mouvement.
En 1947, l'équipe formée par Pia et Camus se disperse. Le journal est repris par le journaliste Claude Bourdet et l'homme d’affaires franco-tunisien, Henri Smadja. Fidèle à ses origines, la ligne éditoriale du journal cherchera à être le lieu d'expression de ceux qui persistent à croire qu'on peut créer en France un mouvement populaire de gauche non communiste. En juillet 1948, Victor Fay, un militant marxiste, prend la direction de Combat, mais n'empêche pas l'information de perdre de l'importance au profit de sujets populaires.
En 1950, Claude Bourdet, s'opposant à Smadja et au soutien gaulliste, quitte le journal.
En 1960, Henri Smadja nomme rédacteur en chef le jeune Philippe Tesson. Celui-ci saura s'entourer de plumes très diverses de gauche comme de droite. Cette diversité de prises de position n'est pas sans se manifester durant la guerre d'Algérie, pendant laquelle la pluralité des prises de positions s'exprime au grand jour. Le journal se fait l'écho de voix tant opposées au colonialisme qu'à la rébellion FLN, les articles de Pierre Boutang s'opposent à ceux de Maurice Clavel. Enfin, observant l'évolution de la politique gouvernementale, le journal, par la plume de Raoul Girardet, condamne la politique d'« abandon » et exprime un profond anti-gaullisme. Durant toutes ces années, Combat s'illustre par sa connaissance précise du conflit, son refus d'une Algérie indépendante musulmane ou communiste.
Lors des événements de Mai 1968, Combat se distingue à travers des plumes comme celle de Jacques-Arnaud Penent, Marc Valle ou Maurice Clavel et la diffusion augmente fortement. En dépit de ce dernier sursaut, au début des années 1970, le journal périclite, le manque d'argent est pressant. Philippe Tesson, qui a fondé entre temps le Quotidien du médecin, propose de s'associer et de modifier en profondeur le quotidien. Henri Smadja refuse. Début 1974, Tesson quitte le journal entraînant l'équipe rédactionnelle et, en mars 1974, crée Le Quotidien de Paris, titre faisant allusion au sous-titre de Combat, pour lui succéder.
Le dernier dessinateur des unes de Combat fut Michel Vergez, qui continua ensuite sa démarche d'illustration puis de création artistique à part entière.
Le 14 juillet 1974, Smadja disparaît et Combat cesse définitivement de paraître un mois plus tard.
Biographie d’ Albert Camus
Albert Camus est né le 7 novembre 1913 dans le petit village Saint-Paul à huit kilomètres de Mondovi en Algérie. Il était le deuxième fils d‘une famille immigrée européenne (le père d’origine française, la mère espagnole). Quand il a eu neuf mois la première guerre mondiale éclate et pour cette raison il a fallu que son père, un ouvrier agricole, y aille pour lutter. Son père meurt des conséquences d’une blessure qu’il a eue lors de la première bataille de la Marne. Sa mère d’origine espagnole doit nourrir les enfants en travaillant comme femme de ménage. Comme sa mère n’a pas eu le temps pour éduquer les enfants, la grand-mère dominante a assumé cette fonction.
Albert Camus a passé son enfance dans un pauvre quartier d’Alger avec une population mélangée. Il vivait dans un appartement sans eau courante ni électricité car sa famille était pauvre. Le niveau d’instruction n’y était pas très haut. Il est allé à l’école primaire. Remarqué par son instituteur à l’école primaire, Louis Germain, qui a découvert l’intelligence de ce garçon exceptionnel, il a obtenu une bourse qui lui a permis de faire des études secondaires. En 1924, il est entré au lycée d’Alger. Malheureusement, lorsqu’il était adolescent, les premiers atteintes de la tuberculose se sont manifestées. Toute sa vie, il a souffert de cette maladie. Après qu’il a fini l’école, il a commencé avec des études de philosophie, qu’il a financées avec des travaux occasionnels. C’était aussi le début de son travail philosophique et littéraire. En 1933, il s’est marié mais il a divorcé un an plus tard. En 1934, Albert Camus est entré au parti communiste d’Algérie qu’il a quitté trois ans plus tard. Sa passion pour le théâtre l’a amené à fonder la troupe de «l"Equipe» qui a joué ses adaptations de Malraux, Eschyle et Dostoievski.
A l’âge de 27 ans, il a participé à la fondation du journal «Alger républicain», un des premiers journaux qui sont intervenus pour les droits des Arabes. Avec sa façon d’écrire il s’est fait beaucoup d’ennemis.
Puis il a quitté l’Algérie pour faire des voyages en Europe, mais finalement il est revenu à Paris pour y devenir journaliste à «Paris Soir». En 1942, il a dû aller dans les montagnes pour essayer de guérir sa maladie.
Après son retour avec sa deuxième femme Francine Faure, il est entré dans un mouvement de résistance et il est devenu rédacteur en chef du journal Combat. L’appartenance à la résistance, et son travail au journal Combat ont renforcé sa liaison avec Paris ainsi que l’amitié avec Sartre et le cercle existentialiste.
Le but principal de son travail de journaliste pendant ce temps était un nouvel ordre social qui était concentré sur la liberté et la justice.
Après la naissance de ses deux enfants en 1945 il a fait beaucoup de voyages, en Amérique, en Amérique du Sud, et plusieurs fois en Algérie. A l’âge de 40 ans il n’a pas écrit beaucoup. Il est passé par une période marquée par le doute et la désillusion à cause de la rupture avec son vieil ami Jean-Paul Sartre et sa maladie, la tuberculose.
En 1957 il a réçu le «Prix de Nobel de littérature» pour avoir montré les problèmes qui se sont posés jusqu’à ces jours à la conscience des hommes.
A cause de sa maladie, il s’est senti de plus en plus mal et faible. Le 4 janvier 1960, il est mort dans un accident de voiture à Villeblevin.
Ses oeuvres principales:
1942 L’Étranger
1942 Le Mythe de Sisyphe
1943 Lettres à un ami allemand
1944 Le Malentendu
1945 Caligula (théâtre)
1947 La Peste
1949 Les justes (théâtre)
1951 L’Homme révolté
1956 La Chute
1962-1964 Carnets (posthumes)
1971 La Mort heureuse (posthume, première version de L’étranger)
L’Etranger
L’histoire se passe à Alger, Meursault, un jeune employé de bureau, mène une vie vide et monotone: il a un travail, il va à la plage... Un jour il reçoit un télégramme de l’asile de vieillards de Marengo qui lui annonçe la mort de sa mère. Mais cette mort le laisse indifférent. Il suit l’enterrement: tout le monde remarque, c’est déjà une sorte de scandale, qu’il ne parait rien éprouver, comme s’il était étranger à l’événement.
Par hasard il rencontre une vieille amie, une ancienne dactylo de son bureau, Maria Cardona, qu’il a toujours aimée. Ils passent plusieurs heures ensemble et ils passent aussi la nuit ensemble.
Mais la journée suivante la vie quotidienne commence pour lui, il va travailler, rentre le soir...
Le soir il rencontre Raymond, son voisin, dans l’escalier, et il lui raconte qu’il s’était bagarré avec le frère de sa maîtresse arabe. Meursault l’aide à écrire une lettre pour la faire revenir: il veut la punir parce qu’il croit qu’elle l’a trompé.
Après quelques jours Raymond invite Marie et Meursault à passer le dimanche suivant dans le cabanon d’un ami près d’Alger. Il raconte qu’il a été suivi par des Arabes, les amis du frère de sa maîtresse.
Le dimanche les trois hommes, Meursault, Raymond et Masson se promènent sur la plage où ils rencontrent deux Arabes. Ils se bagarrent et Raymond est blessé. Ils vont à la maison, mais Raymond veut retourner à la plage, alors Meursault l’accompagne. De nouveau ils rencontrent les deux Arabes. Tout à coup l’un tire son couteau. Simultanément Meursault crispe les doigts sur le revolver dans sa poche et il tire. L’Arabe est tout de suite mort, mais Meursault tire encore quatre fois sur le corps inerte.
Il est arrêté et jugé: la justice accomplit sa tâche et condamne à mort le meurtrier, mais peut-être est-ce plus à cause de son attitude au moment de la mort de sa mère que pour le meurtre lui-même. Meursault est en prison et attend l’exécution, plus étranger que jamais au monde et à son propre sort. Lorsque l’aumônier lui rend visite, pour lui proposer le «secours de la religion», Meursault le refuse. Puis le calme revient et le condamné s’endort. Il se réveillera lucide et apaisé, capable peut-être de faire face, au moment de mourir. Pour se sentir moins seul, il se souhaite qu’il «y ait beaucoup de spectateurs le jour de son exécution».
Quelques bribes d’interpretation de l’Étranger
L’Etranger est paru en 1942. Camus y présente la conscience de vivre d’une génération et l’effondrement de l’ordre public de cette époque. Cette expérience a eu beaucoup de signification pour les Français pendant l’occupation allemande.
D’abord, quand Albert Camus a envisagé cette oeuvre, il a voulu la nommer L’Indifférent. Pour lui l’indifférence était une expérience très précoce et aussi très forte dans sa vie. Tout ça il l’a connu à cause de sa mère. Il a souffert d’un manque d’attention et aussi de tendresse. Mais il y a aussi beaucoup d’éléments autobiographiques dans la personne de Meursault: le travail, une force extérieure nécessaire pour le gange-pain; la vie dans la rue de Belcourt, où il a passé son enfance, les débats judiciaires où on pousse les accusés dans des modèles; et à la fin joie et délivrance dans la nature. D’un côté Camus représente ce Meursault, mais d’autre côté il raconte l’histoire d’un homme qui est prêt à mourir pour la vérité.
Camus laisse Meursault raconter l’histoire qui se passe. Il n’interprète pas les événements, il semble qu’ils ne l’intéressent pas. Le monde qu’il voit est superficiel et il n’existe pas sans lui.
Meursault est étranger à lui-même, il parle de lui comme s’il parlait de quelqu’un d’autre et il est étranger au monde. Indifférent aux valeurs traditionnelles, il refuse le jeu social et c’est finalement pourquoi il sera finalement condamné à mort. C’est à ce moment-là que Meursault découvrira qu’il est attaché au monde.
L’insensibilité que Meursault a montré étant donné qu’il commence une liaison le jour après l’enterrement de sa mère, la lettre douteuse qu’il a écrit pour Raymond, un homme très douteux - tous ces détails seront vus comme des signes pour une disposition criminelle. L’explication de Meursault est qu’il n’a pas voulu tuer l’Arabe, mais que c’était le soleil qui était responsable de la mort de l’Arabe, en disant cela il a seulement obtenu des rires. Meursault a l’impression que dans le procès il ne s’agit pas de sa personne, mais que son destin sera décidé sans une relation au meurtre.
L’existence ici-bas n’a pas de sens. Les événements s’enchaînent de manière purement hasardeuse, et c’est une sorte de fatalité qui se dresse devant nous. C’est pourquoi Meursault se borne à faire l’inventaire des événements de manière froide, distante, comme si ceux-ci survenaient indépendamment de toute volition. Mais Meursault demeure un personnage positif: simplement, il accepte les choses telles qu’elles sont.
Meursault devient l’homme révolté que l’auteur évoquera plus tard. « Le contraire du suicidé, écrit Camus dans Le Mythe de Sisyphe, c’est le condamné à mort », car le suicidé renonce, alors que le condamné se révolte (à l’absurde de l’existence, en refusant de mentir). Or, la révolte est la seule position possible pour l’homme de l’absurde.
La peste
L’histoire commence avec la présentation de la ville d’Oran, une ville sur la côte algérienne. Il s’agit d’une ville laide et ordinaire, située au milieu d’un paysage magnifique. Le narrateur veut seulement raconter les incidents qui s’y produisirent au printemps des années quarante.
Le docteur Rieux découvre plusieurs rats sur son palier et les cadavres se multiplient. Les rats envahissent la ville et viennent y mourir. La femme du docteur est malade. Elle est tuberculeuse et elle doit partir à la montagne en France. Après avoir emmené sa femme à la gare, il y rencontre un journaliste qui veut faire une enquête sur les conditions de vie des Arabes.
En ville les cadavres se multiplient mais très vite les rues retrouvent leur propreté et toute la ville respire. Tout à coup, le concierge du docteur Rieux tombe malade et meurt des conséquences de la maladie. En même temps le public commence à s’inquiéter parce qu’il y a déjà une vingtaine de cas de la même maladie et presque tous mortels. D’abord personne ne veut croire qu’il s’agit de la peste, mais après quelques jour une dépêche officielle affirme ce que tout le monde craint : il s’agit de cela. Tout à coup on ferme la ville et personne ne doit partir.
Peu à peu, la ville s’installe dans l’exil, c’est un exil encore plus rude pour ceux qui ne sont pas d’Oran et s’y retrouvent enfermés comme Rambert, le journaliste. Les gens y sont réduits à l’inaction, le port est fermé, le ravitaillement est limité, l’essence est rationnée... Le docteur Rieux rencontre Rambert le journaliste qui lui déclare vouloir partir car une femme l’attend. Rieux lui dit qu’il comprend mais qu’il ne peut pas l’aider. Rieux a des semaines harassantes, il faut lutter contre les familles pour emmener les malades à l’hôpital. Pour combattre la peste les autorités ecclésiastiques décident d’organiser une semaine de prières collectives.
En été, la situation éclate: grand soleil et vent brûlant. Le nombre des victimes de l’épidémie s’accroit en flèche. Aux portes de la ville il y a des bagarres, des victimes de l’épidémie veulent sortir et seront blessées par les gendarmes.
Tarrou, qui s’est installé à Oran propose à Rieux de former des équipes sanitaires volontaires pour lutter contre la peste. Rieux l’accepte avec joie mais le prévient que ce travail peut être mortel. Mais Tarrou dit qu’il croit en Dieu, il fonde la première équipe sanitaire et des autres vont suivre. Tous deux demandent à Rambert de les aider et il dit qu’il va les aider jusqu’à ce qu’il trouve les moyens de quitter la ville.
Rieux et ses amis sont à bout de forces. Un jour, Rambert a l’occasion de quitter illégalement la ville, mais au dernier moment il refuse de la saisir et décide de rester à Oran. Le docteur obtient un nouveau sérum et il l’essaie sur le petit garçon du juge mais sans succès. Il meurt dans des grandes souffrances. Paneloux et Rieux décident de continuer à travailler ensemble contre la peste. Pour Paneloux c’était trop, il ne veut pas se laisser soigner et meurt avec son crucifix dans les mains.
Le nombre des morts n’augmente plus parce que le nouveau sérum connait des succès inattendus. Pendant ce temps Tarrou, maintenant un bon ami de Rieux, lui raconte sa vie. Il a toujours voulu devenir un saint laïc.
La saison froide arrive mais la peste continue. Mais tout à coup l’infection recule et la situation se détend un peu et on décide d’ouvrir les portes de la ville. Tarrou tombe malade à son tour, quelques jours après il meurt et le lendemain un télégramme annonce à Rieux la mort de sa femme. Quand les portes s’ouvrent la joie est grande. Rambert retrouve sa femme, Rieux continue à soigner les malades et il avoue qu’il est l’auteur de cette chronique. Il sait maintenant qu’ils ont gagné, mais il sait aussi que la victoire sur la peste n’est pas définitive car le bacille de la peste ne meurt jamais.
Quelques bribes d’interprétation de La peste
Les personnages.
Bernard Rieux: médecin, trente-cinq ans, taille moyenne, épaules fortes, visage rectangulaire. Narrateur du récit, comme il le révèle à la fin du roman. Organise des cordons sanitaires pendant toute la durée de l’épidémie. Perd sa femme mais accepte l’irrémédiable.
Jean Tarrou: jeune homme, silhouette lourde, visage massif et creusé; étranger à la ville; fils d’un procureur, n’aimait pas le métier de son père. Devient l’ami du docteur et l’aide. Meurt de la peste à la fin de l’épidémie.
Jean Rambert: journaliste venu de Paris, petit aux «épaules épaisses», d’allure sportive, exilé à Oran, éloigné de la femme qu’il aime; il tente de s’évader mais quand il pourrait y parvenir, il décide de rester. Joseph Grand: employé de mairie; homme d’une cinquantaine années, à l’allure insignifiante, long, voûté; cherche à trouver le «mot juste» pour écrire à sa femme.
Joseph Cottard: un des «profiteurs» de la peste; il est passé par une période difficile et il connaît une rémission dans la ville des exilés.
Le père Paneloux: jésuite érudit, il semble très sûr de sa foi au début de l’épidémie mais il sera ébranlé par la mort d’un innocent et mourra après avoir refusé de demander des soins.
Le docteur Castel: vieux médecin, qui a connu la peste en Chine; il élabore un sérum qu’il testera sur le fils du juge Othon, sans succès.
Le juge Othon: juge d’instruction, il semble incarner le conformisme le plus strict; son fils meurt et il s’humanise avant de décéder à son tour.
Monsieur Michel: concierge de l’immeuble de Rieux.
La Peste est parue en 1947 après plusieurs années de travail intensif. Pour La Peste, son oeuvre principale, Camus a obtenu le Prix Nobel en 1957.
Pour Camus la Peste représentait le fascisme et plus tard le stalinisme. Le mal dans la monde, la guerre, la violence, l’oppression, tout cela résulte de l’ignorance et de l’indifférence. «L" homme peut seulement exister en agissant de façon solidaire.»
La Peste a montré la nécessité d’une résistance contre toutes les déformations et contre le mal humain. Non l’espoir d’une victoire, mais la défense et le maintien de la dignité étaient importants. Albert Camus dit que la résistance ne peut pas toujours donner aux hommes le salut, mais un peu de bonheur. Pour cette raison il a décidé de s’opposer à tout ce qui fait mourir ou ce que la mort justifie. La Peste est le symbole des idéologies qui influencent les hommes et après les détruisent.
On peut voir l’attitude d’Albert Camus par rapport au christianisme, dans la querelle entre le docteur Rieux et Paneloux la vision du monde et la vision des hommes d’Albert Camus devient claire.
La seule conséquence que Rieux et ses amis tirent de la peste ce n’est ni le désespoir ni la fuite dans la croyance en Dieu, mais c’est l’aide, la lutte, la révolte contre le mal, contre la peste: cela veut dire, faire ce que la situation demande.
Les hommes doivent se mettre à travailler pour eux-même comme Rieux parce qu’ils ont découvert que le salut et le sauvetage ne viennent pas de Dieu ou des forces suprasensibles, mais que les hommes peuvent obtenir leur salut en y travaillant.
La communauté des hommes forme le contrepoids du mal et de l’absurde, contre lequel les hommes luttent.
Les justes
Acte 1
Nous sommes dans un appartement à Moscou. Il y a un groupe de terroristes: il y a le chef, Annekov et Dora, une jeune femme. Ils attendent Stepan qui était en prison où il a passé trois ans. Ils commencent à parler de l’attentat qu’ils préparent contre le grand–duc. Il y a aussi Voinov qui connait la calèche du grand–duc. Et puis il y a Kaliayev dit le Poète qu’ils appellent Yanek. Stepan veut lancer la bombe mais les lanceurs ont déjà été désignés: Kaliayev doit lancer la première et, en cas d’échec, Voinov, la seconde. Stepan n’a pas confiance en Yanek à qui il reproche d’aimer la vie. Lui il met la justice au–dessus de la vie. Yanek pense que «mourir pour l"idée, c’est la seule façon d"être à la hauteur de l"idée». Dora pense que si on tue et qu’on est tué ensuite, on paie plus qu’on ne doit. Elle dit à Yanek que le plus difficile, lorsqu’on veut tuer quelqu’un, c’est de voir que ce n’est qu’un homme.
Acte 2
Le lendemain soir. Dora et Annekov attendent. La calèche passe mais on n’entend pas le bruit de l’explosion. Voinov et puis Yanek arrivent. Yanek n’a pas lancé la bombe parce que le grand–duc était accompagné de sa femme et de deux enfants: son neveu et sa nièce. Stepan et Yanek s’opposent. Pour Stepan, la fin justifie les moyens. Il aurait tué tout le monde. Dora défend Yanek. Yanek veut être un justicier et non un assassin. Stepan dit que les terroristes sont des meurtriers et ont choisi de l’être. Annenkov propose à ses camerades de préparer une nouvelle action. Voinov est angoissé à l’idée de recommencer.
Acte 3
Deux jours après. Voinov demande à Annenkov de lui parler en particulier. Il n’est pas fait pour la terreur et il ne peut pas lancer la bombe. Il quitte ses camarades pour aller travailler dans les comités. Annenkov dit aux autres qu’il va prendre la place de Voinov. Dora et Yanek restent seuls en scène et s’avouent leur amour. Yanek part ensuite avec la bombe. Stepan qui est resté seule avec Dora reconnaît qu’il n’aime rien et qu’il hait ses semblables. On entend l’explosion d’une bombe.
Acte 4
La prison. Foka un forçat vient nettoyer la cellule de Yanek qui est au secret depuis une semaine. Foka est à la fois condamné et bourreau; chaque fois qu’il accepte de prendre un condamné, on lui enlève une année de prison. Il ne comprend rien à l’acte de Yanek. Ce dernier reçoit aussi la visite de Skouratov, le directeur du département de police qui lui offre les moyens d’obtenir sa grâce. Il lui suffit de livrer ses camarades. Yanek refuse. Skouratov lui annonce la visite de la grande–duchesse. Celle–ci, profondément chrétienne, voudrait que Yanek consente à vivre pour expier. Elle lui demande pourquoi il l’a épargnée. Yanek répond qu’il n’a pas voulu tuer les enfants. Elle lui dit alors que sa nièce avait mauvais coeur alors que son mari aimait les paysans. Elle veut demander la grâce de Yanek. Il le lui défend. La grande–duchesse sort et Skouratov revient. Si Yanek ne passe pas aux aveux, Skouratov publiera l’entrevue dans les journaux et les camarades de Yanek penseront qu’il les a trahis.
Acte 5
Un autre appartement à Moscou. Dora est avec Annenkov. Voinov arrive avec Stepan qui annonce que Yanek va être exécuté cette nuit. Stepan doute de Yanek. Les autres le défendent. Annenkov et Dora restent seuls. Dora est désespérée. A l’aube Voinov et Stepan reviennent. Stepan déclare que Yanek n’a pas trahi et il raconte comment son exécution s’est passée. Dora veut que Annenkov lui permette de lancer la bombe la prochaine fois. Ainsi elle retrouvera Yanek dans la mort.
Quelques bribes d’interprétation de Les justes
Depuis sa jeunesse, Camus a toujours été fasciné par le théâtre. Il se sentait bien seulement en jouant au foot ou sur la scène.
Les quatre drames, écrits par Camus, montrent «des hommes en révolte», qui se dressent contre «la condition humaine» absurde et inhumaine et qui cherchent un chemin vers la liberté.
Les thématiques les plus importantes sont toujours la liberté, la révolte et la mort. Ses héros dramatiques se révoltent toujours contre un monde absurde. Ils deviennent toujours aussi des meurtriers ou des martyrs.
La point de départ pour cette pièce était l’attentat contre le grand–duc Sergej en 1905. Camus a essayé de montrer le sens et les conséquences de ce «meurtre juste». Il nous montre la conviction de Kaliayev que toutes les vies humaines sont équivalentes, la certitude qu’un meurtre juste peut seulement être expié en tuant le meurtre.
Le mythe de Sisyphe
Les dieux ont condamné Sisyphe à rouler continuellement un bloc de roche jusqu’au sommet d’une montagne, d’où il roule en bas. Ils (die Götter) ont cru qu’il n’y avait pas de punition plus dure que ce travail inutile et sans aucune chance de succès.
D’après Homer, Sisyphe était le plus intelligent parmi les mortels. Mais une autre tradition dit qu’il était un voleur sur la voie publique. Pour Camus ce n’était pas une contradiction. On ne sait pas pour quelle raison les dieux l’ont condamné à ce travail inutile, mais cela a été probablement à la suite d’une légèreté dans les rapports avec les dieux. Il a trahi leurs secrets. Egina, la fille d’Asopos avait été enlevée par Jupiter. Le père en avait été étonné et il s’en était plaint à Sisyphe. Lui, qui était au courant de l’enlèvement, n’avait voulu que le raconter, à condition qu’on procure de l’eau pour le château de Korinth. Mais pour cela on l’a puni.
On dit aussi que Sisyphe a voulu tester l’amour de sa femme. Il lui a commandé de jeter son cadavre, sans enterrement, au marché. En enfer Sisyphe était tellement furieux de son obéissance qu’il a obtenu de pouvoir retourner sur terre pour corriger sa femme. Mais après avoir fait cela, il n’a pas voulu retourner en enfer. Seulement les dieux pouvaient le rapporter en enfer où son bloc de roche était déjà prêt.
Sisyphe c’est le héros de l’absurde. Nous le voyons monter le montagne et après qu’il est arrivé au sommet, nous le voyons descendre. En ce moment, quand il quitte la cime, quand il quitte le domaine de dieu, en ce moment il se croit supérieur à son destin. Il est plus fort que la pierre. Pour lui, il n’y a pas de destin qu’on ne peut pas convaincre par le mépris.
Pour Sisyphe la descente du sommet le guide en douleur, mais un autre jour la descente peut se finir aussi en joie. Camus dit qu’on ne découvre pas l’absurde sans être tenté d’écrire un manuel du bonheur. Il y a seulement un monde. Le bonheur et l’absurdité proviennent de la même source. Ils sont liés étroitement l’une avec l’autre.
La seule joie pour Sisyphe était que son destin était à lui. Dans le monde absurde il n’y a pas d’ombre sans lumière; on doit aussi faire la connaissance de la nuit. L’homme absurde dit «oui» et ses fatigues ne trouvent plus de fin.
Sisyphe nous apprend la fidélité qui nie les dieux et qui roule les pierres. Il trouve aussi que tout est bon. Tous les grains de cette pierre, toutes les écailles de cette montagne, pour lui c’est son propre monde. La lutte contre le sommet peut remplir le coeur d’un homme. Nous devons nous représenter Sisyphe comme un homme très content.
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