Juillet 2001 n° 185


Mycogen et Pioneer HiBred



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Mycogen et Pioneer HiBred ont des montages analogues en cours. Nature Biotechnology 19 (MAY01) 399. Ceci explique leur relative désinvolture vis-à-vis du non-respect, par les fermiers, des stratégies de refuge (voir le paragraphe 182)

L'US Patent 6 248 876 (19JUN01) déposé le 20 Août 1998 par Monsanto, décrit une nouvelle classe de 5-enolpyruvylshikimate-3-phosphate synthases (EPSPS) chloroplastique dont les gènes n'ont pratiquement aucune homologie avec ceux de la classe I connue. La nouvelle classe II présente une efficacité cinétique plus élevée (Km plus bas) en présence de glyphosate. ###

65 La production d'immunoglobulines IgG1 murines dans du hairy root (tératomes induits par Agrobacterium rhizogenes), des tératomes de tige et des cellules de Tabac en suspension a été étudiée par des chercheurs australiens. Ils ont constaté la production, à côté de celle d'anticorps complets celle de fragments qui sont des produits de dégradation en cours de sécrétion. JM Sharp et al.; Biotechnology & Bioengineering 74 (05JUN01) 338-346. ###

Des chercheurs du groupe de Depicker à Ghent, de Melle et de CropDesign ont analysé l'expression de fragments d'anticorps FAB. Je rappelle que les fragments variables d'immunoglobulines VH et VL peuvent être recombinés dans un seul gène qui possède les propriétés de reconnaissance d'un anticorps complet. Dans des Arabidopsis homozygotes pour une copie unique du transgène on se heurte à une suppression de l'expression post transcriptionnelle (silencing) basée sur l'homologie.

Des lignées hémizygotes pour le transgène sont beaucoup plus efficaces. Ceci se retrouve avec des croisements amenant les deux transgènes dans des positions non alléliques révélant ainsi un effet de dosage masqué dans les homozygotes induit par les deux séquences alléliques. Les conditions de culture influent sur l'expression. C De Wilde et al.; Molecular & General Genomics 265, 4 (2001) 647 653.

66 L'idée d'utiliser les trichomes des plantes comme sources d'exsudats hétérologues a été abordée par des chercheurs du Kentucky. On peut également manipuler le rôle de ces glandes pour lutter contre les prédateurs et pathogènes. Les chercheurs ont utilisé la co-suppression sens et antisens pour bloquer l'expression d'une cytochrome P450 hydroxylase. Les tabacs transgéniques correspondant voient le composant principal des exsudats, le cembratriène diol, décroître considérablement au bénéfice de son précurseur cembratriène ol dont la teneur foliaire passe de 0,2 à 24.3% du poids sec. Dans ce cas le cembratriène ol est un aphicide plus efficace que le cembratriène diol. E Wang et al.; Nature Biotechnology 19 (APR01) 371 374.






Les Insectes et leur Maîtrise

67 Des analyses moléculaires ont établi que la mouche tsétsé (Glossina palpalis) possède trois types de symbiotes bactériens. Ce sont d'une part le symbiote primaire Wigglesworthia glossinidia, qui comme le symbiote secondaire (Sodalis) est une entérobactériacée, et enfin des Wolbachia (Rickettsies souvent mentionnées dans ce bulletin) présentes chez certaines souches.

Wigglesworthia vit intracellulairement dans des bactériocytes qui sont des cellules spécialisées du tube digestif antérieur. Sodalis est hébergée intra- et extracellulairement dans l'intestin moyen.

La mouche tsétsé dépend de Wigglesworthia pour sa fertilité, et probablement pour sa nutrition (notamment en vitamines diverses). Wigglesworthia est transmise maternellement vers les larves intra-utérins qui sont alimentées par la mère via des sécrétions d'une glande. Dans ces conditions l'étude de la bactérie est difficile.

Son génome est très réduit, puisqu'il ne comporte que moins de 770 kb. Comme la bactérie est apparentée à Escherichia coli on peut utiliser les microréseaux ADN destinés à cette dernière pour identifier les gènes conservés. On a pu identifier chez Wigglesworthia 650 gènes orthologues (copies dérivées de la spéciation) correspondant à 85% de son génome. L'analyse des gènes conservés indique que les machineries de base sont conservées et que c'est une anaérobie dont la source d'azote est l'ammoniaque. Elle est capable de synthétiser quelques aminoacides.

69 La cécidomyie asiatique du riz, Orseolia oryzae, porte, comme beaucoup d'insectes, des Wolbachia. Toutes les femelles de tous les biotypes en sont porteuses. Par contre, les mêles ne sont pas tous infectés. Le génome mitochondrial semble avoir un rôle. Toutes les femelles et les mâles infectés contiennent le mitotype I tandis que les mâles non infectés sont porteurs des mitotypes 2 ou 3. Il semble, d'ailleurs, que les mitochondries soient à transmission paternelle chez les individus sans Wolbachia. SK Behura et al.; Insect Molecular Biology 10 (APR01) 163-171.

71 Les cytochromes P450 monooxygénases des insectes interviennent dans le métabolisme de nombreuses substances et notamment dans la détoxication de certains insecticides. Les isoformes de ces enzymes impliquées dans les diverses réactions sont cependant très mal connues.

Diabrotica virgifera virgifera (western corn rootworm) résiste aux insecticides méthyl parathion et carbaryl grâce à des oxydations par des cytochrome P450. Trois nouvelles familles de cytochrome P450 de type 4 (CYP4) viennent d'y être caractérisées. Elles sont inductibles par le pentaméthyl benzène et sont surtout exprimées dans les populations résistances aux deux insecticides. ME Sharf et al.; Insect Molecular Biology 10 (APR01) 139-146.

Une équipe de Cornell s'attaque aux cytochromes P450 de la mouche domestique Musca domestica. Ils montrent qu'il existe un groupe de gènes correspondant sur l'autosome I où ils ont cloné le gène d'un nouveau cytochrome CYP6D3, situé en amont d'un autre gène, CYP6D1. Ils résultent d'une duplication. S Kasai et al.; Insect Molecular Biology 10 (JUN01) 191-196

72 L'acétylcholinestérase (AChE), codée par gène Ace est la cible des insecticides organophosphorés (OP) et carbamates. Cinq mutations ponctuelles d'Ace rendant la Drosophile résistante à ces insecticides ont été identifiées. Il s'agit donc d'un durcissement de la cible. La résistance chez la mouche australienne du mouton, Lucilia cuprina, résulte de mutations ponctuelles dans le gène Rop-1 codant une carboxylestérase, E3. Des chercheurs de l'University of Melbourne montrent que les carboxylestérases interviennent probablement en séquestrant les insecticides. Z Chen et al.; Insect Biochemistry & Molecular Biology 31 (22JUN01) 805-816.

74 Les baculovirus défectifs interférents perturbent la réplication de ces virus dans des cellules en culture. Leur origine a été analysée. GP Pijlman et al.; Virology 283 (25APR01) 132-138. Elle est causée par de nombreuses recombinaisons au cours de la réplication. On retrouve des séquences riches en AT d'origine indéterminée, et allant jusqu'à 66 nucléotides après délétion.






Les Biopesticides

75 On trouvera dans UF Walsh et al.;Current Opinion in Biotechnology 12 (JUN01) 289 295 une revue de chercheurs du BIOMERIT Research Centre de Cork, sur l'utilisation des Pseudomonas colonisant les racines des plantes comme biofongicides. Les auteurs soulignent les difficultés pratiques d'utilisation qui handicapent la commercialisation de tels agents. Techniquement c'est l'accès efficace aux graines qui est difficile à réaliser, tandis que socialement ce sont les aspects de biosécurité des nouveaux agents de bioprotection encore pratiquement ignorés qui devraient être abordés.

76 De nombreux Pseudomonas fluorescents utilisables comme biopesticides contre les pathogènes du sol produisent un antibiotique, le 2,4-diacétylphloroglucinol (Phl).L'un des gènes impliqués dans sa synthèse, phlD, code une polycétide synthase voisine des chalcone synthases des plantes mais nettement séparées sur le plan évolutif. Il s'agit là d'une convergence d'enzymes du métabolisme secondaire. On observe, entre les différentes souches, un polymorphisme des séquences de phlD avec une corrélation avec la production de Phl. A Ramette et al.; Molecular Plant Microbe Interactions 14 (MAY01) 639-652.

78 L'US Patent 6 242 241 (05JUN01) de Monsanto, déposé le 19 Février 1999, décrit avec une abondance de détails dans un texte touffu, le montage de séquences de ∂-endotoxines chimères modifiées artificiellement de Bacillus thuringiensis. Les protéines insecticides ainsi produites ont une activité insecticide renforcée. Le brevet contient également les techniques pour identifier ces protéines dans les produits agricoles.

81 L'US Patent 6 211 339 (03APR01) de l'University of Texas System, couvre le polypeptide GRIMM de la drosophile qui induit l'apotose cellulaire et sa séquence codante. Il est surtout développé en vue de production de protéines hétérologues grâce à des baculovirus, mais également pour une utilisation comme insecticide, incorporé dans un baculovirus. Le gène avait été découvert en 1996 par les signataires.

82 La guêpe Cotesia kariyai est un parasitoïde de la larve de Pseudaletia separata (un papillon noctuidé) qui sait comment économiser la nourriture car elle ne tue pas immédiatement sa proie. Elle régule, par ailleurs, le métabolisme de la chenille, de façon à augmenter ses détournements. Cet effet est lié à l'injection du venin de la guêpe, mais aussi d'un polydnavirus. Ce n'est donc pas un bon biopesticide malgré les apparences. Y Nakamatsu et al.; Journal of Insect Physiology 47 (JUN01) 573-584.




Les Productions animales

Les génomes

83 L'US Patent 6 242 191 (05JUN01) de l'Ohio State University Research Foundation couvre la détection des marqueurs de tendreté de la viande. La technique est basée sur une amorce contenant 5' CGGGCAGG-3' ou plus longue (dont la plus efficace est 5'-CGGGCAGGAT-3'), qui permet d'extraire un pool de produits d'amplification à faible stringence identifiant les marqueurs. Le brevet couvre également la détection de marqueurs du caractère "persillé" de la viande avec une amorce 5'GCGCGAACG-3'. Cette technique permet de rendre moins subjective la classification des carcasses mais, surtout, permet une sélection plus rapide des taureaux porteurs du caractère.



La transformation des cellules animales

86 Les vecteurs basés sur les baculovirus sont efficaces dans la transformation des cellules hépatiques, mais sont sujets à une attaque par le système du complément. On peut les en protéger en incorporant dans l'enveloppe virale du DAF (Decay Accelerating Factor). A Huser et al.; Nature Biotechnology 19 (MAY01) 451 455.






L'expression des gènes

87 Eli Lilly a breveté sous l'US Patent 6 242 192 (05JUN01).déposé le 09MAR00, l'utilisation de l'enhancer BK en tandem avec un promoteur comme le promoteur tardif de l'adénovirus 2.

L'enhancer BK est issu du papovavirus humain du même nom, voisin du SV40, qui cause probablement une infection inapparente de l'enfant, mais qui transforme les cellules de rongeurs in-vitro et est oncogène pour le hamster. Bien que les virus BK et SV40 soient voisins, leurs séquences sont nettement différentes.

88 L'introduction, par électroporation, d'ADN dans les mitochondries de mammifères ne permet pas leur expression. A McGregor et al.; Molecular & General Genomics 265, 4 (2001) 721-729. Le paragraphe 10 de ce Bulletin décrit une expérience, au contraire, positive chez les mitochondries végétales.



Le développement

89 Une déméthylation généralisée du génome a lieu au début du développement, gommant le patron parental, étape probablement nécessaire au développement du caractère totipotent, au moins momentanément nécessaire, des cellules souches.

L'utilisation de cellules somatiques comme source du noyau pour un clonage cause de nombreux problèmes ultérieurs du développement (avortements fréquents, taille excessive de l'embryon, et mort périnatale). Des chercheurs coréens ont analysé les patrons de méthylation de l'ADN dans les produits clonés et dans ceux d'une fécondation in-vitro. (IVF).

Les séquences satellites Bov-B des blastocystes IVF sont très peu méthylées (9%) comme celle d'une fécondation normale, tandis que celles des blastocystes clonés sont méthylées, comme dans la cellule donneuse (75%) et ceci se retrouve dès les stades précoces du développement. On n'a donc pas de déméthylation au cours de la segmentation dans ce cas. YK Kang et al.; Nature Genetics 28 (JUN01) 173 177.

90 On trouvera dans PPL Tam et al.; BioEssays 23 (JUN01) 508-517, une revue sur l'établissement des axes embryonnaires et les mouvements cellulaires du blastocyste à la gastrula chez les mammifères. Le développement stéréotypé des Vertébrés, au cours duquel les axes embryonnaires sont définis ne semblait pas s'appliquer à l'embryon des mammifères, les axes y étant définis seulement après l'implantation. Mais cette vue est maintenant contestée. L'asymétrie de l'ovocyte combinée avec le point d'entrée du spermatozoïde semble également jouer un rôle dans l'établissement des axes. Le globule polaire définit le pôle animal de l'œuf et l'axe animal-végétatif semble anticiper l'axe antéro-postérieur.

91 Les signaux comme ceux véhiculés par les BMPs (Bone Morphogenetic Proteins) Hedgehogs ou Wnts pilotant les cellules embryonnaires au cours du développement sont souvent régulés par des inhibiteurs. Il semble que ce ne soit pas la molécule signal qui soit inhibée, mais les récepteurs de ces signaux. C'est le cas de la glycoprotéine Wnt, comme le montrent B Mao et al.; Nature 411 (17MAY01) 321-325. Une des fonctions des Wnt (il y en a plusieurs) est de définir l'axe antéro-postérieur. La molécule extra-cellulaire Wnt déclenche une cascade d'interactions entre complexes protéiques dans la cellule. Le signal est perçu par deux catégories de récepteurs dont les uns sont de type Frizzled (qui sont également nombreux et reconnaissent probablement sa protéine Wnt) et l'autre est LRP5/6 (Low density lipoprotein Receptor-related Protein 5/6 si je ne me trompe pas) pour lequel le rôle dans la transmission de signaux a été récemment découverte. Voir, en particulier YH Li et al.; Molecular and Cellular Biology 21 (FEB01) 1185-1195). On vient de montrer que LRP5/6 lie, par ailleurs, un inhibiteur extra-cellulaire de Wnt. Les ß-caténines sont insérées dans un complexe dont elles sont, alors, libérées par phosphorylation. Elles migrent alors vers le noyau où, agissant de concert avec TCF7, elle déclenche des transcriptions. Le signal Wnt est contrecarré par Dickkopf (Dkk), protéine codée par dkk1, membre d'une famille de gènes. Son nom vient du fait que c'est un inducteur de la tête chez les Vertébrés. Elle se lie à LRP5/6 par un autre site que Wnt, et c'est probablement par un changement de la structure du récepteur que Dkk agit, vraisemblablement pas seul.

Un autre article signé par un homonyme du premier, J Mao et al.; Mol. Cell 7 (APR01) 801-809 montre que la queue cytoplasmique de LRP5/6 se lie à l'axine. Or cette protéine fait partie d'un complexe qui empêche les ß-caténines d'agir.

Il est vraisemblable que LRP5/6, après avoir lié Frizzled et Wnt, recrute et inactive l'axine, libérant la ß-caténine correspondante qui migre vers le noyau où, agissant de concert avec TCF7, elle déclenche des transcriptions. Ce système un peu compliqué reste encore à élucider plus complètement. La première chose serait d'arriver à purifier Wnt sous une forme active. Ensuite il semble que Frizzled puisse également avoir un rôle double. Enfin le rôle de Dickkopf pourrait être joué par d'autres protéines car on ne retrouve pas dkk chez la Drosophile (il a été identifié chez le Xénope) et il existe trois autres protéines inhibant Wnt chez Vertébrés.

92 La détermination neurale implique les signaux constitués par les FGFs (Fibroblast Growth Factors) et l'atténuation de ceux véhiculés par les BMPs (Bone Morphogenetic Proteins). Les FGFs, seuls ou en association avec les antagonistes de BMP, ne suffisent pas à lancer la détermination neurale. On vient de montrer qu'un niveau adéquat des signaux Wnts est, en outre, indispensable. Une expression continue de Wnt bloque la réponse des cellules de l'épiblaste du Poulet à FGF, libérant l'expression du signal BMP, ce qui les convertit en cellules épidermiques. L'absence du signal Wnt entraîne, à l'opposé leur conversion en cellules neurales.

Les patrons d'expression de Wnt3A and Wnt8C, montrent que ces gènes ne sont exprimés que dans la partie latérale (donnant l'épiderme), et pas dans la partie axiale (qui donne l'axe neural). S Wilson et al.; Nature 411 (17MAY01) 325-330.

93 La voie ß-caténine/TCF est nécessaire au maintien des cellules souches intestinales et plus généralement des épithéliums. C-Myc est une cible aval de cette voie. La surexpression de la protéine MYC2 sous la commande d'un promoteur de kératine, donc spécifique des cellules-souches de l'épiderme entraîne une prolifération et une absence de différenciation des cellules chez les souris homozygotes et une mort précoce avec ulcération de la peau (mais pas chez les hétérozygotes ce qui permet d'étudier l'expression). Cette surexpression réduit l'expression des ß-caténines qui sont indispensables à la migration des kératinocytes et au maintien des cellules souches. RL Waikel et al.; Nature Genetics 28 (JUN01) 165 168.

94 La différenciation terminale du squelette cranial et des dents est régulée par un équilibre entre une expression sens et antisens du gène Msx1 chez la souris. C Blin-Wakkach et al.; Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America 98 (19JUN01) 7336-7341.




La Physiologie

95 On trouvera dans JB Russell et al.; Science 292 (11MAY01) 1119-1122, une revue sur les facteurs qui affectent les équilibres du rumen.

Une déficience en fibres provoque, en particulier, une modification de la flore et une sensibilité plus grande à divers désordres métaboliques, avec une altérations du dégazage par éructation et du pH. La revue comporte une analyse succinte du métabolisme du rumen pour ceux que cela intéresse.

Les bactéries ruminales sont difficiles à identifier et les méthodes moléculaires ont augmenté notre perception de cette complexité. On obtient parfois des résultats paradoxaux, indiquant, en particulier, une faible densité des bactéries ce qui est improbable dans un milieu où la densité est de 1010 bactéries par gramme, les protozoaires représentant la moitié de la masse totale avec 106 cellules par gramme. Les champignons anaérobies ruminaux poussent lentement, et ne représentent jusqu'à 8% de la flore ruminale que chez les animaux nourris avec une ration pauvre. On a expliqué ce faible pourcentage relatif par les bactériocines des bactéries ruminales chez des ruminants nourris avec une ration riche.

Une haute productivité des ruminants n'est pas compatible avec une nutrition par du fourrage seul, ce qui explique la multiplication des concentrés dans la ration, souvent constituée par 50 à 90% de grains de céréales complétés en acides aminés essentiels. Les ruminants ont, d'origine, un régime pauvre en amidon, et l'addition de céréales les perturbe nettement. C'est d'ailleurs au passage du foin à ces aliments composés que se déclenchent les troubles métaboliques.

L'acidification est liée à l'activité amplifiée sur amidon des Streptococcus bovis et Lactobacillus. Si la transition est progressive, les Megasphaera elsdenii) et Selenomonas ruminantium convertissent l'acide lactique en acétate et propionate et limitent l'acidification. Les protozoaires jouent un rôle positif en stockant de petits grains d'amidon et freinant ainsi la fermentation acidogène.

Cette toxicité des pHs acides (pH<5,5) ne porte que sur une partie de la flore bactérienne. Ainsi Fibrobacter succinogenes répond à une baisse du pH externe en maintenant son pH interne, ce qui accroît le gradient transmembranaire et l'accumulation exponentielle des anions des acides organiques qui les intoxiquent. Les S.bovis, Prevotella ruminicola, Clostridium aminophilum et Sel.ruminantium résistent en abaissant leur pH interne, limitant ainsi le gradient.

Le rumen souffre également de cette acidose. L'accumulation du lactate favorise la prolifération de Fusobacterium necrophorum qui colonise les ulcères ruminaux. Par ailleurs, certaines des bactéries utilisant l'amidon produisent des polysaccharides qui constituent une mousse empêchant l'éructation, et finissant par suffoquer l'animal par dilatation du rumen.

Les dégâts économiques sont souvent masqués, car si 0,3% du bétail meurt de ces accidents en cours d'engraissement, 13% des foies sont impropres à la consommation du fait d'ulcères bactériens liés à ces acidoses (c'est d'ailleurs une des raisons invoquées pour l'utilisation des antibiotiques dans l'alimentation). D'une façon générale la bête ne s'alimente pas bien en cas d'acidose et la productivité en souffre. Les symptômes sont plus marqués chez les bêtes à l'engraissement, car les doses de céréales sont supérieures, que chez les vaches laitières, où elles sont plus faibles (mais prolongées dans le temps) mais avec les mêmes effets chroniques.

On a cherché à diminuer les pertes liées à la fermentation. La production d'ammoniaque, due à la désamination des acides aminés, a été réduite par des traitements des aliments. On a également ajouté des ionophores comme la monensine qui inhibent les Gram+ qui produisent hydrogène et ammoniaque.

L'amélioration de la digestion des fibres par génie génétique a été un échec pour diverses raisons techniques.

97 Les PPARs (peroxisome proliferator-activated receptors) sont des capteurs des lipides d'origine alimentaire qui régulent le métabolisme lipidique et glucidique. On joue déjà sur certains de ces récepteurs (a (NR1C1) et g (NR1C3)) pour corriger des désordres métaboliques. Un autre récepteur intéresse GlaxoSmithKline. C'est le ∂ (NR1C2) dont on ne connaît aucun ligand. Or on vient d'en trouver un, évidemment pas décrit chimiquement (il faudra attendre le brevet), qui montre que ce récepteur active l'efflux du cholestérol par un transporteur connu, le cholesterol transporter ATP-binding cassette A1). WR Oliver et al.; Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America 98 (24APR01) 5306-5311.



Le Système Immunitaire

98 La production d'interféron g suppose la stimulation de cette production dans des cellules compétentes par des inducteurs comme les antigènes ou les mitogènes. Ces derniers ne sont pas sans danger, notamment les lectines (concanavaline A, lectine de lentille ou de Phytolacca) des endotoxines ou des lipopolysaccharides. Kabushiki Kaisha Hayashibara Seibutsu Kegaku Kenkyujo a breveté une protéine induisant cette production sous l'US Patent 6,242,255 (05JUN01) déposé le 8 Avril 1997

99 L'US Patent 6 242 253 (05JUN01) de l'University of California (Oakland) décrit la séquence complète des gènes codant les deux sous-unités a et ß de l'IkB kinase (IKK) qui phosphoryle la protéine IkB bloquant le facteur de transcription NF-kB et libère ainsi ce dernier et permet une réponse inflammatoire rapide grâce à ce facteur présynthétisé.

100 Il existe deux formes distinctes de chaînes légères des immunoglobulines, k et l, caractérisées par leur extrémité C-terminale. Alors que chez les formes k, cette partie C-terminale est constante, dans les chaînes l, quatre séquences différentes définissent des sous-types, l1, l2, l3 et l4, avec leurs région constantes Cl1, Cl2, Cl3 et Cl4. Des chercheurs de Amherst ont établi quand le répertoire des Vl commence à s'exprimer chez le mouton. C'est dans la rate fœtale qu'il commence à le faire, bien avant les plaques de Peyer intestinale qui seront ultérieurement le site majeur d'expansion clonale et de diversification des cellules B. Les auteurs ont, par ailleurs, caractérisé un nouveau gène J l (partie de la combinaison V(D)J ultérieure. Y Jeong et al.; Immunology 103 (MAY01) 26-34.

101 Les cellules dendritiques (cellules présentatrices professionnelles d'antigènes aux cellules T) du porc sont très mal connues. Des chercheurs de Mérial Discovery Research s'y intéressent, notamment aux cellules dérivant des monocytes par action du TGFß1. Elles se différencient, en effet, bien sous la commande du TGFß1 mais, les cellules de Langerhans porcines (également dérivant des monocytes), contrairement aux cellules homologues humaines et murines, sont de plus puissants activateurs des cellules T allogénéiques que les cellules différenciées sans TGFß1. R Paillot et al.; Immunology 102 (APR01) 396-404.





Les Vaccins

102 Les vaccins courants contre le charbon (Bacillus anthracis) comportent le composant dit antigène protecteur. Il est produit à partir d'un surnageant d'une culture d'une souche toxinogénique, mais non encapsulée. Il protège bien contre une infection par inhalation. Mais on ne sait pas trop bien comment il agît. Des indications qu'il pourrait agir sur la germination de la spore sont mentionnées dans la littérature. Des chercheurs de Fort Detrick ont analysé plus en détail ce mécanisme sur la souche vaccinale Sterne, et confirmé que le vaccin induit la reconnaissance d'antigènes périphériques des spores et stimule la phagocytose par les macrophages péritonéaux. S Welkos et al.; Microbiology 147 (JUN01) 1677-1685.

103 La substitution d'un seul acide aminé peut causer une perte de réactions immunologiques croisées (reconaissance de deux antigènes voisins par un même anticorps ou récepteur de cellules T. Celà a été montré par une immunisation mucosale par un vecteur baculovirus contre la chaîne ß de la gonadotrophine chorionique humaine qui, du fait de l'homologie considérable avec l'hormone lutéinisante, permet aux IgA de reconnaître les deux molécules. Une substitution d'un glutamate à une arginine en position 68 fait perdre la réaction croisée. L'immunodominance des épitopes de l'antigène migre vers des sites de la protéine qui ne sont que modérément antigèniques dans la molécule d'origine. Ce phénomène pourrait être utilisé pour la construction d'autres vaccins. MD Chiesa et al.; Immunology 103 (JUN01) 172-178.





Les Pathogènes

104 Les facteurs modifiant, chez la souris, la période d'incubation de l'encéphalite spongiforme bovine (BSE) sont importants car on s'en sert pour classer les "souches". On a ainsi pu montrer que les isolats de l'encéphalite bovine sont indistinguables, de ce point de vue, de celles de la variante humaine (vCJD) de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, alors qu'ils sont nettement distincts de ceux de la forme sporadique. Le même prion peut donner des durées d'incubation très variables selon la souche inbred de souris utilisée. Il existe donc d'autres facteurs intervenant dans cette durée.

Le groupe de Collinge a identifié plusieurs QTLs (Quantitative Trait Loci), chez la souris, qui sont impliqués dans la durée de l'incubation. SE Lloyd et al.; Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America 98 (22MAY01) 6279-6283.

Des chercheurs d'Edinburgh ont construit deux souches à partir des souches C57BL/Fa/Dk RIII/Fa/Dk, toutes deux porteuses de l'allèle Prnpa de la protéine du prion (PrP), mais différant de 100 jours dans la période d'incubation moyenne après inoculation intracérébrale d'isolats de BSE. Les deux souches diffèrent dans le promoteur de Prnp, et la possibilité d'une corrélation entre niveau d'expression et apparition des symptômes reste possible. Elles diffèrent également dans leurs haplotypes de complexe majeur d'histocompatibilité dans la région H-2D (MHC classe I). On constate que, d'une part, quatre régions chromosomiques contribuent à cette différence et que, d'autre part, des facteurs additionnels comme l'âge de la mère, de l'hôte et des facteurs cytoplasmiques interviennent. K Manolakou et al.; Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America 98 (19JUN01) 7402-7407.

105 Une infection de cellules aviaires par les sérotypes 1, 2 et 3 de l'herpèsvirus de la maladie de Marek (tumeurs à cellules T) entraîne le blocage de l'exhibition du complexe majeur d'histocompatibilité de classe I (complexe B). Cette inhibition a lieu immédiatement après l'infection ou l'induction du virus dans les tumeurs par la 5-bromo-2'-deoxyuridine (BUdR). Cette disparition n'est due qu'à un arrêt du transport des protéines du complexe B vers la surface car le pool intracellulaire n'est pas affecté. HD Hunt et al.; Virology 281 (15MAR01) 198-205.

106 L'US Patent 6 242 182 (05JUN01) déposé le 4 Février 1999 par City of Hope, couvre une technique de détermination de l'haplotype des gènes Rfp-Y et B-F du poulet conférant une résistance accrue aux maladies, notamment à la maladie de Marek. Rfp-Y et B-F sont deux groupes distincts de gènes du système d'histocompatibilité du poulet associés à ces résistances. Chez le poulet le complexe du système d'histocompatibilité B est connu depuis les années 40s. Le génotypage est surtout assuré par des méthodes immunologiques d'hémagglutination. On peut l'effectuer par restriction avec des sondes B-F (MHCI) et B-L (MHCII). On peut également utiliser des sondes correspondant à des séquences connues de ces gènes, mais encore faut-il les connaître, ce qui n'est pas le cas avec la première méthode par exemple. Une autre méthode consiste à reconnaître la présence d'épitopes spécifiques des MHC de classe I produits dans des poulets transgéniques. Enfin on avait proposé en 1993 d'utliser la PCR-SSCP (polymerase chain reaction, single-stranded conformational polymorphism) pour reconnaître les gènes B-G (voir le n°62 des "Colloques de l'INRA").

Le problème est que l'attention a surtout été focalisée sur un premier groupe de gènes du système d'incompatibilité, alors qu'on a découvert en 1993 un second groupe inattendu de gènes (inattendu car le dogme est que les gènes MHC sont dans un même groupe de liaison) contenant aussi bien des gènes de MHC classe I que II, Rfp-Y.

108 Le virus Menangle, isolé dans des porcheries australiennes en 1997, a été caractérisé moléculairement. C'est un nouveau paramyxovirus voisin du virus Hendra. Il provient des Pteropus, chauves-souris frugivores. Il est également capable d'infecter l'homme. TR Bowden et al.; Virology 283 (10MAY01) 358-373.

109 On a isolé de patients néerlandais affectés d'une sérieuse pneumonie, deux souches H1N1 du virus de l'influenza A qui circule actuellement dans les porcs européens. Il n' y a pas eu de réarrangements classiques chez le porc avant de passer à l'homme. GF Rimmelzwaan et al.; Virology 282 (10APR01) 301-306.

110 La souche H9N2 du virus de l'influenza A (virus de l'épidémie récente à Hong Kong) présente une spécificité de récepteur identique à la souche humaine H3N2. La neuraminidase des virus H9N2 présente des mutations qui la rapproche des souches humaines H2N2 et H3N2, mais l'éloigne des autres grippes avaires. Elle accumule donc les particularités permettant un passage direct des oiseaux à l'homme. MN Matrosovich et al.; Virology 281 (30MAR01) 156-162.

112 Afipia felis est la bactérie qui cause la maladie des griffures de chat. Elle envahit divers types cellulaires, dont les macrophages, où elle se multiplie. Elle s'arrange pour dévier le phagosome qu'elle colonise hors du système débouchant vers le lysosome, où elle serait désintégrée. Cette capacité de la bactérie (vivante) est acquise dès l'entrée dans le phagosome qui n'accumule aucun des marqueurs classiques de la voie endocytaire. A Lührmann et al.; Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America 98 (19JUN01) 7271-7276.

113 On trouvera, par ailleurs, dans W Goebel et al.; Trends in Microbiology 9 (JUN01) 267 272, une revue traitant des interactions entre cellules et bactéries endocellulaires. Elle traite surtout des symbioses avec les invertébrés, mais également des exigences souvent opposées de bactéries pour pouvoir se répliquer dans les cellules qu'elles envahissent. Ainsi Mycobacterium tuberculosis évite l'acidification de la vacuole la contenant en éliminant l'ATPase à protons de la membrane vésiculaire, tandis que Francisella tularensis a besoin du pH acide pour pouvoir se procurer le fer qui lui est indispensable. Les auteurs décrivent une technique de micro-injection leur permettant d'étudier les exigences de ces bactéries dans leur cellule eucaryote.




Les animaux transgéniques

114 Il y a longtemps qu'on essaye d'utiliser les phytases pour éviter les rejets de phosphates des phytates végétaux, inutilisables par les porcs et, au passage, d'avoir à utiliser des compléments phosphatés coûteux et parfois dangereux (poudre d'os). On peut essayer d'ajouter l'enzyme aux aliments, de créer des plantes exprimant de telles phytases en quantités adéquates, ou transformer les animaux avec des gènes de phytases. L'addition dans les aliments est difficile du fait de l'instabilité des enzymes. La transformation de la souris avecune phytase bactérienne (les plus connues) dans les glandes salivaires vient d'être réalisée. SP Golovan et al.; Nature Biotechnology 19 (MAY01) 429 433. Cela réduit de 11% les rejets de phosphore.

Il reste cependant beaucoup de choses à vérifier lors du passage au porc mais des essais seraient actuellement en cours, sachant que dans plusieurs cas le passage de la souris au porc peut réserver des surprises comme l'expression d'enzymes digestifs hétérologues qui marchent chez la souris mais pas chez d'autres mammifères. Dans ce cas il semble que le -pas ait été franchi avec succès. Restent tous les problèmes soulevés classiquement dans la société en ce moment. Voir également le commentaire de KA Ward ; p.415 416.





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