L' acte psychanalytique



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Errer résulte de la convergence de error, erreur, avec quelque chose -18-

qui n'a strictement rien à faire, et qui est apparenté à cette erre dont je vous parlais tout à l'heure, qui est strictement le rapport avec le verbe iterare. Iterare, en plus! (car si ce n'était que ça, ce ne serait rien) est là uniquement pour iter ce qui veut dire voyage. C'est bien pour ça que le chevalier errant est simplement un chevalier itinérant.

Seulement, quand même, errer vient de iterare, qui n'a rien à faire avec un voyage, puisque ça veut dire répéter, de iterum (re !). Néanmoins, on ne se sert de cet iterare que pour ce qu'il ne veut pas dire, c'est-à-dire iti­nerare, comme le démontrent les développements qu'on a donnés à ce verbe errer au sens d'errance, c'est-à-dire en faisant du chevalier errant un chevalier itinérant.

Eh bien, c'est là la pointe de ce que j'ai à vous dire, considérant la dif­férence, la différence qui se... s'épingle de ce qu'il en est des non-dupes. Si les non-dupes sont ceux ou celles qui se refusent à la capture de l'es­pace de l'être parlant, si ce sont ceux qui en gardent, si je puis dire, leurs coudées franches, il y a quelque chose qu'il faut savoir imaginer, c'est l'absolue nécessité qui en résulte, d'une non pas errance, mais erreur.

C'est à savoir que pour tout ce qui est de la vie et du même coup de la mort, il y a une imagination qui ne peut que supporter tous ceux qui, de la structure, se veulent non-dupes, c'est ceci : c'est que leur vie n'est qu'un voyage.

La vie, c'est celle du viator. Ceux qui dans ce bas monde - comme ils disent - sont comme à l'étranger.

La seule chose dont ils ne s'aperçoivent pas, c'est que rien qu'à faire surgir cette fonction de l'étranger, ils font surgir du même coup le tiers terme, la troisième dimension, celle grâce à quoi des rapports de cette vie, ils ne sortiront jamais, si ce n'est d'être alors plus dupes encore que les autres, de ce lieu de l'autre, pourtant, qu'avec leur Imaginaire ils constituent comme tel.

L'idée de génesis, de développement, comme on dit, de ce qui serait je ne sais quelle norme, grâce à quoi un être qui ne se spécifie que d'être parlant, dans tout ce qu'il en est de ses affects, justement, serait com­mandé par je ne sais quoi que quiconque est bien incapable de définir, qui s'appelle le développement. Et c'est à quoi, en voulant réduire l'ana­lyse, on manque, on fait l'erreur complète, l'erreur radicale quant à ce qu'il en est de ce que découvre l'inconscient.

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Il y a quelque chose que nous dit Freud, et là, c'est sans ambiguïté « Und (c'est le dernier paragraphe de la Traumdeutung) der Wert des Traums für die Kenntnis der Zukunft».



Et c'est là que c'est joli. Parce qu'on croit qu'en écrivant ceci, Freud fait allusion à la fameuse valeur de divination des rêves. Mais ne pou­vons-nous pas le lire autrement ? C'est-à-dire nous dire, et la valeur du rêve pour la connaissance de ce qui va en résulter dans le monde, de la découverte de l'inconscient, de voir, si, par hasard, un discours faisait que d'une façon de plus en plus répandue, on sache - on sache - ce que dit la fin du paragraphe de Freud, c'est à savoir que cet avenir tenu par le rêveur pour présent, est gestaltet, structuré par l'indestructible demande en tant qu'elle est toujours la même : zum Ebenbild. C'est à savoir que, si vous voulez, je vais vous mettre quelque chose ici

qui serait ce voyage, à savoir ce développement, comme ça, ponctué, de la naissance à la mort.

Qu'est-ce que Freud, de par le surgissement de l'inconscient, nous indique? C'est que en quelque point qu'on soit de ce prétendu voyage, la structure, de quelque façon que je la crayonne ici, peu importe

la structure, c'est-à-dire le rapport à un certain savoir, la structure, elle, n'en démord pas. Et le désir, comme on traduit improprement, est strictement

durant toute la vie, toujours le même. Simplement des rapports d'un être particulier dans son surgissement, dans son surgissement dans un monde où déjà c'est ce discours qui règne, il est parfaitement déter­miné, son désir, du début jusqu'à la fin.

C'est bien en quoi ce n'est qu'à... qu'à ne plus se vouloir dupe de la structure, qu'on s'imagine de la façon la plus folle, que la vie est tissée de je ne sais quels contraires de pulsions de vie et de pulsions de mort, c'est déjà quand même flotter un tout petit peu plus haut, enfin, que la notion - la notion de toujours, du voyage.

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Ceux qui ne sont pas dupes de l'inconscient, c'est-à-dire qui ne font pas tous leurs efforts pour y coller, n'est-ce pas, qui ne voient la vie que du point de vue du viator, - c'est bien comme ça d'ailleurs, que sont surgies... enfin... toute une étape de la logique, celle dont après-coup, bien sûr, et avec je ne sais quelles conséquences, sont apparues ces choses, dont on ne voit même pas à quel point c'est un paradoxe, n'est-­ce pas : tous les hommes sont mortels. C'est-à-dire que j'ai dit voya­geurs, hein.



Socrate est un homme - et il est un homme, il est un homme, si il veut bien, hein, il est un homme si il s'y précipite lui-même, n'est-ce pas, c'est bien d'ailleurs ce qu'il fait, et c'est bien en quoi d'ailleurs, le fait qu'il l'ait demandée, la mort, il y a quand même une toute petite diffé­rence; mais cette différence n'a pas empêché la suite d'être absolument fascinante. Ça n'a pas non plus été plus mauvais pour ça... Avec son hys­térie, il a permis une certaine ombre de science : celle qui justement se fonde sur cette logique catégorique. C'était un très mauvais exemple.

Mais ça doit [s'entendre], hein. En tout cas cette fonction imaginaire essentiellement du viator, doit nous mettre en garde contre toute méta­phore qui procède de la voie. je sais bien que la voie, la voie dont il s'agit, le Taô, elle s'imagine être dans la structure. Mais est-ce bien sûr qu'il n'y ait qu'une Vole? Ou même que la notion de la voie, de la méthode, vaille quoi que ce soit ? Est-ce que ça ne serait pas en nous forgeant une toute autre éthique, une éthique qui se fonderait sur le refus d'être non-dupe, sur la façon d'être toujours plus fortement dupe de ce savoir, de cet inconscient qui, en fin de compte, est notre seul lot de savoir.

je sais bien qu'il y a cette sacrée question de la vérité, hein. Nous n'al­lons pas comme ça, après ce que je vous en ai dit, et en y revenant et en y retournant, nous mettre à y coller sans savoir que c'est un choix, puis­qu'elle ne peut que se mi-dire. Et qu'après tout, ce que nous choisissons d'en dire, il y a toujours derrière un désir, une intention, comme on dit.

C'est là-dessus qu'est fondée, enfin, toute la phénoménologie, je parle de celle de Husserl. Selon, comme ça, que vous variez les « bouts à dire » de la vérité, bien entendu, voir ce que ça donne comme trucs : il y a des choses bien drôles. je ne voudrais pas compromettre Dieu, trop, dans cette affaire, chacun sait que je considère que... il est plutôt de l'ordre du super-chéri; alors pourquoi est-ce qu'il dirait toujours la vérité, alors -21-

que ça va aussi bien s'il est totalement trompeur, hein? En admettant qu'il ait fait le Réel, il y est d'autant plus soumis que justement, si c'est lui qui l'a fait, alors, pourquoi pas ? je crois que c'est en fin de compte comme ça qu'il faut interpréter la fameuse histoire de Descartes, n'est­-ce pas, le malin génie. Ben, le malin génie, c'est lui, et ça marche comme ça, mieux il sera malin, plus ça ira. C'est même pour ça qu'il faut être dupe.

Il faut être dupe, c'est-à-dire coller, coller à la structure. Bien, ben écoutez, j'en ai ma claque.


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