Histoire de l'art Des histoires gravées dans le marbre
Depuis l'Antiquité, le marbre est le reflet de la splendeur, du luxe et du prestige. De la basilique Saint-Pierre de Rome jusqu'au château de Versailles, il a longtemps été prisé par les puissants. Après plusieurs années de recherche qui ont donné naissance à un ouvrage magnifique, Pascal Julien a reconstitué l'histoire du marbre au fil des siècles, de sa naissance dans les carrières jusqu'à son exploitation artistique. Retour sur un travail d'exception. Brut, le marbre est une matière “inerte”, presque morte. Dès que l'homme la polit, la travaille, elle s'anime. Sa couleur éclate et sa lumière resplendit », explique avec passion l'historien de l'art Pascal Julien, chercheur au sein du laboratoire « France méridionale et Espagne : histoire des sociétés du Moyen Âge à l'époque contemporaine » (Fra.m.espa) (Laboratoire CNRS Université de Toulouse 2). Appréciée pour sa résistance, son éclat et sa variété de couleurs, cette roche métamorphique (Roche ayant subi une transformation minérale et une modification de sa structure sous l'effet d'une variation de pression et de température) employée en architecture et en sculpture a su intriguer et fasciner l'homme depuis l'Antiquité. À tel point que notre historien lui a consacré plusieurs années de recherche, qui ont abouti à un ouvrage très remarqué Marbres, de carrières en palais (Marbres, de carrières en palais, de Pascal Julien et Jean-Claude Lepert (Le bec en l'air, 2006) a reçu le prix du Cercle de Montherlant 2007 de l'Académie des beaux-arts et le prix spécial du jury 2007 de l'Académie d'architecture), réalisé avec le photographe Jean-Claude Lepert. Cette synthèse, qui retrace l'odyssée des marbres depuis la Renaissance, est une première sur un sujet peu abordé jusqu'ici en France. Seule la période antique avait fait l'objet de recherches en Italie. Dans son travail, Pascal Julien a abordé le marbre par toutes les facettes, de la symbolique aux techniques d'extraction, de transport et de taille en passant par l'historique de ses emplois. C'est dans les années 2000, au sein du Laboratoire d'archéologie médiévale méditerranéenne (Laboratoire CNRS Université Aix-Marseille 1) , qu'il met en place son projet (Programme d'études « Les marbres du Roi », soutenu par le ministère de la Recherche et de la Technologie. Ses travaux se poursuivent actuellement au Fra.m.espa). Cet ancien ébéniste de formation, grand passionné des métiers artisanaux et des matières, souhaite rendre aux marbres ses lettres de noblesse. Il part alors sur le terrain, visite ou redécouvre plusieurs dizaines de sites en France, en Italie et en Espagne, rassemble une collection d'échantillons multicolore et s'entretient avec des professionnels, des carriers et des marbriers. « Il fallait partir de la source même : les carrières. C'est pourquoi toutes ces rencontres étaient essentielles, insiste l'historien, pour comprendre ce matériau le plus concrètement possible ainsi que les métiers qui l'ont servi. »Au-delà de la matière et de ses aspects techniques, Pascal Julien a nourri ses recherches aux sources d'archives, grâce à des documents inédits allant du XVIe au XVIIIe siècle, trouvés en fonds publics et privés, en France comme en Italie. Il a également beaucoup utilisé les sources imprimées dont les thèmes allaient des écrits grecs et romains de minéralogie aux traités d'architecture classique européens en passant par les ouvrages des Pères de l'Eglise.En suivant le parcours des marbres depuis les carrières jusqu'à certains monuments comme Saint-Pierre de Rome ou Versailles, Pascal Julien fait ressortir les dimensions multiples de la roche. Légendaires, philosophiques ou religieuses d'abord. On trouve toute sorte de fables. Certaines passent les barrières du temps, d'autres disparaissent, se transforment ou s'inventent au fil des siècles. « Dans certaines carrières, conte l'historien, des crapauds, certainement entrés par une faille, se sont échappés lors d'extractions. De là s'est créée la légende selon laquelle les crapauds pouvaient naître dans les marbres. » Très rapidement, ces histoires populaires et le caractère magique de la pierre sont récupérés par l'Église. Le marbre possède ensuite une dimension politique. Il est porteur d'enjeux forts d'identité nationale. En France, Louis XIV souhaitait pour la construction de Versailles l'utilisation des matériaux les plus beaux et les plus chers du royaume. Afin de le satisfaire, Colbert, surintendant des Bâtiments du roi, a lancé des experts à la recherche de carrières perdues ou méconnues. Pour cela, ils ont exploré les Pyrénées, d'où sont issus les marbres d'Antin, le sarrancolin, le statuaire blanc de Saint-Béat, le petit antique d'Hèches, etc. Puis, ils se sont intéressés aux marbres du Languedoc, rouge incarnat, griotte, féline ou encore à ceux de Provence comme les marbres jaune et rose de Trets. L'existence de ces variétés aux « mille » couleurs a fait la particularité et le succès des carrières françaises. « Louis XIV voulait faire de Versailles la vitrine de la France. Vitrine politique et diplomatique d'abord, vitrine artistique et technologique ensuite, vitrine des savoir-faire enfin », conclut l'historien.
Géraldine Véron
Contact Pascal Julien, julien@univ-tlse2.fr
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Royaume-Uni My research is rich (Ma recherche est prolifique)
Au Royaume-Uni, la recherche se porte bien. Très bien même... Qu'on en juge : le pays se situe au troisième rang européen pour les dépenses en R&D (1,78 % de son PIB en 2005), et sa production de publications scientifiques dépasse, avec l'Allemagne, celle de tous les pays de l'Espace européen de la recherche ! Essentiellement financée sur une base compétitive d'appels à projets, la recherche se fait principalement dans des établissements d'enseignement supérieur autonomes. Moins tournés vers la coopération scientifique internationale que dans d'autres pays, les chercheurs britanniques collaborent surtout avec les États-Unis. Mais ils travaillent aussi activement avec leurs collègues français, et de façon de plus en plus importante. En témoigne l'augmentation du nombre de copublications franco-britanniques, plus rapide que celle du nombre des publications nationales. Aucun doute non plus sur la bonne santé des liens avec le CNRS. En 2008, des unités associées au CNRS et des laboratoires britanniques participent ainsi à 34 projets de recherche conjoints sous la forme de 10 projets d'échanges de courte durée, de 6 projets internationaux de coopération scientifique (Pics) et de 18 groupements de recherche européens (GDRE). Et ce, sans compter la participation des laboratoires affiliés au CNRS au programme Alliance (partenariat Hubert Curien) du ministère des Affaires étrangères et européennes.L'effort porté récemment sur la coopération en mathématiques (lire l'encadré) a par exemple conduit cette année au premier GDRE en mathématiques « French-British Network in Representation Theory » piloté par des chercheurs du Laboratoire de mathématiques Nicolas Oresme (Institut CNRS Université de Caen), de l'Institut Camille Jordan (Institut CNRS Université de Lyon 1 École centrale de Lyon Insa Lyon), du Department of Mathematical Sciences, King's College, University of Aberdeen et de la School of Mathematics, University of Edinburgh. Il favorisera les interactions entre jeunes chercheurs des deux pays sur les différents aspects de la théorie des représentations – un outil pour l'étude des symétries rencontrées dans la géométrie classique, la chimie ou encore la théorie des nombres.En 2008, deux nouveaux Laboratoires européens associés (LEA) ont été créés. Signalons en particulier, en neurobiologie, la naissance du LEA « Thalamic Functions in Health and Disease States » qui réunit le laboratoire « Neurobiologie des Processus adaptifs » (NPA) (Laboratoire CNRS Université Paris 6) et la Cardiff School of Biosciences, Cardiff University. Son objectif ? Développer un programme multidisciplinaire permettant d'aborder les mécanismes du fonctionnement thalamique dans des conditions physiologiques et pathologiques. En effet, le thalamus, porte d'entrée du cortex, joue un rôle essentiel dans de nombreuses fonctions physiologiques (traitement de l'information sensorielle, sommeil, etc.) et dans diverses pathologies neurologiques et psychiatriques (épilepsie, Parkinson…).Autre fait marquant de cette année, la forte implication britannique pour les collaborations en sciences humaines et sociales (SHS), avec notamment la participation de laboratoires dans trois nouveaux GDRE. Un exemple : des chercheurs de la London School of Economics and Political Sciences participeront, aux côtés des chercheurs du laboratoire « Identités, relations internationales et civilisations de l'Europe » (Irice) (Laboratoire CNRS Universités Paris 1 et 4), et de scientifiques allemands, belges, espagnols et italiens, à un réseau de réflexion sur les méthodes de l'histoire transnationale de l'intégration européenne, dans ses dimensions politiques et économiques, mais également culturelles et religieuses. Une preuve supplémentaire de la diversité des liens, toujours plus solides, entre le CNRS et le Royaume-Uni.
En chiffres
180450 chercheurs au Royaume-Uni
Budget R&D en 2005 : 29956 millions d'euros
116 universités et 53 « collèges » d'enseignement supérieur autonomes
3 698 copublications en 2005 avec la France dont environ 50 % avec le CNRS
Principales thématiques de copublications CNRS-Royaume-Uni : 26 % en sciences de l'Univers, 25 % en physique, 15 % en biologie fondamentale, 11 % en chimie
3 509 missions CNRS au Royaume-Uni en 2006 (3e destination des chercheurs du CNRS en Europe)
Partenaires
En SHS, un accord de coopération bilatérale existe depuis 2005 avec la British Academy pour le cofinancement d'échanges de courte durée, dans le cadre d'un appel annuel à projets conjoints entre chercheurs. En mathématiques, deux accords de coopération ont été signés : en 2006 avec l'université de Cambridge pour la collaboration entre l'Institut Newton et l'Institut Henri Poincaré, et en 2007 avec l'Engineering and Physical sciences Research Council (EPSRC). Enfin, avant la fin de l'année 2008, un protocole de coopération bilatérale avec la Royal Society sera signé pour officialiser le cofinancement d'échanges de courte durée dans le cadre d'un appel annuel à projets conjoints en cours depuis plus de dix ans.
Lucille Hagège
Contact Anne-Marie Brass anne-marie.brass@cnrs-dir.fr
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