Les telephones mobiles



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Cancer et Génotoxicité

Les différentes phases de la cancérisation sont rappelées : initiation, promotion, progression. Le rôle de l’enzyme ornithine décarboxylase (ODC) dans la cancérogenèse est décrit : cette enzyme a un rôle clé dans le métabolisme des polyamines, qui stimulent à leur tour la synthèse de l’ADN, ainsi que la croissance et la différenciation cellulaire. Sa concentration et son activité sont augmentées dans les processus de cancérisation, après activation des gènes qui synthétisent cette enzyme. Quelques auteurs ont décrit une augmentation de l’activité de l’ODC au décours de l’exposition aux champs électromagnétiques : un doublement de l’activité sous exposition à des champs RF de faible intensité modulés en amplitude à basse fréquence, inférieure à 60 Hz. Aucune augmentation de synthèse d’ADN n’a accompagné cette augmentation d’activité. De plus, l’augmentation d’activité produite par des agents promoteurs identifiés est de l’ordre de 500. Cet effet peut donc en comparaison être qualifié de mineur.


Commentaires du groupe d’experts : Les auteurs concluent à une augmentation de concentration de l’ODC, laquelle nous paraît devoir encore être confirmée. De même, après avoir indiqué dans le paragraphe précédent que des modifications de l’ordre de la promotion avaient pu être observées malgré une augmentation qualifiée de « relativement faible » (non quantifiée) d’activité de l’ODC, les auteurs estiment comme très improbable l’effet promoteur d’une augmentation de l’ODC. Bien que cet avis nous paraisse raisonnable, il est difficile d’avancer cette conclusion sans l’étayer par des arguments plus développés. Ils avancent également comme très improbable une synergie avec d’autres facteurs environnementaux sans présenter les fondements de cette hypothèse (9 articles, 1 revue).
En ce qui concerne l’expression des gènes, le tableau 5.8 cite deux études apparemment positives : celle de Goswami et al. (1999) montrant une légère élévation de c-fos mais pas de c-jun ou c-myc à 0,6 W/kg, et celle de Ivaschuk et al. (1997) montrant une augmentation de c-jun mais pas de c-fos « aux plus hautes intensités » (5 mW/kg). Ces résultats sont dits « contradictoires », mais ils portent sur des modèles différents à des intensités différentes : s’il existait un mécanisme spécifique des champs radiofréquences, ne pourraient-ils pas avoir un effet thermique « a minima » à 0,6 W/kg sur le gène c-fos et un effet spécifique à 5 mW/kg sur le gène c-jun ? (10 articles)
Des modifications de 10 à 20% de la croissance cellulaire ont été décrites sur des levures par Grundler (1992) avec des champs à 41-42 GHz, mais ces effets n’ont pas été retrouvés par Gos (1997). A faible puissance, Stagg a observé une augmentation de la synthèse d’ADN dans une « fenêtre » d’intensité à 6 mW/kg, tandis que Kwee et Raskmark ont trouvé une diminution de la prolifération. Les auteurs du rapport Stewart recommandent un complément aux travaux de Stagg (8 articles).
Il n’a pas été observé d’effet mutagène ni de lésion de l’ADN in vitro. Une fragilisation de l’ADN montrée in vivo par Lai d’après le test de comète, avec un signal très différent de celui utilisé en téléphonie mobile, et malgré quelques travaux complémentaires apparemment cohérents, n’a pas été retrouvé par plusieurs équipes. Deux travaux ont montré une augmentation des aberrations chromosomiques in vitro, et un in vivo. Les résultats sur les échanges de chromatides sœurs sont inconsistants, et l’apparition de micronoyaux, clairement négative in vitro, a quelquefois été décrite après exposition in vivo. Des conséquences sur la santé ne sont pas clairement envisageables.
Les études d’incidence tumorale à long terme sont peu nombreuses et négatives (Chou et al., 1992), même sur des modèles présentant une forte incidence spontanée à cette affection comme les souris C3H/HeJ. Un effet copromoteur (« épigénétique ») a été montré par plusieurs équipes, et doit être plus complètement étudié, bien que de nombreuses autres équipes ne l’aient pas retrouvé. Enfin, les études sur la prolifération de tumeurs greffées sont négatives. Sur les 38 articles référencés, seuls 4 montrent une incidence augmentée de tumeurs, parmi lesquels 3 portent sur des niveaux de DAS élevés (amalgame sur les niveaux de puissance), tandis que le 4ème, celui de Repacholi (1997) nécessite une réplication qui est en cours dans 2 laboratoires différents (4 revues).


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