C’est de façon prioritaire l’exposition aux téléphones mobiles qui doit être étudiée, plus que la proximité des bases, en raison des très faibles niveaux d’exposition correspondant à celles-ci. Des protocoles divers peuvent être mis en œuvre : études transversales, études cas-témoins et cohortes prospectives.
Les études transversales sont relativement faciles à réaliser et peuvent être menées rapidement à moindre coût, mais ont des limites sévères en termes d’interprétation de causalité ; elles ne peuvent apporter que des hypothèses, et ne permettent jamais de conclure. S’il est possible d’obtenir des données d’utilisation de la part des opérateurs pour les mêmes sujets, la validité de telles études serait renforcée. Une étude transversale reposant sur un échantillonnage permettant de contraster de façon adéquate la résidence à proximité de base pourrait avoir une utilité en termes de génération d’hypothèses, ou pour infirmer des effets qui sont actuellement sans fondement scientifique.
Les études cas-témoins présentent également des difficultés d’interprétation si elles ne suivent pas un protocole particulièrement rigoureux pour éviter les biais d’information, car les sujets considérés comme des cas ont certainement plus tendance à attribuer leurs troubles à l’utilisation du téléphone dans un contexte où la possibilité d’effets de santé des téléphones est largement médiatisée.
Les études de cohorte prospective (« contemporaines ») sont les mieux adaptées, car elles permettent de prendre en compte l’étude d’effets très diversifiés, ainsi que l’évolution au cours du temps des technologies et des modes d’utilisation des téléphones mobiles si la durée de suivi est suffisamment longue. Les effets bénins soupçonnés sont essentiellement fréquents et à court terme. De ce fait, il n’est pas nécessaire de mettre en place des cohortes de très grande taille, et des résultats fiables pourraient être obtenus assez rapidement, surtout s’il est possible de disposer de données d’utilisation effective des téléphones mobiles de la part des opérateurs. On pourrait proposer de s’appuyer sur des cohortes prospectives existantes, comme les cohortes SUVIMAX ou GAZEL, pour y greffer des études spécifiques sur les effets des téléphones mobiles, ce qui présenterait plusieurs avantages (économie, rapidité), puisqu’elles sont déjà en place et qu’elles disposent déjà depuis plusieurs années, pour certaines, de recueils de données sur les effets d’intérêt. Une telle approche méthodologique permettrait d’inclure aisément et de façon économique des études sur le « bien-être », comme le recommande le rapport Stewart.
Les groupes fragiles ou sensibles doivent faire l’objet d’études spécifiques, ainsi que les sujets très exposés en milieu professionnel. A côté d’études en population générale, il serait donc judicieux de proposer des études concernant notamment les enfants, les adolescents, les sujets migraineux, ainsi que des études dans des entreprises ou des professions choisies de façon adéquate.