3.1Discussions
Les résultats obtenus de cette étude sont très cohérents avec ceux trouvés dans certaines recherches précédentes au sujet du temps, et surtout avec les comportements réels des individus de ces deux cultures.
En effet, en ce qui concerne le style mono/polychronique dans l’usage du temps, cette recherche montre que les répondants français sont trouvés moins monochroniques que les répondants vietnamiens. Ce résultat est cohérent avec celui trouvé par Hall (1983, [34]) : « les Français sont intellectuellement monochroniques, mais polychroniques dans leur comportement », et par l’étude réalisée par Usunier (1991, [61]) qui montre que le score fourni par les Français sur l’échelle de mesure de monochronicité est inférieur à celui des Allemands, des Brésiliens et des Coréens. Ce score n’est supérieur qu’à celui des Mauritaniens. Mendel (1991, [44]) concrétise ces observations en disant « Le Français, lui, ne pourra pas se concentrer sur une seule chose pendant une longue durée, il interrompt donc souvent son activité par des pauses café et de conversations ».
En ce qui concerne les habitudes d’organiser les activités quotidiennes, l’étude montre que les répondants vietnamiens organisent moins souvent leurs activités à l’avance en comparaison avec des Français interrogés. Ce résultat est compatible au comportement réel des Vietnamiens (l’absence d’habitude de travailler sur rendez-vous), tandis que pour les Français, le rendez-vous est indispensable. Ceci pourrait être expliqué par le manque de moyens de communication (le téléphone par exemple) ainsi que par la tradition (une visite imprévue est parfois plus appréciée qu’une visite prévue (Tran 2001, [53])).
La tendance nostalgique plus forte chez l’échantillon vietnamien par rapport à celui français peut être expliquée par deux raisons principales : Premièrement, le Vietnam est toujours considéré comme un pays ayant une forte tradition, dans lequel la famille et le groupe sont très importants pour l’individu (Tran 2001 [53], Borton 2000 [13]) ; Deuxièmement, le pays est récemment sorti victorieux des deux guerres consécutives, l’accent sur le passé est donc souvent apprécié par la société, tant politiquement que socialement, et par conséquent, la tendance nostalgique est compréhensible.
Enfin, sur la dimension dite « rapport temps/qualité », les répondants vietnamiens sont trouvés comme étant plus attentifs à la qualité de la tâche qu’à la vitesse ou au temps. En suivant la logique de Graham (1981, [30]), on pourrait dire que ces individus soient « procedure-driven », c’est-à-dire qu’ils respectent des rituels et des procédures prédéterminées dans l’exécution des tâches, plutôt que les contraintes du temps « time-driven ». Cette supposition semble acceptable si on admet le raisonnement selon lequel le temps social (c’est-à-dire l’importance des rituels et de la procédure est plus forte que celle de l’économicité du temps) est plus important dans une culture dite collectiviste (Manrai et Manrai 1995 [40], Hall 1976 [33]) comme la culture vietnamienne (Borton 2000, [13]) que dans une culture individualiste (comme la France par exemple).
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