Gaston Bardet


III O NUIT ! TOI QUI M'AS GUIDEE



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III O NUIT ! TOI QUI M'AS GUIDEE


« O nuit ! toi qui m'as guidée

O nuit ! plus que l'aurore aimable,

O nuit ! toi qui as uni

L'Aimé avec son Aimée

L'Aimée en son Aimé transformée. »

Nuit Obscure. Strophe V.

Le véritable effondrement de la mystique, depuis la fin du XVIIme siècle, met les Occidentaux bien au-dessous des nègres ou des polynésiens en fait de connaissance de la Ténèbre. On peut lire des traités d'oraison qualifiant d'extraordinaires (alors que ce mot a un sens théologique précis) des phénomènes qui ne sont pas banaux, certes, mais qui sont dans la voie la plus normale de la perfection, telle l'union extatique. Et pourtant le P. Garrigou-Lagrange a bien précisé la distinction entre « extase » et « ravissement » :

« L'extase qui suit la contemplation infuse éminente n’est pas, à proprement parler, extraordinaire : elle peut être la suite normale de l'absorption de l'âme en Dieu... Il en est autrement d'un ravissement qui saisit l'âme brusquement et de façon violente pour l'élever à une haute contemplation, alors il précède cette contemplation au lieu de la suivre » 83.

La religieuse cloîtrée qui se livre quotidiennement à l'oraison de quiétude, entrera doucement - à l'heure voulue par Dieu - dans le sommeil spirituel, dans l'extase des Ténèbres.

Il n'y aura, là, qu'entrée dans les Cinquièmes Demeures, par la voie ordinaire de l'oraison - le seul chemin, répète Mère Thérèse. C'est une grâce éminente, dit saint Bonaventure, mais nullement extraordinaire.

Quand il s'agit de laïcs, de ces laïcs non enseignés, Dieu doit parfois brusquer les choses. Lorsque notre ami Jean-de-la-Joie, qui n'avait jamais fait oraison, ni même osé supposer qu'il en fût capable, ouvrit pour la première fois « La Montée du Mont Carmel », il ne put que penser : « C'est merveilleux, mais j'en suis incapable ». Il fut, aussitôt, brusquement terrassé par un ravissement de deux heures d'horloge. Le fait est, nous l'avouons, extraordinaire, théologiquement parlant.

Mais lorsque, le lendemain matin, définitivement éclairé par ce phénomène - qui l'avait laissé les os moulus - il se mit en oraison après avoir communié, se recueillit, s'abandonna totalement à la Toute Puissance Divine... et qu'il défaillit de nouveau une demi-heure, ce n’était plus extraordinaire. Dieu lui avait fait la grâce de lui montrer le chemin de la vie d'union. C'était tout simplement le début d'une vie d'union extatique, d'une vie transformante, qui allait se dérouler rapidement mais normalement, suivant les degrés si clairement marqués dans le Château - et à laquelle tous sont appelés.

« C'EST UNE MORT DELICIEUSE ».


Commençons par bien préciser notre vocabulaire. Un carme parisien écrit, par exemple, qu'il y a « des écoles d'oraison où l'on se presse » ; que « ces écoles d'oraison s'adressent à tout le monde, (qu') on y traite de ce que toute âme de bonne volonté peut attendre légitimement ». Nous sommes déjà perplexe... Qu'entend-il par ce légitimement ? En stricte justice nous sommes tous appelés à l'union transformante... car si nous ne l'obtenons pas sur terre, nous n'entrerons pas au Ciel avant sa réalisation, et en stricte justice également nous en sommes tous incapables... Comment fixer dès lors la limite de l'enseignement « légitime » et mesurer les dons de Dieu ?

Lorsque le P. Bruno ajoute : « On ne vous lance ni dans les visions, ni dans les extases », nous supposons que par « visions » il entend sans doute les exercices ignaciens dans lesquels l'imagination est violemment sollicitée. Mais si cette école ne vous « lance » pas, ne vous met pas dans le chemin qui mène aux extases - où Dieu d'ailleurs seul peut vous faire aboutir - nous ne voyons pas vraiment à quoi elle sert ? Car enfin, ne l'oublions pas, les grâces d'union mystiques sont fruits de l'union de volonté 84 et lorsque des laïcs, gens qui n'ont pas été (déjà) appelés à la vocation religieuse, se lancent dans la grande aventure mystique malgré les difficultés rencontrées dans le monde, Dieu ne « raccourcira pas son bras » ! Bien au contraire, c'est l'expérience de chaque jour 85.

Jean de la Croix n'a jamais enseigné autre chose que « l'oraison courte » qui perce les Cieux, tout comme Cassien, saint Benoît et saint Thomas ; jamais enseigné autre chose que le « grand oubli », c'est-à-dire l'extase des ténèbres pour arriver à l'Aimé. C'est la voie commune, tout comme l'enseignement de saint Thomas est la doctrine commune : Régissant le pneuma, sans coloration psychique, elle n'appartient pas à une école, à une spiritualité plutôt qu'à une autre, elle est le bien commun de l'Eglise ; Jean de la Croix ne cessera de dire « ordinairement ». L'abandon à la « mort mystique » est le sommet de la foi nue.

Certes, lorsque vous parlez d'extase, la plupart imaginent, à la suite des statues gesticulantes du barocco et de la Contre-Réforme, à la suite de la malencontreuse sainte Thérèse du Bernin, un mystique en transe... ! Certes le Père et la Mère du Carmel dans leur vocabulaire ne distinguent guère extases et ravissements. Certes, lors de la transverbération ou de certaines grâces de jubilation, la douleur-et-la-joie sont telles que le mystique ne peut s'empêcher de mettre la main sur sa poitrine et de gémir ; certes, dans certains ravissements et vols d'esprits, vous restez les membres épars, tel que vous avez été « saisi ». Mais de ces phénomènes extraordinaires stricto sensu, qui appartiennent surtout aux Sixièmes Demeures, nous ne parlerons guère, car ils sont fondamentalement inattendus et d'ailleurs hors de notre sujet.

Ce ne sont point ceux-là qui sont offerts à tous ceux qui veulent ardemment l'Eau Vive. Ce que tous peuvent obtenir, conséquence normale de la prière et de l'amour, (« c'est l'amour divin qui cause l'extase » dit le pseudo-Denys) sauf exception - dont Dieu seul connaît la raison ultime - c'est la grâce d'union mystique des Cinquièmes Demeures. Nous l'appellerons mieux : l'extase des ténèbres réservant plutôt le mot de ravissement aux extases de lumière où les sens et les puissances ont à nouveau leur part. Monseigneur Auguste Saudreau d'ailleurs avait été conduit à distinguer les extases d'amour ou de volonté (ténébreuses) et les extases de lumière ou de connaissance. L'extase d'amour est plus naturelle à la condition présente de l'homme que le ravissement de l'esprit 86.

L'extase d'amour est donc de beaucoup la plus fréquente, et aussi celle qui convient le mieux aux laïcs. Anne-Marie Taigi, qui était mariée, n'a guère eu que ce genre d'extase qui la prenait même au repas. Au début, son mari lui reprochait de « dormir » à table et d'être toute pétrie de sommeil, pendant que ses enfants la croyaient morte. Elle avait des doigts de fée disait ce rustre, « dommage qu'elle s'endormait si souvent » !

Aussi le Docteur Imbert-Gourbeyre d'observer, en ce sommeil spirituel :

« les yeux sont fermés ; l'extatique semble dormir paisiblement ou songer et méditer profondément. Parfois, on ne sait même s'il respire. Sa figure n'est certainement pas la même qu'à l'état de veille ; cependant rien d'extraordinaire ne frappe l'œil du spectateur ; il se trouve en présence d'une personne qui parait dormir » 87.

Grâce à cette apparence inoffensive du sommeil spirituel, vous pouvez mener la vie professionnelle la plus active sans que vos voisins de chemin de fer ou de carlingue d'avion soupçonnent, un instant, que vous êtes « sorti » de vous-même, par une extase d'amour. Ils doivent penser que vous avez le sommeil un peu dur... car les bruits ne vous réveillent point, mais n'iraient jamais soupçonner qu'il ne reste - dans le continuum spatio-temporel - qu'une marmotte et que la fine pointe de l'âme est « immergée », « liquéfiée », « écoulée » en Dieu dans la pure Lumière.

La douceur paradisiaque de cet écoulement est telle - comme on peut s'en rendre compte, parfois, durant les quelques instants qui précèdent le retour complet à l'exercice des puissances - que saint Bonaventure a pu écrire : « Il éprouve cependant, en lui-même, autant qu'il est possible en cette vie, la vérité de cette parole dite sur la Croix au bon larron qui s'unissait au Christ : « Vous serez aujourd'hui avec moi au paradis ». (Luc XXII) 88.

Et l'Epouse de soupirer : « Il a sa main gauche sous ma tête, et sa droite me tient embrassée » (Cantique des Cantiques).

Saint Thomas d'Aquin a défendu la valeur de la raison humaine plus qu'aucun autre homme. Il doit à l'affirmation de l'universalité de la raison d'être devenu le Docteur Commun de l'Eglise universelle. On l'appelle encore le Docteur Angélique, évoquant ainsi la grâce de Chasteté parfaite reçue vers vingt ans, ainsi que la pureté cristalline et lumineuse de son intelligence. Eh bien ! toute cette intelligence, ce génie d'équilibre, de pondération et de pénétration repose sur un seul soubassement : l'oraison.

« Frère Thomas, nous dit Tocco, a été un homme merveilleusement contemplatif, vir miro modo contemplativus. Si sa sainteté a été la sainteté de l'intelligence, c'est qu'en lui la vie de l'intelligence a été confortée et transluminée tout entière par le feu de la contemplation infuse et les dons du Saint-Esprit. Il a vécu dans une sorte de ravissement et d'extase perpétuelle. Il priait sans cesse, pleurait, jeûnait, désirait » 89.

N'étant littéralement plus sur terre, il avait été confié à son socius Réginald de Piperno qui jouait pour lui le rôle de frère nourricier et de guide dans ses déplacements. Celui-ci, après la « mort d'amour » de saint Thomas, s'écria :

« Tant qu'il vécut, mon Maître m'empêchait de révéler les merveilles dont j'ai été le témoin. Il devait moins sa science à l'effort de son esprit qu'à la puissance de sa prière. Toutes les fois qu'il voulait étudier, discuter, enseigner, écrire ou dicter, il recourait d'abord au secret de l'oraison, pleurant devant Dieu pour trouver dans la vérité les secrets divins, et par l'effet de cette prière, étant avant l'oraison dans l'incertitude, il s'en revenait instruit ».

Assidu de Cassien, il pratiquait la prière de désappropriation des Pères du Désert, aussi :

« Son don d'oraison, écrit Tocco, dépassait toute mesure ; il s'élevait en Dieu aussi librement que si nul poids de chair ne l'eût retenu. Il ne se passait presque pas de jour qu'il ne fut ravi hors de ses sens ».

Richard de Saint-Victor nous avait déjà enseigné que des mystiques avancés pouvaient entrer en extase « quasi à volonté ». Après les fiançailles, il suffit qu'ils s'y disposent, car Dieu, Lui, « les cherche bien davantage ».

Saint Thomas avait - comme le remarquait déjà Aristote - cette chair délicate et tendre qui est le propre des grands intuitifs dont les « filtres » sont fort déliés. Aussi n'hésitait-il pas, comme nous l'apprend son biographe Guillaume de Tocco, à utiliser pratiquement les prétendues défaillances (c’est-à-dire l'anesthésie cutanée) de l'extase, comme on utilise parfois de nos jours, pour des opérations chirurgicales douloureuses, le sommeil léthargique obtenu par magnétisme thérapeutique.

« Un jour que le médecin désirait soumettre sa jambe au feu, il se fit avertir de son arrivée et se livra à une oraison si profonde qu'il ne s'aperçut pas de l'opération... Chaque fois qu'on devait le saigner, il veillait au préalable à s'abstraire de ses sens par la contemplation, et ainsi on n'avait plus de difficulté à lui ouvrir la veine. Autrement, il était excessivement sensible à la douleur » 90.

Quoi de plus normal ! N'était-il pas le fils spirituel des Pères du Désert de Scythie qu'il se faisait lire tous les jours ? Ne vivait-il pas à cette heureuse époque où l'extase était considérée - ainsi qu'il se doit - comme une activité normale, un refuge toujours offert aux âmes éprises de l'union divine ; à cette heureuse époque où son ami Bonaventure lançait, au monde entier, un appel général à la contemplation et à l'extase !

Oui, il est normal d'être aveugle, lorsqu'on regarde le Soleil en face - remarquait déjà Aristote - et il y a plus ici que le Soleil. Si l'on parle de défaillance de nos sens et de nos puissances, incapables de supporter une telle Lumière, c'est défaillance revigorante. Tout comme le sommeil naturel régénère les forces corporelles, le sommeil spirituel donne des forces nouvelles au corps comme à l'esprit. Mère Thérèse observe cliniquement : « Cet état d'extase, au lieu d'affaiblir le corps, lui donne des forces nouvelles... L'amélioration dure parfois plus de trois heures ; d'autres fois le jour tout entier » 91.

Il ne peut se produire, en effet, cet affaiblissement consécutif aux séances médiumniques en lesquelles la psyché (avec le pneuma) quitte le corps pour vagabonder, ce qui reproduit la rupture de la mort naturelle. Dans l'oraison extatique seul le pneuma se libère pour se réchauffer en le sein du Père, tandis que la psyché est liée lors de l'invasion du corps par l'Esprit, véritable bain régénérateur.

Qu'on ne s'étonne donc plus, puisque pneuma et psyché, l'un en sa Source, l'autre en sa racine, sont régénérés par l'Esprit Seigneur et Vivificateur.

« Cette défaillance presque complète », cette « sorte d'évanouissement qui enlève peu à peu la respiration et toutes les forces du corps, quelque longue qu'elle soit, ne cause aucun préjudice à la santé, du moins elle ne m'en a porté aucun. Si malade que je fusse, lorsque Dieu m'accordait cette faveur, je ne me souviens pas d'en avoir été incommodée. Bien au contraire. J'en éprouvais une amélioration très sensible. Et quel mal pourrait donc venir d’un si grand bien ? Les effets extérieurs de cette grâce sont très sensibles, on y reconnait d'une manière certaine l'agent puissant qui nous a enlevé les forces avec tant de délices pour nous les restituer plus grandes » 92.

Bien plus, nous avons constaté la suppression des palpitations chez plusieurs cardiaques. Des inquiets, incapables de supporter les nervins, café ou thé ; d'ex-novices, sortis « névrosés » de leurs Ordres ; des coléreux trop sanguins ; à la suite de suspensions très fréquentes, ont tous obtenu, non seulement la paix essentielle, la paix du pneuma, mais par domination de la psyché une paix physiologique quasi totale entraînant une régulation glandulaire 93.

Par ailleurs, les « maladies » graves des mystiques ne sont pas la conséquence directe de leur vie d'oraison, bien au contraire. Y aurait-il dualité entre la sanctification du corps et de l'âme ? « Quel mal pourrait donc venir d'un si grand bien » ? vient d'observer, avec son solide bon sens, la Mère du Carmel. Si l'on excepte les fièvres, les brûlures d'amour, ces maladies ont d'autres causes, naturelles ou surnaturelles (participation à la Croix, par ex.). Et même - sans tenir compte de « l'agent puissant » qui nous fortifie - les léthargies avec forte ankylose et parfois (au début) les dislocations des os, ne sont point des maladies, mais des sommeils, des repos du corps. Elles sont analogues à l'hibernation qui conserve et répare les forces, comme tout ralentissement de la vie végétative, Taoïstes et Yoguins ne l'ignorent point s'ils en abusent.

On commence à parler de « faiblesse » depuis sainte Hildegarde ; cela vient qu'on se rapporte à l'homme, non à Dieu, que l'humanisme subtil commence, qu'on se regarde, qu'on redevient « psychique ». Imaginerait-on un enfant qui qualifierait de faiblesse son sommeil dans les bras de sa mère... et la voie mariale est précisément celle de « l'endormissement ».

« Faiblesse », comme « sécheresse », sont d'un vocabulaire humano-centrique ; vis-à-vis de Dieu ce sont participation à la Nuit, soit nocturne, soit diurne.

Pourquoi parler de « faiblesse » ? ce ne sont que faiblesse soit relativement à un corps glorifié, soit relativement à une prétendue « force » trop humaine qui ignore les évanouissements. Les extases ne sont nullement considérées comme faiblesses chez les premiers chrétiens, bien au contraire, mais processus absolument normal de notre corps charnel. Relisons Denys qui n'est pas un philosophe platonisant mais parle « par expérience », les saints Docteurs du Moyen Age le savaient fort bien 94.

Répétons-le, tout comme le sommeil, l'extase est une inhibition préventive et réparatrice. Mais l'extase participe à l'idée antique que le sommeil (somnus) est une « force puissante qui soumet les hommes à sa volonté » (Meillet). Il faut donc rectifier nos positions vis-à-vis de l'extase, comme du sommeil. Qu’y a-t-il d'anormal à ce que l'union de notre esprit avec Dieu, sa Source, son Créateur, puisse - par moment - être plus parfaite que l'union opératoire de notre esprit avec son corps, dont il devra se séparer un jour, jusqu'à la Fin des Temps. Un peu de logique ! 95.

Quant à la Vive Flamme, son action thérapeutique est d'autant plus remarquable qu'elle est plus inattendue. Jean de la Joie, ayant eu l'imprudence de faire oraison, allongé sur l'herbe encore fraîche, contracta un point de bronchite dont il ne s'aperçut guère, étant dans une période de rédaction, brûlé par l'Esprit. Au bout de trois semaines, son travail achevé, la Flamme cessa... et quelques jours après, Jean dût se précipiter chez son médecin qui observa : « Ce ne sera rien, car c'est « pris à temps »... l'accident date de trois ou quatre jours ». Puis, mieux renseigné, le docteur conclut : « la Flamme a littéralement arrêté l'évolution de la maladie durant trois semaines ; maintenant c'est au tour de la médecine naturelle » 96.

Ah ! si nous pouvions réaliser combien le Seigneur est doux, prévenant, comme une Mère qui surveille les pas chancelants de son petit enfant.


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