Anatomie et physiologie du système nerveux en général et anatomie du cerveau en particulier, avec



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dans toutes ces assertions, on oublie entièrement les insectes, les amphibies, les oiseaux, les mammifères, tant terrestres qu'aquatiques, dont l'histoire naturelle offre, par milliers, des exemples du plus vif amour de la progéniture. Qu'on lise l'histoire naturelle du singe, du lion, du morse que l'on jette les regards sur tel animal domestique ou sauvage que l'on voudra; partout on trouvera les preuves les plus convaincantes que l'amour de la progéniture est chez les espèces animales un penchant invariable, essentiellement inhérent à leur être.

Il est vrai que l'on pourroit être quelquefois tenté de douter si, chez l'espèce humaine, l'amour des enfans est un penchant inné. Avec quelle répugnance certaines femmes ne voient-elles pas le premier développe-pement du fruit qu'elles portent dans leur sein I Avec quelle insouciance ne remettent-elles pas, en des mains mercenaires, leur enfant qui vient de naître!

J'ai déjà dit ailleurs1 : que quelquefois, tant chez les animaux que chez l'espèce humaine, il y a des exemples que, par défaut de développement de sou organe, ce penchant ne se manifeste presque pas, et où cette espèce d'insensibilité est un état naturel.

Trop souvent, je le sais, il existe des raisons puissantes pour qu'une femme renonce à nourrir elle-même5 et, dans ce cas, je plains sincèrement la mère. Mais bien plus souvent, le mari et la femme consentent, par les motifs les plus légers, à ce que leur enfant soit nourri d'un lait étranger, au risque d'absorber ces miasmes mortels, dont d'innombrables nourrissons deviennent les victimes, dans les campagnes comme dans les villes. Certains attraits se flétrissent, à ce que l'on s'imagine? chez une femme qui remplit les devoirs de mère; les soins de l'allaitement sont incompatibles, dit-on, avec les affaires qui reposent sur une épouse chargée delà conduite d'une maison; mais, motif bien plus puissant comme bien plus coupable, les soins de l'allaitement sont incompatibles avec les plaisirs de la dissipation. J'ai peine à concevoir comment les écrits de quelques philanthropes n'ont pat.rendu lesgou-

' T. II, Sett. Ill, p, 164 etsuiv.

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vernemens assez attentifs à un aussi grand abus, pour leur faire signaler au mépris public ces mères dénaturées.

Mais s'il est vrai que l'on puisse réprimer l'instinct de la propagation, et l'amour pour les enfans, penchans les plus universels et les plus impérieux de tous; c'est une preuve nouvelle contre ceux qui prétendent conclure de l'innéité des penchans et de l'existence de leurs organes matériels, l'irrésistibilité des actions.

L'amour de la progéniture, disent les. uns, ne mérite ni récompense ni admiration. Aussitôt après l'accouchement, les mammelles et le pis sont distendus par le lait, au point que la mère en ressent de la douleur; l'allaitement devient un besoin, l'enfant ou les petits, en tétant, procurent du soulagement à la mère-; c'en est bien assez pour que Ja mère les aime.

Cependant, à peine l'enfant ou les petits ont-ils quitté le sein maternel, et long - temps avant que les mamelles ou le pis soient distendus par le lait, que la mère les chauffe, les sèche, les lèche avec tendresse. Si dans le nombre il s'en trouve un mort, elle le retourne en tous sens avec tristesse, et souvent le conserve plusieurs jours. Quel besoin d'allaiter ressentent les abeilles, les fourmis et les mâles de ces espèces de mammifères où les deux sexes partagent le soin des petits 7 l'homme, le renard , la martre?

« L'amour maternel, dit M. Richerand, n'est sûrement pas le résultat de quelque combinaison intellectuelle, de quelque action cérébrale; c'est dans les entrailles qu'il prend sa source; il vient de là, et les plus grands efforts de l'imagination ne peuvent y conduire celles qui n'ont pas joui du bonheur d'être mères » '.

Non, il n'est certainement pas le résultat de quelque combinaison intellectuelle. Mais M.Jlicherand veut ignorer que les sentimens aussi sont une opération du cerveau. L'histoire naturelle toufe entière de la femme, depuis son enfance jusqu'à sa décrépitude, réfute l'assertion gratuite de ce savant. Combien, je le répète, ne voit-on pas de femmes

'Nouveaux élemens de physiologie, septième édition, T. 11 p. 201,

PHYSIOLOGIE

qui n'ont jamais voulu, ou jamais pu devenir mères, adopter des enfans étrangers, et leur prodiguer les plus tendres soins!

L'amour de la progéniture agit chez les animaux, même avant qu'ils n'aient mis leurs petits au monde. Les oiseaux, la souris, l'écureuil et cent autres, préparent d'avance un nid ou un gîte.

Si l'amour de la progéniture, disent mes adversaires, étoit l'effet d'un organe, il devroit se manifester dans tous les temps; mais on ne remarque rien de semblable chez les animaux, lorsqu'ils n'ont pas de petits.

Or, j'ai montré en plusieurs endroits de cet ouvrage, en traitant d'autres instincts ou penchans, que la circonstance qu'ils ne se manifestent pas toujours ne prouve absolument rien contre leur innéité. L'instinct de la propagation, l'instinct de voyager, de faire des provisions, de chanter, sont dans l'inaction à certaines époques de l'année; et c'est précisément la circonstance que toutes ces qualités peuvent être individuellement en activité ou en repos, qui prouve qu'elles sont des forces propres, et qu'elles ont chacune un organe particulier.

Commentse fait-il cependant que quelques femmes n'aiment pas tous leurs enfans avec une égale tendresse, qu'il yen a même quelquefois qu'elles haïssent? Comment cela est-il possible, si l'amour de la progéniture résulte de l'activité d'un organe?

Quelque grave que cette difficulté puisse paroître à certains esprits superficiels, elle est très-peu importante en eflet. D'abord, j'ai souvent remarqué que les chiennes elles chattes aiment l'un de leurs petits plus que les autres. Or, si de semblables préférences existent chez les femelles des animaux, elles doivent avoir lieu, à plus forte raison, chez les femmes,sur lesquelles peuvent agir tant de motifs secondaires, tel que la haine ou l'amour qu'elles ont pour le père Ja beauté ou la laideur de l'enfant, etc. L'estomac aussi ne digère pas également bien tous Les alimens, et tous les mets ne sont pas également agréables au gourmand même le plus vorace j toute musique ne plaît pas également à toute oreille musicale; toute femme n'inspire pas de l'amour et des désirs à lout homme.

DU CERVEAU. l5l

« De tous les penchans, dit Cabanis, qu'on ne peut rapporter aux


leçons du jugement et de l'habitude , l'instinct maternel n'est-il pas le
plus fort et le plus dominant? A quelle puissance faut il attribuer ces
mouvemens d'une nature sublime dans son but et dans ses moyens,
mouvemens qui ne sont pas moins irrésistibles, et qui le sont peut-être
encore plus dans les animaux que dans l'homme? N'est-ce pas évidem
ment à l'impression déjà reçue dans la matrice, à l'état des mamelles,
à la disposition sympathique où se trouve tout le système nerveux par
rapport à ces organes éminemment sensibles? Ne voit-on pas constam
ment l'amour maternel d'autant plus énergique et plus profond, que
cette sympathie est plus intime et plus vive : pourvu, toutefois, que
l'abus ou l'abstinence déplacés des plaisirs amoureux, n'ait pas dénaturé
son caractère? Il est sûr qu'en général, les femmes froides sont rare
ment des mères passionnées La tendresse des pères, dans toutes

les espèces, paroît fondée d'abord presque uniquement sur l'amour qu'ils ont pour leur compagne, dont ce sentiment, toujours impérieux,, souvent profond et délicat, leur fait partager les intérêts et les soins »'.

D'après cela, l'on seroit tenté de regarder l'amour delà progéniture comme un résultat, ou plutôt comme une extension de l'instinct de la propagation. Mais j'ai déjà montré que l'amour de la progéniture est pu pleine activité, sans qu'il soit survenu le moindre changement dans les parties sexuelles. L'instinct de la propagation est extrêmement ardent dans certains mâles, par exemple dans le coq, le chien, le sanglier, le cerf, sans que ces mâles prennent le moindre intérêt aux petits. Chez l'homme, l'instinct de la propagation est d'ordinaire plus actif que chez la femme; et d'ordinaire aussi cependant la femme ressent un amour plus vif pour les enfans.Beaucoup d'animaux, par exemple certains insectes, certains amphibies, le coucou parmi les oiseaux, ne prennent aucun soin de leurs petits, quoiqu'ils s'accouplent avec une grande ardeur. D'autres, telles que les abeilles et les fourmis ouvrières , n'exercent pas du tout l'acte de la propagation, et malgré cela elles prennent soin très-assi-

' Rapport du physique et du moral dans l'homme, T. I, p. i3o.

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dûment des œufs et des larves des femmelles. Qui ne connoît des exemples de femmes extrêmement voluptueuses qui sont de très-mauvaises mères '?

La même femme dont j'ai parlé plus haut, qui n'a jamais res-senii aucun plaisir dans les bras de son mari, el dont les sens ne sont pas plus émus par un homme que par une femme, a mis au monde douze enfans, qu'elle aime tous tendrement. Ne voit-on pas tous les jours des femmes dédaigner le commerce des hommes, el prodiguer l'amour le plus tendre à des enfans qui leur sont étrangers?

On est donc forcé d'admettre que l'amour de la progéniture est absolument différent de l'instinct de la propagation.

Si un naturaliste avoit fait seulement quelques-unes des observations que j'ai rapportées a l'occasion de l'amour de la progéniture, il n'auroit pu manquer de soupçonner que cet instinct doit dépendre d'un organe particulier. Mais il est bien rare que l'homme parvienne à la découverte de quelque vérité par la seule réflexion : il faut, pour en découvrir, que la raison soit guidée par des faits. Moi-même je n'ai fait toutes ces observations, qu'après que mes recherches sur les animaux m'eurent convaincu de l'existence de l'organe de l'amour de la progéniture, et que j'en eus découvert le siège. Je vais compléter maintenant la preuve que l'instinct de l'amour de la progéniture est une qualité fondamentale.

De l'amour de la progéniture et des effets de son plus ou moins de développement, continuation.

Chez l homme.

J'ai dit qu'en comparant les différentes formes de crânes, j'avois trouvé que la partie supérieure de l'occipital recule beaucoup plus dans



' Voyez Ja première partie du deuxième rolume.

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les têtes de femmes que dans celles d'hommes, et j'ai renvoyé le lecteur aux PI. LVI, PI. XXX et PI. XXXIX.

J'ai montré, dans la section I de ce volume , ( de l'influence du cerveau sur la forme du crâne J , qu'il n'y a que celles des proéminences de la boîte osseuse formées par l'encéphale, qui aient une signification dans la craniologie.

Que le lecteur compare donc les cerveaux des deux sexes que nous avons fait graver dans le premier volume, et il se convaincra que la différence de forme du crâne de l'homme et de la femme, dépend réellement de la différence de forme de leur encéphale. Ces cerveaux n'ont point été choisis à dessein; tous ont été pris absolument au hasard.

Les PI. V, PI. VI, PI. VIII, PL IX, PI. XI, PI. XII représentent des cerveaux d'hommes; les PI. IV, PI. X, PL XIII, des cerveaux de femmes. On voit distinctement que dans ces derniers , les parties cérébrales II, épanouissement définitif, ou partie extérieurement apparente de l'organe de l'amour de la progéniture , sont bien plus développées, et débordent bien davantage le cervelet, que dans les premiers ; or, c'est de ce pi us grand développement, que résulte la proéminence du crâne. Cette différence de forme du crâne dans les deux sexes est sensible dos l'enfance. Le crâne représenté PL XXXVII est d'un garçon de douze ans; celui représenté PL XXXVIII d'une fille de six ans.

Quelquefois ces deux parties des lobes postérieurs s'écartent considérablement l'une de l'autre; dans ce cas, elles donnent lieu à une double proéminence de l'occipital; c'est-à-dire qu'il y a alors une proéminence de chaque côté, et qu'entre les deux se trouve un enfoncement en forme de gouttière. Le plus ordinairement, ces deux lobes sont rapprochés, et la proéminence du crâne se prononce en une saillie bombée unique.

J'ai déjà refuté, dans le second volume, l'opinion de ceux qui pensent que les lobes postérieurs sont les organes des facultés les plus eminentes de l'homme, pour la raison que, selon quelques naturalistes, ces lobes manquent dans les brutes. Le fait est que dans la plupart des animaux, ces

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lobes ne recouvrent pas le cervelet, ce qui a fail avancer à des observateurs superficiels, qu'ils manquent entièrement. Mais la circonstance que ces lofces recouvrent le cervelet, ou le laissent à découvert derrière eux, dépend uniquement de la position horizontale ou verticale de l'animal, comme je l'ai déjà dit plus haut '. Cette place que l'on assigne aux facultés les plus eminentes ne s'accorderoit du reste en aucune , manière avec le perfectionnement graduel du cerveau et de ses fonctions.

xQue l'on examine avec attention les têtes de personnes des deux sexes de tout âge, l'on y trouvera presque toujours la même différence; le plus souvent, on trouvera, dans les filles et dans les femmes, le diamètre du frontal à l'occipital plus grand que dans les hommes, parce que chez elles l'occiput recule davantage. La partie cérébrale placée dans l'occipital, est plus grande chezles femmes que chez les hommes, quoique le cerveau entier de la femme soit plus petit que le cerveau entier de l'homme ".

Il y a cependant des exceptions à cette règle. Quelquefois, la partie cérébrale placée daps l'occiput est faiblement développée chez une femme, et a acquis un très-grand développement chez un homme. Dans ces cas, l'on peut présumer avec beaucoup de probabilité, que la femme ressemble à son père, et l'homme à sa mère; à moins cependant que cette conformation particulier« ne soit héréditaire dans la famille.

Ce sont les hommes ainsi conformés qui ont un amour particulier pour les enfans; et lorsque chez, eux l'organe de la propagation est peu déve-luppé, ils se consolent delà perte d'une 'épouse chérie,avec une résignation qui paroît très-philosophique, tandis que la mort d'un enfant les plonge dans une douleur profonde et durable. La stérilité de leur compagne les met au désespoir, et souvent cette circonstance leur suffit pour traiter avec froideur une femme ? du reste sans reproche.

' Page 104.

'Celle forme de tête particulière à la femme, ne devroil point échapper aux artistes ; ils devroient y avoir égard en représentant des femmes.

ϻU CERVEAU. ]55

Dans le cas au contraire où cet organe est foiblement développé chez une femme, il en résulte qu'elle n'a presque pas le caractère de son sexe. Sa destination principale est manquée. Lorsque contre songréelle devient mère, ses propres enfans lui sont, si non odieux, du moins indiflérens. J'ai connu à Vienne une dame qui airaoit tendrement son époux, qui conduisoit sou ménage avec une intelligente activité, mais qui éloigna de la maison, immédiatement après leur naissance, tous les neuf enfaus dont elle accoucha successivement, et pendant des années, elle ne demanda jamais à les voir. Elle-même étoit confuse de cette indifférence, -et ne pouvoit pas s'en rendre compte. Pour mettre sa conscience à couvert, elle exigea que son époux vît ces enfans tous les jours, et veillât sur leur éducation.

Le développement peu favorable de l'organe de l'amour pourlaprogé-nitureest la cause principale du peu d'affection ou de la négligence même . que mettent certaines femmes dansleur conduite vis-à-visde leurs propres enfans, ou d'enfans étrangers confiés à leurs soins. Delà, ces marâtres semblables à Isabelle de Bavière , dont l'histoire rapporte qu'elle avait étouffé tous les sentimens qu'elle deuoit à ses enfans. Imaginons une femme dans laquelle l'orgaue de l'amour de la progéniture est peu développé, manquant d'éducation, et n'ayant aucun des motifs que donnent la religion et la morale, vivant dans le célibat, en proie à un amour malheureux, ayant cédé aux désirs d'un amant qui l'abandonne, craignant le mépris et la misère 5 si une femme semblable sent dans ses entrailles le fruit de son amour, elle le détruira avant qu'il n'ait vu la lumière, ou elle l'exposera à liiistant où il vient au monde; si malheureusement l'organe du meurtre est développé en elle, faudra-t-il s'étonner que de sa main elle lui ravisse le jour qu'il vient d'entrevoir ?

Sur vingt-neuf femmes infanticides que j'ai eu l'occasion d'examiner, l'organe de l'amour de la progéniture étoit très-foiblement développé chez vingt-cinq. Je prie le lecteur de revoir ce que j'ai dit sur celte matière affligeante, dans la section HI du deuxième volume. Là, j'ai fait observer que ce n'est pas le défaut seul de développement de l'organe en question, qui détermine les mères à l'infanticide ; mais que

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des mères défectueusement organisées, cèdent, plutôt que d'autres, aux circonstances malheureuses qui les poussent au crime, parce qu'elles ne sont pas douées, de ce sentiment profond qui, dans le coaur d'une bonne mère, se révolteroit victorieusement contre un semblable attentat'.

Du moment où la jeune personne chez laquelle cet organe a acquis un très-grand développement, connoît sa destination, toutes ses idées ont pourbasele désir d'être mère. Chaque enfant qu'elle rencontre donne une vivacité nouvelle aux vœux que, sans le savoir peut-être, elle forme au fond de son cœur. Quelque bien assortie que puisse paroître une union qu'elle a contractée, elle ne sauroit y trouver le bonheur si elle n'est pas mère. Un époux estimable est sans doute un bien précieux pour une semblable femme, mais rien n'approche à ses yeux du bonheur d'avoir des enfans. Que la bonne tarde quelques instans de rentrer avec le nourrisson chéri, l'imagination alarmée de la tendre mère lui peint mille dangers qui le menacent; au moment d'un péril imminent, où «st le héros dont le courage égale eelui d'une mère!

Nous trouvons l'organe de l'amour de la progéniture généralement plus développé chez .certaines nations que chez d'autres. On observe qu'il l'est d'ordinaire beaucoup chez les négresses,; aussi l'infanticide est-il un crime presque inoui chez ce peuple. M-Peale, ainsi que toutes les autres personnes auprès desquelles je me suis informé à ee sujet, m'ont assuré qu'ils n'ont jamais entendu parler d'un semblable attentat commis par une noire. Cet organe est même d'ordinaire très-développé chez les nègres mâles; aussi très-souvent les nègres consentent-ils à se charger en,

' J'ai dit, dans fa section III, du deuxième volume, p. 166, en parlant de la mère qui commet un infanticide : « Peut-être même n'agit-elle que clans un accès de démence réelle dont les mères les plus heureuses sont quelquefois attaquées au moment de leur délivrance. Je lis dans 1« rapport du conseil général des hospices, 1804—1814 Que sur deux mille huit cent-quatre femmes aliénées qui turent reçues à la Salpétrière et à Bicêlre, dans Je courant de ce» dix années, il s'en trouva 658, dont [aliénation provenait des 6 ni te s de l'accouchement, ou de ce qui l'avoit précédé de plus ou moins loin.

DU CERVEAU. l

Europe du soin des enfans. Les voyageurs rapportent que les Tunguses et leshabitans de l'Amérique septentrionale aiment singulièrement les enfans. J'ai vu à Göttingue, chez M. le professeur Blumenbach, deux crânes de Tunguses, et un crâne d'un habitant du Nord de l'Amérique ; dans tous les trois cet organe étoit très-développé. Ainsi non-seulement des individu», mais des nations entières fournissent des preuves que les parties cérébrale» placées dans l'occipital, sont l'organe de l'amour de la progéniture. Voyons maintenant ce qui arrive lorsque l'activité de cet organe est surirritée.

Aliénation de l'amour de la progéniture.

Nous avons vu que la surirritation de l'organe de l'instinct de la propagation produit une manie partielle, la manie erotique; c'est d'une manière semblable que naissent toutes les monomanies, maladies dont l'explication devient impossible, si l'on n'admet pas les organes particuliers.

Dans le grand hôpital de Vienne se trou voit une femme grosse, attaquée d'un« maladie grave. On me dit Qu'elle avoit un genre de délire tout particulier, c'est-à-dire qu'elle soutenoit être enceinte de six enfans. En conséquence de mes principes, j'attribuai ce phénomène en partie à un développement plus qu'ordinaire, en partie à une surirritation de l'organe de l'amour de la progéniture, et je priai les médecins de m'envoyer la tête de cette femme, au cas qu'elle mourût. Elle mourut. Quelle fut ma joie, en voyant un développement extraordinaire de cet organe ! Les lobes postérieurs, non-seulement dépassoient le cervelet beaucoup plus qu'ils ne font d'ordinaire dans les têtes de femme, niais encore ils «toient arrondis et très-volumineux. La PI. LX représente ce crâne.

M. Rudolphi voudroit expliquer le prolongement eu arrière de cette léte par une pression qu'il auroit soufferte de haut en bas. Mais comment prouvera-t-il qu'une semblable pression a eu lieu en effet ?Pourquoi les os n'ont-ils pas i-édé également dan» le sens de la largeur? Du reste, lorsqu'un cràae est déforme par une pression, les parties cérébrales

l58 PHYSIOLOGIE

peuvent bien être changées un peu de place, mais nullement acquérir par là un développement plus qu'ordinaire. De semblables objections seroient admissibles, tout au plus, dans le cas où un physiologiste en-treprendroit de déterminer le siège d'un organe, d'après un seul fait, et sans avoir aucune autre preuve à l'appui de ses assertions. Mais lorsque tout dans la nature concourt à établir la même assertion, un fait unique que le hasard offre à son appui, devient une preuve nouvelle.

A Paris, je donnois des soins à une demoiselle remplie de pudeur, attaquée d'une maladie mentale. Elle vivoit dans une société extrêmement honnête, et alla se rendre à Vienne, accompagnée de quelques personnes recommaridables. A peine arrivée, elle courut chez toutes ses connoissances, et y annonça avec la joie la plus vive et devant tout le inonde, qu'elle étoit enceinte. Les circonstances de cette ouverture, et le caractère connu de la demoiselle, furent seuls capables de faire deviner à quelques-uns de ses amis que sa raison étoit égarée. Bientôt sa joie fit place à des angoisses et à une invincible et morne tacitur-nité. Peu de temps après, elle fut attaquée d'une consomption à laquelle elle ne larda pas de succomber.. Ici encore l'organe de l'amour de la progéniture étoit ex trêmenArït développé, et pendant sa vie, cette demoiselle avoit singulièrement aimé les en fans.

Nous vîmes encore dansrhospicepourlesaliénés, d'Amsterdam, une demoiselle qui ne parloit que de sa prétendue grossesse. Sa tête étoit petite, leseul organe de l'amour de la progéniture étoit très-développé chez elle.

Nous avons même vu dans un autre hospice pour les aliénés un homme qui soutenoit qu'il se trouvoitdans un état de grossesse, et qu'il portoit deux enfans, Nous annonçâmes qu'il devoit avoir l'organe en question Irès-développé, et l'examen de sa tête prouva que nous ne nous étions pas trompés. Ainsi donc, l'état de maladie prouve encore que l'instinct de l'amour de la progéniture doit être considéré comme une qualité fondamentale , indépendante de toutes les autres, et fondée sur un organe particulier.

L'exemple suivant rapporté par M, Pinel .prouve avec quelle énergie cet instinct continue d'agir dans la manie.

DU CERVEAU. 15g

« II est si ordinaire aux mères tendres, dit cet auteur, de conserver encore ces sentimens profonds de la nature, dans toutes les périodes de leur égarement, qu'on doit leur épargner, avec le plus grand soin, le spectacle des enfans qui leur sont étrangers, et qu'on a quelquefois l'imprudence d'amener avec soi, en rendant visite à quelque convalescente : c'est ce qui a excité quelquefois les scènes les pi us orageuses. Une aliénée très-agitée ayant vu un enfant qu'une éirangère tenoit par la main, et qu'elle crut être le sien propre, se* précipite aussitôt pour le lui arracher, fait les efforts les plusviolens, pousse des cris, et la véritable mère effrayée tombe dans un évanouissement qui fut de plus 4'une heure de durée. Une autre délirante qui étoit au déclin de sa maladie, et qui avoitla liberté de sauter, de gambader, de babiller, défaire mille innocentes espiègleries, et d'errer librement dans les cours, s'échappe un jour par la porte d'entrée, trouve par hasard un enfant de la portière , dont elle s'empare, en sorte qu'il fallut faire de violens efforts pour le lui arracher, tlle entra dès-lors en fureur, blessa plusieurs filles de service, et ce ne fut qu'avec la plus grande peine qu'on parvint à l'enfermer dans sa loge. Le délire furieux qui en est résulté, a été ensuite de plusieurs mois de durée » >.


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